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Dominique Strauss-Kahn

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Dominique Strauss-Kahn - Page 9 Empty Re: Dominique Strauss-Kahn

Message  verié2 Lun 23 Mai - 19:23

gérard menvussa a écrit:il peut aussi fermer sa tronche, plaider "non coupable" à la prochaine présentation devant le jury, et négocier au civil avec la partie adverse un fort dédommagement contre l'abandon du témoignage. Pour mémoire, c'est ainsi qu'il a "fait gagner" OJ Simpson et "le roi de la pop" (qui en sont tous les deux ressortis ruinés, mais c'est un moindre mal)

Non, ça ne s'est pas passé du tout comme ça pour Simpson. Les avocats de Simpson ont réussi à jeter un doute sur l'enquête en prouvant qu'un des flics enquêteurs était raciste ou avait tenu des propos racistes.

En ce qui concerne les familles des victimes (de son ex femme et de son nouveau compagnon), elles ont gagné dans un procès civil. En revanche, Michaël Jackson, qui avait le même avocat, a dédommagé directement la famille du gamin qui partageait son lit.

Mais, aux Etats Unis, il n'y a pas de partie civile. C'est une guerre entre le procureur et les avocats. Ca parait assez douteux que le procureur lâche le morceau sans condamnation négociée ou procès. C'est pourquoi, la police planque et entoure la victime, pour éviter qu'elle subisse des pressions. Il est douteux que les avocats de DSK arrivent à négocier avec elle dans ces conditions, du moins rapidement. En revanche, ils peuvent négocier avant un procès civil qu'elle engagerait éventuellement. Mais comme témoin-victime, le proc ne va pas la lâcher.

Par ailleurs, Simpson et Jackson avaient une bonne partie de la population, notamment parmi les Noirs, qui les soutenaient en criant au racisme. ca compte pour la réélection des juges et procureurs. En revanche, DSK fait l'objet, pour le moment, d'une hostilité générale et a tout le courant féministe contre lui, qui compte dans l'Etat de New York - les femmes, ça fait aussi des voix.

Donc, sauf rebondissement imprévu, il semble tout de même mal parti...

verié2

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Message  alexi Lun 23 Mai - 19:35

Echo de L'Etincelle :

Quand le naturel revient au galop

Comme bien d'autres, Jean-François Kahn (fondateur du journal Marianne) a cru minimiser les chefs d’inculpation contre DSK en parlant d'un simple « troussage de domestique ». Bref, quand il se lâche, ce monsieur voudrait revenir au temps du droit de cuissage.
Conjuguer les propos machistes et le mépris de classe, il fallait le faire !

alexi

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Message  gérard menvussa Mar 24 Mai - 12:30

Donc, sauf rebondissement imprévu, il semble tout de même mal parti...
Surtout depuis que les flics américains ont trouvés de vrais bouts de DSK sur le corps de l'agressée...

Selon les récits de chaînes NBC et ABC, de l'ADN a été découvert sur les vêtements de la victime présumée. D'après le site de France 2, il s'agirait du sperme de l'ex-patron du FMI qui est présent sur le col de chemise de la plaignante.

L'information est à prendre avec des pincettes. Car la justice américaine se refuse pour l'heure à tout commentaire. Une porte-parole du bureau du procureur, Erin Duggan, a déclaré lundi matin que rien ne serait communiqué avant le procès, et a répété le même "no comment" dans l'après-midi.
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Message  Vérosa_2 Mar 24 Mai - 15:07

Surtout depuis que les flics américains ont trouvés de vrais bouts de DSK sur le corps de l'agressée...
Rien ne l'empêche de plaider la relation consentie et, sauf erreur, ses avocats ont déjà évoqué cette possibilité qui n'est qu'une autre façon de plaider "non coupable d'agressions", or c'est l'agression qui constitue la plainte. Si tel est le cas l'affaire risque, hélas, d'être plus délicate pour Nafissatou Diallo parce que pour le coup, pièces à convictions ou pas (ADN, etc...), il ne suffit plus de fournir les preuves de "l'acte", il faut en prouver l'intention criminelle et en convaincre le jury à l'unanimité. Ce qui, compte tenu de l'armée de "privés" (et de médias à la botte) dont dispose DSK qui feront tout pour salir la victime (1), n'est pas gagné d'avance.

(1) D'ailleurs les suspicions envers la victime ont déjà commencé : http://you.leparisien.fr/actu/2011/05/19/affaire-dsk-et-si-la-presumee-victime-avait-menti-8458.html


Dernière édition par Vérosa_2 le Mar 24 Mai - 15:18, édité 1 fois

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Message  verié2 Mar 24 Mai - 15:14

Il y a tout de même pas mal d'autres éléments : les griffures sur le torse, une blessure légère dans le dos de DSK, que sa victime présumée aurait poussé contre une armoire pour lui échapper, ses collègues qui l'ont trouvée prostrée, les deux femmes de l'hôtel que DSK a tenté de draguer etc.

A la TV (A2), à 13 h, la parole a été donnée à plusieurs Guinéens, dont l'un a expliqué que ce serait de toute façon "la honte" pour la victime et sa famille car elle a été "souillée" etc, et c'est tout de même vraiment affreux pour elle. Ce sera très dur d'affronter le procès et les questions des avocats de DSK
__
Sinon, c'est un peu bizarre : la TV de 13 H présente les traces ADN comme des faits officiels, exposés par le proc, et France Info, une heure plus tard dit qu'il s'agit seulement de rumeurs...

verié2

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Message  Vérosa_2 Mar 24 Mai - 15:29

Il y a tout de même pas mal d'autres éléments : les griffures sur le torse, une blessure légère dans le dos de DSK
Oui, bien sûr. Parce que nous accréditons ces éléments en toute bonne foi, mais même à ce niveau de détail probant, les coups les plus bas sont permis :

(source: Seneweb.com)
Après avoir appelé la police de New York pour accuser Dominique Strauss Kahn, elle a donné un détail compromettant à la police. Sur la poitrine de celui qui était jusqu’ici un des hommes les plus puissants de la planète, elle avait laissé des empreintes : la marque de ses griffes. Avait-elle calculé son coup ? Dans une communication avec sa sœur faite à partir d'un lieu secret, dans la journée d’hier, Nafissatou Diallo se plaignait de douleurs aux sein, elle aurait été griffée par Dominique Strauss Kahn. Le problème est que ceux qui connaissent l’ex directeur du Fmi sont catégoriques, il ne laisse pas pousser ses ongles. Il les mange toujours.

Vérosa_2

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Message  Oudiste Mar 24 Mai - 16:07

verié2 a écrit:A la TV (A2), à 13 h, la parole a été donnée à plusieurs Guinéens
Guinéens de Paris, de New York ou de Guinée ? Parce que le responsable de la communauté du Fouta à NYC (Nafissatou Diallo est originaire du Fouta Djallon) a annoncé une manif "massive" pour soutenir la jeune femme.

ce serait de toute façon "la honte" pour la victime et sa famille car elle a été "souillée" etc
Je crois que n'importe quelle victime de viol, quelle que soit son origine, quel que soit son sexe, ressent cette "honte" et cette "souillure". Il me semble d'ailleurs que cela figure au cœur du combat de toutes les organisations féministes et des préoccupations des psy qui suivent les victimes de viols : déculpabiliser la victime de ce sentiment de "honte" et de la croyance qu'elles sont "responsables" de ce qui leur est arrivé.

Ce sera très dur d'affronter le procès et les questions des avocats de DSK
C'est certain, mais les procureurs de la Sex Crimes Unit semblent assez "costauds" et expérimentés pour les contrer (même s'ils ne disposent pas des mêmes moyens matériels) :
Affaire DSK: qui défend la femme de chambre?
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/affaire-dsk-qui-defend-la-femme-de-chambre_995955.html

A Manhattan, une cinquantaine de procureurs, dont une moitié de femmes, appartiennent à la Sex Crimes Unit. C'est elle qui mène l'offensive dans l'enquête visant DSK.

Ce hasard décidera peut-être de la carrière de John "Artie" McConnell. Dans la nuit du samedi 14 mai, l'assistant du district attorney, l'un des 500 substituts du procureur de Manhattan, assurait la permanence pour la Sex Crimes Unit, la section du parquet chargée des crimes sexuels, lorsqu'un coup de fil des policiers sur son portable l'a averti qu'ils détenaient un suspect soupçonné de viol, un certain Dominique Strauss-Kahn.

Voilà comment "Artie", un beau brun d'une trentaine d'années originaire de Virginie, embauché peu après ses examens au barreau de New York, en 2005, a été saisi de l'accusation dans le dossier le plus médiatisé depuis l'affaire Madoff, face à l'une des équipes d'avocats les plus expérimentées du pays. Le diplômé de la prestigieuse faculté de droit George-Washington fera-t-il le poids?

Les meilleurs cerveaux du monde judiciaire new-yorkais

Pour dissiper les doutes, sa chef directe, Lisa Friel, patronne depuis 2002 de la Sex Crimes Unit, a pris place à son côté au tribunal le 19 mai. La seule présence de cette petite dame aux longs cheveux châtains signifiait une déclaration de guerre aux avocats du prévenu, la promesse d'une offensive de ses procureurs, réputés comme les meilleurs et les plus acharnés d'Amérique.

Il y a peu de métiers où l'on ait tant l'impression de faire le bien

La Sex Crimes Unit ne roule pas sur l'or. Sa suite n°666, au 5e étage de l'imposante cour de justice du 100 Centre Street, dans le sud de Manhattan, n'est qu'une enfilade de bureaux exigus et vétustes, encombrés de classeurs gris et d'ordinateurs. L'endroit, bondé d'une cinquantaine de "procs" surmenés, est à mille lieues de sa représentation télévisée, dans les feuilletons New York. Police judiciaire ou New York. Unité spéciale. Mais sa légende attire les meilleurs cerveaux du monde judiciaire new-yorkais.

"Il y a peu de métiers où l'on ait tant l'impression de faire le bien, reconnaît Matthew Galluzzo, un ancien de "l'unité", aujourd'hui dans le privé. Mais rares sont les élus." A l'entendre, le job exige des talents contradictoires: "Du coeur face aux victimes, une minutie exceptionnelle dans l'établissement des faits et dans les expertises; ainsi qu'un don pour le prétoire. Pourquoi? Parce que ces crimes sont atrocement difficiles à prouver à un jury."


Dans 80% des cas, agresseur et victime se connaissaient. Très souvent, l'existence de l'acte sexuel ne fait aucun doute. Encore faut-il démontrer à la cour l'absence de consentement et les indices de recours à la force. "On entre alors dans des zones grises, de pudeur et d'omissions par la victime sur son degré d'alcoolémie ou sa consommation de drogue au moment de l'acte, se souvient Galluzzo. Tant d'éléments qui compliquent l'accès à la vérité." Parfois, il y a même de graves mensonges. "L'homme peut être innocent. Et l'erreur, c'est notre hantise."

Les procureurs en fonction s'épanchent peu devant la presse, mais, depuis l'affaire Strauss-Kahn, le silence absolu est de rigueur, sur ordre du district attorney Cyrus Vance. Coïncidence, un excellent documentaire achevé l'année dernière par la réalisatrice Lisa Jackson, et programmé pour le 20 juin sur la chaîne HBO, offre un voyage inédit dans une culture judiciaire entièrement dévouée aux victimes. Quelles qu'elles soient.

Au détour d'une séquence, on repère Artie McConnell, avant sa célébrité, occupé, devant sa patronne, Lisa Friel, à décrire sans ciller les abrasions vaginales d'une strip-teaseuse dont l'agresseur, un chauffeur de taxi, assure qu'elle était consentante, avant de se raviser et de plaider coupable. Coleen Balbert, la sémillante directrice adjointe, accuse un homme longtemps convaincu de son impunité, après avoir violé une prostituée sous la menace d'un revolver. Il est condamné à seize ans.

"Des pros brillantes avec des salaires minables"

Dans les bureaux, les photos de bébés, collées sur les murs à côté des portraits-robots de suspects, rappellent que plus de la moitié des membres de la Sex Crimes Unit sont des femmes. Une exception notoire dans le district de New York.

"Ce sont des pros brillantes qui restent ici malgré les salaires minables au lieu d'entrer dans le privé, admire Natasha Alexenko. Elles ont trouvé une cause, et leur empathie devient un avantage professionnel." Natasha, violée en 1993 par un inconnu, se revoit encore raconter les détails de son calvaire à la procureure Melissa Mourges. "Pas une once de mièvrerie, d'effusions apitoyées, se souvient-elle. Mais je savais qu'elle était de mon côté."


De tout coeur. En 2007, quatorze ans plus tard, Natasha a reçu un appel de Mourges. L'ADN d'un délinquant, récemment arrêté pour un banal délit de port d'arme, correspondait à celui de son agresseur, enregistré au fichier national. On le tenait.

Ce club de justicières, fondé en 1974, doit son existence à un homme, le légendaire district attorney Robert Morgenthau, parti à la retraite en 2009, à l'âge de 91 ans, autant qu'aux coups de gueule de sa première directrice permanente, Linda Fairstein, dès sa nomination, en 1976: "A l'époque, une plainte pour viol n'était recevable que si un témoin autre que la victime pouvait la corroborer, proteste encore la juriste. Résultat, sur 1 000 agressions sexuelles commises cette année-là à Manhattan, seules 18 aboutirent à des condamnations!"

Fairstein, l'implacable diva anticrime, a passé la main en 2002, pour poursuivre une carrière d'écrivain de polars multimillionnaire, non sans avoir vu de nouvelles législations révolutionner le travail des "procs". L'abrogation de l'obligation d'un témoin, à la fin des années 1970, puis le vote de textes interdisant de divulguer l'identité des victimes et de décrire leur vie sexuelle passée aux jurés ont calmé les craintes des femmes et permis de décupler le nombre de plaintes et de condamnations.

"Ce type est incurable et ne doit plus jamais ressortir"

Les temps héroïques et militants sont révolus. Lisa Friel, ancienne adjointe de Fairstein, promue depuis dix ans à la tête du service, peut se targuer d'une couverture du journal de son université, le prestigieux Dartmouth College, affichée dans son bureau, qui la campe sous le titre: "The Victims Advocate". Mais cette veuve, mère dévouée de trois adolescents, quinqua tonique, admirée pour ses cinq heures de gym intensive hebdomadaires, a su maintenir une ambiance sobre et conviviale dans la suite 666, où le dernier stagiaire est invité aux déjeuners briefings de sandwichs dans la salle de réunion.

Les défenseurs de DSK savent à qui ils ont affaire

Elle ne transige pourtant pas sur la rigueur. Malheur aux flics qui n'accordent pas à un viol le même soin, les mêmes interrogatoires de voisinage et examens de relevés téléphoniques qu'à une enquête pour meurtre! Malheur aux violeurs, surtout! Le film la cadre tandis qu'elle règle le compte d'un récidiviste: "Deux incidents en quatre ans, à 22 ans? Ce type est incurable et ne doit plus jamais ressortir." De retour d'un procès où le prévenu a pris vingt-cinq ans, ses "procs" exultent dans son bureau.

"Elles ne lâchent pas prise, au nom des victimes, confie Kimberly Summers, une avocate new-yorkaise rompue à la défense des suspects de crimes sexuels. Mais, côté éthique et fair-play, ces procureurs-là n'ont de leçons à recevoir de personne." Les défenseurs de DSK savent aussi à qui ils ont affaire.
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Message  verié2 Mar 24 Mai - 16:11

C'est clair que les avocats vont peaufiner une ligne de défense, ils doivent en avoir élaboré plusieurs, pour faire face à tous les cas de figure. Mais il y a des défenses plus difficiles que d'autres. Réussir à convaincre que c'est DSK qui a été agressé ou provoqué sexuellement, puis griffé etc, ça ne va pas forcément être du gâteau, quel que soit le talent des avocats.

Le silence des avocats et de DSK en dit d'ailleurs assez long. Ils attendent de connaître avec précision les preuves en possession du procureur pour choisir leur ligne de défense. Un homme inculpé à tort serait plus crédible s'il clamait immédiatement son innocence en expliquant ce qui s'est passé, selon lui. Evidemment, il pourra toujours raconter que ce silence avait pour but de ménager sa femme et ses proches, qu'il était lui-même traumatisé par son passage en taule etc. De là à être crédible, avec tous les médias américains contre lui...

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Message  verié2 Mar 24 Mai - 16:19

Fairstein, l'implacable diva anticrime, a passé la main en 2002, pour poursuivre une carrière d'écrivain de polars multimillionnaire
C'est vrai qu'on a l'impression de lire un polar de Grisham (ex avocat spécialiste des thriller
de police procedural) ou de voir un épisode de la série Damages...

Ce hasard décidera peut-être de la carrière de John "Artie" McConnell. Dans la nuit du samedi 14 mai, l'assistant du district attorney, l'un des 500 substituts du procureur de Manhattan, assurait la permanence pour la Sex Crimes Unit, la section du parquet chargée des crimes sexuels, lorsqu'un coup de fil des policiers sur son portable l'a averti qu'ils détenaient un suspect soupçonné de viol, un certain Dominique Strauss-Kahn.

J'ignore tout de cet Artie McConnell : a-t-il agi par calcul ou par sincérité ? On ne sait pas. Mais le courage et le risque que représente l'arrestation en direct du patron du FMI le rend plutôt sympa !

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Message  Oudiste Mar 24 Mai - 16:35

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Message  Aura Mar 24 Mai - 22:32

La valise diplomatique
lundi 23 mai 2011
Les informulés d’une rhétorique sexiste


http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2011-05-23-rhetorique-sexiste

Souligner la respectabilité de l’accusé, l’importance du personnage, l’étendue de son pouvoir, ses innombrables qualités, et lui chercher toutes les excuses possibles ; entourer la plaignante d’un soupçon systématique, l’accabler de reproches, lui prêter des intentions machiavéliques… Dès l’inculpation du directeur du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn pour agression sexuelle sur une femme de chambre du Sofitel de New York, on a vu ressurgir, en France, les réflexes et les grilles de lecture archaïques qui dominent invariablement dans ce genre de mises en cause. « Nous ne savons pas ce qui s’est passé à New York samedi 14 mai, mais nous savons ce qui se passe en France depuis une semaine », dit la pétition lancée le 21 mai par les associations Osez le féminisme, La Barbe et Paroles de femmes (1).
Comme lors de l’arrestation en Suisse, à l’automne 2009, du cinéaste Roman Polanski, recherché par la justice américaine pour le viol d’une adolescente en 1977, un paramètre semble se dérober avec une remarquable constance à l’entendement des commentateurs : celui du consentement féminin. On entend parler, à nouveau, d’« affaire de mœurs ». L’épouse de M. Strauss-Kahn, Mme Anne Sinclair, est assimilée à une « femme trompée » (France-Soir, 19 mai 2011). Le thème du « puritanisme américain » (2), quoique résolument hors sujet s’agissant d’une accusation de viol, fait son grand retour : « L’homme de Washington est rattrapé au sein même du FMI par cette fameuse “culture anglo-saxonne” qu’en France on tient parfois pour de la pudibonderie », analyse Le Nouvel Observateur (18 mai). Le député socialiste Jean-Marie Le Guen met en garde contre toute contamination : il invoque « l’esprit des Lumières et l’exemple des libertins » qui ont « lié étroitement la liberté politique, économique et celles de mœurs, ce qui a permis la paix et l’émancipation des individus » (Le Monde, 21 mai).
Si la question du consentement n’était pas ainsi éludée, le débat fleuve dans lequel se sont lancés les médias sur le thème : « fallait-il évoquer les rumeurs qui circulaient ? » aurait été tranché assez vite, ou n’aurait même pas été entamé. Il a donné aux journalistes l’occasion de réitérer toute l’horreur que leur inspire l’idée de tomber dans la « presse de caniveau » en évoquant la « vie privée » ou les « infidélités » des hommes politiques. Nicolas Demorand offre sa poitrine aux flèches de la persécution (18 mai 2011) : « Quitte à ramer à contre-courant de l’époque et contrairement aux injonctions entendues ici et là, Libération continuera, premier principe, à respecter la vie privée des hommes et des femmes politiques. » Le Canard Enchaîné clame le même jour que, pour lui, « l’information s’arrête toujours à la porte de la chambre à coucher ».
Or, dans le cas de M. Strauss-Kahn, les rumeurs n’évoquaient pas simplement un « séducteur », même « compulsif », mais un homme « lourd » (3) ou « insistant », c’est-à-dire incapable d’entendre un refus et d’en prendre acte. Cette attitude créait autour de lui un climat qui débordait largement le cadre de sa « vie privée ». Des journalistes de sexe féminin redoutaient ou refusaient d’aller l’interviewer. Au FMI, « la consigne était de ne jamais le laisser seul avec une femme dans un bureau » (Le Nouvel Observateur, 19 mai). Certaines de ses consœurs en politique devaient elles aussi veiller, comme en a témoigné Mme Aurélie Filippetti, à « ne pas se retrouver seules avec lui dans un endroit fermé ». Mais, face au « droit à la vie privée » des hommes politiques, que vaut le droit des femmes à évoluer dans un environnement où elles ne sont pas réduites au statut d’objet sexuel dépourvu de libre arbitre ?
« Est-ce qu’une journaliste qui, par exemple, interviewant DSK et l’ayant trouvé un peu lourd dans sa façon de tenter sa chance, aurait dû dire à ses lecteurs : “DSK m’a draguée” ? Poser la question dans un pays latin, c’est y répondre. Non, bien sûr », décrète l’éditorialiste de France Inter Thomas Legrand, le 18 mai. Il est seulement regrettable que le charme latin passe si mal les frontières. Et que certaines femelles autochtones elles-mêmes y demeurent insensibles. En 2000, la journaliste du Monde Sylvie Kerviel avait jugé digne d’intérêt de raconter le déroulement de son entretien avec Bruno Gaccio, l’un des auteurs des « Guignols de l’info » de Canal + : « Il pose son index juste entre mes seins et me dit : “Je peux t’apprendre des positions que tu ne connais pas” (4). » Car, dans son infini raffinement, le French lover est volontiers contorsionniste.
Un corps féminin est un objet public
Dans le cas Polanski, Alain Finkielkraut avait souligné – sur France Inter, le 9 octobre 2009 – que la victime « n’était pas une fillette, une petite fille, une enfant, au moment des faits », comme si une jeune fille pubère ou une femme adulte ne pouvait pas faire l’objet d’un viol. S’entendant rappeler l’âge de la plaignante (13 ans), le cinéaste Costa-Gavras, pour sa part, avait eu ce cri du cœur : « Mais elle en fait 25 (5) ! » L’indifférence à la réciprocité du désir traduit la conviction généralisée qu’une femme, avant d’être un individu doté d’une subjectivité, est un corps offert aux regards, aux jugements esthétiques, à la convoitise : pour elle, pas de « droit à la vie privée ». L’accusatrice de M. Strauss-Kahn est ainsi ramenée au cliché érotique dépersonnalisant de la « soubrette ». L’ancien journaliste Jean-François Kahn s’est illustré en parlant de « troussage de domestique » (France Culture, 16 mai).
On attend la photo de la plaignante avec fébrilité : RMC (16 mai) croit savoir que les avocats de l’accusé « auraient été surpris, lors de la comparution, de voir arriver une jeune femme très peu séduisante », tandis que Le Parisien du même jour rapporte qu’elle a « de gros seins et de jolies fesses », l’une et l’autre hypothèses étant susceptibles de la décrédibiliser. On retrouve cette distinction sexiste entre les femmes « baisables » et les autres – qui n’auraient pas l’honneur d’éveiller les instincts du prédateur – dans le billet fameux de l’humoriste Stéphane Guillon sur M. Strauss-Kahn, en février 2009 sur France Inter (6), ou encore dans un sketch des « Guignols de l’info » sur l’affaire de New York (16 mai).
Dès lors qu’un corps féminin est par définition un objet public, existant avant tout pour autrui, la gravité d’un viol, l’infraction qu’il représente, ont du mal à s’imposer dans les esprits. D’autant plus lorsque la victime exerce un métier lié à ce statut féminin (mannequin, prostituée) : Finkielkraut avait insisté sur le fait que la jeune fille dont Polanski avait abusé était « une adolescente qui posait dénudée pour Vogue Homme », comme si cela changeait quelque chose. Dans l’affaire Strauss-Kahn, l’ancien ministre de la culture socialiste Jack Lang a choqué en estimant qu’il n’y avait « pas mort d’homme » (France 2, 16 mai). Pour entendre parler de « droit de cuissage » dans un éditorial, il faut lire… Le Quotidien d’Oran (7).
Dans un curieux renversement des rôles, les agresseurs, avérés ou présumés, sont présentés comme de petites choses sans défense à qui on a tendu un traquenard. Polanski avait été « pris au piège » lors de son arrestation en Suisse, selon le ministre de la culture Frédéric Mitterrand (communiqué du 27 septembre 2009). Le Nouvel Observateur (1er octobre 2009), sous le titre « Qui en veut à Roman Polanski ? », résumait ainsi les faits : « La mère, une actrice en mal de rôles, a laissé volontairement sa fille seule avec Polanski, pour une série de photos. Le cinéaste, qui a la réputation d’aimer les jeunes filles, ne résiste pas. » Costa-Gavras dépeignait le milieu corrupteur dans lequel le pauvre homme était plongé : « A Hollywood, les metteurs en scène, les producteurs sont entourés de très beaux jeunes hommes, de très belles jeunes femmes, qui sont grands, blonds, bien bronzés, et prêts à tout. » On en frémit pour eux. De même, Mme Christine Boutin, ancienne ministre du logement, pense qu’« on a tendu un piège à Dominique Strauss-Kahn et qu’il y est tombé ».
Empathie à géométrie variable
Spontanément, c’est à l’accusé que l’on s’identifie. Durant la courte détention de M. Strauss-Kahn au pénitencier de Rikers Island, le mensuel Capital explique sur son site la procédure à suivre pour lui faire un don et l’aider ainsi à « cantiner » (Cool. On scrute sa psychologie, discutant l’hypothèse d’un « acte manqué ». Le psychanalyste Serge Hefez, dans Le Monde (19 mai), identifie chez lui une « ambivalence fondamentale entre la volonté de construire, d’aimer, de devenir et celle plus sournoise de renouer avec le pulsionnel, l’infantile, l’inanimé ». A l’inverse, la psychologie de la plaignante, et avec elle celle de toutes les victimes de harcèlement ou de violences, est traitée avec une totale désinvolture. On soupçonne Mme Nafissatou Diallo de rechercher la notoriété, comme s’il y avait quoi que ce soit d’enviable dans son sort, alors que les avocats de celui qu’elle accuse, réputés pour avoir toujours tiré d’affaire leurs clients célèbres, s’apprêtent à ruiner sa vie pour exhumer chaque détail de son passé susceptible d’être retenu contre elle.
Les défenseurs de Polanski – le plus ardent étant, déjà, Bernard-Henri Lévy – allaient répétant que la victime elle-même demandait l’abandon des poursuites (Finkielkraut : « la plaignante, qui a retiré sa plainte, qui n’a jamais voulu de procès public, qui a obtenu réparation… »). Or cette demande ne traduisait rien d’autre que l’épuisement de Mme Samantha Geimer face à ce genre de notoriété, justement. Cela n’empêche pas les amis de M. Strauss-Kahn de pratiquer le même genre de ventriloquie avec Mme Piroska Nagy, l’économiste hongroise avec qui il a eu une liaison au FMI : il a été blanchi de l’accusation d’avoir abusé de sa position dans cette affaire, rappellent-ils. Sa subordonnée avait pourtant écrit dans une lettre aux enquêteurs : « Je n’étais pas préparée aux avances du directeur général du FMI. (…) J’avais le sentiment que j’étais perdante si j’acceptais, et perdante si je refusais. (…) Je crains que cet homme n’ait un problème qui, peut-être, le rend peu apte à diriger une organisation où travailleraient des femmes (9). » Un témoignage brut de passion brûlante, comme on voit.
Personne ne semble avoir entendu parler de la difficulté des victimes d’agressions sexuelles à porter plainte, pourtant prise en compte par le législateur à travers le délai de prescription (10). Tristane Banon, la journaliste française qui accuse elle aussi M. Strauss-Kahn d’avoir tenté de la violer, dit y avoir renoncé pour ne pas « rester à vie celle qui avait eu un problème avec un homme politique », et parce que – ironie – elle ne voulait pas qu’on la soupçonne « d’avoir voulu se faire de la pub » (11). En outre, sa mère l’en avait dissuadée, les deux familles étant liées. Le Canard Enchaîné ne voit rien de problématique dans les « raisons simples » qui ont motivé sa décision : la « peur du tsunami médiatique » ainsi que « sa grande amitié pour sa marraine, la deuxième épouse de DSK, et pour Camille, la fille de celui qu’elle accuse de l’avoir agressée ». Pour l’hebdomadaire, « la victime concernée et sa famille réclamaient le silence… au nom du respect de la vie privée. Tout était dit ! ». Les victimes n’osent pas demander justice quand l’agresseur est un homme puissant et célèbre ou quand il s’agit d’un membre de leur entourage – c’est-à-dire dans 85% des cas (12) –, mais tout va bien dans le meilleur des mondes.
Puisqu’une femme n’est pas censée se formaliser pour si peu, seule la vénalité peut la pousser à aller au procès. Faisant allusion à Tristane Banon, Bernard-Henri Lévy parle de « cette autre jeune femme qui s’est tue pendant huit ans mais qui, sentant l’aubaine, ressort son vieux dossier et vient le vendre sur les plateaux télé (13) ». Un étalage de misogynie qui figure, sur le site de sa revue, sous un bandeau appelant à sauver Mme Sakineh Ashtiani, menacée de lapidation en Iran.
« Sous-judiciarisation » du viol
au sein des milieux aisés
La représentation que les défenseurs de M. Strauss-Kahn se font d’un violeur est d’une touchante ingénuité. Alors qu’il suffit de s’être intéressé cinq minutes aux violences sexuelles au cours de sa vie pour savoir qu’il n’y a pas de profil « type », son biographe Michel Taubmann assure qu’il n’a « pas les caractéristiques d’un violeur » et qu’on « ne l’imagine pas en bête sauvage » (Libé.fr, 17 mai). Polanski, s’était auparavant indigné Finkielkraut, n’est pas « le violeur de l’Essonne ». Or les violeurs, comme les auteurs de violences conjugales (14), appartiennent à toutes les classes sociales ; ils sont seulement moins souvent traduits en justice. Le sociologue Laurent Mucchielli l’explique par deux mécanismes : « Le premier est un phénomène de sous-judiciarisation des faits au sein des milieux aisés qui disposent de relations, de pouvoir, d’argent, de bons avocats, de moyens de pression, pour prévenir la divulgation des faits et, le cas échéant, pour se prémunir face à l’action de la police et de la justice et tenter de conserver malgré le crime leurs positions et leurs réputations. Le second mécanisme est l’attention particulière qui est au contraire portée en permanence aux populations défavorisées par les services médico-sociaux, les services éducatifs, la police et la justice, ce qui conduit à une plus forte détection des faits illicites commis en leur sein (15). »
On voit ressurgir l’argument selon lequel un homme puissant et célèbre subirait une « double peine » lorsque la justice ne lui réserve pas un traitement de faveur – manière plus ou moins déguisée de réclamer, précisément, ce traitement de faveur, au nom du statut social de l’accusé : Polanski est un « grand artiste » ; M. Strauss-Kahn, sorte de Superman français, s’apprêtait à sauver tout à la fois la Grèce et l’euro… L’ancien ministre de la justice Robert Badinter s’étrangle à l’idée que le directeur du FMI soit « ravalé délibérément au rang de dealer » (France Inter, 17 mai) : manière de suggérer que la justice, c’est pour les pauvres. Chez des personnages d’ordinaire si prompts à en accuser leurs adversaires politiques, c’est un déchaînement de « complotisme » et d’« anti-américanisme » (16) : « J’en veux à un système judiciaire que l’on appelle pudiquement “accusatoire” pour dire que n’importe quel quidam peut venir accuser n’importe quel autre de n’importe quel crime », écrit BHL dans son billet. Un scandale, en effet. Sur le site du Nouvel Observateur (17 mai), Jean Daniel en arrive à la conclusion « que le peuple américain et nous n’appartenons pas à la même civilisation ». Dans l’affaire Polanski, le ministre de la culture Frédéric Mitterrand avait vu une manifestation de « l’Amérique qui fait peur ».
Quant à l’argument selon lequel M. Strauss-Kahn aurait « beaucoup plus à perdre » qu’un justiciable ordinaire, il laisse sans voix. Le cinéaste Patric Jean a filmé dans La Raison du plus fort (2003) la façon dont la justice d’abattage, en France, broie tous les jours des vies – parfois innocentes – sans que quiconque s’en émeuve, et a réalisé en 2009 un documentaire sur le sexisme, La Domination masculine. Il est donc doublement bien placé pour remettre les choses en perspective : « Difficile après cette expérience de s’apitoyer sur un homme hautement soupçonné de viol et qui peut encore se payer les meilleurs avocats de la planète (17). »
Voir aussi l’article de Marie Bénilde dans Le Monde diplomatique de juin 2011, en kiosques le 31 mai.
Mona Chollet
(1) « Sexisme : ils se lâchent, les femmes trinquent », Osezlefeminisme.fr, 21 mai 2011.
(2) Sur ce sujet, cf. Eric Fassin, « Le scandale sexuel fait moins la politique aux Etats-Unis », Le Monde, 16 mai 2011.
(3) Cf. Natacha Henry, Les mecs lourds ou le paternalisme lubrique, Robert Laffont, Paris, 2003.
(4) Le Monde, 13 février 2000.
(5) Europe 1, 28 septembre 2009.
(6) Guillon avait fait retentir une sirène d’alarme ordonnant l’évacuation du personnel féminin de la station avant l’arrivée de M. Strauss-Kahn dans ses locaux.
(7) « Le cauchemar de la femme de chambre », repris par Courrier international, 19 mai 2011.
(Cool « Faire un don à DSK dans sa cellule de Rikers Island : mode d’emploi », Capital.fr, 19 mai 2011.
(9) L’Express, 17 février 2009.
(10) Dix ans pour les viols, trois pour les agressions sexuelles, vingt ans à partir de la majorité de la victime quand celle-ci était mineure au moment des faits.
(11) Paris Première, février 2007, et AgoraVox.fr, 18 mai 2011.
(12) Cf. « Le viol, aspects sociologiques d’un crime », Vous avez dit sécurité ?, 19 mai 2011.
(13) « Ce que je sais de Dominique Strauss-Kahn », LaRegledujeu.org, 16 mai 2011.
(14) Lire « Machisme sans frontière (de classes) », Le Monde diplomatique, mai 2005.
(15) « Le viol, aspects sociologiques d’un crime », op. cit.
(16) Cf. Julien Salingue, « Affaire DSK : ils ne sont plus “tous américains” », Acrimed, 23 mai 2011.
(17) « DSK et les hypocrites », Le blog de Patric Jean, 17 mai 2011.
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Message  Oudiste Mar 24 Mai - 23:29

Qui accuse qui dans l'affaire Strauss-Kahn ?
Par Christine Delphy

http://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2011/05/23/qui-accuse-qui-dans-l%E2%80%99affaire-strauss-kahn/


Après deux jours de sidération devant l’étalage des soutiens à DSK, soutiens qui incluaient le dénigrement de la femme de chambre du Sofitel, la contre-offensive féministe a commencé ; d’abord avec la déclaration de Clémentine Autain, puis avec plusieurs articles remarquables, dénonçant la tonalité indifférente au mieux, sexiste au pire, des propos concernant cette femme.

Maintenant, la classe politique et ses affidés dans les médias est largement déconsidérée aux yeux des femmes, et en tous les cas des féministes. Ils – et parfois elles – ont montré leur indulgence, leur connivence, leur compréhension, leur complicité pour tout dire avec les agresseurs, et leur absence totale de compassion ou même d’intérêt pour les victimes. On se souviendra du « troussage de domestique » de J.F. Kahn la prochaine fois que son journal se mêlera de donner des leçons aux descendants d’immigrés ; on rira en pensant au « il n’y a pas mort d’homme » de J. Lang la prochaine fois qu’il déclarera la main sur le cœur que l’égalité des sexes est une valeur fondamentale de notre société ; on n’oubliera pas, quand il s’agira de voter, les larmes de M.Valls et de M. Aubry devant « l’insoutenable cruauté » des images de DSK menotté.

Sur cet aspect du sexisme, beaucoup de choses ont été dites et d’autres le seront. Mais l’aspect juridique n’a pas été évoqué. Ou plutôt, quand il est évoqué dans les médias, nous avons droit à des célébrations du système judiciaire français, opposé aux mœurs aussi brutales qu’étranges des « Américains », et non à des explications sereines, aux informations auxquelles nous avons droit. Peu de spécialistes des procédures pénales sont invités, et ils ne donnent que des renseignements très partiels et même parcellaires. En fait, on assiste à une désinformation systématique – ce n’est certes ni nouveau, ni réservé à cette affaire – mais dire ou laisser croire des choses erronées sur le système américain n’est pas innocent. Cela fait partie d’une stratégie : car représenter la justice américaine comme exotique, incompréhensible, barbare1, c’est une stratégie de rechange à la théorie du complot, et les deux sont des stratégies de défense du prévenu.

Ce qui est frappant, depuis une semaine que les journalistes de la presse écrite et de la télévision consacrent la majeure partie du temps des infos à l’affaire, citant celui-ci ou invitant celui-là, c’est d’une part l’ignorance généralisée quant aux principes du droit pénal appliqué aux États-Unis – mais aussi en France – et d’autre part une confusion entre procédures pénales et procédures civiles, aux États-Unis –mais aussi en France.

Commençant par ce qui est commun aux deux pays, il faut d’abord mettre en pièces encore un de ces préjugés nationalistes qui font de la présomption d’innocence un bien exclusivement français. S’il est un bien français, c’est tout récent : elle a été introduite par la loi Guigou de 2000, loi qui a eu du mal à passer ; les policiers en particulier criaient qu’on les empêchait de faire leur métier, etc. Un bien exclusivement français ?

Oh que non, il nous a été donné – un peu contre notre gré, il faut bien l’avouer – par ces « Anglo-saxons » que nous méprisons ! Cette loi vient de « l’habeas corpus » anglais du 17è siècle, qui a été exporté aux États-Unis dès que les premiers colons anglais y mirent le pied. La présomption d’innocence a donc mis 300 ans à traverser la Manche – ou l’Océan atlantique. Cela n’empêche pas Yves Calvi de répéter de façon obsessionnelle : « ils ont la présomption d’innocence, aux Etats-Unis ?», comme si cette loi – acceptée in extremis avant la mise en demeure européenne – était devenue dans l’instant partie d’un patrimoine national immémorial et, bien entendu, non–partagé avec le reste du monde. Il est navrant de constater que les journalistes ne préparent pas leurs émissions ; mais encore plus de constater que c’est parce qu’ils estiment sincèrement ne pas avoir besoin de se renseigner, de constater qu’ils partagent cette caractéristique, nationale celle-ci, parce qu’ils croient tout savoir d’une part, et d’autre part, que tout est mieux en France.

L’ouverture d’une instruction criminelle dans les deux pays

La seconde de ces ignorances concerne les rôles de la victime présumée, du parquet et des autres acteurs dans le processus judiciaire pénal. Le Dimanche 15, dans « C Politique », Yves Calvi – toujours lui – demande à intervalles réguliers : « Mais est-ce qu’elle (la victime présumée) a porté plainte ? ». Cette question lui paraît décisive.

Or elle ne l’est pas. Il n’est nul besoin que la victime porte plainte pour qu’une procédure pénale soit déclenchée, aux États-Unis ou en France. La plainte est l’un des moyens de signaler un crime, mais ne détermine pas l’ouverture d’une instruction, et son absence n’empêche pas cette ouverture. En effet, beaucoup de victimes de crimes – typiquement les victimes de meurtres – ne sont plus en mesure de porter plainte. Les mineurs, même en vie, n’ont pas le droit de porter plainte, puisqu’ils n’ont pas la personnalité juridique. Leurs parents, qui sont leurs représentants légaux, ne le feront pas s’ils sont eux-mêmes les criminels – maltraitants ou abuseurs. Les procureurs en France comme aux États-Unis se saisissent de toute affaire où ils leur semblent qu’un crime a été commis, quelle que soit la façon dont ils en ont pris connaissance.2

Différences entre la France et les États-Unis.

En dehors de la procédure d’instruction, qui est « accusatoire » ou « adversariale » aux États-Unis et « inquisitoire » en France, il existe deux différences entre les deux pays :

a) En France, la victime, ou sa famille si elle est morte, peut intervenir dans la procédure pénale en se constituant « parties civiles » ; non pas directement mais par l’intermédiaire de leurs avocats, qui vont plaider après le procureur.

b) Ceci n’est pas possible aux États-Unis. La procédure civile existe, mais elle ne se déroule pas au même moment, dans la même salle, dans le même procès, mais après, dans un procès civil séparé. En revanche, ce qui est commun aux deux pays, c’est que le procès pénal ne dépend pas des parties qui sont justement nommées « civiles », et qui ne peuvent obtenir, que ce soit en France ou aux États-Unis, que des dommages et intérêts ; ni même de leur existence, car une fois décidé par le procureur, le procès a lieu, avec ou sans parties civiles. Et même quand elles existent, et que leurs avocats plaident, elles ne sont pas des acteurs du procès pénal.

La différence est donc moins importante qu’il n’y paraît. Car en France, même représentées au procès pénal par leurs avocats, les victimes n’y sont jamais non plus les « accusatrices » ni les « plaignantes ». Les parties civiles, qu’elles plaident leur cause pendant le procès pénal (en France) ou dans un procès civil séparé (aux États-Unis) ne peuvent obtenir que des dommages et intérêts, on l’a dit : seul le procureur peut demander des peines car seul l’État possède le droit de punir. ar ailleurs, dans les deux pays, la tenue d’un procès pénal ne dépend absolument pas de l’existence de parties civiles. L’État ne défend pas tel ou tel individu, mais les règles de la société.

Cependant une différence importante est à souligner :

1° la charge de la preuve qui appartient au procureur est plus difficile à réaliser aux États-Unis qu’en France. En France, les jurés n’ont qu’à être convaincus dans leur for intérieur de la culpabilité du suspect pour rendre un verdict « coupable » ; c’est « l’intime conviction ». Des condamnations peuvent être obtenues sans éléments matériels. Aux États-Unis, les jurés doivent d’abord examiner ces preuves matérielles, puis, pour rendre un verdict de culpabilité, estimer que la culpabilité est « au delà de l’ombre d’un doute ». (« The Shadow of a Doubt » est devenu le titre d’un film d’Hitchcock). Il est donc plus difficile de condamner aux États-Unis qu’en France.

2° Le procès civil se tient après le procès pénal, et uniquement si la victime a porté plainte au civil. Aux États-Unis, la charge de la preuve est moins difficile à faire au civil qu’au pénal. Ceci permet de réparer certaines injustices commises au détriment des victimes ou de leurs familles. Les journalistes mentionnent beaucoup le procès d’O.J. Simpson, innocenté du meurtre de sa femme et de l’amant de celle-ci. Ce qu’ils oublient de dire, c’est que ce verdict a été obtenu parce que la défense de Simpson avait découvert des comportements racistes dans le passé de l’un des policiers chargés d’arrêter Simpson ; et que le jury, bien que sachant comme le reste du pays qu’il était coupable, a choisi pour cette raison de l’innocenter. Mais au civil, le tribunal a prononcé O.J. Simpson responsable : au-delà des dommages et intérêts, ce que ces familles ont obtenu, c’est la reconnaissance de la culpabilité de Simpson.

Procédure pénale et procédure civile.

Beaucoup de commentateurs continuent d’appeler la victime présumée « l’accusatrice » ou la « plaignante ». Or la victime n’est pas l’accusatrice : le seul accusateur au pénal, aux États-Unis comme en France, c’est le procureur. Ce qui distingue la procédure pénale de la procédure civile, c’est qu’un crime est considéré comme nuisant à l’ensemble de la société. C’est donc, en la personne du procureur, l’ensemble de la société qui met en examen le suspect. Nulle personne privée ne peut être « la plaignante », car la plaignante, c’est la société.

Pour la justice pénale la victime est simplement un témoin. A cela se réduit son rôle judiciaire dans le procès pénal. Un témoin-clé, cela va sans dire. Mais un témoin quand même. Ceci vaut pour les États-Unis, la France et en fait la plupart des pays.

Qui sont les parties dans un procès pénal ?

Les commentateurs – très souvent sinon toujours – parlent des « deux parties », comme si le procès pénal mettait, ou devait mettre face à face l’innocent présumé et la victime présumée. Ces journalistes et blogueurs, qui réclament de « voir » la victime présumée, et qui publient son nom et son adresse ( en infraction avec les lois de protection des victimes qui existent aux États-Unis), confondent le procès pénal avec le procès civil. Les procédures civiles règlent des conflits entre individus, dans lesquels aucun n’a commis de crime. A quoi alors sert le Tribunal ? C’est que en dehors des lois qui punissent les crimes, d’autres lois existent, destinées justement à arbitrer ces conflits. Ainsi, dans un procès civil, X a des griefs contre Y, (X est alors justement appelé « le plaignant » ou « le demandeur »), il « traîne » Y au tribunal, et le tribunal décide qui a raison et qui a tort. (Même là d’ailleurs les « parties » ne parlent pas ; elles sont représentées par leurs avocats respectifs.) Le procès civil est donc le seul cas où on puisse parler de « deux parties ». Au pénal, il y a le prévenu et… l’État.

D’autres propos encore sont fondés sur la confusion entre procès pénal et procès civil . Cette confusion est entretenue par les propos d’hommes qu’on voudrait mieux renseignés, puisque leur métier est l’information. Ainsi Franz-Olivier Giesbert le 19 (ou 20) mai, dans une émission non prévue de l’A2, organisée par David Pujadas, a prétendu que « l’affaire peut être réglée avec un gros chèque », comme l’avait dit au mot près Michel Baumann, écrivain auteur d’une hagiographie de DSK, dans l’émission d’Yves Calvi du 15 mai. Le 19 mai, Thomas Cantaloube écrit dans son blog de Mediapart, relatant (soi-disant) un procès de viol aux États-Unis : « Mais, juste avant les audiences, la plaignante refuse de témoigner, revient sur certains détails du viol. Le juge n’a pas d’autre choix que de relaxer Bryant avant le procès […]. » Ceci parce que, selon Cantaloube : « En parallèle, au cours de l’enquête, la plaignante avait déposé une plainte au civil. Celle-ci s’est soldée par un arrangement à l’amiable, après le procès avorté. » Il écrit aussi : « Une plainte au civil n’est pas qu’un jackpot pour la plaignante, c’en est aussi une pour l’accusé, en l’occurrence DSK. » Et il conclut que ce processus pourrait se passer dans l’affaire présente. Le 15 mai, Arnaud Develay, « avocat », interviewé dans le JDD, abonde dans le même sens : « La jeune femme peut aussi se rétracter…
Oui, et aux États-Unis, contrairement à ce qui se passe en France, s’il n’y a plus de plainte, les charges sont retirées… l’enquête s’arrête net. Il faut garder cela à l’esprit. Aux États-Unis, de nombreuses affaires sont étouffées par de l’argent, même si personne ne reconnaît avoir touché un chèque… ».

Or ces scénarios sont de purs fantasmes. La réponse est que c’est impossible, parce qu’au pénal ce n’est pas la victime qui accuse, mais l’État ; comme on l’a dit, la victime n’est pas une « plaignante », mais un témoin, d’une part, et d’autre part, l’existence d’une plainte formelle n’est nullement nécessaire pour ouvrir une instruction.

« Le viol est un crime. La victime de viol ne peut pas conclure un accord à l’amiable hors le tribunal […] Ceci ne peut se produire que dans les procédures civiles […]. Dans un procès criminel, tout doit être décidé par le tribunal. »3 .

Ce que confirme le 20 mai, AI.P, dans le JDD: « C’est l’État de New-York qui poursuit en justice DSK. Il semble donc difficile de stopper les poursuites contre un gros chèque… d’autant que le parquet peut accuser la jeune femme d’entrave à la justice si celle-ci est soupçonnée de se rétracter contre de l’argent, rappelle Lexpress.fr. Et même si elle ne veut plus participer au procès, la justice peut l’obliger à témoigner. »

On se demande en effet pourquoi le procureur de l’État de New York – ou de n’importe quel autre État – s’engagerait dans une procédure longue et coûteuse en argent, en temps et en crédibilité, impliquant le travail de centaines de personnes de son bureau, si planait sur sa tête l’épée de Damoclès de la disparition de son témoin-clé ? C’est que ce risque est très faible, voire inexistant dans ce cas : quoi que fasse ou pense la victime, ou l’accusé, le procès, qui a été décidé par la chambre d’accusation populaire (le « Grand Jury ») ira maintenant jusqu’au bout. Et il ne s’interrompra avant le jugement par le jury d’assises qu’en cas de « plaider coupable », i.e. si le prévenu accepte une peine de prison.

Maintenant il faut essayer de comprendre ce qui s’exprime dans ces confusions entre pénal et civil, dans ces prédictions fantaisistes que « tout peut être réglé avec un gros chèque ».

D’une part, un chauvinisme ahurissant et un anti-américanisme stupide – car s’il existe de bonnes raisons de critiquer les États-Unis, il en existe aussi de mauvaises. La réitération compulsive de clichés et d’expressions accusatoires toutes faites, comme celle de « puritanisme »…. que signifie-t-elle ? Que les Américains auraient inculpé DSK par horreur… de la « sexualité » ? Appeler les États-Unis « puritains » parce qu’ils poursuivent les violeurs présumés, cela signifie que le viol…eh bien, n’existe tout simplement pas, ou ne devrait pas exister : la chose, oui, mais le crime, non. Depuis une semaine on assiste à une minimisation, mieux, à un déni de la réalité du viol comme viol, c’est-à-dire comme crime. D’autres féministes ont déjà dénoncé, et d’autres encore continueront de le faire, la stupéfiante « résurrection » de ce machisme que beaucoup – optimistes qu’elles étaient – croyaient enterré, disparu à jamais, et qui resurgit des commentaires anonymes des blogueurs, mais aussi des mots qui jaillissent tout seuls, comme issus des profondeurs, de la bouche de personnalités politiques et médiatiques ; des mots qu’ils s’entendent prononcer et qu’ils regrettent sur-le-champ ; non parce qu’ils ne correspondent pas à leur vérité, mais parce qu’ils y correspondent ; et que cette vérité devait – aurait dû, s’ils n’étaient pas hors d’eux parce que l’un des leurs a été « humilié » – n’être jamais révélée.

Dans ce déni de la réalité du viol, c’est-à-dire de sa gravité, tous les coups sont permis. Et c’est là que les confusions, volontaires ou non, entre procédure civile et procédure pénale ont leur utilité : car prétendre qu’il suffirait de payer pour que l’accusation disparaisse et pour sortir libre, qu’est-ce que cela dit du pays ? Dans quel pays pourrait-on ainsi annuler une procédure pénale, et « s’acheter » en somme un crime ? Prétendre cela, c’est comparer les États-Unis à une république bananière. Ici aussi, le flou entretenu sur le « plea-bargain » (le plaider coupable) sert à laisser penser aux auditeurs ou lecteurs abusés que les négociations vont avoir lieu sur de l’argent, comme c’est généralement le cas en France, où on ne négocie que dans les procès civils. Mais évidemment on ne peut pas faire de chèque au procureur, ni d’ailleurs à la victime présumée. (Si des dommages et intérêts sont réclamés par elle ce sera plus tard, lors d’un procès civil). Ce qui est négocié au pénal, et cela seulement si on plaide coupable, c’est la gravité de l’accusation et donc la longueur de la peine.

Et qu’est-ce que l’idée qu’on peut racheter littéralement son crime, avec de l’argent, et que c’est une bonne nouvelle, dit de la victime présumée ? Sinon qu’elle tout inventé pour faire « raquer » un homme riche ? Et que même si elle a été violée (quoique la différence entre un rapport voulu par les deux partenaires et un viol ne soit toujours pas claire pour beaucoup de gens en France), elle « touchera le jackpot ». Donc elle aura été payée. De quoi se plaint-elle ? En d’autres termes, si elle n’était pas une « pute » avant, elle le sera après. Et tout sera enfin remis en ordre…en ordre patriarcal.

Christine Delphy

23 mai 2011

1 Ainsi, l’envoyé spécial d’A2 nous a répété pendant deux jours, pour nous faire sentir toute l’horreur de la prison de Ryker’s Island, que ses corridors sont « impersonnels ». A la différence des couloirs de la Santé, qui sont décorés par des œuvres de Picasso et Matisse (section voleurs de musées), des dessins d’enfants (section pédophiles), etc.

2 Ils ne sont pas obligés de poursuivre dans tous les cas : le principe d’opportunité des poursuites existe dans les deux pays.

3« Rape is a criminal offense. The rape victim can’t settle out of court because it is The State vs. the rapist, not the raped victim.[…]Settling out of court only takes place in CIVIL cases. All criminal cases must be settled in court. »
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Message  gérard menvussa Mer 25 Mai - 0:01

Reflexion sur le texte de Delphy :
« Le viol est un crime. La victime de viol ne peut pas conclure un accord à l’amiable hors le tribunal […] Ceci ne peut se produire que dans les procédures civiles […]. Dans un procès criminel, tout doit être décidé par le tribunal. »

Certes, mais comme la décision pénale ne dépend pas de l'intime conviction, mais des preuves "objectives", il suffit que le témoignage de la victime soit décisif (parce qu'il est un élément déterminant des éléments de preuve) pour que les deux parties puissent "dealer" un accord "au civil". D'autant que cet accord peut être "légalement" tenu secret dans le système américain...
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Message  verié2 Mer 25 Mai - 10:00

gérard menvussa a écrit:Reflexion sur le texte de Delphy :
« Le viol est un crime. La victime de viol ne peut pas conclure un accord à l’amiable hors le tribunal […] Ceci ne peut se produire que dans les procédures civiles […]. Dans un procès criminel, tout doit être décidé par le tribunal. »

Certes, mais comme la décision pénale ne dépend pas de l'intime conviction, mais des preuves "objectives", il suffit que le témoignage de la victime soit décisif (parce qu'il est un élément déterminant des éléments de preuve) pour que les deux parties puissent "dealer" un accord "au civil". D'autant que cet accord peut être "légalement" tenu secret dans le système américain...
Pas si facile que ça ! Car, comme l'explique bien Delphy, dans cet excellent article qui explique bien les différences entre la justice américaine et la justice française, le procureur peut obliger la victime à témoigner, et même la poursuivre si elle revient sur ses accusations. De plus, du fric, la victime est certaine d'en obtenir de toute façon lors du procès civil ou grâce à un deal évitant le procès civil. Et cela, le procureur et l'avocat de la victime (spécialiste de ces questions) ont du l'expliquer en long et en large à cette malheureuse.
___
Je viens de lire l'intervention d'un forumeur (sur un autre forum) qui conteste le texte de Delphy, en citant l'exemple du basketter Kobe Bryant, accusé de viol, qui s'en est tiré en payant la victime. Celle-ci a renoncé à témoigner contre lui et le procès civil a été évité par un accord.

Mais il y a plusieurs différences :
-Les faits eux-mêmes. La victime aurait été "partiellement" consentante.
-Ca s'est déroulé dans le Colorado. Or, sans être juriste spécialisé, on sait que ni les lois ni les usages ne sont exactement les mêmes dans le Colorado et l'Etat de New York. Dans ce dernier, comme le soulignent divers commentateurs, justice et police sont beacoup plus durs face aux crimes sexuels...

verié2

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Message  sylvestre Mer 25 Mai - 11:44

Un fait très important a été à peu près absent de la couverture médiatique du procés pour agression sexuelle contre Dominique Strauss-Kahn, (...) la femme de ménage qu'il est accusé d'avoir agressée était representée par un syndicat. (..) Il est possible que la plaignante n'aurait pas ressenti assez de confiance en elle pour poursuivre ses démarches avec ses supérieurs ou les forces qui doivent faire respecter la loi si elle n'avait pas eu la protection d'un contrat syndical.

http://www.guardian.co.uk/commentisfree/cifamerica/2011/may/24/dominique-strauss-kahn-unions
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Message  verié2 Mer 25 Mai - 12:04

C'est en effet très intéressant et très important. Bizarre qu'aucun média français n'en ait parlé. Pas au courant ?

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Message  sylvestre Mer 25 Mai - 12:37

L'édito du syndicat et une traduction.
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Dominique Strauss-Kahn - Page 9 Empty DSK s"était invité au dîner du Siècle...

Message  Roseau Jeu 26 Mai - 13:04


http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-pierre-anselme/260511/dsk-invite-surprise-au-diner-du-siecle
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Dominique Strauss-Kahn - Page 9 Empty appel à dons au syndicat de la victime

Message  Roseau Jeu 26 Mai - 22:08

Tu as raison. Faut espérer de pouvoir retourner au sujet.

La pétition suivante de féministes étatsuniennes, en français, appelle à soutenir par des dons le syndicat de la victime, dont elle donne toutes les coordonnées:
http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/260511/femmes-de-tous-les-pays-unissons-nous
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Message  fée clochette Jeu 26 Mai - 22:33

Roseau a écrit:Tu as raison. Faut espérer de pouvoir retourner au sujet.

La pétition suivante de féministes étatsuniennes, en français, appelle à soutenir par des dons le syndicat de la victime, dont elle donne toutes les coordonnées:
http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/260511/femmes-de-tous-les-pays-unissons-nous

je viens de signer et j'ai mis en ligne sur FMR3
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Message  Roseau Jeu 26 Mai - 22:42

Tu peux faire circuler dans la CGT ?
Je connais pas le syndicat hotelier de NY, mais la solidarité de syndicat à syndicat est importante.
La bataille, avec ce requin et tous les éléphants derrière, va être rude...
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Message  fée clochette Jeu 26 Mai - 22:44

Roseau a écrit:Tu peux faire circuler dans la CGT ?
Je connais pas le syndicat hotelier de NY, mais la solidarité de syndicat à syndicat est importante.
La bataille, avec ce requin et tous les éléphants derrière, va être rude...

je vais l'envoyer via les collectifs femmes-mixité de la CGT, dans toute la France. ensuite les copines CGt elles devront faire leur part du boulot et la faire circuler aussi
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Message  Invité Ven 27 Mai - 0:53

fée clochette a écrit:
Roseau a écrit:Tu peux faire circuler dans la CGT ?
Je connais pas le syndicat hotelier de NY, mais la solidarité de syndicat à syndicat est importante.
La bataille, avec ce requin et tous les éléphants derrière, va être rude...

je vais l'envoyer via les collectifs femmes-mixité de la CGT, dans toute la France. ensuite les copines CGt elles devront faire leur part du boulot et la faire circuler aussi
Vachement intelligent surtout venant d'une responsable syndicale : pousser des syndicats à envoyer les dons au "Judson Memorial Church", une église de New York ! Et vous ferez comment pour en vérifier l'usage ... hein ... dans ces conditions !!
En attendant, de nombreux syndicalistes de l'UGT en Guadeloupe font l'objet depuis près de deux ans d'une véritable répression de la par t de la justice coloniale française. Mais ouais, vous avez raison c'est pas assez people, pas assez média tactiquement, il va s'en dire. Faut vraiment que je dégage de ce cloaque !

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Message  Roseau Ven 27 Mai - 1:24

Toujours prêt à accuser de n'importe quoi, et se tromper. Laughing
L'appel n'est pas pour une église, mais pour le syndicat qui soutient la victime, le "New York Hotel & Motel Trades Council", syndicat de l’hôtellerie membre de l’AFL-CIO, organisation syndicale créée en 1930 et qui a signé son premier contrat en 1939 après des décennies de lutte. C'est un des principaux syndicats de NY et le numero 1 dans l'hotelerie, avec 26 000 membres.

L'appel est disponible aussi en anglais et français auprès du Collecftif National Droits des Femmes, qui a les relations utiles avec les syndicats et féministes des Etats-Unis:
http://www.collectifdroitsdesfemmes.org/spip.php?rubrique3

Voici l'éditorial éditorial en anglais du syndicat NYHTC : http://www.nyhtc.org/secured.php?pa...

Et la traduction sur Bellaciao:

New York est le mauvais endroit pour les prédateurs de travailleuses de l’hôtellerie.

C’est un fait regrettable qui attire peu l’attention des médias ou du public, que les travailleurs du "secteur de l’hôtellerie" souffrent en silence d’exploitation, presque partout.

Habituellement, ils font un travail éreintant et souvent dangereux en échange de salaires honteusement bas, et peu, sinon pas, de protection sociale. Habituellement, ils travaillent à la demande, et leurs moyens de subsistance dépendent non seulement des fluctuations quotidiennes d’une industrie volatile, mais aussi des caprices de petits chefs qui exercent sur eux un pouvoir arbitraire.

La plupart des travailleurs de cette industrie ne sont pas syndiqués et ont, donc, peu de droits vis-à-vis de leurs employeurs, même sur le papier, et encore beaucoup moins dans la pratique. Ils peuvent être punis ou sanctionnés, congédiés ou tout simplement privés de travail, sans motif, à tout moment. Les travailleurs non syndiqués qui se trouvent également être des sans-papiers - une grande proportion de l’effectif total dans l’industrie hôtelière des États-Unis - vivent presque entièrement sans la protection de la loi. Pour ces raisons, les employeurs en général, s’estiment libre de maltraiter les employés, de les duper, d’ignorer leur sécurité, de les dépouiller de leur dignité, et de violer même les quelques misérables droits légaux qui existent en théorie, en sachant qu’ils peuvent le faire en toute impunité. Ainsi, les employés de cette industrie, à travers le monde, ont généralement trop peur pour se plaindre de quoi que ce soit.

La philosophie de gestion dans ces entreprises de services de luxe s’attend à ce que les employés se comporter avec une servilité extrême envers les clients (les «hôtes»). Le mot d’ordre, «le client a toujours raison», influe fortement l’industrie, du moins dans son attitude envers les employés. Cela encourage une atmosphère dans laquelle les travailleurs sont virtuellement invisibles au public, sauf peut-être à certains individus qui voient en eux des proies faciles.

Les entreprises de l’«Accueil», avec l’aide des politiciens, des avocats, et des publicistes qui les servent, travaillent d’arrache pied pour garder les employés tête basse et serviles, tandis que pétille image publique de leur industrie.

Ces conditions existent partout dans le monde, sauf dans certaines enclaves, comme la majorité de l’industrie hôtelière (mais malheureusement pas la majorité du secteur de la restauration) à New York, et des segments de certains autres grands marchés hôteliers en Amérique du Nord. [Ces enclaves existent] parce que ce sont les endroits où les travailleurs ont des syndicats forts. Même en Europe, la plupart des travailleurs de hôtellerie ne les ont pas.

Dans l’industrie hôtelière mondiale, la ville de New York a le plus fort taux de syndicalisation (75%), et les employés d’hôtel ici ont le syndicat le plus fort avec le meilleur contrat. Ils bénéficient des salaires les plus élevés de l’industrie, d’excellents avantages sociaux, une sécurité de l’emploi forte, de bonnes conditions de travail, et des droits prud’homaux puissants. Ils ont aussi un syndicat militant - leur propre organisation, gérée et financée non par des riches donateurs mais par eux-mêmes - qui fait valoir vigoureusement ces droits.

Par conséquent, cette île-enclave est l’un des seuls endroits sur terre où la plupart des travailleurs de l’hôtellerie n’ont pas peur de s’exprimer et de demander justice.

Rappel de Bellaciao
La France est la première destination touristique au monde. Le taux de syndicalisation dans l’hôtellerie en France est voisin de zéro, de l’ordre de 2 %, et la précarité, les dérogations au Code du travail sont "depuis longtemps nombreuses", pour les femmes de ménage c’est un secteur de "quotidien presque sans lendemain".

Mais, en matière de ménage, il ne faudrait surtout pas balayer devant sa propre porte, du moins à en croire les "élites" et leurs garde-chasses à TVA réduite. Pendant ce temps le champagne coule à Cannes.

Voir aussi:
Article en anglais de Adele Stan, chef du bureau de Washington d’Alternet, « Accuser DSK d’agression sexuelle a demandé du cran – mais la protection syndicale est essentielle » http://www.alternet.org/news/151022...

Etude de Christine Guegnard et Sylvie-Anne Meriot sur le métier de femme de chambre en France, Danemark et Royaume Uni (2007) « Flexicurité ou Précariat » http://travailemploi.revues.org/1617 (non accédée, payant) http://halshs.archives-ouvertes.fr/... (accès libre)

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Message  Roseau Ven 27 Mai - 2:50


L’UL CGT de Cannes dénonce exactement ce dont parle le syndicat NYHTC: les Cap Verdiennes employées par Pierre et Vacances sont en grève depuis le 13 mai.
Déclaration de l’UL CGT Cannes du 17 mai : http://bellaciao.org/fr/spip.php?ar...
Blog de l’UL CGT Cannes : http://cgt.cannes.over-blog.fr/
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