L'exercice de l'état

[gérard menvussa]

Je n'ai pas vu le film; je me garderais bien d'en faire une critique ! mais celles que j'ai vu montrent clairement quelle idéologie est ici développée (de plus cette critique est faite par un site web bien marqué "a droite" de l'échiquier

Ce ne sont pas les hommes qui sont mauvais, mais l’exercice du pouvoir qui les rend inévitablement tels, sous-entendent ensemble scénario, mise en scène et interprétation où les acteurs (Michel Blanc, Zabou Breitman, Didier Bezace, Jacques Boudet) s’en donnent à cœur joie pour distiller les fragrances de la trahison, de la fidélité, de l’arrivisme, de la futilité...

A vrai dire, on pourrait construire exactement la même dramaturgie, avec comme toile de fond un club de foot ou une famille de propriétaires de puits de pétrole à la place des responsables de la nation. Et on pourrait sans peine la décliner en une succession d’épisodes.

Et la politique dans tout ça? La politique au sens de l’action publique, de la possibilité de faire quelque chose qui influe sur le sort de ses concitoyens, en bien ou en mal. Disparue, pas même mise en question, mais placée d’emblée hors champ, hors sujet. Les Marches du pouvoir est produit par deux stars qui sont aussi parmi les principaux porte-parole de la gauche états-unienne, George Clooney et Leonardo DiCaprio, L’Exercice de l’Etat se situe explicitement dans une position critique vis-à-vis des dérives immorales de ceux qui nous gouvernent.

Mais ni l’un ni l’autre ne se pose la question d’une autre pratique, d’une autre visée. A rebours des dénonciations vertueuses dont ils se veulent porteurs, ces deux films participent de fait de l’affaiblissement de la notion même d’action politique, réduite à des pratiques (sans aucun doute réelles, et condamnables) mais considérées d’emblée comme dépourvues de toute finalité.

Ce sont deux variations habiles et nerveuses sur des schémas connus, parfaitement en phase avec un air du temps qui ne cesse d’accréditer davantage l’effacement du politique, faute – y compris dans ce travail de la fiction et du spectacle – d’être capable de lui (ré)inventer une place et un rôle. La politique existe au cinéma, mais ailleurs que dans les «films politiques».

Visiblement Vérié considére que ce film est intéressant ; je lui laisse la parole

[verié2]

On ne peut pas juger la qualité et le contenu idéologique de ce film au travers d'une critique de ce genre !

Ce ne sont pas les hommes qui sont mauvais, mais l’exercice du pouvoir qui les rend inévitablement tels, sous-entendent ensemble scénario, mise en scène et interprétation

Ce n'est pas l'aspect essentiel du film à mon avis, mais ce n'est pas faux. On dit d'ailleurs couramment que "le pouvoir corrompt" et "le pouvoir absolu corrompt absolument".

En fait ce film, que je me permets de recommander, montre en effet le personnage principal, le ministre des transports interprété par un comédien exceptionnel, comme un être humain avec ses contradictions et non comme une marionnette caricaturale. C'est peut-être ce qui a plu à des gens de droite. Toutefois, quand il s'agit de prendre une décision importante - ici, il s'agit de la privatisation des gares ! -, le film montre bien qui décide : une énorme société du genre Veolia, et, si le ministre s'y oppose, il saute.

Ce film montre bien le fossé qui sépare la France d'en haut et des gouvernants de la France d'en bas, en particulier avec une scène assez extraordinaire où le ministre se fait inviter chez son chauffeur en CDD. La femme du chauffeur, qui est infirmière, dit ses quatre vérités au ministre sur la situation des hôpitaux.

Mais la principale qualité du film est à mon avis de montrer comment fonctionne le système : les relations entre le ministre et ses conseillers, entre les ministres, entre le ministre et le président, comment on fait passer une décision etc.

[ramiro]

Ce film montre bien le fossé qui sépare la France d'en haut et des gouvernants de la France d'en bas, en particulier avec une scène assez extraordinaire où le ministre se fait inviter chez son chauffeur en CDD. La femme du chauffeur, qui est infirmière, dit ses quatre vérités au ministre sur la situation des hôpitaux.

Mais la principale qualité du film est à mon avis de montrer comment fonctionne le système : les relations entre le ministre et ses conseillers, entre les ministres, entre le ministre et le président, comment on fait passer une décision etc.

Film très intéressant, en effet, qui ne choisi pas un point de vue idéologique trop clair ( on ne sait pas si ce ministre est de droite ou de gauche ) ce qui nous permet de voir, à froid, fonctionner la machine étatique, où plutôt la fraction, bien spécifique de l'Etat qu'est un gouvernement avec ses luttes internes qui opposent la bourgeoisie (ici, entre la main "gauche" - transport et santé - et la main "droite" - l'économie et l'idéologie).

Le point de vue sur le pouvoir est ici mis en avant par la distance que ce ministre, professionnel de la politique, parcours entre sa fonction, ses "convictions" et le peuple. Le peuple, ici présent aux travers de son chauffeur, ex chômeur marié avec une infirmière révoltée, est toujours tenu à distance, médiatisé (par des reportages de journaux qui mettent en scène les grèves actuelles ou sous les conseil d'une conseillée en communication), flou et utilisé comme faire valoir démocratique, n'est en réalité pas pris en compte dans les calculs de pouvoir. Ce film, ne montre pas l'histoire individuelle d'un idéaliste (comme peut on être ENArque et idéaliste) mais le processus de rupture entre des élites politiques et le peuple.

A voir, donc...

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