Catalogne
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Catalogne
Lettre aux militants du Parti ouvrier socialiste
internationaliste (Etat espagnol) et du Courant
communiste internationaliste du POI (France),
Paris, le 18 octobre 2017,
Chers camarades,
Pour le prolétariat français, rien de ce qui se passe du point de vue de la lutte de classe dans l’Etat espagnol n’a
jamais été étranger. C’est pourquoi, au nom de la Tendance communiste internationaliste (TCI, membre du
CORQI), nous nous adressons fraternellement à vous.
Nous nous adressons à vous moins de 48 heures après que deux responsables d’organisations démocratiques
catalanes ont été jetés en prison par la monarchie franquiste. Accusés de « sédition » par un juge, ils sont
menacés de 15 ans de prison car ils ont commis le « crime » d’avoir appelé les masses à organiser par ellesmêmes
le référendum du 1er octobre, ce qu’elles ont fait, organisées dans les Comités de défense du
référendum, imposant leur choix démocratique, malgré les violences policières, en votant massivement « oui »
à la question : « Voulez-vous que la Catalogne soit un État indépendant sous la forme d’une république ? ». Le
1
er octobre, prenant leurs propres affaires en main, les masses se sont prononcées nettement pour la
République catalane, qui, pour nous trotskystes, constitue nécessairement une première brèche mettant à
l’ordre du jour la République basque, la République galicienne, la République andalouse, etc., vers l’union libre
des Républiques libres de la péninsule ibérique.
Camarades,
Le jour même où ces deux militants sont jetés en prison, le numéro 649 de la Carta semanal, la Lettre
hebdomadaire du comité central du POSI écrit ceci : « Il est nécessaire d’ouvrir le combat pour une issue
politique. Une issue qui ne peut partir que d’une prémisse : Halte aux menaces d’application de l’article 155 (…)
combat que seules les principales organisations de la classe ouvrière peuvent mettre en œuvre (…) C’est à partir
de là que l’on peut véritablement parler d’un dialogue, c’est-à-dire d’une négociation politique pour une issue
démocratique, issue qui inclut un véritable référendum libre » (souligné par nous) 1
.
Un « véritable référendum » ?
Autrement dit, le référendum du 1er octobre n’était pas un « véritable référendum », puisqu’il en faudrait un
autre ?
Mais qu’aurait-il donc fallu au référendum du 1er octobre pour que le rédacteur de la Carta semanal le considère
comme « véritable » ? Qu’il ait obtenu l’autorisation de Rajoy et du roi Felipe ?
Est-ce pour cela que la Carta semanal décourage les travailleurs catalans de proclamer la République, en
écrivant : « Présenter au peuple de la Catalogne qu’il n’y a qu’une seule alternative, ou bien la situation actuelle
ou bien la déclaration unilatérale d’indépendance, ne sert qu’à isoler le peuple de la Catalogne » ?
Vous le savez, camarades, avant et après le 1er octobre, toutes les forces de la réaction – Rajoy, le roi Felipe, la
Commission européenne, les dirigeants du PSOE, Macron, etc. – se sont coalisées pour prétendre que ce
référendum n’était pas légitime, qu’il n’avait aucune valeur, qu’il n’était pas démocratique. Rajoy a même osé
dire qu’il « n’avait pas eu lieu » !
Précisons : on peut avoir des points de vue différents sur la séparation du peuple catalan de l’Etat espagnol,
savoir si elle est souhaitable ou non. Mais quel que soit le point de vue, on doit commencer par reconnaître que
1
Le même texte est publié le 18 octobre sous forme d’article dans Informations ouvrières en France.
c’est au peuple catalan de décider. Pour notre part, nous partageons le point de vue du camarade Lambert qui,
en 2007, dans une discussion avec les camarades de l’Etat espagnol, proposait de formuler ainsi les choses
« Nous sommes le peuple catalan libre et nous voulons que cette liberté soit sanctionnée par la République
catalane souveraine. Nous sommes contre la monarchie qui opprime et exploite tous les peuples d’Espagne.
Nous sommes pour le soutien au peuple basque, qui souffre des mêmes maux que ceux dont nous souffrons, et
peut-être pire. Nous sommes pour le peuple libre basque, le peuple libre castillan, le peuple libre andalou… et
nous sommes pour l’Union libre des peuples libres d’Espagne, nous nous prononçons pour la République
catalane, la république basque, la république andalouse, etc. nous sommes pour l’union des républiques libres
d’Espagne. » (La Vérité, 60-61, octobre 2007).
On peut être d’accord ou pas avec cette conception, ce n’est pas une question de principe.
Mais ce qui est une question de principe, c’est reconnaître le droit légitime du peuple catalan d’avoir organisé
le référendum le 1er octobre et d’y avoir exprimé sa volonté.
Ce qui est une question de principe, c’est le refus de marcher avec Rajoy, avec le roi, avec tous ceux qui osent
dire « le référendum du 1er octobre n’est pas légitime ».
Le rédacteur de la Carta semanal écrit que l’issue politique relève de la responsabilité « des principales
organisations ouvrières ». Certes, elle devrait en relever. Mais peut-on taire le fait que les directions de ces
principales organisations, du PSOE à Podemos et Izquierda Unida, en passant par les dirigeants des
confédérations syndicales UGT et CCOO, refusent toutes aujourd’hui de reconnaître ce fait élémentaire : le
peuple catalan s’est exprimé le 1er octobre et il veut la République maintenant.
Peut-on faire comme si, dans le journal Ara (5 octobre),sous le titre : « L’UGT condamne les protestations contre
la police espagnole », le secrétaire général de l’UGT, Pepe Àlvarez, n’avait pas affirmé que les violences
policières du 1er octobre ne sont « pas le fait de la Guardia civil ni de la police nationale mais de ceux qui donnent
les ordres », et n’avait pas condamné « toute intimidation à l’encontre des agents (de police) à Barcelone »
qualifiant de « véritable honte » les rassemblements de citoyens devant les commissariats pour protester contre
les violences policières !
Lorsque l’on rejoint ceux qui, de Rajoy aux dirigeants du PSOE, en passant par le roi Felipe et la Commission
européenne, nient l’existence du référendum du 1er octobre et du mandat donné par le peuple catalan ;
Lorsque l’on prétend voir une « condamnation des violences policières » là où il y a au contraire une couverture
honteuse de la répression perpétrée par les forces de l’ordre de la monarchie contre la volonté des masses de
voter pour la République au référendum ;
Lorsque l’on fait cela alors que les appareils contre-révolutionnaires dans le monde entier et en Europe
s’accordent tous pour isoler le peuple et les travailleurs catalans, pour les livrer à la répression qui se prépare…
Lorsqu’on en arrive là, cela ne relève plus de désaccords politiques légitimes entre militants se réclamant de la
IV° Internationale, c’est tourner le dos à tout ce pour quoi la IV° Internationale et les trotskystes ont combattu
dans l’Etat espagnol depuis des décennies.
Militants du POSI, vous le savez, ce qu’écrit la Carta semanal du 16 octobre est le contraire de ce pour quoi vous
avez rejoint les rangs de la IV° Internationale. C’est le contraire de ce qu’affirmait le POSI il y a encore quelques
mois !
C’est l’inverse des principes affirmés par l’Organizacion Cuarta Internacional de l’Etat espagnol (OCIE) qui
soulignait il y a quarante ans « la portée révolutionnaire du mot d’ordre de droit des peuples catalan, basque,
galicien et valencien à la séparation politique ».
Nier le référendum du 1er octobre imposé par l’auto-organisation des masses, et son résultat, c’est jeter à la
poubelle ce que Trotsky écrivait à Andreu Nin, en 1931 : « Le mot d’ordre du droit des nationalités à disposer
d’elles-mêmes est devenu en Espagne d’une importance exceptionnelle. Ce mot d’ordre est du domaine de la
pensée démocratique. Il ne s’agit pas pour nous, d’engager les Catalans et les Basques à se séparer d’Espagne,
mais notre devoir est de militer pour que le droit à la séparation leur soit reconnu s’ils désirent en faire usage ».
Et Trotsky ajoutait : « Comment savoir s’ils ont ce désir ? C’est très simple, il faut organiser un plébiscite des
provinces intéressées sur la base du suffrage universel égalitaire, direct et secret, il n’y a pas d’autre procédé ».
N’est-ce pas exactement cela qui s’est passé le 1er octobre ? Oui, c’est ce qui s’est passé, et cela s’est passé
parce que les masses l’ont imposé !
Et pourtant le rédacteur de la Carta semanal ose affirmer aujourd’hui que le vote au référendum du 1er octobre
n’a pas été organisé « sur la base du suffrage universel égalitaire, direct et secret », puisqu’il faudrait un autre
« véritable référendum » ! Posons à nouveau la question : fallait-il avoir l’aval de Rajoy et du Tribunal
constitutionnel de la monarchie ?
Militants du POSI, nous sommes convaincus que vous n’accepterez pas la remise en cause des fondements
mêmes de votre organisation, qui s’est constituée dans le combat intransigeant pour le droit des peuples à
disposer d’eux-mêmes, contre la monarchie franquiste.
Nous nous adressons également aux militants du CCI.
Le jour même où parait ce numéro de la Carta semanal, est diffusée en France une « déclaration du Bureau
national du Parti ouvrier indépendant (POI) »
Une déclaration d’un recto… où la seule référence indirecte aux évènements en Catalogne se résume à cette
phrase : « Macron est au plus bas dans les sondages, le président des riches, sans assise politique, comme
d’ailleurs de nombreux gouvernements de pays d’Europe, comme en Allemagne, en Espagne où le pouvoir
monarchique hérité du franquisme est en grande difficulté. »
Une phrase d’où les mots « Catalogne », « peuple catalan », « référendum », « République catalane »,
« indépendance » et « répression » sont absents !
Camarades du CCI, vous le savez, ce silence assourdissant de vos dirigeants sur la Catalogne est à la hauteur de
leur silence, depuis des semaines, sur les déclarations honteuses de Jean-Luc Mélenchon sur la Catalogne.
Pas un mot, pas une ligne dans Informations ouvrières, dans les déclarations du POI, et même dans les notes du
Comité politique pour condamner les déclarations honteuses que Mélenchon enchaîne depuis trois semaines,
contre le droit du peuple catalan à disposer de lui-même !
Le 1er octobre, alors que le peuple catalan vote pour la République, Mélenchon propose de régler le problème
dans le cadre d’une « conférence permanente sur les frontières en Europe » et ajoute : « Il existe un cadre
commun de la Méditerranée à l’Oural : l’OSCE », l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe,
institution d’ingérence impérialiste s’il en est !
Le 3 octobre, à l’Assemblée nationale, Mélenchon regrette que « la monarchie semble incapable d’assumer la
fonction fédératrice que le franquisme lui avait confiée » ! Pas un mot de la part des dirigeants du CCI à
l’encontre de cette honteuse déclaration, alors que tout le monde sait que c’est sous son talon de fer, dans les
geôles fascistes et face aux pelotons d’exécution que le franquisme a « fédéré » les peuples d’Espagne pendant
quarante ans !
Le 10 octobre, à l’Assemblée nationale, Mélenchon regrette que « les nations deviennent des coquilles vides où
ceux qui sont les plus avantagés ne veulent plus prendre en charge ceux qui le sont moins, et ça vous donne un
indépendantisme généralisé, régional, des plus favorisés face à ceux qui le sont moins. (…) nous avons la
Catalogne sous nos yeux. » Bref, les Catalans seraient des nantis qui veulent quitter l’Espagne pour ne pas payer
pour les autres !
Et Informations ouvrières de ce jour, 18 octobre, rend compte d’une réunion en présence d’un des principaux
porte-parole de la France insoumise… et nulle part, à aucun moment celui-ci n’est interpellé sur les déclarations
de Mélenchon contre le droit du peuple catalan à décider !
Camarades du CCI, vos dirigeants vous ont-ils dit, lorsqu’ils ont fait entrer le POI dans « l’espace politique de la
France insoumise », que cette adhésion signifiait un ralliement politique aux positions – particulièrement
réactionnaires – de Mélenchon niant le droit du peuple catalan à décider de son avenir ?
Camarades du CCI, camarades du POSI : nous avons certainement, vous et nous, des appréciations différentes
des causes de la crise et de la scission de la IV° Internationale de juin 2015.
Mais au-delà de ces désaccords, le seul langage que devrait tenir un partisan du Programme de la IV°
Internationale aujourd’hui dans l’Etat espagnol, n’est-il pas celui que le camarade Lambert suggérait en 2007,
dans une discussion avec les camarades de l’Etat espagnol : « Nous sommes le peuple catalan libre et nous
voulons que cette liberté soit sanctionnée par la République catalane souveraine. Nous sommes contre la
monarchie qui opprime et exploite tous les peuples d’Espagne. (…) et nous sommes pour l’Union libre des peuples
libres d’Espagne, nous nous prononçons pour la République catalane, la république basque, la république
andalouse, etc. nous sommes pour l’union des républiques libres d’Espagne. »
Camarades du POSI et du CCI,
Nous en sommes certains, pour tous ceux qui veulent rester fidèles au drapeau sans tâche de la IV°
Internationale, aux positions de principes défendues par Lénine et Trotsky, aux positions défendues contre
vents et marées avec le camarade Lambert, comme nous, vous choisirez clairement votre camp :
Inconditionnellement du côté du peuple catalan opprimé contre la monarchie franquiste et ses laquais au
sommet des directions du mouvement ouvrier.
Inconditionnellement pour le respect du mandat exprimé lors du référendum légitime du 1er octobre :
République catalane, vers l’union libre des républiques libres d’Espagne !
Inconditionnellement pour l’action commune sur ces bases de principes.
Fraternellement,
La direction de la Tendance communiste internationaliste, membre du CORQI
internationaliste (Etat espagnol) et du Courant
communiste internationaliste du POI (France),
Paris, le 18 octobre 2017,
Chers camarades,
Pour le prolétariat français, rien de ce qui se passe du point de vue de la lutte de classe dans l’Etat espagnol n’a
jamais été étranger. C’est pourquoi, au nom de la Tendance communiste internationaliste (TCI, membre du
CORQI), nous nous adressons fraternellement à vous.
Nous nous adressons à vous moins de 48 heures après que deux responsables d’organisations démocratiques
catalanes ont été jetés en prison par la monarchie franquiste. Accusés de « sédition » par un juge, ils sont
menacés de 15 ans de prison car ils ont commis le « crime » d’avoir appelé les masses à organiser par ellesmêmes
le référendum du 1er octobre, ce qu’elles ont fait, organisées dans les Comités de défense du
référendum, imposant leur choix démocratique, malgré les violences policières, en votant massivement « oui »
à la question : « Voulez-vous que la Catalogne soit un État indépendant sous la forme d’une république ? ». Le
1
er octobre, prenant leurs propres affaires en main, les masses se sont prononcées nettement pour la
République catalane, qui, pour nous trotskystes, constitue nécessairement une première brèche mettant à
l’ordre du jour la République basque, la République galicienne, la République andalouse, etc., vers l’union libre
des Républiques libres de la péninsule ibérique.
Camarades,
Le jour même où ces deux militants sont jetés en prison, le numéro 649 de la Carta semanal, la Lettre
hebdomadaire du comité central du POSI écrit ceci : « Il est nécessaire d’ouvrir le combat pour une issue
politique. Une issue qui ne peut partir que d’une prémisse : Halte aux menaces d’application de l’article 155 (…)
combat que seules les principales organisations de la classe ouvrière peuvent mettre en œuvre (…) C’est à partir
de là que l’on peut véritablement parler d’un dialogue, c’est-à-dire d’une négociation politique pour une issue
démocratique, issue qui inclut un véritable référendum libre » (souligné par nous) 1
.
Un « véritable référendum » ?
Autrement dit, le référendum du 1er octobre n’était pas un « véritable référendum », puisqu’il en faudrait un
autre ?
Mais qu’aurait-il donc fallu au référendum du 1er octobre pour que le rédacteur de la Carta semanal le considère
comme « véritable » ? Qu’il ait obtenu l’autorisation de Rajoy et du roi Felipe ?
Est-ce pour cela que la Carta semanal décourage les travailleurs catalans de proclamer la République, en
écrivant : « Présenter au peuple de la Catalogne qu’il n’y a qu’une seule alternative, ou bien la situation actuelle
ou bien la déclaration unilatérale d’indépendance, ne sert qu’à isoler le peuple de la Catalogne » ?
Vous le savez, camarades, avant et après le 1er octobre, toutes les forces de la réaction – Rajoy, le roi Felipe, la
Commission européenne, les dirigeants du PSOE, Macron, etc. – se sont coalisées pour prétendre que ce
référendum n’était pas légitime, qu’il n’avait aucune valeur, qu’il n’était pas démocratique. Rajoy a même osé
dire qu’il « n’avait pas eu lieu » !
Précisons : on peut avoir des points de vue différents sur la séparation du peuple catalan de l’Etat espagnol,
savoir si elle est souhaitable ou non. Mais quel que soit le point de vue, on doit commencer par reconnaître que
1
Le même texte est publié le 18 octobre sous forme d’article dans Informations ouvrières en France.
c’est au peuple catalan de décider. Pour notre part, nous partageons le point de vue du camarade Lambert qui,
en 2007, dans une discussion avec les camarades de l’Etat espagnol, proposait de formuler ainsi les choses
« Nous sommes le peuple catalan libre et nous voulons que cette liberté soit sanctionnée par la République
catalane souveraine. Nous sommes contre la monarchie qui opprime et exploite tous les peuples d’Espagne.
Nous sommes pour le soutien au peuple basque, qui souffre des mêmes maux que ceux dont nous souffrons, et
peut-être pire. Nous sommes pour le peuple libre basque, le peuple libre castillan, le peuple libre andalou… et
nous sommes pour l’Union libre des peuples libres d’Espagne, nous nous prononçons pour la République
catalane, la république basque, la république andalouse, etc. nous sommes pour l’union des républiques libres
d’Espagne. » (La Vérité, 60-61, octobre 2007).
On peut être d’accord ou pas avec cette conception, ce n’est pas une question de principe.
Mais ce qui est une question de principe, c’est reconnaître le droit légitime du peuple catalan d’avoir organisé
le référendum le 1er octobre et d’y avoir exprimé sa volonté.
Ce qui est une question de principe, c’est le refus de marcher avec Rajoy, avec le roi, avec tous ceux qui osent
dire « le référendum du 1er octobre n’est pas légitime ».
Le rédacteur de la Carta semanal écrit que l’issue politique relève de la responsabilité « des principales
organisations ouvrières ». Certes, elle devrait en relever. Mais peut-on taire le fait que les directions de ces
principales organisations, du PSOE à Podemos et Izquierda Unida, en passant par les dirigeants des
confédérations syndicales UGT et CCOO, refusent toutes aujourd’hui de reconnaître ce fait élémentaire : le
peuple catalan s’est exprimé le 1er octobre et il veut la République maintenant.
Peut-on faire comme si, dans le journal Ara (5 octobre),sous le titre : « L’UGT condamne les protestations contre
la police espagnole », le secrétaire général de l’UGT, Pepe Àlvarez, n’avait pas affirmé que les violences
policières du 1er octobre ne sont « pas le fait de la Guardia civil ni de la police nationale mais de ceux qui donnent
les ordres », et n’avait pas condamné « toute intimidation à l’encontre des agents (de police) à Barcelone »
qualifiant de « véritable honte » les rassemblements de citoyens devant les commissariats pour protester contre
les violences policières !
Lorsque l’on rejoint ceux qui, de Rajoy aux dirigeants du PSOE, en passant par le roi Felipe et la Commission
européenne, nient l’existence du référendum du 1er octobre et du mandat donné par le peuple catalan ;
Lorsque l’on prétend voir une « condamnation des violences policières » là où il y a au contraire une couverture
honteuse de la répression perpétrée par les forces de l’ordre de la monarchie contre la volonté des masses de
voter pour la République au référendum ;
Lorsque l’on fait cela alors que les appareils contre-révolutionnaires dans le monde entier et en Europe
s’accordent tous pour isoler le peuple et les travailleurs catalans, pour les livrer à la répression qui se prépare…
Lorsqu’on en arrive là, cela ne relève plus de désaccords politiques légitimes entre militants se réclamant de la
IV° Internationale, c’est tourner le dos à tout ce pour quoi la IV° Internationale et les trotskystes ont combattu
dans l’Etat espagnol depuis des décennies.
Militants du POSI, vous le savez, ce qu’écrit la Carta semanal du 16 octobre est le contraire de ce pour quoi vous
avez rejoint les rangs de la IV° Internationale. C’est le contraire de ce qu’affirmait le POSI il y a encore quelques
mois !
C’est l’inverse des principes affirmés par l’Organizacion Cuarta Internacional de l’Etat espagnol (OCIE) qui
soulignait il y a quarante ans « la portée révolutionnaire du mot d’ordre de droit des peuples catalan, basque,
galicien et valencien à la séparation politique ».
Nier le référendum du 1er octobre imposé par l’auto-organisation des masses, et son résultat, c’est jeter à la
poubelle ce que Trotsky écrivait à Andreu Nin, en 1931 : « Le mot d’ordre du droit des nationalités à disposer
d’elles-mêmes est devenu en Espagne d’une importance exceptionnelle. Ce mot d’ordre est du domaine de la
pensée démocratique. Il ne s’agit pas pour nous, d’engager les Catalans et les Basques à se séparer d’Espagne,
mais notre devoir est de militer pour que le droit à la séparation leur soit reconnu s’ils désirent en faire usage ».
Et Trotsky ajoutait : « Comment savoir s’ils ont ce désir ? C’est très simple, il faut organiser un plébiscite des
provinces intéressées sur la base du suffrage universel égalitaire, direct et secret, il n’y a pas d’autre procédé ».
N’est-ce pas exactement cela qui s’est passé le 1er octobre ? Oui, c’est ce qui s’est passé, et cela s’est passé
parce que les masses l’ont imposé !
Et pourtant le rédacteur de la Carta semanal ose affirmer aujourd’hui que le vote au référendum du 1er octobre
n’a pas été organisé « sur la base du suffrage universel égalitaire, direct et secret », puisqu’il faudrait un autre
« véritable référendum » ! Posons à nouveau la question : fallait-il avoir l’aval de Rajoy et du Tribunal
constitutionnel de la monarchie ?
Militants du POSI, nous sommes convaincus que vous n’accepterez pas la remise en cause des fondements
mêmes de votre organisation, qui s’est constituée dans le combat intransigeant pour le droit des peuples à
disposer d’eux-mêmes, contre la monarchie franquiste.
Nous nous adressons également aux militants du CCI.
Le jour même où parait ce numéro de la Carta semanal, est diffusée en France une « déclaration du Bureau
national du Parti ouvrier indépendant (POI) »
Une déclaration d’un recto… où la seule référence indirecte aux évènements en Catalogne se résume à cette
phrase : « Macron est au plus bas dans les sondages, le président des riches, sans assise politique, comme
d’ailleurs de nombreux gouvernements de pays d’Europe, comme en Allemagne, en Espagne où le pouvoir
monarchique hérité du franquisme est en grande difficulté. »
Une phrase d’où les mots « Catalogne », « peuple catalan », « référendum », « République catalane »,
« indépendance » et « répression » sont absents !
Camarades du CCI, vous le savez, ce silence assourdissant de vos dirigeants sur la Catalogne est à la hauteur de
leur silence, depuis des semaines, sur les déclarations honteuses de Jean-Luc Mélenchon sur la Catalogne.
Pas un mot, pas une ligne dans Informations ouvrières, dans les déclarations du POI, et même dans les notes du
Comité politique pour condamner les déclarations honteuses que Mélenchon enchaîne depuis trois semaines,
contre le droit du peuple catalan à disposer de lui-même !
Le 1er octobre, alors que le peuple catalan vote pour la République, Mélenchon propose de régler le problème
dans le cadre d’une « conférence permanente sur les frontières en Europe » et ajoute : « Il existe un cadre
commun de la Méditerranée à l’Oural : l’OSCE », l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe,
institution d’ingérence impérialiste s’il en est !
Le 3 octobre, à l’Assemblée nationale, Mélenchon regrette que « la monarchie semble incapable d’assumer la
fonction fédératrice que le franquisme lui avait confiée » ! Pas un mot de la part des dirigeants du CCI à
l’encontre de cette honteuse déclaration, alors que tout le monde sait que c’est sous son talon de fer, dans les
geôles fascistes et face aux pelotons d’exécution que le franquisme a « fédéré » les peuples d’Espagne pendant
quarante ans !
Le 10 octobre, à l’Assemblée nationale, Mélenchon regrette que « les nations deviennent des coquilles vides où
ceux qui sont les plus avantagés ne veulent plus prendre en charge ceux qui le sont moins, et ça vous donne un
indépendantisme généralisé, régional, des plus favorisés face à ceux qui le sont moins. (…) nous avons la
Catalogne sous nos yeux. » Bref, les Catalans seraient des nantis qui veulent quitter l’Espagne pour ne pas payer
pour les autres !
Et Informations ouvrières de ce jour, 18 octobre, rend compte d’une réunion en présence d’un des principaux
porte-parole de la France insoumise… et nulle part, à aucun moment celui-ci n’est interpellé sur les déclarations
de Mélenchon contre le droit du peuple catalan à décider !
Camarades du CCI, vos dirigeants vous ont-ils dit, lorsqu’ils ont fait entrer le POI dans « l’espace politique de la
France insoumise », que cette adhésion signifiait un ralliement politique aux positions – particulièrement
réactionnaires – de Mélenchon niant le droit du peuple catalan à décider de son avenir ?
Camarades du CCI, camarades du POSI : nous avons certainement, vous et nous, des appréciations différentes
des causes de la crise et de la scission de la IV° Internationale de juin 2015.
Mais au-delà de ces désaccords, le seul langage que devrait tenir un partisan du Programme de la IV°
Internationale aujourd’hui dans l’Etat espagnol, n’est-il pas celui que le camarade Lambert suggérait en 2007,
dans une discussion avec les camarades de l’Etat espagnol : « Nous sommes le peuple catalan libre et nous
voulons que cette liberté soit sanctionnée par la République catalane souveraine. Nous sommes contre la
monarchie qui opprime et exploite tous les peuples d’Espagne. (…) et nous sommes pour l’Union libre des peuples
libres d’Espagne, nous nous prononçons pour la République catalane, la république basque, la république
andalouse, etc. nous sommes pour l’union des républiques libres d’Espagne. »
Camarades du POSI et du CCI,
Nous en sommes certains, pour tous ceux qui veulent rester fidèles au drapeau sans tâche de la IV°
Internationale, aux positions de principes défendues par Lénine et Trotsky, aux positions défendues contre
vents et marées avec le camarade Lambert, comme nous, vous choisirez clairement votre camp :
Inconditionnellement du côté du peuple catalan opprimé contre la monarchie franquiste et ses laquais au
sommet des directions du mouvement ouvrier.
Inconditionnellement pour le respect du mandat exprimé lors du référendum légitime du 1er octobre :
République catalane, vers l’union libre des républiques libres d’Espagne !
Inconditionnellement pour l’action commune sur ces bases de principes.
Fraternellement,
La direction de la Tendance communiste internationaliste, membre du CORQI
barnum- Messages : 1238
Date d'inscription : 07/09/2016
Re: Catalogne
Ce n’est pas à Madrid, ni à Paris, ni à Bruxelles ou Washington que doit se décider le sort du peuple catalan !
OUI au droit du peuple catalan à disposer de lui-même !
OUI au droit du peuple catalan à proclamer maintenant, comme il l’a décidé, la République catalane !
OUI au droit des peuples d’Espagne à proclamer, s’ils le décident, la République !
À bas la répression franquiste !
Libération immédiate des emprisonnés politiques !
Rajoy, Macron, Union européenne : bas les pattes devant le peuple catalan !
Vive l’unité des travailleurs et des peuples de l’État espagnol et de toute l’Europe !
Le Parti ouvrier indépendant démocratique appelle ses comités et ses militants à être prêts à répondre à tout appel à se rassembler sur ces mots d’ordre.
17 octobre, 13 heures
OUI au droit du peuple catalan à disposer de lui-même !
OUI au droit du peuple catalan à proclamer maintenant, comme il l’a décidé, la République catalane !
OUI au droit des peuples d’Espagne à proclamer, s’ils le décident, la République !
À bas la répression franquiste !
Libération immédiate des emprisonnés politiques !
Rajoy, Macron, Union européenne : bas les pattes devant le peuple catalan !
Vive l’unité des travailleurs et des peuples de l’État espagnol et de toute l’Europe !
Le Parti ouvrier indépendant démocratique appelle ses comités et ses militants à être prêts à répondre à tout appel à se rassembler sur ces mots d’ordre.
17 octobre, 13 heures
barnum- Messages : 1238
Date d'inscription : 07/09/2016
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