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Santé au travail et conditions de travail

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Message  fée clochette Jeu 10 Nov - 22:17

ON NE DOIT PAS PERDRE SA VIE EN ESSAYANT DE LA GAGNER

COMMUNIQUE GRANDE VICTOIRE DE LA CGT Randstad France sur la sécurité et la santé au travail dans l’Intérim

L’action menée par notre syndicat a porté ses fruits.
Le Ministère du Travail, le Syndicat Patronal de l’intérim (PRISME), viennent de répondre favorablement à notre exigence sur la tenue d’une table ronde sur la santé et la sécurité au travail, avec la participation de l’ensemble des acteurs concernés.
C’est une première étape essentielle, qui amènera un processus, dont le résultat final sera l’amélioration des conditions de santé et de sécurité au travail, des intérimaires et sans aucun doute, à sauver des vies.
A la vue de cette avancée, la CGT Randstad a fortement influencé les grévistes de la faim, à cesser leur action,
Néanmoins, il est décidé unanimement, la continuité de l’occupation du Siège Randstad, jusqu’à l’obtention de la date de cette table ronde.

Le soutien de nombreux camarades de La CGT, des responsables politiques, des élus locaux, ainsi que la présence du candidat a la présidence de la république du Front de Gauche, a permis d’influencer le résultat obtenu.

Néanmoins, la CGT Randstad restera vigilante et veillera tout particulièrement à la concrétisation de toutes les actions initiées à l’issue de cette table ronde.
ON NE DOIT PAS PERDRE SA VIE EN ESSAYANT DE LA GAGNER
Le syndicat CGT Randstad France
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Message  Copas Jeu 10 Nov - 23:32

Les conducteurs de trains ulcérés par la découverte d'amiante dans les rames du RER B

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Message  panchoa Lun 19 Mar - 19:47

Repenser l'engagement dans le travail
LE MONDE ECONOMIE | 19.03.2012 à 15h23 • Mis à jour le 19.03.2012 à 17h51

Par Jean-Marc Le Gall, conseil en stratégies sociales, professeur associé au Celsa
L'engagement des salariés est une préoccupation majeure des dirigeants, comme en témoigne la multiplication des enquêtes à ce sujet dans les entreprises.
Selon qu'un salarié adopte une attitude attentiste ou simplement routinière, ou qu'au contraire il se révèle très entreprenant, sa contribution à l'entreprise sera en effet fort différente.
Au cœur du management, il y a donc la nécessité de comprendre ce qui le pousse à agir.
Différentes réponses théoriques ont été apportées à cette question : une bonne organisation du travail, l'attention portée à la personne et aux relations humaines, et, enfin, la prise en compte de l'intérêt de chacun considéré comme acteur.
Les transformations de la société et du travail ont suscité un renouvellement de ces approches. La politologue Dominique Schnapper (L'Engagement, Fondapol, 2011) a souligné le risque que l'autonomie aujourd'hui revendiquée par les individus se "corrompe" en indépendance : l'individu peut alors perdre tout sentiment d'obligation à l'égard des autres et négliger le destin collectif. Elle rappelle que les indicateurs sociologiques traduisent déjà cet affaiblissement du principe de la réciprocité et de l'implication dans les relations entre les hommes.
ACTION COLLECTIVE
L'intérêt des entreprises est de se protéger de ce risque d'individualisme négatif, qui peut affecter leur dynamique. Leurs dirigeants doivent donc s'attacher à renforcer leurs collectifs humains, et à faire partager les finalités de l'action collective.
Deux essais récents, qui questionnent chacun les motivations réelles de l'engagement dans le travail, apportent des enseignements nouveaux et précieux.
Norbert Alter (Donner et prendre. La coopération en entreprise, La Découverte, 2009) mobilise ainsi la théorie du don de l'ethnologue Marcel Mauss, pour montrer que la coopération indispensable à l'entreprise repose essentiellement sur la volonté des salariés de "donner", plus que sur des procédures contraignantes ou sur l'intérêt économique.
Donner permet d'échanger et donc d'exister en entreprise, de créer des liens sociaux, mais aussi d'"obliger" autrui... Ce faisant, Norbert Alter revalorise la dimension du lien social et le plaisir d'appartenir à un être collectif. Il souligne aussi l'intérêt pour l'entreprise de permettre à ses salariés d'entretenir ce capital social.
Ces conditions sont indispensables pour que ces derniers investissent les règles et les objectifs de l'entreprise. Le problème des dirigeants n'est donc pas de "mobiliser les salariés", mais de tirer parti de leur volonté de donner, de la reconnaître et de la valoriser.
Alexandra Bidet (L'Engagement dans le travail, PUF, 2011) a pour sa part mené une enquête monographique sur le travail des techniciens de la téléphonie. Ce travail "se fait plus discret, en se déplaçant vers des manipulations informatiques ou des interactions humaines", avec pour conséquence un fossé croissant entre les formes d'engagement et leur validation sociale.
Cet essai novateur montre combien, pour les salariés, le sens de l'activité résulte de l'intérêt à "bien faire (son) travail", et plus encore de ce qui paraît être un "vrai boulot", c'est-à-dire "la part de (l')activité qu'ils souhaitent vivement poursuivre". Leur engagement dans la durée requiert donc des formes de reconnaissance renouvelées, aptes à saisir la complexité de leur activité, aussi mouvante et complexe soit-elle.
Valorisation du lien social et du travail réel, telles sont les voies de l'engagement au travail. Bien loin des modes managériales.


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Message  Copas Mar 10 Avr - 21:19

BELMONTE: Les salariés en grève (Mauguio)
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Message  Copas Mar 10 Avr - 21:57

Foyer de l'Eau Bouillie (Nîmes)
Grève pour les conditions de travail
contre des locaux insalubres

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Message  panchoa Lun 6 Aoû - 21:34

La scientifique Annie Thébaud-Mony refuse la Légion d’Honneur que lui a décerné Cécile Duflot
lundi 6 août 2012 - 20h15

Voilà pourquoi je refuse la Légion d’honneur

La scientifique Annie Thébaud-Mony refuse la Légion d’Honneur que lui a décerné Cécile Duflot. Ce geste permet d’alerter sur le manque de recherche sur les maladies professionnels, l’impunité qui protège les industriels criminels, la dégradation constante de la santé au travail et environnementale. Voici la lettre qu’elle a écrit à la ministre.

--------------------------------------------------------------------------------

Madame la ministre,

Madame Cécile Duflot Ministre de l’égalité, des territoires et du logement,

Par votre courrier du 20 juillet 2012, vous m’informez personnellement de ma nomination au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur et m’indiquez que vous êtes à l’origine de celle-ci. J’y suis très sensible et je tiens à vous remercier d’avoir jugé mon activité professionnelle et mes engagements citoyens dignes d’une reconnaissance nationale. Cependant - tout en étant consciente du sens que revêt ce choix de votre part - je ne peux accepter de recevoir cette distinction et je vais dans ce courrier m’en expliquer auprès de vous.

Concernant mon activité professionnelle, j’ai mené pendant trente ans des recherches en santé publique, sur la santé des travailleurs et sur les inégalités sociales en matière de santé, notamment dans le domaine du cancer. La reconnaissance institutionnelle que je pouvais attendre concernait non seulement mon évolution de carrière mais aussi le recrutement de jeunes chercheurs dans le domaine dans lequel j’ai travaillé, tant il est urgent de développer ces recherches.

En ce qui me concerne, ma carrière a été bloquée pendant les dix dernières années de ma vie professionnelle. Je n’ai jamais été admise au grade de directeur de recherche de 1e classe. Plus grave encore, plusieurs jeunes et brillant.e.s chercheur.e.s, qui travaillaient avec moi, se sont vu.e.s fermer les portes des institutions, par manque de soutien de mes directeurs d’unité, et vivent encore à ce jour – malgré la qualité de leurs travaux - dans des situations de précarité scientifique.

Quant au programme de recherche que nous avons construit depuis plus de dix ans en Seine Saint Denis sur les cancers professionnels Giscop, bien que reconnu au niveau national et international pour la qualité scientifique des travaux menés, il demeure lui-même fragile, même s’il a bénéficié de certains soutiens institutionnels. J’en ai été, toutes ces années, la seule chercheure statutaire. Pour assurer la continuité du programme et tenter, autant que faire se peut, de stabiliser l’emploi des jeunes chercheurs collaborant à celui-ci, il m’a fallu en permanence rechercher des financements - ce que j’appelle la « mendicité scientifique » - tout en résistant à toute forme de conflits d’intérêts pour mener une recherche publique sur fonds publics.

Enfin, la recherche en santé publique étant une recherche pour l’action, j’ai mené mon activité dans l’espoir de voir les résultats de nos programmes de recherche pris en compte pour une transformation des conditions de travail et l’adoption de stratégies de prévention. Au terme de trente ans d’activité, il me faut constater que les conditions de travail ne cessent de se dégrader, que la prise de conscience du désastre sanitaire de l’amiante n’a pas conduit à une stratégie de lutte contre l’épidémie des cancers professionnels et environnementaux, que la sous-traitance des risques fait supporter par les plus démunis des travailleurs, salariés ou non, dans l’industrie, l’agriculture, les services et la fonction publique, un cumul de risques physiques, organisationnels et psychologiques, dans une terrible indifférence. Il est de la responsabilité des chercheurs en santé publique d’alerter, ce que j’ai tenté de faire par mon travail scientifique mais aussi dans des réseaux d’action citoyenne pour la défense des droits fondamentaux à la vie, à la santé, à la dignité.

Parce que mes engagements s’inscrivent dans une dynamique collective, je ne peux accepter une reconnaissance qui me concerne personnellement, même si j’ai conscience que votre choix, à travers ma personne, témoigne de l’importance que vous accordez aux mobilisations collectives dans lesquelles je m’inscris. J’ai participé depuis trente ans à différents réseaux en lutte contre les atteintes à la santé dues aux risques industriels. Ces réseaux sont constitués de militants, qu’ils soient chercheurs, ouvriers, agriculteurs, journalistes, avocats, médecins ou autres... Chacun d’entre nous mérite reconnaissance pour le travail accompli dans la défense de l’intérêt général.

Ainsi du collectif des associations qui se bat depuis 15 ans à Aulnay-sous-bois pour une déconstruction - conforme aux règles de prévention - d’une usine de broyage d’amiante qui a contaminé le voisinage, tué d’anciens écoliers de l’école mitoyenne du site, des travailleurs et des riverains. Ainsi des syndicalistes qui - à France Télécom, Peugeot ou Renault - se battent pour la reconnaissance des cancers professionnels ou des suicides liés au travail. Ainsi des ex-ouvrières d’Amisol – les premières à avoir dénoncé l’amiante dans les usines françaises dans les années 70 – qui continuent à lutter pour le droit au suivi post-professionnel des travailleurs victimes d’exposition aux cancérogènes. Ainsi des travailleurs victimes de la chimie, des sous-traitants intervenant dans les centrales nucléaires, des saisonniers agricoles ou des familles victimes du saturnisme...

Tous et chacun, nous donnons de notre temps, de notre intelligence et de notre expérience pour faire émerger le continent invisible de ce qui fut désigné jadis comme les « dégâts du progrès », en France et au delà des frontières du monde occidental.

La reconnaissance que nous attendons, nous aimerions, Madame la ministre, nous en entretenir avec vous. Nous voulons être pris au sérieux lorsque nous donnons à voir cette dégradation des conditions de travail dont je parlais plus haut, le drame des accidents du travail et maladies professionnelles, mais aussi l’accumulation des impasses environnementales, en matière d’amiante, de pesticides, de déchets nucléaires et chimiques... Cessons les vraies fausses controverses sur les faibles doses. Des politiques publiques doivent devenir le rempart à la mise en danger délibérée d’autrui, y compris en matière pénale. Vous avez récemment exprimé, à la tribune de l’Assemblée nationale, votre souhait d’écrire des lois « plus justes, plus efficaces, plus pérennes". En qualité de Ministre chargée de l’Egalité des territoires et du logement, vous avez un pouvoir effectif non seulement pour augmenter le nombre des logements mais légiférer pour des logement sains, en participant à la remise en cause de l’impunité qui jusqu’à ce jour protège les responsables de crimes industriels.

En mémoire d’Henri Pézerat qui fut pionnier dans les actions citoyennes dans lesquelles je suis engagée aujourd’hui et au nom de l’association qui porte son nom, la reconnaissance que j’appelle de mes vœux serait de voir la justice française condamner les crimes industriels à la mesure de leurs conséquences, pour qu’enfin la prévention devienne réalité.

Pour toutes ces raisons, Madame la ministre, je tiens à vous renouveler mes remerciements, mais je vous demande d’accepter mon refus d’être décorée de la légion d’honneur. Avec l’association que je préside, je me tiens à votre disposition pour vous informer de nos activités et des problèmes sur lesquels nous souhaiterions vous solliciter.

Je vous prie d’agréer, Madame la ministre, l’expression de ma reconnaissance et de mes respectueuses salutations

Annie Thébaud-Mony - 6 août 2012

--------------------------------------------------------------------------------

Source : Courriel à Reporterre

Annie Thébaud-Mony, directrice honoraire de recherches à l’Inserm, est aussi membre de l’association Ban Asbestos et de l’Association Henri Pézerat

http://reporterre.net/spip.php?article3061

panchoa

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Message  panchoa Mer 15 Aoû - 11:18

Annie Thébaud-Mony : une sociologue en lutte contre les risques professionnels

Nathalie Quéruel
Santé & Travail n° 078 - avril 2012

Ses travaux scientifiques ont toujours poursuivi un double objectif : mettre en visibilité les atteintes à la santé dues au travail et aider les victimes à obtenir réparation. Itinéraire militant d'une sociologue de la santé qui s'est distinguée lundi 6 août 2012 en refusant la Légion d'honneur, pour protester contre le manque de moyens dévolus à la recherche sur les cancers professionnels.
Elle n'a pas manqué de se rendre au premier grand procès de l'amiante, à Turin, en Italie, qui a débouché sur la condamnation de deux anciens dirigeants de la société Eternit (voir également sur ce sujet page 6 de ce numéro). Annie Thébaud-Mony, directrice de recherche honoraire à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et porte-parole de Ban Asbestos en France, salue le travail du procureur Guariniello. Au bout de trente ans de carrière et de militantisme, elle reconnaît une certaine frustration : " En France, nous pouvons montrer que les entreprises fabriquent des cancers professionnels, mais pas véritablement agir. Certes, nos recherches ont fait progresser la reconnaissance en maladie professionnelle et l'indemnisation, et donc le principe de justice, mais cela n'est pas suffisant, notamment pour améliorer la prévention. "
Annie Thébaud-Mony en 4 dates
1983 : Entrée à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale.
2000 : L'industrie nucléaire. Sous-traitance et servitude.
2002 : Lancement du projet de Groupement d'intérêt scientifique sur les cancers d'origine professionnelle en Seine-Saint-Denis (Giscop 93).
2009 : Création de l'association Henri Pézerat Travail-santé-environnement.
Dès son doctorat en sociologie de la santé, elle a été frappée par les inégalités de santé et le rôle fondamental du travail dans leur production. Une prise de conscience qui a orienté presque toute sa vie : " Au moment où s'élaborait mon identité professionnelle de chercheur, je n'acceptais pas ces inégalités devant la mort et j'ai voulu, par mes recherches, contribuer à les combattre. " Alors qu'en 1985 moins d'une centaine de cancers sont reconnus en maladie professionnelle, ses travaux visent à briser l'invisibilité des atteintes à la santé et à pointer les effets de la sous-traitance, qui organise une division inégale des risques entre les salariés. Pugnace, elle va mener une enquête sur dix ans, entre 1988 et 1997, dans le secteur du nucléaire. Les résultats sont publiés par l'Inserm, dans un ouvrage qui fait date : L'industrie nucléaire. Sous-traitance et servitude.
Mettre au jour les cancers professionnels
En 1998, elle participe à la création d'une unité de l'Inserm à l'université Paris 13, en Seine-Saint-Denis, dont l'un des projets est la réalisation d'une enquête de santé publique sur les cancers professionnels, afin de faire avancer la connaissance, la reconnaissance et la prévention. De là est né le Groupement d'intérêt scientifique sur les cancers d'origine professionnelle en Seine-Saint-Denis ou Giscop 93. Ce dernier s'attache à retracer les parcours professionnels des personnes atteintes d'un cancer, avec l'aide d'un collectif d'experts - médecins du travail, ingénieurs chimistes, syndicalistes membres de comités d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) -, dont le savoir sur les cancérogènes permet d'identifier les expositions.
Depuis le lancement de cette enquête permanente, près de 1 100 patients ont été suivis. Presque 900 ont été exposés dans leur travail et 254 ont été reconnus en maladie professionnelle. Un décalage qu'Annie Thébaud-Mony explique simplement : " La gravité de la maladie empêche les personnes de persévérer dans des démarches administratives pesantes. D'autant que les institutions de la reconnaissance tendent à les considérer comme des usurpateurs. Donc les malades ne se sentent pas légitimes, alors que c'est leur droit. " L'originalité du Giscop 93, c'est tout d'abord de repérer les expositions professionnelles aux cancérogènes, c'est ensuite d'accompagner les victimes dans leur démarche de déclaration, y compris lors d'éventuels contentieux. Ces deux aspects sont parties prenantes de sa fonction première : produire des connaissances scientifiques.
" Elle n'a rien du scientifique enfermé dans sa tour d'ivoire "
Véronique Daubas-Letourneux, sociologue en santé au travail à l'université de Nantes, y voit la patte particulière d'Annie Thébaud-Mony : " Son travail repose beaucoup sur la recherche-action et donne une large place au réseau, au collectif. Elle n'a rien du scientifique enfermé dans sa tour d'ivoire et n'entend pas détenir le monopole de l'expertise. Ses travaux sont riches du savoir-faire des salariés. " Un avis partagé par Emilie Counil, enseignante-chercheuse épidémiologiste à l'Ecole des hautes études en santé publique, qui a succédé à Annie Thébaud-Mony comme directrice du Giscop 93. Elle souligne le besoin de celle-ci d'inscrire son activité de recherche dans des perspectives concrètes : " Sa persévérance et sa fidélité au sujet des cancers professionnels lui ont permis de concevoir des outils scientifiques qui ont mené à leur mise en visibilité, à contre-courant des discours ambiants. Une ténacité qui tient beaucoup à son engagement personnel. "
Car Annie Thébaud-Mony est aussi une militante, un mot qu'elle assume parfaitement. Après avoir rejoint le collectif intersyndical de l'université de Jussieu, créé par le toxicologue Henri Pézerat, elle participe à la création de l'Alert (Association pour l'étude des risques du travail) et, par ce biais, à celle de l'Association nationale de défense des victimes de l'amiante (Andeva). Dès 1994, elle rejoint le réseau international anti-amiante Ban Asbestos. Pour elle, le travail scientifique n'aurait pas de poids s'il n'était pas mis à la disposition des citoyens, et plus précisément, concernant ses recherches, à celle des premiers intéressés, les travailleurs.
Cette transmission du savoir, beaucoup la trouvent précieuse, comme Philippe Billard, président de l'association Santé et sous-traitance dans le nucléaire et syndicaliste CGT : " Elle nous a ouvert les yeux sur les problèmes des expositions aux cancérogènes et l'importance de la santé au travail. " Jean-Marie Birbès, président de l'Association de défense des victimes de l'amiante (Adeva) du Tarn, se souvient avec émotion de l'époque où il était délégué syndical chez Eternit, en lutte contre l'usage soi-disant contrôlé de l'amiante : " Elle nous a donné des documents, des explications et des arguments sans nous dicter notre conduite, à nous de faire notre chemin. C'est une intellectuelle mais elle sait parler aux ouvriers, une militante qui a pris la défense de l'être humain avec une énergie incroyable. "
Or cet engagement a pu faire peser quelques soupçons sur les recherches d'Annie Thébaud-Mony, dont une des principales préoccupations a été d'assurer la reconnaissance scientifique de ses travaux. Pas évident quand on est, de plus, une sociologue dans un univers médical, prônant une démarche faisant appel à l'interdisciplinarité. " Non seulement il m'a fallu être rigoureuse, mais également prouver que je l'étais ! " Ses ouvrages, comme Précarisation sociale, travail et santé, avec Béatrice Appay, ou Travailler peut nuire gravement à votre santé, sont des références.
Pour elle, rien n'est plus important que de protéger la santé des travailleurs et d'en faire une priorité de santé publique… à rebours de l'enfermement actuel de la santé au travail dans la gestion paritaire. A ses yeux, la production de connaissances en santé au travail demeure donc un enjeu important. Le livre Santé au travail. Approches critiques, qu'elle a codirigé, en est le témoin. Rassemblant des textes de chercheurs avec lesquels elle a collaboré, il apporte une réflexion collective sur " un sujet qui ne va pas de soi ". Et constitue un passage de relais, au moment où Annie Thébaud-Mony a pris sa retraite de l'Inserm. Mais chercheuse en santé publique, elle le reste. Militante également, au sein de l'association Henri Pézerat Travail-santé-environnement (voir " Sur le Net "), dont le but est d'apporter un soutien aux luttes concernant la santé en lien avec le travail et l'environnement.
En savoir plus

A lire
Santé au travail. Approches critiques, par A. Thébaud-Mony, V. Daubas-Letourneux, N. Frigul, P. Jobin, La Découverte, 2012.
L'envers des sociétés industrielles. Approche comparative franco-brésilienne, par A. Thébaud-Mony, L'Harmattan, 1991.
L'industrie nucléaire. Sous-traitance et servitude, par A. Thébaud-Mony, Inserm, coll. Questions de santé publique, 2000.
Travailler peut nuire gravement à votre santé, par A. Thébaud-Mony, La Découverte, 2007.
Sur le net
www.asso-henri-pezerat.org : le site de l'association Henri Pézerat Travail-santé-environnement, qui vise à créer un réseau d'échanges et de soutien aux luttes sur la santé au travail et environnementale. On peut y retrouver notamment des textes d'Henri Pézerat, toxicologue et militant décédé en 2009.

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Message  Vic Mar 22 Oct - 6:58

Le communiqué de la FASE

Cachez cette souffrance que je ne saurais voir !

Des médecins du travail et des psychiatres sont attaqués par le Conseil de l'Ordre des médecins pour avoir fait des certificats médicaux établissant le lien entre la pathologie des patients et leurs conditions de travail.

Le docteur Jean Rodriguez est poursuivi par le Conseil de l'Ordre à la demande de la société ZODIO (groupe MULLIEZ). . Il, s'agit là d'une procédure d'exception devant un tribunal d'exception puisqu'il juge selon son propre code de déontologie et non selon la loi. Ceci vise à contourner les dispositions du code du travail et à dissuader les médecins qui soutiennent les patients victimes des souffrances au travail.

Pour la FASE l'enjeu dépasse celui d'une lutte particulière contre une des plus riches familles de France qui ne veut pas voir remise en cause ses pratiques d'exploitation de ses salarié(e)s.

En demandant à l'ordre de créer une jurisprudence, il s'agit de nier la nocivité pour les salarié(e)s des formes de management des grandes sociétés capitalistes.

Pourtant c'est bien l'ordre du capital, une forme particulièrement violente de domination du travail dans l'entreprise qui est à l'origine de la destruction de milliers de personnes allant jusqu'au suicide.

La contre attaque patronale à la mise en évidence de cette contradiction brutale entre travail et capital est en cours : l'organisation d'un silence sur ce sujet qui renvoie chaque personne à ses propres responsabilités, en l'enfermant dans sa pathologie individuelle, en niant la dimension politique et sociale.

C'est dire que les enjeux sont de taille : en défendant le docteur Rodriguez, c'est le droit pour toutes et tous que nous défendons

C'est pourquoi la FASE soutient l'action du Comité de Soutien au Docteur Rodriguez (CSDR) : de médiatiser cette affaire, seule arme permettant de faire fléchir le Conseil de l'Ordre et s'opposer à l'ordre de la famille Mulliez

Fédération pour une Alternative Sociale et Ecologique ( FASE) membre du Front de gauche
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Message  Vic Mar 22 Oct - 9:40

Accueil
NON AUX SANCTIONS CONTRE LE DOCTEUR RODRIGUEZ, DISSOLUTION DE L’ORDRE DES MÉDECINS, MÉDECINE DU TRAVAIL INDÉPENDANTE DU PATRONAT !
Jeudi 17 octobre 2013
Le conseil de l’Ordre des Médecins s’en prend au docteur Jean Rodriguez, médecin hospitalier de Monfavet (Avignon), qui anime une consultation sur la souffrance psychique au travail en région PACA. Une fois de plus, c’est la médecine du travail qui est visée.

Les collègues de Jean Rodriguez, les docteurs D.Huez, E. Delpech et B.Berneron ont, eux aussi, été attaqués sur demande du patronat par cette création pétainiste qu’est l’ordre des médecins. En effet, Le groupe Mulliez (Auchan, Décathlon, etc.) et plus précisément la société Zodio ont demandé au conseil de l’Ordre de sanctionner le Dr Rodriguez parce qu’il n’aurait pas respecté « la déontologie » (laquelle?) en établissant un certificat médical faisant le lien entre les conditions de travail d’une patiente, salariée chez Zodio, et sa pathologie.

Le NPA tient à réaffirmer son soutien aux Dr J. Rodriguez et aux autres médecins attaqués par l’Ordre des médecins.

Le NPA soutient les médecins du travail qui ne font que leur boulot en montrant les filiations entre conditions de travail et pathologies, notamment du fait des managements actuels harceleurs, anti-humains et toujours plus exploiteurs.

Le NPA constate que l’Ordre des Médecins est devenu l’auxiliaire du patronat, sa dissolution reste d’actualité.

Le NPA exige une médecine du travail indépendante du patronat. Il faut l’imposer !

Montreuil, le 17 octobre 2013
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Message  Roseau Jeu 28 Aoû - 10:17

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