Forum des marxistes révolutionnaires
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment : -28%
Brandt LVE127J – Lave-vaisselle encastrable 12 ...
Voir le deal
279.99 €
-20%
Le deal à ne pas rater :
Ecran PC GIGABYTE 28″ LED M28U 4K ( IPS, 1 ms, 144 Hz, FreeSync ...
399 € 499 €
Voir le deal

Chine

+21
GGrun
Toussaint
Resistance-politique
Byrrh
Fu'ad Nassar
cundo
alexi
irneh09218
lieva
gérard menvussa
erouville
Copas
le glode
fée clochette
boutroul
verié2
BouffonVert72
Vals
Roseau
Duzgun
sylvestre
25 participants

Page 1 sur 23 1, 2, 3 ... 12 ... 23  Suivant

Aller en bas

Chine - Chine Empty Chine

Message  sylvestre Ven 25 Juin - 16:37

http://www.liberation.fr/depeches/0101643509-chine-on-a-raison-de-se-rebeller-dit-la-nouvelle-generation-d-ouvriers

Dépêches 25/06/2010 à 14h29

Chine: on a raison de se rebeller, dit la nouvelle génération d'ouvriers

Chen, 25 ans, appartient à la nouvelle génération d'ouvriers chinois: plus à la mode, mais

Chen, 25 ans, appartient à la nouvelle génération d'ouvriers chinois: plus à la mode, mais surtout plus revendicative que les aînés des campagnes et n'hésitant pas à se mettre en grève. (© AFP photo AFP)

FOSHAN (AFP) - Chen, 25 ans, appartient à la nouvelle génération d'ouvriers chinois: plus à la mode, mais surtout plus revendicative que les aînés des campagnes et n'hésitant pas à se mettre en grève.

"La génération précédente se contentait de survivre, d'avoir un toit et d'être nourrie", dit Chen, qui travaille dans une usine produisant des silencieux et des pots d'échappement pour Honda à Foshan, dans le sud de la Chine.

"Nos exigences sont plus élevées, car nous avons des besoins matériels et spirituels supérieurs aussi. Nos revendications de grévistes sont basées sur la nécessité de maintenir notre niveau de vie", ajoute-t-il, demandant que son nom entier ne soit pas cité, de peur d'être licencié.

Avec sa coiffure à la mode -- cheveux teints en châtain clair --, Chen est l'un des nombreux jeunes ouvriers qui ont cessé le travail ces dernières semaines dans la province du Guangdong, ce sud manufacturier qui a été le moteur du modèle économique chinois basé sur les exportations et une main d'oeuvre bon marché.

Il ne veut plus seulement survivre, mais gagner suffisamment sa vie pour mettre un peu d'argent de côté. Un rêve qu'il n'a jamais pu atteindre depuis qu'il a commencé à travailler il y a cinq ans.

C'est ici et sur les côtes est que le "miracle" économique chinois a débuté il y a plus de 30 ans, lorsque le pays est sorti de l'économie dirigée en ouvrant ses portes aux capitaux étrangers.

Des centaines de millions de paysans à la recherche de travail -- la première génération des migrants -- ont travaillé de longues heures, souvent dans des conditions effroyables, envoyant de l'argent à leurs familles restées dans leurs campagnes.

Mais la nouvelle génération d'ouvriers n'est plus aussi docile et ne se contente plus d'un salaire de misère pour un travail difficile.

La grève à l'usine de Chen, Foshan Fengfu Auto Parts, a perturbé les chaînes d'assemblage du géant japonais Honda au début du mois. Et la lutte a abouti à une augmentation de 300 yuans du salaire mensuel de base, désormais à 1.500 yuans (179 euros).

Cependant, les ouvriers sont mécontents, affirmant que cette augmentation n'est pas suffisante en ces temps d'inflation.

Dans l'usine d'à côté, contrôlée par des étrangers et qui produit également des pièces automobiles, une grève le mois dernier a aussi abouti à une hausse de salaire, mais la direction a coupé dans les heures supplémentaires, précieuses pour arrondir les fins de mois.

"J'aimerais envoyer de l'argent à mes parents, mais je ne peux pas économiser un sou", explique Song Mafei, ouvrier de 22 ans.

"Mes parents sont contents que j'aie trouvé un travail, mais ils n'attendent rien de moi car ils savent que je peux à peine vivre de mon salaire", dit-il.

Ironie du sort, il gagne moins qu'avant la grève...

Beaucoup parmi les ouvriers chinois d'aujourd'hui connaissent la loi du travail adoptée en 2008 pour mieux garantir les droits des salariés.

"Protéger nos droits est légitime... si les gens sont opprimés, ils doivent se rebeller, c'est naturel", dit un ouvrier de Foshan Fengfu, qui ne donne qu'une partie de son nom, Li.

Dans ces conditions, les entreprises ont du mal à trouver des ouvriers qualifiés, alors que la reprise est là. En février, les usines du Guangdong manquaient de 900.000 ouvriers.

Conséquence, elles doivent faire appel à "des jeunes non qualifiés sans expérience", souligne Mao Pingwu, 30 ans, qui a travaillé dix ans dans des usines de céramique ou d'électronique.

"Même s'il est difficile d'économiser, ces ouvriers n'ont pas le choix, ce qui les conduit à accepter les bas salaires", dit-il.

Mao, originaire de la province pauvre du Hunan (centre), ne veut plus, lui, de cette vie. Il est désormais chauffeur de taxi et gagne 5.000 yuans par mois, beaucoup plus que les ouvriers des usines

© 2010 AFP


sylvestre
sylvestre

Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010

Revenir en haut Aller en bas

Chine - Chine Empty Re: Chine

Message  Duzgun Ven 2 Juil - 0:28

AP a écrit:
Ouvriers en grève dans le nord de la Chine

il y a 1 heure 44 min

Chine - Chine Ap4


Des ouvriers d'une usine japonaise de fabrication de composants électroniques ont cessé le travail pour la troisième journée consécutive jeudi à Tianjin, dans le nord de la Chine. Ils réclament une hausse de salaire dans le cadre du dernier mouvement de grève recensé dans le pays en faveur d'une amélioration des conditions de travail.


Plus d'une centaine d'ouvriers en uniforme vert, des femmes pour la plupart, ont pris position sur les marches menant à l'usine Mitsumi Electric de Tianjin, qui fabrique des pièces pour des appareis électroniques. L'entrée du bâtiment était bloquée par deux autocars de la police et des dizaines d'agents de sécurité étaient mobilisés dans le secteur.
Des pancartes accrochées aux portes de l'usine appelaient les propriétaires à "rendre" l'argent, et les dirigeants locaux à verser un salaire juste aux employés.
"Nous sommes en grève parce que l'usine n'a jamais augmenté nos salaires et qu'ils continuent d'augmenter notre charge de travail. C'est trop fatigant", a affirmé par téléphone une ouvrière, qui s'est présentée ous le nom de Wang, à l'Associated Press.
Les autorités chinoises sont généralement promptes à écraser les manifestations importantes mais les mouvements de grève sociaux cet été se sont étendus alors que le gouvernement tente de restructurer son économie.
Des journalistes étrangers qui se sont rendus à l'usine ont été arrêtés par les agents de sécurité, emmenés dans un hôtel proche afin d'être interrogés, avant de recevoir l'ordre de quitter le secteur.
A Tokyo, un porte-parole de Mitsumi Electric, Yoshitsugu Murakami, a déclaré que la production dans son usine de Tianjin était à l'arrêt depuis mardi, apparemment en raison d'un mouvement de grève des ouvriers demandant de meilleures conditions de travail. Les salariés de l'usine -qui emploie environ 2.800 personnes- sont syndiqués et ont soumis une liste de revendications, selon M. Murakami qui a refusé de les détailler. AP
Duzgun
Duzgun

Messages : 1629
Date d'inscription : 27/06/2010

Revenir en haut Aller en bas

Chine - Chine Empty Re: Chine

Message  sylvestre Mer 21 Juil - 11:50

"Le conflit n'a guère d'impact sur la production de Honda en Chine, car le groupe puise dans ses stocks".... Chine - Chine Icon_smile


http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/07/20/97001-20100720FILWWW00255-chinehonda-2eme-semaine-de-greve.php

Chine/Honda: 2ème semaine de grève

AFP
20/07/2010 | Mise à jour : 07:25 Réagir
Une grève affectant un fournisseur de Honda dans le sud de la Chine est entrée dans sa deuxième semaine, mais la production n'est guère affectée, a indiqué aujour'dhui le constructeur automobile japonais.

Ce mouvement social est le dernier en date en Chine, qui a vu ces derniers mois se développer les conflits liés à des revendications salariales en particulier dans les usines travaillant pour des groupes étrangers. Il touche depuis le 12 juillet une unité d'Atsumitec dans la ville de Foshan (sud), qui fabrique des leviers de vitesse pour Honda.
"La grève continue", a déclaré à l'AFP une porte-parole de Honda à Tokyo, ajoutant que les négociations se poursuivaient entre la direction et les ouvriers. Le conflit n'a guère d'impact sur la production de Honda en Chine, car le groupe puise dans ses stocks, a-t-elle ajouté.

Honda est le plus important actionnaire de la société japonaise Atsumitec, avec 48% des parts. Cette dernière détient une usine en Chine mise en exploitation en juillet 2008. Selon l'agence Chine Nouvelle, les grévistes réclament une augmentation de 500 yuans (73,70 dollars) par mois et empêchent les intérimaires auxquels l'entreprise a fait appel de rentrer dans l'usine.
Honda, numéro deux japonais, avait dû suspendre en mai et juin l'activité de chaînes d'assemblage de voitures en raison de pénuries de pièces diverses.
Ses ventes de véhicules sur le marché stratégique qu'est désormais la Chine en ont pâti, ayant décliné de 2,7% en juin dernier par rapport à celles du même mois de 2009.
sylvestre
sylvestre

Messages : 4489
Date d'inscription : 22/06/2010

Revenir en haut Aller en bas

Chine - Chine Empty Chine : le pire du capitalisme, le pire du stalinisme (jusqu'à ce que cela change...)

Message  Invité Jeu 14 Oct - 17:01

Chine : l'offensive du courant réformiste
De notre correspondante à Pékin, Caroline Puel


"La Chine pourrait-elle adopter un plan de réformes politiques et sociales sur trente ans ? C'est ce qu'affirme une série d'articles publiée jeudi sur les sites Internet de journaux chinois. Ils confirment une offensive du courant réformiste, à quelques heures de l'ouverture, le 15 octobre, à Pékin, du 5e plénum du Parti communiste chinois.

Cette réunion à huis clos du "cerveau du régime communiste" (environ trois cents personnes) devait à l'origine être consacrée à l'examen du 12e plan quinquennal (2011-2015) et aux questions économiques et sociales. Les observateurs attendaient également de voir si Xi Jinping, dauphin présumé du régime, censé diriger la prochaine génération de dirigeants communistes (qui devrait arriver au pouvoir à l'automne 2012), était accepté par les militaires.

Mais l'ordre du jour a été bousculé par l'attribution la semaine dernière du prix Nobel de la paix à un intellectuel incarcéré, Liu Xiaobo, qui avait fait circuler sur Internet en décembre 2008 une charte réclamant la liberté d'expression et des élections libres. L'attribution de cette distinction a été censurée par les médias locaux et la police maintient toujours l'épouse de Liu Xiaobo en résidence surveillée. Cette "affaire du prix Nobel" a révélé l'intensité des luttes internes au sein du Parti communiste sur la question de l'ouverture politique de la Chine.

L'offensive du Premier ministre

Depuis le mois d'avril, le Premier ministre Wen Jiabao a, semble-t-il, décidé de jouer son va-tout, afin de pousser une réforme politique d'ici la fin de son mandat, qui se termine dans deux ans. Mais ses différents discours sont aussi tombés sous le coup de la censure ! Il a toutefois trouvé le soutien de vétérans du régime, proches du courant réformiste, qui ont rédigé une lettre ouverte rendue publique le 12 octobre.

Ce même jour, une première dépêche de la très officielle agence Chine nouvelle a été publiée et reprise jeudi par les médias chinois les plus libéraux. Témoignant de l'intensité des luttes intestines, la version originale avait disparu du site de l'agence Chine nouvelle, avant d'être repostée jeudi soir et, semble-t-il, "recadrée". L'organe de presse y interviewe Yu Keping, directeur d'un des centres de recherche les plus proches du Premier ministre (Centre de recherche sur les politiques économiques comparatives). Ce professeur de sciences politiques, né en 1959, qui a enseigné aux États-Unis et en Allemagne, est l'auteur de La Démocratie est une bonne chose (Brookings Institution Press 2009) et d'un autre ouvrage, La Mondialisation et le Changement de gouvernance en Chine, publié en 2008 à Amsterdam.

Mais la démocratie qu'envisage ce proche conseiller du chef du gouvernement chinois ne serait pas de type occidental. "La Chine doit avoir le courage de rechercher un nouveau modèle politique qui permette de combiner l'efficacité et l'équité sociale et l'efficacité et la démocratie. Je pense que le modèle chinois sera une importante contribution au monde de la démocratie", déclarait le professeur dans une chronique sur la réforme politique publiée sur le site de son centre de recherche.

Fenêtre médiatique

De même, répondant aux inquiétudes des "durs" du régime qui redoutent qu'un processus démocratique mette en péril la stabilité de l'empire chinois comme l'URSS l'a expérimenté voilà juste vingt ans, le jeune réformiste soulignait encore dans sa chronique son attachement à la stabilité sociale. "La stabilité sociale est ce dont la Chine a véritablement besoin pour poursuivre son développement économique et social." Mais, précise Yu, la stabilité sociale n'est pas forcément "quelque chose de statique qui doit être maintenu par la suppression des voix du peuple". "Ce que nous voulons est une stabilité dynamique, où nous laisserions les gens exprimer leurs idées et leurs critiques. C'est en écoutant leurs plaintes, redescendant aux racines des problèmes et en les redressant que l'on peut résoudre les pressions montantes du public avant l'explosion. En d'autres termes, la justice sociale et la bonne gouvernance sont les fondements d'une société harmonieuse."

L'importance de la couverture médiatique donnée à cette interview, alors que d'autres journaux rendent enfin compte des appels de Wen Jiabao en faveur des réformes politiques, censurés jusqu'à présent, ou reprennent la photo du Premier ministre qui figure cette semaine en une de l'édition asiatique de Time Magazine, constitue une véritable vague. Les publications concernées sont aussi diverses que le Quotidien de la jeunesse (proche de la Ligue communiste de la jeunesse et donc de l'actuel président Hu Jintao et du dauphin Xi Jinping), le Quotidien de Pékin (proche du clan libéral de l'armée) ainsi que les grands quotidiens de Shanghai, Wuhan, Canton, Nankin, Changsha... montrant à quel point les lignes de fracture sont difficiles à préciser dans la Chine d'aujourd'hui.

Cette déferlante d'articles (une quarantaine en quelques heures) démontre également à quel point la nouvelle génération de journalistes chinois, qui arrive aux commandes dans les grands médias et trouve des relais sur Internet, est avide d'obtenir cette liberté d'expression.

Un chemin singulier

Mais il apparaît évident aussi que - pour autant que les réformistes convainquent les durs du régime d'accepter au cours de ce plénum les débuts de l'ouverture politique, ce qui n'est pas encore avéré - cette réforme ne se fera pas en un jour.

Même les plus libéraux du régime, comme ce professeur Yu Keping, envisagent qu'elle se fasse progressivement sur trente ans, et que la Chine prenne son propre chemin, distinct des démocraties occidentales. C'est le seul moyen aux yeux des responsables chinois et, semble-t-il aussi, de l'élite qui demande ces transformations, de permettre la digestion par un milliard et demi d'habitants d'une métamorphose que l'Europe avait mis plus de deux siècles à mûrir..."




Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Chine - Chine Empty Cursif

Message  Invité Ven 15 Oct - 9:11


Ne négligeons aucun des messages de soutien lancés par les peuples en résistance. Il faut leur rendre dès que possible. Une petite brindille peut devenir solide en s'alliant avec une autre petite brindille.

P.S.: tant que les crapules capitalistes restent au pouvoir, protégés par leurs putains de lois et par leurs chiens de chasse aux ordres et armés jusqu'aux dents, c'est le peuple qui morflera. Que cela soit en Chine ou ailleurs. L'élite privilégiée Chinoise, gâvée comme une oie et aveugle comme une taupe, commet l'erreur de définir un temps (de 30 années) pour une soit disant nouvelle démocratie, toujours en faveur des bourgeois. L'émancipation des travailleurs est l'oeuvre des travailleurs eux-mêmes. C''est la seule issue contre la barbarie des profiteurs. Tout le reste n'est qu'écran de fumée et bourrage de crâne.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Chine - Chine Empty Re: Chine

Message  Roseau Sam 25 Déc - 0:08


Baisse du taux de profit et croissance chinoise
http://canalc2.u-strasbg.fr/video.asp?idVideo=9930&voir=oui
Roseau
Roseau

Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010

Revenir en haut Aller en bas

Chine - Chine Empty Re: Chine

Message  Vals Mar 25 Jan - 0:15

Lutte de Classe
N°133
février 2011

Chine - L’économie d’une grande puissance ?



En août dernier, la presse a fait ses gros titres sur une nouvelle jugée symptomatique : l’économie de la Chine aurait dépassé celle du Japon. Et, dans sa ligne de mire, figurerait désormais la première puissance mondiale, les États-Unis, qu’elle rattrapera tôt ou tard, avant de dominer le monde, forte de ses 1,3 milliard d’habitants. Que la Chine soit « la superpuissance du 21e siècle » compte désormais parmi les poncifs les plus éculés. On peut par exemple lire sous la plume d’un journaliste de Marianne et d’un « spécialiste » de la Chine qu’elle « a pris un essor phénoménal en quelques années, assumant sans complexe une expansion internationale qui en fait un prédateur irrésistible. Aux mains du PCC, le pays de Confucius ne se contente plus d’être l’atelier du monde, ni même son laboratoire. Il est devenu le Vampire du Milieu. » (Luc Richard et Philippe Cohen, Le Vampire du Milieu : comment la Chine nous dicte sa loi, Paris, 2010) Cette littérature est à peine moins grossière que celle d’il y a un siècle sur le « péril jaune ».
Même quand ils ne sont pas formulés avec une telle xénophobie, les commentaires sur les progrès économiques de la Chine sont en général portés à l’emphase. Le corollaire de ces clichés est, en général, que le développement économique chinois est à porter au crédit de l’ouverture capitaliste du pays, de la libéralisation opérée par le régime depuis une trentaine d’années. Autrement dit : sous le socialisme de Mao, la Chine aurait végété ; et grâce au capitalisme, elle prospérerait enfin.
Cet argument de propagande permet cependant de revenir sur un des aspects essentiels du régime chinois : son histoire récente et ses origines révolutionnaires. Car même les commentateurs les plus benêts en conviennent : la Chine est un État différent des autres pays du tiers-monde. La politique du régime de Mao, après la révolution qui en 1949 porta au pouvoir le Parti communiste chinois, lui permit alors d’échapper à l’emprise directe de l’impérialisme.


Le développement économique du pays : un résultat de l’étatisme


Au cours du siècle qui avait précédé l’accession au pouvoir du Parti communiste chinois, le pays avait été pillé et dépecé par l’impérialisme. Par des traités inégaux imposés par la force et par la guerre, la Chine avait dû concéder, depuis le milieu du 19e siècle, le droit pour les puissances étrangères (France, Japon, Grande-Bretagne, États-Unis…) de commercer à des conditions avantageuses dans une centaine de ports, sur la côte et à l’intérieur des terres, le long du fleuve Yangzi. Les résidents étrangers pouvaient vivre dans des « concessions », des quartiers soustraits à l’administration et à la justice chinoises. Chaque puissance impérialiste avait sa zone d’influence, exploitait ses mines ou ses lignes de chemin de fer et stationnait des troupes pour protéger ses intérêts. Non seulement les grandes puissances avaient imposé à la Chine des dédommagements pour les guerres qu’elles lui avaient fait subir, mais certaines d’entre elles percevaient également des impôts. Chacune d’entre elles menait sa propre politique, qui décomposait le pays, minait son unité nationale et empêchait tout développement. Le pays était véritablement saigné à blanc.
Ce pillage s’appuyait sur les structures surannées de la Chine : le féodalisme, les traditions les plus archaïques, les « seigneurs de la guerre » qui régnaient en despotes sur leur province et avaient pris la place laissée vacante par l’effondrement de la dynastie. Quant à la bourgeoisie chinoise, elle était faible, dépendante du capital étranger avec lequel elle était liée, ayant depuis longtemps joué auprès des capitalistes étrangers le rôle d’intermédiaire pour leurs profits. Elle plaçait elle-même ses capitaux dans la propriété foncière, dans l’usure et dans toutes sortes de trafics. C’était une classe parasitaire qui n’était porteuse d’aucun développement utile. Sous le régime de Chiang Kaï-shek (1925-1949), qui avait toutes les faveurs de l’Occident, les caisses de l’État servaient à l’enrichissement des proches du despote, ainsi que des différents impérialismes. La Chine payait donc doublement : l’impérialisme la pillait et en outre la figeait dans des structures sociales et politiques d’un autre âge. En 1949, avec 500 millions d’habitants, soit un cinquième de l’humanité, la Chine ne comptait que pour 1 % du PIB mondial. La province centrale du Sichuan par exemple avait beau être grande comme la France et avoir 50 millions d’habitants, elle ne comptait pas un seul kilomètre de chemin de fer.
Avec l’aspiration de centaines de millions de Chinois à échapper à la sujétion féodale dans laquelle ils étaient tenus, c’est le sentiment national qui porta Mao et le Parti communiste chinois au pouvoir. Contrairement à ce qu’expliquaient alors nombre de ses partisans en Occident, le régime maoïste n’était ni communiste ni même ouvrier dans sa nature sociale. Il défendait les intérêts historiques bien compris de la bourgeoisie chinoise. Mais il était conséquent dans sa volonté nationaliste de permettre au pays d’échapper à la tutelle étrangère et de le moderniser dans une certaine mesure. Parvenir à cette modernisation élémentaire était impossible sans une rupture avec l’impérialisme, car, on l’a vu, l’arriération sociale et la domination étrangère du pays étaient indissociables. Mao et le régime auraient préféré mener les transformations de la société avec le concours de la « bourgeoisie patriote » qui faisait partie du « bloc des quatre classes » sur lequel le régime prétendait s’appuyer. Mais la bourgeoisie chinoise ne lui faisait pas confiance et préférait mettre ses capitaux à l’abri à Hong-Kong ou à Taïwan. L’État a ainsi été amené à prendre en charge le fonctionnement de l’économie, notamment par les nationalisations. Ce faisant, il s’est donné les moyens de concentrer les richesses, d’organiser et planifier la production, de développer l’industrie à un niveau qu’un siècle de domination étrangère avait empêché. L’industrie s’est développée, avec une croissance moyenne de 10 % par an de 1950 à 1979. La production agricole a également augmenté, doublant au cours de la période ; grâce à une certaine modernisation (emploi d’engrais, mécanisation, développement de l’irrigation, utilisation de semences sélectionnées), les rendements se sont accrus.
Alors que les États-Unis ne toléraient aucune volonté d’indépendance de la part des pays pauvres, surtout au cours de la guerre froide qui les opposait à l’Union soviétique, le régime chinois ne s’aplatit pas devant les exigences américaines. Il disposait d’un appui populaire suffisant pour tenir, malgré tous les inconvénients que posaient l’embargo américain et l’impossibilité d’accéder au marché mondial, sans parler des dépenses militaires qu’imposait la menace permanente d’une guerre menée contre elle par l’impérialisme, comme l’état-major américain l’envisagea par exemple pendant la guerre de Corée (1950-1953).
Malgré les aberrations des campagnes comme le Grand bond en avant (1958-1960) ou de la Révolution culturelle (1965-1969), l’étatisme permit des progrès importants. La période maoïste (1949-1976), maintenant caractérisée comme celle de la stagnation de la Chine, lui permit en fait de connaître un minimum de développement. La population vivait pauvrement mais, dans l’ensemble, elle mangeait à sa faim ; l’agriculture avait connu une certaine modernisation qui avait permis d’augmenter les rendements et la production. Les ressources consacrées à la consommation furent affectées prioritairement aux besoins essentiels : nourriture, éducation, santé, logement, habillement et surtout plein emploi. Dans ces domaines, des progrès importants furent donc réalisés sous la houlette de l’État, qui maintenait un certain égalitarisme. Alors que, en 1949, seulement 20 % de la population savaient lire et écrire, la proportion est passée à plus de 75 % en 1978. Tandis que l’espérance de vie était de 38 ans en 1945, elle était passée à 64 ans en 1978, un chiffre alors plus proche de ceux des pays développés que de ceux du tiers-monde.
Même un pays comme l’Inde, qui n’a pas rompu complètement avec l’impérialisme, est passé par des phases où il lui a fallu contrôler en partie son économie. Comme la Chine et tant d’autres pays du tiers-monde, elle s’est appuyée sur l’existence de l’URSS pour préserver un minimum d’indépendance par rapport à l’impérialisme. Cela dit, l’Inde, qui pouvait recourir aux emprunts internationaux et vendre à l’étranger, n’a pas rompu de façon aussi tranchée que la Chine avec l’impérialisme. Du coup, elle est demeurée un pays plus pauvre que la Chine, marqué par l’arriération, les castes et les bidonvilles. Le revenu par habitant y était inférieur d’un tiers à celui de la Chine, la population y était non seulement moins alphabétisée, mais elle n’avait souvent même pas accès à un logement digne de ce nom. Bref, ses ressources ont continué d’être en partie directement pillées, ce à quoi la Chine avait échappé.
Autrement dit, en l’isolant du marché capitaliste mondial et du pillage direct par l’impérialisme, l’étatisme maoïste a posé les bases sur lesquelles se fait le développement économique actuel. C’est à ces bases, posées au cours des années 1950 à 1970, que tous ceux qui bénéficient de l’enrichissement actuel – la bourgeoisie chinoise et internationale au premier chef – doivent donc beaucoup…
Cependant, dans les années soixante-dix, ce développement économique atteignait des limites. Échapper au pillage impérialiste et étatiser l’économie avaient permis un certain nombre de progrès qui auraient été impossibles autrement. Mais à l’écart du marché mondial, la Chine était condamnée à ne connaître qu’un développement limité, dans une certaine autarcie et au prix d’efforts qu’il était de plus en plus difficile de faire accepter à la population. C’est alors que les États-Unis, embourbés au Vietnam, se résolurent à changer de politique. Ce ne fut pas le régime de Mao qui capitula devant les États-Unis mais le président américain Nixon qui alla à Pékin en 1972, mangeant son chapeau ; l’anecdote veut par exemple que, convié par Mao à assister à un opéra intitulé Détachement féminin rouge, Nixon applaudit l’exécution des « chiens errants capitalistes » qui concluait le spectacle… La Chine remplaça Taïwan au Conseil de sécurité de l’ONU et devint un interlocuteur de l’impérialisme.
Devant cette ouverture, l’État chinois devait faire un choix. C’est sa classe dirigeante qui le fit, choisissant l’ouverture à la pénétration du capital étranger, à partir du régime de Deng Xiao Ping, au pouvoir de 1978 à 1992. Ce n’était pas une rupture fondamentale avec le maoïsme : il s’agissait toujours de défendre les intérêts généraux de la bourgeoisie chinoise, mais dans un contexte modifié. On ne retracera pas ici les étapes de cette libéralisation. Disons seulement qu’elle s’est faite à pas comptés et que, jusqu’à aujourd’hui, le régime s’est gardé de laisser la bride sur le cou au capital étranger. Si les capitalistes occidentaux se plaignent de ce que « les Chinois soient durs en affaire s», c’est d’abord parce que, à la différence de tant d’autres pays du tiers-monde, l’État n’autorise la pénétration du capital étranger qu’avec parcimonie et que les pouvoirs publics gardent la haute main sur le fonctionnement de l’économie. Une large majorité des travailleurs des villes restent employés par des entreprises publiques (étatiques, municipales, syndicales, etc.).
En fait, si la politique économique menée sous Deng Xiao Ping différait de celle de Mao Zedong, c’est surtout qu’elle correspondait à une autre période. De l’une à l’autre, les continuités étaient nombreuses. Une comparaison avec les changements survenus dans l’ex-URSS depuis 1991 permet de relativiser le virage chinois : alors que l’intervention de l’État central dans l’économie s’est désagrégée en Russie, conduisant le pays à un recul économique sans précédent, elle s’est largement maintenue en Chine.


La libéralisation et ses bénéficiaires


Les résultats des transformations économiques des trente dernières années sont connus. La Chine est devenue un leader mondial dans de nombreux secteurs de biens manufacturés (jouets, textile, montres, ordinateurs, téléphones), et l’ensemble de sa production manufacturière devrait dépasser celle des États-Unis en 2011. Elle produit près d’un cinquième de l’électronique mondiale et la moitié des téléphones portables. Des dizaines de millions d’habitants des campagnes ont été drainés vers les villes. La consommation des ménages n’augmente guère – sa part dans le PIB chinois est passée de 43 % à 35 % en huit ans. En revanche, l’intégration au processus de production capitaliste a permis à la bourgeoisie chinoise et internationale de s’enrichir rapidement. De plus en plus inégalitaire – plus inégalitaire même, paraît-il, que la France ou les États-Unis –, le pays serait aujourd’hui le second par le nombre de milliardaires en dollars, 128 (contre 403 aux États-Unis), qui cumulent à eux seuls un sixième du PIB chinois. D’après le magazine américain Forbes, la richesse cumulée des 400 plus grandes fortunes du pays est passée, entre 2008 et 2009, de 173 à 314 milliards de dollars. Et une classe moyenne chinoise s’est développée, comptant quelque 60 à 150 millions d’habitants selon les définitions ; cela ne représente qu’une faible partie de la population, mais c’est un marché suffisamment juteux pour faire saliver les capitalistes occidentaux.

La Chine dans l’économie mondiale

Maintenant, la Chine a-t-elle effectivement « dépassé » le Japon et est-elle en train de « rattraper » les États-Unis ? Ces propos relèvent en partie d’un subterfuge. Rappelons d’abord que le calcul du PIB qui sert à mesurer le revenu des pays prend en compte une série d’évolutions qui ne traduisent aucune création de richesses, comme l’augmentation des primes d’assurances, l’envolée des prix liée à la spéculation immobilière, toutes les augmentations de prix liées à la multiplication des intermédiaires et aux taxes de toutes sortes. En outre, les PIB sont mesurés en dollars américains et fluctuent avec les taux de change. La croissance du fameux PIB est une notion particulièrement trompeuse, aussi bien en Chine que dans les pays occidentaux.
Mais le principal subterfuge est ailleurs. En 2010, le Japon aurait effectivement cédé à la Chine la place de deuxième PIB mondial qu’il détenait depuis quarante ans. Mais la Chine compte 1,3 milliard d’habitants quand le Japon n’en compte que 130 millions. Autrement dit, à PIB comparables, le Japon demeure, en revenu par habitant, dix fois plus riche que la Chine (cf. tableau ci-dessous). Certes, le PIB par habitant est une mesure très relative, qui ne tient pas compte des différences de prix d’un pays à l’autre. Mais, même si on prend en compte le PIB par habitant en « parité de pouvoir d’achat », les Chinois sont, en moyenne, six fois plus pauvres que les Américains. Et, avec un cinquième de la population mondiale, la Chine produit à peine le tiers de la production américaine.




États-Unis /Japon/ Chine

Part de la population mondiale 5 % 2 % 20 %
Part du PIB mondial 25 % 9 % 9 %
PIB/habitant (en dollars US) 47 000 42 000 4 280
PIB/habitant (en parités de pouvoir d’achat) 47 000 34 000 7 500
(Chiffres du FMI, 2009)


Pour dire les choses autrement, le revenu moyen par habitant des Chinois est équivalent à celui du Japon d’il y a cinquante ans ou des États-Unis d’il y a un siècle. C’est pour dire que toutes les déclamations sur l’« irrésistible ascension » de la Chine visent à magnifier ce qui n’est d’abord, pour le pays le plus peuplé du monde, qu’un lent rattrapage. Jusqu’au début du 19e siècle, le niveau de développement de la Chine était comparable à celui de l’Europe ou de l’Amérique du Nord, et c’est la domination coloniale et impérialiste qui l’a fait régresser, par la mise en coupe réglée et le pillage organisé. Aujourd’hui encore, elle reste un pays sous-développé. En témoignent par exemple ses campagnes, où les revenus sont en moyenne trois fois plus faibles que ceux des villes, et une agriculture arriérée, qui compte moins d’un million de tracteurs pour 200 millions de familles de paysans.

Quant à l’« expansion », voire l’« impérialisme » chinois souvent décriés, il s’agit surtout de clichés. Prenons l’exemple de la « Chinafrique » : en Afrique comme dans d’autres régions du monde, la Chine se contente des miettes. En Afrique noire, par exemple, les entreprises chinoises concurrencent les marchands « libanais » qui contrôlaient souvent le commerce et la production de biens de consommation locale. Mais pas les entreprises occidentales comme Bolloré qui détiennent des ports, des lignes de chemins de fer, des réseaux de télécommunications et de vastes plantations. En fait les entreprises chinoises s’installent surtout dans les secteurs délaissés par les multinationales occidentales ou japonaises et se contentent des restes. Par ailleurs, la Chine cherche à assurer son approvisionnement en matières premières et en sources d’énergie ; mais il s’agit plus de garantir l’accès à des ressources essentielles que d’investir des capitaux pour en dégager des profits, à la manière agressive dont le fait l’impérialisme.
Enfin, l’armée chinoise ne compte ni troupes ni bases militaires à l’étranger, à la différence des États-Unis (un millier de bases et des centaines de milliers d’hommes dans le monde entier) ou des anciennes puissances coloniales que sont le Royaume-Uni ou la France.
Entreprises chinoises et entreprises étrangères
Si la Chine s’insère dans le marché mondial, c’est en vendant bon marché sa force de travail aux pays impérialistes et à leurs multinationales.
La structure de ses échanges en témoigne : nombre de multinationales américaines, japonaises ou taïwanaises de l’électronique ou de l’informatique font assembler leurs produits en Chine, où la main-d’œuvre est bon marché, mais la recherche et le développement restent dans les maisons-mères, tout comme les profits. Seuls 4 % des brevets d’innovation déposés dans le monde sont d’origine chinoise.
La Chine peut bien être le premier producteur mondial de téléphones portables, ce sont les Nokia, Samsung, LG et autres Sony qui les font produire et les vendent. L’exemple de l’iPod vidéo Apple « de cinquième génération » est éloquent : il contient un disque dur produit par l’entreprise japonaise Toshiba, des puces électroniques produites par les américains Broadcom et PortalPlayer, et une carte mémoire du coréen Samsung… Tous ces composants sophistiqués sont importés puis assemblés en Chine. En fin de compte, chaque article, exporté de la Chine, vendu 299 dollars aux États-Unis, creuse le déficit commercial américain de 150 dollars. Mais seuls 4 dollars restent effectivement en Chine, dont moins de 1,5 dollar de salaire. Le reste est partagé entre les différentes entreprises intervenant dans la production, la part du lion (80 dollars) revenant à Apple.
Toutes les entreprises occidentales et asiatiques importantes – et nombre d’entreprises moyennes – se sont installées en Chine pour exploiter la main-d’œuvre bon marché et pénétrer le marché chinois. La firme taïwanaise Foxconn, qui a fait l’actualité par les suicides nombreux de jeunes salariés au printemps 2010, emploie 900 000 salariés en Chine, essentiellement en sous-traitance pour HP, Apple, Sony, Motorola ou Nintendo. Lafarge, Alstom, Saint-Gobain, Suez Environnement, PSA, Schneider, Areva, Airbus et quelque 4 000 firmes françaises y sont. Certains secteurs du pays, comme l’aéronautique, l’automobile ou le nucléaire, sont dominés par les groupes étrangers. Par exemple, la première entreprise chinoise automobile, Byd, ne détient que 6 % du marché, derrière les Volkswagen, Toyota, Nissan et autres. C’est dire que l’ouverture de la Chine profite, plus encore qu’à la bourgeoisie chinoise, aux capitalistes étrangers.
Le succès des firmes chinoises est en effet limité. La Chine peut compter 46 des 500 plus grosses entreprises mondiales. Mais la plupart de ces grandes entreprises ne résultent pas, comme dans les pays impérialistes, du développement organique du capitalisme du pays, d’un mouvement de concentration de capital résultant de la concurrence. Elles sont d’anciennes entreprises d’État privatisées. La plupart de ces sociétés ne sont des géants que dans leur propre pays avec son marché intérieur comme fondement. Mais le capital des entreprises chinoises reste majoritairement ou totalement étatique. Quelque 110 000 sociétés chinoises, dont nombre des plus grandes (Petrochina, Sinopec, China Railway Construction), sont ainsi possédées par l’État central et ses multiples branches, mais aussi par les collectivités provinciales ou municipales ; et celles qui sont entièrement privées sont issues de ce secteur public. Et toutes bénéficient d’un large accès au financement public. Par exemple, le fabricant d’électroménager Haier, créé en 1984 à partir d’une entreprise collective de réfrigérateurs, a récemment bénéficié d’un programme de subventions mis en place pour aider les campagnes à s’équiper, tandis que les entreprises du BTP se partagent les 300 milliards de dollars investis par l’État pour équiper le pays de lignes à grande vitesse. Et si quelques entreprises chinoises se sont imposées sur le marché mondial, c’est surtout dans des industries de main-d’œuvre (Haier dans l’électroménager, China Railway Construction dans le BTP).


Réserves de change et « guerre des monnaies »


Un des principaux arguments à l’appui de la thèse de la « superpuissance chinoise » est l’importance de ses réserves de change. Fin septembre 2010, la Chine possédait en effet quelque 2 640 milliards de dollars de réserves, dont une bonne partie en dollars et en bons du Trésor des Etats-Unis, soit le plus gros volume mondial de titres d’emprunt d’État américains. L’importance de ces réserves s’explique par la structure des échanges sino-américains : la Chine exporte vers les États-Unis bien plus que les États-Unis n’exportent vers elle. Cela n’est guère étonnant : quoique quatre fois moins nombreux, les Américains consomment six fois plus que les Chinois en dollars courants. La Chine accumule donc un important excédent commercial. Maintenant, le fait que cet excédent soit d’abord placé en bons du Trésor de l’État américain plutôt qu’en autres devises, en actions ou en métaux précieux, traduit la dépendance du pays par rapport aux États-Unis. D’abord parce que cet argent prêté manque pour le développement de la Chine elle-même. Les bons du Trésor rapportent peu, mais ce sont des placements réputés fiables. Mais ce sont, justement, des placements, pas des investissements productifs, ni en Chine ni ailleurs. Et, hors du dollar, il n’est guère de monnaie qui puisse être sto­ckée à de tels montants. Autrement dit, la Chine prête de l’argent aux États-Unis, leur permettant ainsi d’acheter des marchandises made in China. Et si la Chine cessait d’acheter ces bons du Trésor, le dollar chuterait, faisant baisser d’autant la valeur des réserves chinoises. Les deux pays sont certes interdépendants ; mais c’est dans une relation inégale, où les États-Unis restent en position dominante.
Ces derniers mois, le débat s’est cristallisé autour de la question des monnaies. En effet, à la différence des devises des pays riches, le yuan n’est pas librement convertible et son change n’est pas flottant ; autrement dit, son cours est fixé par le régime. Pour relancer l’économie américaine, l’administration Obama mène, à l’extérieur, une politique de dollar faible à même de permettre d’exporter les marchandises américaines et de limiter les importations. Et, dans le même objectif, elle essaie d’amener la Chine à réévaluer le yuan. En fait, la Chine a déjà réévalué le yuan de 24 % depuis 2005. Mais cela ne suffit pas aux États-Unis, qui ont notamment soulevé la question au G20 d’octobre 2010. La Chine se voit ainsi accusée d’inonder le marché mondial grâce à la sous-évaluation de sa monnaie, et ainsi de précipiter les délocalisations, d’augmenter le chômage voire d’hypothéquer la reprise mondiale ! Ces critiques, qui rappellent les tirades anti-nippones des années quatre-vingt, quand c’était le Japon qui était présenté comme la menace à l’hégémonie américaine, sont hypocrites à plusieurs titres. D’abord parce que la compétitivité des marchandises chinoises tient surtout aux bas salaires et à l’exploitation des ouvriers chinois… dont bénéficient en particulier les multinationales occidentales et asiatiques implantées en Chine. Au moins 55 % des exportations chinoises en 2009 ont été réalisées par des entreprises étrangères. Si la Chine réévaluait le yuan, le prix de ces marchandises augmenterait d’autant sur les marchés occidentaux. Wal-Mart, le premier distributeur américain, compte à lui seul pour 15 % des importations américaines de Chine. Et dans l’ensemble, l’impérialisme trouve largement son compte dans la politique économique de l’État chinois, qui met à sa disposition une main-d’œuvre corvéable et bon marché.
Par ailleurs, les États-Unis eux-mêmes mènent la politique de dévaluation compétitive qu’ils reprochent à la Chine. Début novembre 2010, la banque centrale américaine a ainsi annoncé qu’elle allait acheter à des institutions financières pour 600 milliards de dollars de bons du Trésor d’ici à juin 2011, en plus des 300 milliards déjà programmés en août 2010. Autrement dit, sous prétexte de relancer l’économie, la Fed émet 900 milliards de dollars de monnaie électronique. Cette création artificielle fait baisser le dollar, et favorise donc les exportations des États-Unis tout en renchérissant leurs importations. Autrement dit, pour les profits de leur bourgeoisie, les États-Unis pratiquent la dévaluation compétitive pour laquelle ils fustigent la Chine….
La Chine s’est donc insérée dans l’économie capitaliste, non pas comme un pays impérialiste, mais comme un pays dépendant. Elle dépend du dollar, des choix de production des multinationales, du marché américain pour ses exportations. Elle ne vit plus en quasi-autarcie, mais elle se trouve en position subordonnée.


La classe ouvrière chinoise, clé de l’avenir



Les développements des dernières années en Chine – les taux de croissance à 10 % par an, les investissements des multinationales occidentales et asiatiques, comme l’enrichissement de la bourgeoisie – reposent avant tout sur l’exploitation de la classe ouvrière chinoise. Le pays reste largement rural, mais des dizaines, peut-être des centaines de millions de ruraux ont été attirés vers les villes par les opportunités d’emploi. Ils sont employés comme ouvriers du textile, de l’industrie ou de la construction, dans des conditions de travail et d’exploitation comparables à celles des débuts de la révolution industrielle en Europe : ouvrières et ouvriers encasernés ; accidents mortels innombrables, comme dans les mines de charbon, véritables dévoreuses d’hommes ; pollution de l’air et des cours d’eau par des industriels sans scrupules, etc. Rémunérés à des salaires de misère (60, 80, 100 dollars par mois) pour des semaines de 50, 60, 70 heures au bas mot, pouvant être licenciés à tout moment, n’étant pas même assurés d’être payés pour le travail fourni, les prolétaires chinois paient un lourd tribut au « miracle économique » dont se gargarisent les médias occidentaux.
Il n’est assurément pas simple à ces travailleurs de s’organiser, en raison de la dictature et de l’absence d’organisation indépendante. Le seul syndicat légal, la Fédération des syndicats chinois, est ouvertement pro-patronal. Cependant, il semble que des luttes nombreuses, parfois importantes, se produisent dans différentes usines du pays. Celles-ci prennent parfois la forme de pétitions, de blocages de routes, de manifestations, de sit-in, mais aussi de grèves, parfois victorieuses, comme celles menées en juin 2010 par les ouvriers de Honda près de Canton ou de Toyota (Tianjin), où les travailleurs réclamaient des augmentations de salaire et de meilleures conditions de travail. Ces grèves, médiatisées en Occident, ne sont que la pointe émergée de milliers de luttes. Il y aurait chaque jour, en moyenne, une grève de plus de 1 000 salariés dans la région du delta de la Rivière des perles (Shenzhen, Canton). La combativité ne peut à elle seule suffire à ce que s’affirme la conscience des intérêts politiques du prolétariat. Mais ces combats­ peuvent être porteurs d’espoir : l’espoir que l’immense prolétariat chinois se mette en branle et, après ces années d’exploitation éhontée par les bourgeoisies chinoise et étrangère, défende ses propres intérêts, fasse entendre ses propres revendications et intervienne politiquement.
Car au-delà de ces grèves, c’est cette conscience collective et politique des ouvriers chinois, dont nous savons peu de choses, qui sera déterminante pour l’avenir. Et sur ce plan, il faut aussi espérer que la nouvelle génération des couches intellectuelles, face à la violence de l’exploitation capitaliste, fasse siennes les idées révolutionnaires et le marxisme. L’internationalisme aussi, car, comme on l’a vu, il n’y a pas d’avenir à l’échelle isolée du pays. Ces idées ont existé en Chine, bien avant que le régime maoïste n’en présente une caricature grotesque. Elles continuent de représenter, pour l’intelligentsia chinoise et, au-delà d’elle, pour l’immense classe ouvrière de ce pays, la seule perspective d’échapper aux contradictions insolubles posées par le capitalisme.

10 janvier 2011

Vals
Vals

Messages : 2770
Date d'inscription : 10/07/2010

Revenir en haut Aller en bas

Chine - Chine Empty Re: Chine

Message  Roseau Mar 25 Jan - 0:31


l’intervention de l’État central dans l’économie s’est désagrégée en Russie, conduisant le pays à un recul économique sans précédent
C'est exact, et prétendre comme la direction de LO que la Russie est toujours un Etat ouvrier est la marque d'un passéisme nostalgique... Very Happy
Roseau
Roseau

Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010

Revenir en haut Aller en bas

Chine - Chine Empty Re: Chine

Message  Roseau Ven 28 Jan - 16:44

La part de la Chine dans la production manufacturière est passée de 7,5 % du total mondial en 1999
à 18,6 % en 2009, celle des pays dits émergents, de 10,5 % en 1970 à 37 % aujourd’hui.

Par comparaison, l'emploi industriel s'est relativement maintenu en Europe,
avec une baisse de 6 %, soit une part maintenue à hauteur de 38,8 % environ.
Mais en 30 ans, le nombre d’emplois industriels en France a chuté de 40 % passant de 5,8 à 3,5 millions,
en partie par le fait que les groupes français ont outsourcé ou délocalisé
une grande partie de leur production industrielle (vêtements, chaussure, électronique, etc.).
Roseau
Roseau

Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010

Revenir en haut Aller en bas

Chine - Chine Empty Re: Chine

Message  BouffonVert72 Dim 30 Jan - 20:12

http://www.slate.fr/story/33301/parti-communiste-chine

slate.fr a écrit:

Dimanche 30 janvier 2011


Cinq idées reçues sur le Parti communiste chinois


Le léninisme de marché est toujours d'actualité. Décryptage des clichés qui circulent au sujet de l'Empire du Milieu...


«La Chine n’a plus de communiste que le nom»

Faux. Imaginons que Lénine revienne à la vie dans le Pékin de 2011; imaginons qu’il parvienne à fermer les yeux sur les gratte-ciels étincelants et sur l’ostensible consumérisme de leurs habitants. Il percevrait certainement le Parti communiste chinois comme une copie du système qu’il avait élaboré, près d’un siècle plus tôt, pour les vainqueurs de la révolution bolchevique. Il suffit en effet d’étudier la structure du parti pour comprendre à quel point le système politique chinois demeure communiste —et léniniste.

Cela fait certes bien longtemps que la Chine a tiré un trait sur les fondements du système économique communiste. Elle les a progressivement remplacés par des entreprises d’Etat ayant le sens des affaires, qui coexistent avec un secteur privé des plus dynamiques. Mais malgré cette libéralisation de l’économie, les dirigeants chinois ont bien pris soin de conserver leur mainmise sur le pouvoir; et ce à travers trois éléments contrôlés par le parti: les fonctionnaires, la propagande et l’Armée populaire de libération (APL).

L’APL n’est pas l’armée du pays; c’est celle du parti. En Occident, la politisation potentielle des militaires est souvent matière à controverse. En Chine, c’est tout le contraire: le parti est constamment sur ses gardes, de peur de voir l’armée se dépolitiser. Il n’a peur que d’une chose: perdre le contrôle des généraux et de leurs troupes. En 1989, un général avait refusé d’ordonner à ses soldats de marcher sur la capitale pour y déloger les étudiants de la place Tian’anmen; l’incident a marqué au fer rouge la mémoire collective de la classe dirigeante. Car au final, c’est la répression des manifestants par l’armée qui a permis au parti de conserver le pouvoir en 1989; depuis, ses dirigeants font de leur mieux pour conserver le soutien des généraux, au cas où il faudrait étouffer de nouvelles révoltes dans l’œuf.

Le parti contrôle les médias par l’intermédiaire du département de la propagande, tout comme le faisait l’Union soviétique. Ce département transmet des directives quotidiennes aux organes de presse, par écrit, par email ou par sms, et —plus officieusement— par téléphone. Les directives expliquent, souvent en détail, comment traiter (ou ne pas traiter du tout) les informations considérées comme sensibles par le parti; l’attribution du prix Nobel de la paix à Lu Xiaobo, par exemple.

Enfin (et c’est peut-être le plus important), c’est le parti qui alloue tous les postes de premier plan dans les ministères, dans les entreprises, dans les universités et dans les médias, par l’intermédiaire d’un organisme mystérieux et peu connu: le département de l’organisation. A travers ce département, le parti gère la quasi-totalité des nominations d’importance, quelle que soit la région et le champ d’activité. Les Chinois se souviennent manifestement de la politique de Staline, qui voulait que les cadres décident de tout.

De fait, lorsqu’on compare la liste des caractéristiques du Parti communiste chinois à celle de l’Union soviétique (telle qu’établie par Robert Service, grand historien de l’URSS), on se rend vite compte que les ressemblances sont incroyablement nombreuses. Le parti a agit comme tous les dirigeants communistes au temps de leur âge d’or: il a éradiqué ou affaibli ses opposants politiques, a éliminé l’indépendance de la justice et des médias, a limité les libertés civiles et religieuses, a dénigré les partisans d’une autre vision de la nation, et a envoyé les dissidents en camp de travail. Si le système chinois est souvent qualifié de «léninisme de marché», ce n’est pas par hasard.

«Le Parti contrôle tous les aspects de la vie des citoyens»

Plus maintenant. Sous Mao Zedong (de 1949 à sa mort, en 1976), la Chine était, de fait, un Etat totalitaire. En ces temps obscurs, les employés ordinaires ne pouvaient se marier (et emménager avec leur conjoint) sans l’autorisation de leur supérieur hiérarchique. Il leur fallait également attendre l’aval de l’administration pour commencer à fonder une famille.

Depuis, le Parti communiste a compris qu’une telle ingérence dans la vie des Chinois pouvait desservir son principal projet: la création d’une économie moderne. Durant la période des grandes réformes initiées par Den Xiaoping (à la fin des années 1970), le Parti a peu à peu relâché son emprise sur la vie privée des citoyens, à l’exception des dissidents les plus récalcitrants. Dans les années 1980 et 1990, la disparition progressive de l’ancien système de prise en charge complète des citoyens (entreprises d’Etat, services médicaux et autres aides sociales) a également mis fin à un dispositif de contrôle particulièrement complexe, construit autour des comités de quartier, et dont l’un des objectifs étaient d’espionner la population.

Cette réforme a grandement profité au Parti. Certes, de nombreux jeunes ne savent plus vraiment à quoi sert ce dernier, estimant qu’il ne joue plus aujourd’hui de rôle notable dans leurs vies. Mais les dirigeants s’en réjouissent: les citoyens ordinaires ne sont pas sensés s’intéresser aux rouages internes du parti. Ses organes les plus puissants (comme les départements de la propagande et de l’organisation) ne veulent pas se faire remarquer; on ne trouve aucune plaque à leurs noms devant leurs bureaux, et leurs numéros de téléphone ne figurent pas dans les annuaires. La stratégie de la discrétion s’est avérée payante: elle leur permet de cacher leurs opérations à la population tout en permettant au parti de récolter tous les lauriers d’une croissance économique éclair. C’est ainsi que fonctionne aujourd’hui le contrat social de la Chine: le parti permet au citoyens d’améliorer leur niveau de vie comme bon leur semble, à condition que ces derniers ne se mêlent pas de politique.

«Internet aura raison du parti»


Impossible. On se souvient de la formule prononcée il y a dix ans par Bill Clinton; il affirmait que les dirigeants chinois ne parviendraient jamais à contrôler Internet, tâche revenant, selon lui, à essayer de «clouer de la gelée à un mur». Le président avait raison —mais il ne s’attendait certainement pas à cela. En Chine, Internet n’est pas le relais des valeurs démocratiques occidentales; et à bien des égards, il est même devenu l’inverse. La «grande muraille numérique» est chargée de filtrer les idées venues de l’Occident, et elle remplit parfaitement son office. A l’intérieur des murs, en revanche, les cyber-citoyens ultranationalistes jouissent d’une liberté de parole beaucoup plus étendue.

Le Parti communiste chinois s’est toujours drapé dans le nationalisme pour s’assurer le soutien du peuple, et il a toujours su exploiter l’émotion de la population quant aux humiliations historiques infligées par l’Occident. Les propositions d’investissements étrangers les plus banales qui soient ont ainsi parfois été comparées à l’Alliance des huit nations, qui avait envahi et occupé Pékin en 1900. Mais lorsque de tels propos se propagent sur Internet, le gouvernement chinois parvient souvent à canaliser cette colère avec finesse pour servir ses propres intérêts. Pékin avait par exemple utilisé un mouvement de colère anti-japonaise pour faire pression sur Tokyo lorsque le capitaine d’un bateau de pêche avait été arrêté dans les eaux du Japon. Ces tactiques pour le moins brutales ne font rien pour améliorer l’image de la Chine à l’étranger, mais elles ont renforcé la popularité du parti dans la population; dans les médias nationaux, les Chinois entendent que leurs dirigeants tiennent tête aux puissances étrangères.

A travers son département de la propagande, le parti emploie toute une gamme de tactiques —souvent inventives— pour conserver sa mainmise sur Internet. Chaque région dispose d’une police numérique spécialement entraînée, chargée de contenir tout mouvement d’humeur local, et le département de s’arrête pas là: il a mis sur pied un système permettant d’allouer de petites sommes d’argent à tout citoyen disposé à poster des messages progouvernementaux sur divers forums et groupes de discussion. De plus, les principaux portails Internet savent que leur —très profitable— modèle économique dépend de leur capacité à éliminer tout contenu subversifs de leurs sites. Et s’ils défient ces règles à maintes reprises, le gouvernement peut tout simplement les faire disparaître du web.



«Plusieurs pays souhaitent reproduire le modèle chinois»

Bon courage. Il va sans dire que nombre de pays en développement envient le succès de la Chine. Quel pays pauvre refuserait trois décennies de croissance à 10%? Et quel despote ne voudrait pas d’une croissance à 10%, tout en ayant l’assurance de rester au pouvoir pour longtemps? De fait, nombre de pays auraient beaucoup à apprendre de la Chine quant à l’administration du développement (comment affiner ses réformes en les implémentant dans différentes régions du pays; comment gérer l’urbanisation de manière à ce que les métropoles ne soient pas submergées par les quartiers pauvres et les bidonvilles…).

Par ailleurs, la Chine est parvenue à ce résultat en ignorant délibérément les conseils de l’Occident; elle a su tirer parti des avantages du marché, sans pour autant succomber à l’ensemble de ses charmes. Pendant des années, les banquiers du monde entier se sont rendus à Pékin pour prêcher la bonne parole de la libéralisation financière, conseillant aux dirigeants chinois de laisser flotter leur monnaie et d’ouvrir leur compte de capital. Comment reprocher aux Chinois d’avoir compris que cette recommandation était évidemment motivée par des intérêts personnels? Une théorie à la mode veut que le succès de la Chine ait donné naissance à un nouveau «consensus de Pékin», qui remettrait en cause l’importance de l’économie de marché et de la démocratie —les deux marques de fabrique du «consensus de Washington». Le consensus de Pékin proposerait ainsi un système économique pragmatique et une politique autoritariste prête à l’emploi.

Mais observez le modèle chinois de plus près, et vous verrez qu’il n’est pas si simple de le l’imiter. La plupart des pays en développement n’ont pas la tradition et la complexité bureaucratique de la Chine; la structure du parti lui donne une capacité à mobiliser des ressources et à diriger ses fonctionnaires qu’ils ne peuvent égaler. La République démocratique du Congo pourrait-elle établir et administrer un département de l’organisation? En Chine, l’autoritarisme ne pourrait fonctionner sans les ressources du parti.


«Le parti ne peut pas rester au pouvoir éternellement»

Faux. Du moins pas dans un avenir prévisible. Contrairement à ce que l’on a pu voir à Taiwan et en Corée du Sud, l’émergence de la classe moyenne chinoise n’a pas coïncidé avec une exigence de démocratie à l’occidentale. Et ce pour d’évidentes raisons. Ses trois plus proches voisins asiatiques, Japon y compris, sont devenus des démocraties à des moments —et dans des circonstances— différents. Mais ils étaient tous des protectorats des Etats-Unis, et Washington a joué un rôle central dans la mise en place (ou dans l’institutionnalisation) de leur démocratie. L’Amérique a ainsi fait pression sur la Corée du Sud pour qu’elle annonce la tenue d’élections avant les Jeux olympiques de Séoul de 1988. Par ailleurs, les sociétés japonaises et sud-coréennes sont plus réduites et plus homogènes; elles n’ont pas la vaste portée continentale de la Chine, et sa multitude de conflits nationaux et ethniques. Inutile d’ajouter qu’aucun de ces pays n’a connu de révolution communiste ayant pour but principal de bouter les impérialistes étrangers hors de leurs frontières.

Il est fort possible que la classe moyenne urbaine chinoise désire avoir plus de liberté politique, mais elle n’a jamais osé se soulever de concert contre l’Etat —et ce pour une simple raison: elle a bien trop à perdre. Ces trente dernières années, le parti a sévèrement réprimé toute forme d’opposition; mais il a aussi lancé une série de vastes réformes économiques. La liberté de consommer (voitures, immobilier, supermarchés bien fournis) est beaucoup plus séduisante que la vague idée de démocratie, surtout lorsque ceux qui réclament des réformes politiques peuvent perdre leur métier ou se faire emprisonner. S’opposer au parti peut coûter cher; bien trop cher. Voilà pourquoi les régions rurales ont constitué les principaux foyers d’agitation de ces dernières années; on y trouve les habitants les plus pauvres, et donc les moins touchés par les bienfaits du miracle économique national. «Prolétaires de tous les pays, unissez-vous! Vous n’avez rien à perdre que vos crédits immobiliers!» n’est pas le plus engageant des slogans révolutionnaires.

Voilà pourquoi certains analystes estiment que des divisions internes au parti seraient un vecteur de changement politique plus probable. Comme toutes les organisations politiques de grande ampleur, le Parti communiste chinois est divisé en factions diverses, qui vont des fiefs locaux (dont l’influence a été illustrée par la «clique de Shanghai», sous le président Jiang Zemin) aux réseaux internes au parti (les cadres supérieurs furent par exemple liés à la Ligue de la jeunesse communiste par Hu Jintao, le successeur de Jiang). Les cadres du parti sont clairement en désaccord sur nombre de sujet, que ce soit le rythme à donner à la libéralisation politique ou l’ampleur du rôle que doit jouer le secteur privé dans l’économie du pays.

Mais ces divergences sont souvent l’arbre qui cache la forêt. Depuis 1989, lorsque les instances dirigeantes du parti s’étaient divisées et que ce dernier avait failli s’effondrer, il existe une règle suprême: aucun conflit interne au Politburo ne doit être rendu public. Aujourd’hui, la coopération des cadres dirigeants du parti est aussi naturelle que la compétition de ses factions internes, qui ne cesse de l’affaiblir. Xi Jinping, l’héritier présomptif de Hu Jintao, prendra certainement les rênes du pouvoir en 2012, lors du prochain congrès du parti. Son vice-président sera sans doute Li Keqiang; si l’on part du principe que ce dernier lui succédera pour l’habituel mandat de cinq ans, il semble que la Chine soi fixée sur l’identité de ses dirigeants jusqu’en 2022. Lorsque les Chinois comparent leur pays à l’Amérique, ils se disent que cette dernière ressemble de plus en plus à une république bananière.

L’idée selon laquelle la Chine était destinée à devenir une démocratie a toujours été une hypothèse occidentale; hypothèse née de nos théories sur l’évolution des systèmes politiques. Et pour l’heure, tout pousse à croire que ces théories sont fausses. Le parti pense ce qu’il dit: il ne veut pas voir la Chine devenir une démocratie à l’occidentale —et il semble disposer de tous les outils nécessaire pour s’assurer que cela n’arrive jamais.

Richard McGregor

McGregor est l'ancien chef de bureau à Pékin pour the Financial Times et l'auteur de The Party: The Secret World of China's Communist Rulers.

Traduit par Jean-Clément Nau
BouffonVert72
BouffonVert72

Messages : 1748
Date d'inscription : 10/07/2010
Age : 51
Localisation : sur mon réformiste planeur

Revenir en haut Aller en bas

Chine - Chine Empty La Chine contrôle les forums internet sur l'Égypte

Message  Invité Mer 2 Fév - 11:05

La Chine contrôle les forums internet sur l'Égypte

"Inquiètes, les autorités usent de subterfuges pour éviter que les manifestations égyptiennes ne donnent des idées aux Chinois.
La Chine a mis sous contrôle Internet et les réseaux sociaux pour éviter la contagion égyptienne..."

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Chine - Chine Empty LO et la Chine

Message  verié2 Lun 7 Fév - 17:00

Lutte de Classe
N°133
février 2011

Chine - L’économie d’une grande puissance ?

UNE VISION IMMUABLE DU MONDE
Cet article de la LDC, mis en ligne plus haut par Vals, suscite plusieurs commentaires :

-LO souligne avec raison le rôle de « l’étatisme », à l’époque maoiste comme aujourd’hui, dans le développement de la Chine. Toutefois, LO semble embellir un peu la période maoiste.
Car, si la révolution maoiste a en effet détruit les structures féodales et ouvert la voie au développement actuel, cela s’est fait au prix d’une terrible dictature et d’une exploitation impitoyable de la population. La planification a été, comme en URSS stalinienne, la planification de l’exploitation.

-LO cherche à minimiser l’importance du développement économique de la Chine et, pour cela, polémique avec… des journalistes de Marianne, qui prétendent que cet Etat est devenu « un prédateur irrésistible ». Des gens aussi minables et peu rigoureux servent évidemment de repoussoirs faciles…

LO ne fournit que les éléments qui confortent son point de vue, ce qui n’est pas très rigoureux non plus. LO utilise ainsi deux arguments.

1)Le PIB moyen par habitant de la Chine reste 10 fois inférieur à ceux des Etats Unis et du Japon. Et alors ? En quoi la pauvreté de la majeure partie de sa population empêche-t-elle la Chine d’être devenue ou en voie de devenir une puissance économique et militaire de premier plan ? L’URSS a longtemps été considérée comme la seconde puissance mondiale, rivale des Etats Unis (ce que non seulement LO n’a jamais nié, mais a souvent souligné pour montrer le caractère « globalement positif » de "l’Etat ouvrier dégénéré"). Pourtant, le PIB moyen par habitant de l’URSS était certainement très inférieur à ceux des Etats occidentaux. Peut-être pas dix fois, mais au moins cinq fois.

2)La Chine ne serait toujours qu’un gigantesque atelier de montage de produits conçus et fabriqués par les trusts des grands Etats impérialistes. Mais LO retarde considérablement sur la réalité. Et surtout LO ne prend pas en considération l’évolution du contenu technologique des productions chinoises. Pas plus que le gigantesque effort de la Chine en recherche et développement, la création d’immenses complexes de recherches qui dépassent les centres occidentaux les plus modernes. Si la Chine a toujours un retard technologique dans un certain nombre de domaines, elle tend à combler ce retard.

-La Chine ne serait toujours pas un Etat impérialiste selon LO, qui oublie de signaler que la Chine est désormais le 5ème exportateur de capitaux du monde.

-Cet aveuglement, cette négation de la réalité ont bien entendu des fondements théoriques : la croyance selon laquelle les Etats sous-développés, à l’époque de l’impérialisme, n’ont pas la possibilité de se tailler une place sur la scène mondiale et sont condamnés à rester dominés ad vitam aeternam. Croyance qui rejoint celle selon laquelle « les forces productives ont cessé de croître ». Certes, LO ne défend pas ce point de vue de façon aussi ridicule que les Lambertistes, mais ce courant a toujours minimisé le développement économique du capitalisme. Par exemple, dans les années 70, LO expliquait que le développement économique du Japon, c’est de la poudre aux yeux, car ce pays ne fait que copier les technologies occidentales.

LO refuse d’admettre qu’en absence de révolution prolétarienne, le capitalisme a continué à se développer « de façon inégale et combinée » - pour reprendre l’expression de Trotsky. De nouveaux impérialismes supplantent les anciens, comme l’impérialisme américain a supplanté l’impérialisme britannique après la première guerre mondiale. Aujourd’hui, il semble pourtant évident que la Chine, malgré ses limites, joue un rôle autrement plus important sur la scène mondiale que l’Italie, Etat que Trotsky considérait pourtant déjà comme impérialiste dans les années 30…
__
A noter, sur le même sujet, Convergences a publié un dossier qui vise aussi à minimiser le développement de la Chine (traditions héritées de LO obligent…), mais tout de même de façon plus nuancée :
Convergences : La Chine va-t-elle dominer le monde ?
http://www.convergencesrevolutionnaires.org/spip.php?article2143


verié2

Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010

Revenir en haut Aller en bas

Chine - Chine Empty Re: Chine

Message  Invité Lun 7 Fév - 20:34

verié2 a écrit:
Lutte de Classe
N°133
février 2011

Chine - L’économie d’une grande puissance ?

UNE VISION IMMUABLE DU MONDE
Cet article de la LDC, mis en ligne plus haut par Vals, suscite plusieurs commentaires :

-LO souligne avec raison le rôle de « l’étatisme », à l’époque maoiste comme aujourd’hui, dans le développement de la Chine. Toutefois, LO semble embellir un peu la période maoiste.
Car, si la révolution maoiste a en effet détruit les structures féodales et ouvert la voie au développement actuel, cela s’est fait au prix d’une terrible dictature et d’une exploitation impitoyable de la population. La planification a été, comme en URSS stalinienne, la planification de l’exploitation.

-LO cherche à minimiser l’importance du développement économique de la Chine et, pour cela, polémique avec… des journalistes de Marianne, qui prétendent que cet Etat est devenu « un prédateur irrésistible ». Des gens aussi minables et peu rigoureux servent évidemment de repoussoirs faciles…

LO ne fournit que les éléments qui confortent son point de vue, ce qui n’est pas très rigoureux non plus. LO utilise ainsi deux arguments.

1)Le PIB moyen par habitant de la Chine reste 10 fois inférieur à ceux des Etats Unis et du Japon. Et alors ? En quoi la pauvreté de la majeure partie de sa population empêche-t-elle la Chine d’être devenue ou en voie de devenir une puissance économique et militaire de premier plan ? L’URSS a longtemps été considérée comme la seconde puissance mondiale, rivale des Etats Unis (ce que non seulement LO n’a jamais nié, mais a souvent souligné pour montrer le caractère « globalement positif » de "l’Etat ouvrier dégénéré"). Pourtant, le PIB moyen par habitant de l’URSS était certainement très inférieur à ceux des Etats occidentaux. Peut-être pas dix fois, mais au moins cinq fois.

2)La Chine ne serait toujours qu’un gigantesque atelier de montage de produits conçus et fabriqués par les trusts des grands Etats impérialistes. Mais LO retarde considérablement sur la réalité. Et surtout LO ne prend pas en considération l’évolution du contenu technologique des productions chinoises. Pas plus que le gigantesque effort de la Chine en recherche et développement, la création d’immenses complexes de recherches qui dépassent les centres occidentaux les plus modernes. Si la Chine a toujours un retard technologique dans un certain nombre de domaines, elle tend à combler ce retard.

-La Chine ne serait toujours pas un Etat impérialiste selon LO, qui oublie de signaler que la Chine est désormais le 5ème exportateur de capitaux du monde.

-Cet aveuglement, cette négation de la réalité ont bien entendu des fondements théoriques : la croyance selon laquelle les Etats sous-développés, à l’époque de l’impérialisme, n’ont pas la possibilité de se tailler une place sur la scène mondiale et sont condamnés à rester dominés ad vitam aeternam. Croyance qui rejoint celle selon laquelle « les forces productives ont cessé de croître ». Certes, LO ne défend pas ce point de vue de façon aussi ridicule que les Lambertistes, mais ce courant a toujours minimisé le développement économique du capitalisme. Par exemple, dans les années 70, LO expliquait que le développement économique du Japon, c’est de la poudre aux yeux, car ce pays ne fait que copier les technologies occidentales.

LO refuse d’admettre qu’en absence de révolution prolétarienne, le capitalisme a continué à se développer « de façon inégale et combinée » - pour reprendre l’expression de Trotsky. De nouveaux impérialismes supplantent les anciens, comme l’impérialisme américain a supplanté l’impérialisme britannique après la première guerre mondiale. Aujourd’hui, il semble pourtant évident que la Chine, malgré ses limites, joue un rôle autrement plus important sur la scène mondiale que l’Italie, Etat que Trotsky considérait pourtant déjà comme impérialiste dans les années 30…
__
A noter, sur le même sujet, Convergences a publié un dossier qui vise aussi à minimiser le développement de la Chine (traditions héritées de LO obligent…), mais tout de même de façon plus nuancée :
Convergences : La Chine va-t-elle dominer le monde ?
http://www.convergencesrevolutionnaires.org/spip.php?article2143

Et un militant chevronné passé par l'école de LO qui plante sa tente au NPA où on rencontre tout et son contraire, est-il le mieux placé pour juger de la validité de certaines théories ou pour esquisser une analyse de la place de la Chine dans le concert des nations. Franchement, je m'interroge ?

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Chine - Chine Empty Re: Chine

Message  verié2 Mar 8 Fév - 11:04


Loriot
Et un militant chevronné passé par l'école de LO qui plante sa tente au NPA où on rencontre tout et son contraire, est-il le mieux placé pour juger de la validité de certaines théories ou pour esquisser une analyse de la place de la Chine dans le concert des nations. Franchement, je m'interroge ?

Je ne prétend nullement être le plus qualifié pour analyser le développement de la Chine, mais seulement participer à la discussion nécessaire sur ce sujet. Tu remarqueras que je ne partage pas non plus complètement le point de vue exprimé dans Convergences. Et je ne pense pas qu'il y ait une discipline de parti ou de fraction à appliquer sur des analyses de phénomènes économiques et sociaux en cours, qui méritent discussion. Je n'ai donc aucune raison de dissimuler ces désaccords.

Ce que je déplore particulièrement, c'est de ne trouver ni dans la LDC ni dans Convergences un véritable bilan établi sérieusement, prenant en compte méthodiquement les différents aspects : la réalité du boom économique de la Chine et ses limites, sa nouvelle place sur la scène mondiale , en relation avec les conceptions marxistes etc. Non seulement les auteurs ont peu travaillé et traité le sujet superficiellement, mais ils se sont laissé guider par leurs préjugés et n'ont cherché que quelques éléments allant dans leur sens. Quand on part avec l'idée de démontrer que la Chine ne se développe pas vraiment, ou trop peu pour avoir changé de statut international, et qu'on ne recherche (assez paresseusement, il faut le dire) que quelques éléments extraits de leur contexte pour le prouver, comme disent les juristes, "on instruit à charge".


Dernière édition par verié2 le Mer 23 Fév - 14:46, édité 1 fois

verié2

Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010

Revenir en haut Aller en bas

Chine - Chine Empty Re: Chine

Message  Roseau Mer 23 Fév - 14:36

Inspiré par les soulèvements dans le monde arabe, un nouvel appel pour manifester pacifiquement tous les dimanches dans 13 villes a été lancé sur Internet. Le mouvement réclame plus de transparence et de liberté d'expression. Le site basé à l'étranger, Boxun.com, était déjà à l'origine de rassemblements dimanche dernier. Le gouvernement avait déployé de nombreux policiers à Pékin, Shanghai et Canton, ainsi que dans dix autres villes. Alors que le mouvement n'a pas été suivi en nombre, plusieurs arrestations ont été dénombrées. (AFP)

Roseau
Roseau

Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010

Revenir en haut Aller en bas

Chine - Chine Empty Chine : une super-puissance en devenir ?

Message  Roseau Dim 20 Mar - 18:18

Chine : une super-puissance en devenir ?

http://www.npa2009.org/content/chine-une-super-puissance-en-devenir%E2%80%89
Roseau
Roseau

Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010

Revenir en haut Aller en bas

Chine - Chine Empty Re: Chine

Message  verié2 Dim 20 Mar - 18:25

Roseau a écrit:Chine : une super-puissance en devenir ?

http://www.npa2009.org/content/chine-une-super-puissance-en-devenir%E2%80%89
Je trouve cet article un peu léger. Sur une double page entière de TEAN, il aurait tout de même été possible de faire mieux. Les auteurs ne se sont vraiment pas fatigués...

verié2

Messages : 8494
Date d'inscription : 11/07/2010

Revenir en haut Aller en bas

Chine - Chine Empty Re: Chine

Message  BouffonVert72 Ven 25 Mar - 19:02



Un dissident chinois condamné à dix ans de prison

il y a 3 heures 18 minChine - Chine Ap4

Un militant chinois pour la démocratie, Liu Xianbin, a été condamné à dix ans de prison pour avoir prôné un changement de gouvernement et qualifié le Parti communiste au pouvoir d'autocratique dans des articles sur Internet.

Cette lourde peine semble participer du regain de répression exercée par le régime contre l'opposition pour étouffer toute velléité de suivre l'exemple des révolutions arabes. Des dizaines d'avocats et activistes des droits de l'Homme ont disparu ou ont été interrogés, assignés à résidence ou placés en détention pour subversion.

Liu Xianbin, qui a déjà passé dix ans en prison, a été déclaré coupable d'incitation à la "subversion de la puissance de l'Etat" lors d'un procès expédié en quelques heures dans la province du Sichuan, a déclaré son épouse, Chen Mingxian, à l'Associated Press.

C'est l'une des sentences les plus lourdes infligées pour incitation à la subversion, crime pour lequel le droit chinois prévoit normalement jusqu'à cinq ans de prison, mais plus pour les cas jugés les plus graves.

Mme Chen a précisé qu'elle avait pu assister au procès avec le frère aîné de son mari. "Je suis innocent! Je proteste!", s'est écrié Liu Xianbin lorsque le verdict est tombé.

Le dissident, qui a aussi été accusé d'avoir appelé ses concitoyens à "créer une forte organisation d'opposition" et à manifester dans les rues, est l'un des membres fondateurs du Parti chinois de la démocratie. En 1999, il a été condamné à 13 ans de prison pour subversion. Il a été libéré en novembre 2008 mais a continué à militer pour les droits de l'Homme, a précisé son épouse.

Liu Xianbin est également signataire de la Charte 08, un manifeste pour la fin du régime à parti unique et des réformes politiques démocratiques. Les autorités chinoises harcèlent les partisans de la Charte 08, dont l'un des co-auteurs, Liu Xiaobo (qui ne possède pas de lien de parenté avec Liu Xianbin), a écopé de onze ans de prison en décembre 2009 pour incitation à la subversion. Il a reçu le prix Nobel de la paix, ce qui a rendu Pékin furieux.

Wang Songlian, de l'organisation des Défenseurs chinois des droits de l'Homme, basée en Chine, avait été informé de ce que des activistes de la province du Sichuan et d'ailleurs avaient été emmenés par la police pour les empêcher d'assister au procès de Liu Xianbin.
AP
BouffonVert72
BouffonVert72

Messages : 1748
Date d'inscription : 10/07/2010
Age : 51
Localisation : sur mon réformiste planeur

Revenir en haut Aller en bas

Chine - Chine Empty Les instigateurs et organisateurs de la révolution chinoise du jasmin

Message  Invité Mer 13 Avr - 10:30



"Ils sont une vingtaine et forment un groupe qu'ils ont baptisé "Les instigateurs et organisateurs de la révolution chinoise du jasmin", faisant référence à l'exemple tunisien. Depuis sept semaines, ces jeunes Chinois, dont certains vivent en Chine et d'autres à l'étranger, appellent régulièrement sur Internet leurs compatriotes à participer à des manifestations pacifiques pour tenter de forcer le régime communiste à s'ouvrir à la démocratie.

Ce groupe, dont le nom se réfère à la Révolution du Jasmin qui a renversé le régime autoritaire en Tunisie en janvier, n'est pas le seul à inviter les Chinois à manifester. Dans le sillage des révoltes lancées ces derniers mois dans plusieurs pays arabes, au moins quatre autres groupes d'internautes ont vu le jour récemment, ce qui a conduit le Parti communiste à exercer une de ses campagnes de répression les plus importantes depuis des années pour tenter d'étouffer le mouvement de contestation.

Un des membres des "Instigateurs et organisateurs de la révolution chinoise du jasmin", âgé de 22 ans, est étudiant en informatique à Séoul. Il ressemble physiquement aux autres étudiants vivant dans la capitale sud-coréenne. Mais son engagement politique est très particulier: il utilise le portable qu'il transporte dans son sac à dos noir d'une manière jugée subversive par les autorités chinoises.

L'Associated Press a réussi à le retrouver, ainsi que trois de ses "collègues", ce qui permet d'en savoir un peu plus sur un des groupes ayant lancé des pétitions en ligne, et sur la manière dont ils se servent de la technologie et de l'anonymat d'Internet pour agir.

Les entretiens menés avec ces quatre membres du groupe montrent qu'ils ont suivi des itinéraires similaires: ce sont tous des jeunes cultivés supportant de moins en moins le pouvoir autocratique du gouvernement, les inégalités et les injustices qui sont monnaie courante en Chine. Les soulèvements en Tunisie et en Egypte leur ont montré que le changement était possible, les incitant à agir.

"Les gens nés à la fin des années 1980 et 1990 ont décidé que le régime du parti unique de leur génération ne pouvait pas leur survivre, ne pouvait pas même continuer de leur vivant. C'est certain", explique l'étudiant en informatique de 22 ans, qui utilise le pseudonyme "Forest Intelligence" sur Internet, interrogé dans un café de Séoul.

L'appel lancé par leur groupe pour la tenue de manifestations chaque dimanche dans plusieurs dizaines de villes a attiré de nombreux curieux mais peu de manifestants purs et durs. Pourtant, leur impact est évident. Le gouvernement a réagi en envoyant plus de policiers dans les rues, en surveillant davantage Internet, et plus de 200 personnes ont disparu ou ont été arrêtées.

L'artiste contemporain et dissident chinois Ai Weiwei, placé en détention le week-end dernier, semble être la dernière victime en date de cette répression.

"Les instigateurs et organisateurs de la révolution chinoise du jasmin" affirment toutefois qu'aucune des personnes détenues n'a été impliquée directement dans leurs appels à manifester.

Les membres du groupe sont essentiellement des jeunes ayant suivi des études supérieures. Huit vivent en Chine et 12 autres à l'étranger, dans une demi-douzaine de pays différents. Ils n'ont pas voulu donner leur nom de crainte que leurs familles n'aient des problèmes avec le gouvernement, qui maintient un réseau important d'informateurs au sein des groupes d'étudiants à l'étranger. La plupart des membres se connaissent uniquement par les pseudonymes qu'ils utilisent sur Internet.

Ils craignent aussi qu'avec plus de la moitié de leurs membres qui vivent hors de Chine, leur mouvement soit considéré comme une conspiration soutenue par des pays étrangers, anti-chinoise, plutôt que comme une réponse à des problèmes intérieurs.

"La révolution a commencé uniquement en raison de la faillite des affaires intérieures, pas à cause des forces étrangères", a assuré "Hua Ge", un diplômé en lettres classiques de l'Université de Columbia qui vit à New York et qui, à 27 ans, est un des plus anciens membres du groupe. Il a recruté les autres, et le premier appel à manifester a été lancé le 17 février sur Twitter. Puis, avec un autre homme habitant en Chine, il a lancé le site Molihuaxingdong.blogspot.com. qui veut dire en chinois "Mouvement Jasmin".

Beaucoup de ces sites considérés comme subversifs par le gouvernement sont bloqués en Chine, mais ils restent consultés parce que beaucoup de Chinois savent comment déjouer les entraves mises en place par le gouvernement sur le Net.

Le groupe sait qu'il n'y aura pas de changement rapide mais il est prêt à attendre. "Certaines personnes disent que ce mouvement va mourir, et ce mouvement ne va pas avoir autant de succès qu'en Tunisie ou en Egypte. Mais dans ces pays, il a fallu trois ou quatre ans pour que ces gens se préparent et, finalement, il y a eu une transition pacifique", a affirmé Hua Ge.

"Il pourrait falloir du temps pour que les gens se réveillent, alors plus longtemps nous continuerons nos efforts et plus de gens seront conscients de la situation et nous rejoindront", a-t-il assuré.

Lundi 11 avril, 17h36, Gillian Wong, AP"


Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Chine - Chine Empty China’s rise amidst the crisis

Message  Roseau Ven 6 Mai - 22:09

The emergence of a new capitalist power
Jean Sanuk
http://www.internationalviewpoint.org/spip.php?article2132



Roseau
Roseau

Messages : 17750
Date d'inscription : 14/07/2010

Revenir en haut Aller en bas

Chine - Chine Empty Ces grèves en Chine dont on nous parle peu

Message  Vals Mer 18 Mai - 16:27

mercredi 18 mai 2011 (LO)

Ces grèves en Chine dont on nous parle peu

À Shenzhen, près de Canton et de Hong-Kong, seront organisés cet été les Jeux olympiques universitaires. Mais dans cette ville, qui est une des plus gigantesques zones industrielles du monde, le pouvoir craint que les travailleurs gâchent la fête.

En effet, en septembre dernier, les salariés du fabricant d’imprimantes Brother se sont mis en grève sur les salaires ; en novembre, ce fut le tour de ceux du fabricant Sanyo, suivis en janvier des conducteurs de bus de la ville. Alors, à l’approche des Jeux, le pouvoir envisage d’expulser 80 000 personnes de cette zone.

C’est par la bande qu’on apprend que la force que représentent les travailleurs chinois inquiète la dictature. Et c’est réjouissant de voir le camp des travailleurs, notre camp, se défendre.


--------------------------------------------------------------------------------
[quote]
Vals
Vals

Messages : 2770
Date d'inscription : 10/07/2010

Revenir en haut Aller en bas

Chine - Chine Empty Re: Chine

Message  sylvestre Lun 20 Juin - 8:45

Un film à gros budget sur la naissance du Parti Communiste Chinois suscite des réactions contrastées. Propagande gouvernementale ou incitation à la révolte ?

http://globalvoicesonline.org/2011/06/17/china-mixed-reactions-to-communist-party-movie-epic/

Beginning of the Great Revival, the epic cinematic tribute to the 90th anniversary of the Chinese Communist Party (CCP), was released in mainland China cinema on June 15, 2011. However, the suspended release of Hollywood movies in June as a result, has enraged many people.

Angry netizens have trashed the movie through online rating platforms such as Douban Movie, resulting in the suspension of the site's rating and comment system.

Varying interpretations

With the recent social unrest and massive protests across China, the history of the founding of CCP is more than ever being subjected to all kinds of political interpretation. Prominent blogger Yang Hengjun pointed out that the movie's story is about ending dictatorship [zh] on the Sina Weibo forum on June 10, before the movie was released:

6曰15日《建党伟业》全国上映,既然花了那么多钱,大家还是去看看吧。电影是讲述一群中国人为了结束国民党一党独裁而浴 血奋战,最终取得了胜利。你可以到电影院里享受一下共党是如何结束了国民党一党专政的,激动的时候可以同电影里的共党一起高呼:结束一党专政,民主自由万 岁,耶——

Beginning of the Great Revival will be released on June 15. Since we have spent so much money [on making it], we better watch the movie. The story is about a group of Chinese people who shed their blood to end the Kuomingtang's one party dictatorship. Eventually they get their victory. You can go to the cinema to enjoy the scene when CCP ended KMT's [Kuomingtang's] one party dictatorship. You can even shout out with the CCP inside the cinema: end the one party dictatorship, long live democracy and freedom!

Upon watching the below trailer of the movie, Twitter user @Fox_Tang changes his attitude towards the movie [zh]:

我错了,我真的错了,我昨天还在讽刺建党伟业来着,看了预告片后,我深深地觉得所有青年都该看看这片子,学学片子里的青年人是怎么和腐败强权斗 争的,学学他们是怎么示威的,学学他们的热血,学习下他们是怎么建党推翻独裁政权的。。。

I am wrong, totally wrong. Yesterday I was mocking at the founding of the party, but after watching the trailer, I really feel that all young people should see this movie and learn from the movie how to struggle with corrupted power. Learn how to strike and overthrow the dictatorship…