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« La cité du Mâle » en pis

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verié2
sylvestre
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Message  sylvestre Mar 7 Sep - 11:04

http://www.bakchich.info/Une-femme-contre-La-cite-du-Male,11796.html

« La cité du Mâle » en pis

Daube en stock / mardi 7 septembre par Anaëlle Verzaux

Le documentaire "La Cité du Mâle" devait être diffusé mardi 31 août sur Arte. Mais au dernier moment, il a été déprogrammé. Un simple report ? Ou une annulation définitive ?

Mardi 31 août, Arte devait diffuser La Cité du Mâle. Une production Doc en stock, une boîte de prod’ dirigée par Daniel Leconte. Le documentaire s’intéresse aux relations hommes-femmes d’une cité de Vitry. Là où, en 2002, Sohane Benziane, 17 ans, est morte, brûlée vive par son ancien petit ami. Un meurtre terrible. Qui n’avait pourtant pas empêché des politiques de s’accaparer le drame pour faire de l’insécurité leur mot d’ordre…

Mais quoi ? Soudainement, à une heure et demie de la diffusion prévue du documentaire, le responsable de l’unité actualité, société et géopolitique d’Arte, Alexandre Szalat, décide de ne pas le passer. C’est Nabila Laïb, la fixeuse (c’est elle qui a mis en relations Cathy Sanchez, la journaliste auteur du documentaire, et les personnes interviewées) qui l’a mis en garde. « Ce documentaire est faux. Tout est absolument faux ! », s’est-elle écriée.

Cathy Sanchez « n’a choisi que les passages qui correspondaient à ce qu’elle avait écrit avant le reportage. Mais n’a rien gardé de ce que les jeunes disaient d’eux-mêmes. Quand je vois les images, j’ai mal au ventre. Je suis très énervée. C’est hors de question que mon nom soit associé à ce genre de merde ».

Il n’en faut pas plus à Arte pour modifier sa programmation. Mais y a-t-il eu, comme on l’a dit, des menaces sur les journalistes ou sur les personnes interviewées ? Non, répond fermement Alexandre Szalat. « Il y a eu une confusion. Contrairement à ce qu’ont raconté beaucoup de journalistes, il n’y a pas eu de menaces proférées. Nabila a exprimé des craintes, suffisantes pour qu’elles soient entendues. C’est naturel ».

Naturel ? Pourtant, le producteur, Daniel Leconte, ne s’était d’abord pas ému des alertes de Nabila Laïb. Pour la fixeuse, c’est clair, « Daniel Leconte voulait faire un gros coup ». Une fois la polémique lancée, le producteur a fini par admettre, au Parisien : « Vu l’affolement, je comprends que la chaîne ait déprogrammé le documentaire ». Mieux vaut tard…

 - JPG - 48.5 ko
Dessin de Ray Clid

La Cité du Mâle serait donc un emboîtement de morceaux d’interviews sorties de leur contexte. Exemple, à un moment, Cathy Sanchez demande à un jeune, Akim : « Si ta femme te trompe, qu’est-ce que tu fais ? » Il répond : « Je la frappe ». Or, selon Nabila Laïb, « à part ça, Akim est adorable ».

Pourtant, confie-t-elle encore, ce n’est pas du tout ce qui avait été convenu, avec Cathy Sanchez. « Le documentaire devait porter sur l’évolution des relations hommes-femmes depuis 2002. Mais je n’ai ni eu le droit d’assister au montage, encore moins de voir le “final cut”, sauf quelques heures avant sa diffusion prévue ».

Le malaise en fait, est idéologique : «  Ce documentaire est un copier-coller du discours de Ni Putes ni soumises. C’est totalement dépassé ! », explique Nabila Laïb. Etonnant de la part de Daniel Leconte qui contribue à la revue néo-conservatrice Le Meilleur des Mondes ! Autour de laquelle [revue] gravitent des personnalités comme Fadela Amara.

« Quoi qu’il en soit, affirme Alexandre Szalat, La cité du Mâle sera reprogrammée ». Seules de menues retouches y seront apportées : les floutages seront accentués, afin qu’il n’y ait pas de problèmes d’ordre juridique. Selon le Figaro.fr, Nabila Laïb a déposé un recours contre la boîte de production Doc en Stock, demandant que le documentaire ne soit pas diffusé. Nabila y tient. C’est une question de justice pour ceux qui vivent là. Et parce que « c’est à cause de documentaires comme ceux-là que les journalistes ont des problèmes en banlieue ».

Aucun journaliste (ou alors qu’il se montre !) n’a vu le documentaire, resté jusque là confidentiel. Seuls quelques extraits ont été diffusés sur Rue89 et Dailymotion.
 


Un autre témoignage sur un documentaire antérieur de Cathy Sanchez.
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Message  verié2 Mer 8 Sep - 13:55

Il est évidemment difficile de se faire une idée précise sur ce docu sans l'avoir vu.
Mais ce ne serait pas la première fois que des "journalistes" TV bidonnent - les exemples abondent, par exemple des vrais-faux reportages sur des lycées, sur les groupes qui se réunissent dans les catacombes etc.

Cette fois, à la volonté de faire choc - donc de faire parler de ce docu et d'augmenter l'audience - s'ajoute de toute évidence une volonté idéologique, qui s'inscrit dans l'esprit de NPNS et, d'une façon générale, du sécuritarisme et du dénigrement des jeunes de banlieue, dans la foulée de films de fiction présentés comme des docus, tel le fameux La journée de la jupe.

Il s'agit bien évidemment de criminaliser systématiquement la jeunesse de banlieue et ses révoltes en mettant en exergue quelques comportements et discours odieux, voire en les suscitant. Ensuite, il est évidemment plus glorieux de raconter que "témoins", "fixeurs" (!!!) et "journalistes" sont victimes de menaces que d'avouer qu'on a manipulé lesdits témoins et que ceux-ci risquent de ne pas apprécier.

A la décharge de la "journaliste", il faut savoir que les boîtes de production et les chaînes exercent des pressions très fortes sur eux pour qu'ils sortent, à moindres frais, c'est à dire sans enquête ni travail de terrain sérieux, des docus spectaculaires. On l'avait déjà vu avec par exemple le docu sur les Yeux volés réalisé en quelques jours en Amérique latine par la bidonneuse M.M. Robin pour l'agence Capa...

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Message  sylvestre Jeu 9 Sep - 14:55

Une interview très intéressante de la dite "fixeuse" (en fait une journaliste).

http://television.telerama.fr/television/la-cite-du-male-deprogramme-par-arte-nabila-laib-accuse-la-realisatrice-et-le-producteur,59910.php
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Message  verié2 Jeu 9 Sep - 17:36

Cette affaire est assez significative, non seulement des manipulations de la TV, avec de prétendus docus entièrement "scénarisés", mais de la façon dont les boîtes de production sur-exploitent les pigistes et n'accordent pas le moindre respect à leur travail. Ils n'ont pas le moindre droit de regard sur l'utilisation de ce travail. On leur demande juste de fournir la matière brute, des images, du son, que les producteurs - qui ne mettent pas les pieds sur le terrain - tripatouillent ensuite pour remplir les cases de leur scénario. Le salaire misérable versé à cette pigiste baptisé "fixeuse" est une véritable aumône, comparé au coût d'un tel film et au prix qu'il va être vendu aux diffuseurs.

Si le cynisme de la TV est, de ce point de vue, caricatural, il faut savoir qu'on travaille aussi de plus en plus souvent de cette
façon dans la presse écrite... Evidemment, il est rare que les gens se défendent publiquement, car ce sont des pigistes très précaires qui redoutent d'être grillés.

verié2

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Message  Vals Mer 29 Sep - 10:38

Le documentaire est finalement diffusé ce soir sur Arte.

http://www.arte.tv/fr/Comprendre-le-monde/Femmes---pourquoi-tant-de-haine-/
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Message  verié2 Mer 29 Sep - 10:41

Vals a écrit:Le documentaire est finalement diffusé ce soir sur Arte.

http://www.arte.tv/fr/Comprendre-le-monde/Femmes---pourquoi-tant-de-haine-/
J'avais remarqué ça. Donc, je vais l'enregistrer... (J'ai cru comprendre qu'ils avaient procédé à quelques coupures, modifs et floutages de visages suite aux protestations de leur "pigiste".)

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Message  Oudiste Mer 29 Sep - 21:17

La cité des lieux communs

par Stéphanie Binet



La Cité du mâle, documentaire de Cathy Sanchez, sur Arte, ce soir à 21 h 35.

Quelques personnages floutés et certains passages du commentaire bipés. Voilà les maigres retouches que devrait apporter le producteur Doc en Stock au documentaire la Cité du mâle qu’Arte diffuse ce soir, après l’avoir déprogrammé à la dernière minute il y a un mois, suite à un appel affolé de la journaliste qui a permis sa réalisation, Nabila Laïb. Depuis, elle menace de déposer un référé contre la société de production pour « approximations, erreurs, mensonges » (ce qu’elle n’a toujours pas fait à l’heure où nous imprimons) tandis que la réalisatrice du documentaire, Cathy Sanchez, annonce en retour vouloir assigner la journaliste en diffamation…

La Cité du mâle se veut un document inédit sur les violences faites aux femmes à Vitry-sur-Seine, ville du Val-de-Marne où est morte en 2002 Sohane Benziane, 17 ans, brûlée vive par un amoureux éconduit qui voulait lui interdire les portes de la cité. Dans la version qui devait être diffusée le 31 août, le documentaire interroge des machos immatures qui squattent au pied des cités. Il s’entame par la démolition d’une des barres de la cité Balzac à Vitry-sur-Seine. Le commentaire - grosse voix dramatisante - précise que c’est la barre où est morte Sohane. En fait non, l’immeuble où Sohane a agonisé est encore debout.

Peu importe, la réalisatrice Cathy Sanchez profite de cette démolition pour interroger une habitante. Toujours émue par le souvenir de Sohane, la femme est prise à partie par un grand Black, qui se dit ami de l’assassin : « Je vais te mettre une grande gifle dans ta bouche. Evite de parler. » Hors-champ, une autre voix (faute incluse) : « Qu’elle crève Sohane, qu’elle va en enfer ».

Présente ce jour-là, Nabila Laïb (que Doc en Stock s’obstine à qualifier de « fixeuse » alors que sa fiche de paie indique « journaliste-pigiste ») ne pensait pas que la séquence avait été filmée. Laïb, écartée du montage du documentaire pour lequel elle a pourtant trouvé la majorité des protagonistes, la découvre le jour de la diffusion chez Doc en Stock. En regardant les quinze premières minutes, Laïb dit avoir été prise d’un malaise. La journaliste, 31 ans, mère de deux enfants, est une proche de la famille Benziane, amie des sœurs de Sohane qui habitent toujours la cité Bourgogne.

Nabila Laïb a commencé le journalisme dans la revue de SOS racisme, Pote à Pote, a cosigné des enquêtes dans le Point, puis a suivi la formation de l’ESJ à Montpellier et a obtenu un contrat de qualification à France 2. La jeune femme a su exploiter ses contacts privilégiés dans les banlieues. Après avoir refusé une première fois en mars 2010 d’être « fixeuse » pour ce documentaire, elle se laisse convaincre un mois plus tard par un poste de journaliste, avec la promesse, dit-elle, que « le documentaire parlera plus largement de l’évolution des rapports garçons-filles dans les quartiers ». Le rédacteur en chef de Doc en Stock ainsi que le producteur, Daniel Leconte, n’ont pas voulu commenter les déclarations de leur journaliste. Après avoir reçu Libération, Daniel Leconte nous a interdit d’utiliser ses propos, de peur qu’ils soient utilisés en justice. La réalisatrice, elle, est invisible et ne s’exprime pas depuis le début de l’affaire.

Laïb dit avoir présenté une cinquantaine de personnes à la réalisatrice. Au final, la Cité du mâle donne la parole à dix jeunes hommes, entre 18 et 24 ans, à quatre jeunes femmes de 15 à 22 ans, et à une mère de famille. Au mieux, ils ont une attitude passive, au pire, le plus souvent, ils tiennent un discours effrayant de bêtise, violent et sans aucune distance. Seul un adulte, animateur et rappeur - présenté comme un fils de polygame -, remet dans les deux dernières minutes du film les témoignages en perspective.

Mais ce qui aurait pu être finalement un point de vue d’auteur, une manière caricaturale mais efficace de mettre certains jeunes de quartier devant leur machisme, est malheureusement discrédité par le commentaire. Il ne donne jamais les statistiques des violences faites aux femmes, un phénomène national et pas spécifique aux quartiers, et est truffé d’erreurs. Ainsi apprend-on que Hakim et Yassine, « à 24 ans, vivent de petits business, de petits trafics. Jamais levés avant midi, ils tiennent les murs ». Sauf que Hakim travaille à l’aéroport d’Orly depuis 2005, son casier judiciaire est vierge, et que Yassine est intérimaire.

Toujours selon le commentaire, Okito, 18 ans, est un jeune Français d’origine sénégalaise, chef de bande de la cité Barbusse. Il est d’origine congolaise, et lycéen, en dernière année de BEP. Sa mère Nicole, qui a cinq enfants, est terrifiée à l’idée que le docu soit diffusé : « J’ai des enfants mineurs encore sous mon toit, raconte-t-elle à Libération, j’ai peur qu’on me retire la garde si le papa voit ça. On va dire au monde entier que je suis une mauvaise mère. » Elle raconte les circonstances du tournage : « Un jour, je suis rentrée du travail, j’ai trouvé des gens avec des caméras chez moi. Cathy et Nabila m’ont expliqué qu’elles faisaient un reportage sur les jeunes de cité, qu’ils n’étaient pas comme les gens le croient, et elles voulaient aussi m’interviewer pour expliquer comment je fais pour élever mon fils seule, ici. Je ne savais pas que ça passerait sur Arte ou Internet. » Depuis, Okito a honte des extraits diffusés sur Internet. Il ne sort plus de chez lui.

Paru dans Libération du 29/09/2010
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Message  verié2 Jeu 30 Sep - 9:04

Bon, je l'ai vu hier soir, tard après l'avoir enregistré.
C'est avant tout un "docu" minable, du sous-sous-sous "journalisme". Ca commence par une assez longue pub pour SOS racisme et Fadela Amara, puis ça se poursuit en effet par une demi-douzaine d'interviews de jeunes abrutis de service qui racontent des horreurs, et en rajoutent sans doute pour se rendre intéressant. Pour faire bonne mesure et la jouer "journaliste en terrain dangereux", on voit un de ces jeunes abrutis démarrer en trombe sur son deux roues pour échapper à l'interview promis puis on le retrouve le lendemain...

Aucune tentative en effet, comme le souligne Libe pour chercher de l'info, des statistiques sur les agressions, des points de vue de voisin, d'élus, des éléments sur les conditions de vie etc. Visiblement, ça n'a pas coûté quatre sous, seulement la pige misérable versée à cette pigiste locale, qui rame et qu'on ne veut utiliser que comme "fixeuse".

Bref, ça en dit beaucoup plus long sur les méthodes des boîtes de production que sur le machisme des jeunes de Vitry. Beaucoup de bruit pour pas grand chose.

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Message  Oudiste Jeu 30 Sep - 13:08

Moins pire que ce que je craignais, mais assez pitoyable en effet. On est souvent à deux doigts d'un pastiche des Inconnus, notamment avec la grosse voix off, virile à souhait, tout au long du doc. L'une des scènes les plus ridicules est lorsqu'on voit deux gusses glander au pied d'une barre – commentaire : "Ils patrouillent la cité" –, et interpeller une ado en mini-short et débardeur pour lui demander son âge et… et ça s'arrête là. La fille poursuit son chemin et les gusses expliquent à la journalistes qu'une fille ne doit pas se promener trop dénudée. Commentaire de la grosse voix : "C'est du fascisme". Bien que la scène à elle seule détruise le gimmick récurrent du film qui nous explique que les filles sont soit voilées soit en bonhomme. Idem lors de deux autres séquences "les filles doivent cacher toute féminité", où l'on voit distinctement à l'arrière-plan des filles en mini-jupe et top largement décolleté. La séquence du "métrosexuel" est elle aussi un grand moment de bouffonnerie.

Bref, encore un grand moment de déontologie journalistique.
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Message  gérard menvussa Ven 1 Oct - 23:28

Y'a aussi le point, comme grand moment de bouffonnerie médiatique...
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Message  gérard menvussa Ven 1 Oct - 23:29

sinon, trés bonne critique de mona cholet

Sur Arte, un « féminisme » anti-immigrés

Un documentaire tourné à Vitry-sur-Seine, où en 2002 Sohane Benziane, 17 ans, fut brûlée vive par son ancien petit ami ; un autre consacré à la misogynie dans le rap américain ; puis un débat avec une Française d’origine algérienne et une Allemande d’origine turque : le contenu de la soirée Théma « Femmes : pourquoi tant de haine ? », diffusée mercredi 29 septembre sur Arte, donnait le curieux sentiment que la violence et les préjugés envers les femmes étaient le strict apanage des immigrés et de leurs descendants.

La soirée avait initialement été programmée le 31 août, mais était passée dans une version tronquée : quarante-cinq minutes avant l’heure prévue pour sa diffusion, le documentaire sur Vitry fut annulé. Daniel Leconte, producteur et présentateur de la soirée, expliquait cette décision par le fait que le « fixeur (1) », qui s’avéra plus tard être une journaliste, avait reçu des « menaces ». Rue89, qui rapportait ses propos, ajoutait : « Il affirme que c’est la première fois depuis 1982 qu’un de ses films est déprogrammé. Il s’agissait alors d’un documentaire tourné clandestinement en Union soviétique (2). » Sur Europe 1, Leconte racontait avoir tenté de raisonner la jeune femme en lui rappelant qu’elle vivait « dans un Etat de droit, pas dans une république bananière ». Et il concluait : « Il y avait des zones de non-droit où la police ne pénétrait pas, il y a maintenant des zones de non-droit où l’information ne pénètre pas (3) ». Le réalisateur de C’est dur d’être aimé par des cons, un documentaire sur Charlie Hebdo et les caricatures danoises de Mahomet (2008), retrouvait là l’un de ses thèmes de prédilection, celui des démocraties occidentales muselées par des immigrés fanatiques qui leur imposeraient leur loi.

Cette déprogrammation a suscité dans les médias de nombreux commentaires, et amplifié considérablement l’écho de l’émission. Le Monde, dans son édition du 5 septembre, consacrait une pleine page à la « barbarie machiste au quotidien », tandis que, sur les forums, certains internautes se déchaînaient, déplorant qu’Arte ait « cédé aux pressions des caïds de banlieue » et voyant dans cette affaire une illustration du choc des civilisations, ou la preuve de l’échec de l’intégration. Les extraits-choc de « La Cité du mâle » distillés sur Internet, montrant de jeunes hommes tenant des propos insultants sur les femmes, apportaient de l’eau au moulin des habituels contempteurs de l’immigration musulmane ou supposée telle, comme Elisabeth Lévy. Manifestant un art de l’amalgame décomplexé à son sommet, Christine Clerc s’écriait, dans sa chronique de l’hebdomadaire Valeurs actuelles (23 septembre 2010) : « Carla ! BHL ! Au secours ! Sakineh, la belle Iranienne menacée de lapidation pour laquelle vous avez signé des pétitions, a des milliers de sœurs en France. Il faut les sauver. » Le documentaire d’Arte, affirmait-elle, confirme les thèses culturalistes du livre du sociologue Hugues Lagrange (4). Constatant que « la majorité des cancres et des voyous » étaient « d’origine maghrébine ou africaine », elle concluait, avec un enthousiasme sans frein : « Ce chercheur au CNRS cite a contrario l’exemple de familles asiatiques : elles n’ont que deux enfants et se préoccupent avant tout de leur bonne éducation et de leurs résultats scolaires. (…) Faudrait-il confier l’éducation des “beurs” et “Blacks” de Vitry à des parents vietnamiens ? ou créer partout des “écoles des parents” ? »

Dès le 6 septembre, cependant, c’est un tout autre son de cloche que l’on a entendu au sujet de cette déprogrammation. Ce jour-là, le site du Figaro donnait la parole à la « fixeuse », qui démentait les « menaces ». Nabila Laïb affirmait avoir appelé la chaîne franco-allemande parce qu’elle avait été révoltée par son visionnage tardif du documentaire, qu’elle qualifiait d’« instrumentalisé et bidonné ». Elle accusait la réalisatrice, Cathy Sanchez, d’avoir « choisi parmi les témoins ceux qui collaient à l’histoire qu’elle avait écrite au préalable ». Ce que tendraient d’ailleurs à corroborer les propos tenus à 20 minutes (31 août 2010) par Daniel Leconte à la veille de l’émission : « J’ai initié ce projet car je m’attendais à peu près à ce résultat-là. » Sur Bakchich.info, Nabila Laïb le soupçonnait d’avoir voulu « faire un gros coup (5) ».

En termes d’audience, le « gros coup », si « gros coup » il y avait, a réussi : mercredi soir, après des semaines de polémiques, « La Cité du mâle » a attiré quelque 350 000 téléspectateurs. En termes d’estime, en revanche, c’est un flop. Sur France Info, Danièle Ohayon a jugé le documentaire « mal fait », suscitant la colère de Daniel Leconte. Marianne2.fr se montre également très critique : « Difficile de dénoncer le machisme ordinaire des cités en prenant ancrage dans un quartier qui a vécu un événement extraordinaire – car même si, comme le souligne justement le film, il y a d’autres Sohane, cela reste exceptionnel. Quant au commentaire, qui se veut dramatisant, il est surtout en décalage total avec les images. Parler de “milice de quartier” ou de “fascisme ordinaire” quand on montre simplement des petits jeunes qui jugent qu’une fille de 14 ans n’a pas à sortir dans la rue en mini-short moulant, c’est ridicule » (« “La Cité du mâle”, le docu qui fait mal aux journalistes », 29 septembre 2010). Libération a relevé plusieurs erreurs factuelles grossières, qui témoignent d’une désinvolture et d’un mépris problématiques (« La cité des lieux communs », 29 septembre 2010). Le magazine Elle déplore également le manque de sérieux et de mise en perspective du travail de Cathy Sanchez, s’inquiétant des dégâts qu’il risque de causer tant pour les protagonistes du film que pour les relations entre médias et habitants des cités (« Machisme en banlieue : le docu qui fait polémique », 19 septembre 2010).

« La Cité du mâle », en effet, consterne par son caractère à la fois grossièrement bâclé, caricatural et malveillant. Les jeunes sont filmés avec un voyeurisme malsain, à grands renforts de plans rapprochés scrutateurs. Le but du jeu semble être de faire dire aux garçons le plus d’horreurs possible sur les femmes, en les désignant à la vindicte générale, voire à la haine, sans proposer d’autre issue que leur diabolisation – comme en témoigne le double sens pour le moins explicite de l’intitulé « La Cité du mâle ». Si des problèmes inhérents à la banlieue apparaissent bien – la sociabilité séparée des garçons et des filles, l’obsession de la réputation, de l’honneur, de la virginité, le repli sur une religion vécue sous sa forme la plus archaïque –, on a du mal à voir en quoi d’autres – l’homophobie, les propos misogynes, le recours à la prostitution, le mépris des femmes à la sexualité trop libre, la difficulté pour les hommes à se montrer sentimentaux – lui seraient spécifiques. Faut-il rappeler que, avant d’être un film de Jean-Paul Lilienfeld dénonçant la violence et le sexisme en banlieue, la « Journée de la jupe » a été une manifestation instaurée en 2006 par des enseignants d’un… lycée agricole breton (6), qui s’étaient rendu compte que les filles ne pouvaient pas y venir en jupe sans se faire insulter ?

Tout en revendiquant une démarche « rien d’autre que journalistique (7) », Daniel Leconte multiplie depuis des années, avec sa maison de production Doc en stock, les émissions lourdement idéologiques, dont la malhonnêteté a plusieurs fois été pointée (Cool. C’est d’ailleurs peu dire qu’il a des opinions politiques affirmées. Partisan convaincu de la thèse du « choc des civilisations », il fut un collaborateur de feu Le Meilleur des mondes, la revue des néoconservateurs français, et il fait partie, comme le rappelait opportunément Rue89, de ceux qui ont accusé Charles Enderlin, le correspondant de France 2 en Israël, d’avoir « bidonné » les images de la mort du petit Mohammed Al-Dura, au début de la seconde Intifada, en septembre 2000. Dans son introduction, lors de la première diffusion de cette soirée « Théma », le 31 août dernier, il brandissait la fameuse couverture de Time montrant une Afghane au nez et aux oreilles coupés – censément par les talibans (9). Malika Sorel, invitée du débat qui concluait la soirée, regrette d’ailleurs sur son blog que tout ce qui, dans ses interventions, concernait l’oppression des femmes dans des cultures autres que musulmanes ait été coupé au montage… Il est difficile de ne pas voir dans la démarche de Leconte une tentative de plaquer sur la société française le schéma qui prévaut dans les guerres du Proche-Orient – quitte à jeter de l’huile sur le feu. Appliqué à Nabila Laïb, le terme de « fixeur », que le grand public connaît grâce à Hussein Hanoun, le guide de Florence Aubenas pris en otage avec elle en Irak en 2005, est loin d’être innocent : il ne s’employait jusqu’ici que dans les situations de guerre.

Autant dire qu’il y a de quoi douter sérieusement de la sincérité « féministe » à l’œuvre derrière une telle opération. Après visionnage de la première version de cette « Théma », le blog Les Entrailles de mademoiselle s’insurgeait (1er septembre) : « L’émission est assez terrible à regarder, en ce qu’elle pue littéralement la fausse découverte, le faux courage de dire la vérité, suivant la rhétorique sarkozyste du “n’ayons pas peur des mots”, qui ne recouvre qu’une volonté de tordre la pensée, d’utiliser les souffrances, de manipuler. Ces femmes sont littéralement prises pour des objets servant une politique raciste. (…) Que des mecs qui ont passé des décennies à traiter les féministes d’hystériques mal baisées se pointent, la gueule enfarinée, fiers comme des papes, pour se réclamer d’un féminisme dont ils ne connaissent absolument rien, et en tirer toute la gloire d’être, eux, des hommes bien, c’est tout simplement à vomir. »

Que le sexisme ne soit pas l’apanage d’une « culture », Daniel Leconte lui-même en fournit une assez bonne illustration. Il semble confondre le féminisme avec une posture de protecteur viril et légèrement condescendant. Pire : on se souvient en effet d’une émission qu’il avait produite en 2003, intitulée « Où sont passées les féministes ? », qui avait suscité un tollé par son accumulation de clichés imbéciles et désobligeants. « Rarement l’incompétence, la sottise, la flagornerie journalistique et la méchanceté ont été poussés aussi loin », s’indignait alors l’historienne Eliane Viennot dans une lettre ouverte aux responsables d’Arte – elle ne reçut jamais de réponse –, publiée sur le site de l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT). Sur le même site, on trouve également l’écho d’une émission du même Daniel Leconte, présentée à certaines intervenantes, au moment du tournage, comme consacrée au harcèlement sexuel, et qui fut finalement diffusée comme un sujet sur « la drague »…
Mona Chollet

(1) Personne de terrain qui prépare les contacts pour les journalistes.

(2) « Pourquoi Arte a déprogrammé le docu “La Cité du mâle” », Rue89.com, 1er septembre 2010.

(3) « “Des zones de non-droit pour l’information” », Europe1.fr, 1er septembre 2010.

(4) Hugues Lagrange, Le Déni des cultures, Seuil, Paris, 2010.

(5) « “La Cité du mâle” en pis », Bakchich.info, 7 septembre 2010.

(6) Lire « Garçons-filles, mode d’emploi », Télérama.fr, 5 avril 2009. La sociologue Marie Duru-Bellat y constate un « essor du sexisme » observable également chez les adolescents des classes favorisées, et qu’elle attribue à « la généralisation de la culture porno ».

(7) « “De quoi j’me mêle !”, ou quand Arte dérape », Le Courrier (Genève), 10 mai 2004.

(Cool Voir « Le “système” Leconte », Politis, 6 septembre 2007, et « “Effroyables imposteurs” sur Arte : le roi est nu », Information 2.0, Les blogs du Diplo, 10 février 2010.

(9) Lire Serge Halimi, « Photos sans Lumières », Le Monde diplomatique, septembre 2010.
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Message  sylvestre Lun 4 Oct - 9:51

http://www.entrailles.fr/index.php?post/Femmes-pourquoi-tant-de-haine

Femmes, pourquoi tant de haine ?

"Femmes, pourquoi tant de haine ?", c'est le titre du Thema Arte d'hier soir. Entre documentaires et débat, l'émission est sensée se pencher sur "le retour des violences machistes". Il faut cependant entendre "Le retour des violences machistes chez les noirs et les arabes pauvres". Rassurez vous, on ne parlera pas des violences masculines chez "les autres", c'est à dire les blancs plus aisés. Eux, visiblement, seraient plutôt dans le genre "retour du Jedi" gentil qui va lutter contre le côté obscur de la force. Du lourd donc, sur fond d'axe du mal contre le bien.


Pour commencer, la présentation de l'émission donne le ton, façon film d'horreur.

Un peu comme l'affiche de "Ils", réalisé par X. Palud et D. Moreau :

Pour le thema d'Arte, le casting est composé, au choix :

  • de maghrébins (pour le spectateur socialiste qui regrette son angélisme passé) ;
  • d'immigrés de la énième génération (pour le spectateur inconditionnel de la souche) ;
  • d'arabes (pour le spectateur qui cause vrai et qui t'emmerde) ;
  • de musulmans (pour le spectateur qui ne fait plus une phrase sans prononcer le mot laïcité -et ordre républicain en général, juste après) ;
  • d'auvergnats (pour les soutiens à notre ministre condamné pour injure raciale).


Pour le thema d'Arte, donc, nous avons les mêmes ressorts que pour une affiche de film d'horreur :

Un fond sombre, un visage un peu effacé, un peu inquiétant, et le lieu où va se dérouler l'intrigue en arrière plan (les barres d'immeubles, la banlieue, donc les arabes/musulmans).

Un peu comme dans The Exorcist :



Quand on regarde l'affiche, on comprend assez rapidement que la silhouette avec le chapeau va jouer un rôle dans l'histoire (le prêtre pour "L'exorciste", Lafâme pour le Thema Arte), mais que le problème le plus inquiétant se situe, lui, quelque part en arrière plan, dans la maison/les immeubles (la fille possédée par le diable pour "L'Exorciste", les jeunes de banlieue (arabes, musulmans, etc., cf liste ci-dessus, pour le Thema d'Arte).

Nous voilà donc prévenu, ce soir, ça va trembler dans les chaumières, façon "L'Exorciste" :







La soirée est présentée par Daniel Leconte, l'inénarrable Daniel Leconte... Le souci, c'est qu'on ne sait pas par quoi commencer.

  • Par le moment ou Leconte jubile, certain d'avoir réalisé un fort audimat, "parce que... y'avait d' l'enjeu" ? (Surfe mon gars, la vague est haute).
  • Par l'étonnement du présentateur qui s'insurge ("incroyable !") parce que les "autorités allemandes n'interviennent pas", en cas de violences contre les femmes (ici, dans le cas de mariages forcés).... ou comment découvrir l'eau tiède ? L'État n'interviendrait pas ou peu quand les femmes subissent des violences ? Naaaaan, sans déconner ?
  • Par les petits rires condescendants de Leconte devant ces deux "femmes de caractère"/"femmes tellement libres" qu'elles ne lui laissent pas en placer une durant le débat ? (quelle mansuétude ces mâles blancs !)
  • Par ces deux femmes (Malika Sorel et Serap Cileli) qui parlent de la crise de la masculinité de "nos hommes" (les blancs), "qu'on aime", et qui peuvent "être doux et masculins"... qui soutiennent que "si tout cela est arrivé, c'est parce que notre société elle-même est en crise d'identité ("natürlich !" dit l'invitée allemande), et surtout, les hommes occidentaux sont dans une crise de la masculinité" ! La rengaine commence à être connue, la bouillie devient lassante.
  • Par ces deux femmes persuadées que les violences faites aux femmes viennent contaminer "notre société" -nous les blancs-, via les banlieues ?
  • Par ces deux femmes persuadées que les médias et les politiques veulent à tout prix cacher ces violences pour éviter tout risque de stigmatisation de ces populations (les arabes/musulmans) ?

C'est peut-être cette dernière affirmation qui est la plus dingue.


Cela suppose de croire que :

  • l'État lutterait contre la stigmatisation et le racisme :
(rires dans la salle), le condamné pour injure raciale se lève et hurle : "mais si ! on les protège, la preuve, on vient de créer un label origine auvergnate contrôlée ! voyons !"

  • l'État s'intéresserait aux violences faites aux femmes depuis des décennies, mais qu'il rechignerait à s'y pencher à propos des banlieues.
Faut arrêter de déconner, c'est exactement l'inverse. Pendant des décennies, l'État n'en a rien eu à faire des violences contre les femmes. Les chercheuses et les militantes qui luttent et travaillent sur ces questions le savent très bien. Négations en cascade et tollés indignés à la sortie des premières enquêtes sur les violences faites aux femmes, absence de moyens tant institutionnels que financiers pour lutter contre ces violences, minimisation/invisibilisation dans les médias, difficultés énormes à faire voter des lois maigrelettes etc... Depuis que ces questions permettent de zoomer sur les banlieues, cependant, il faut reconnaître que l'État fait mine de s'y pencher.

Ces stratégies d'occultation ou de mise en lumière ponctuelle des violences masculines sont développées dans l'ouvrage de Patrizia Romito, "Un silence de mortes", dans lequel l'auteure souligne, en introduction :

« en définitive, on accepte de briser le silence à la seule condition que chaque épisode de violence soit présenté comme un cas isolé, et pourvu que les auteurs apparaissent au cœur d’une situation d’exception – entre autres parce que sous l’emprise d’émotions incontrôlables, ou au contraire souffrant d’une absence pathologique desdites émotions, ou parce que d’une autre culture – entendons issus de l’immigration ou musulmans. Alors on veut bien, à la rigueur parler de violence, mais jamais de violence masculine. »
Lire la citation sur le site Entre les lignes entre les mots



Cet état d'exception, ici, serait très clairement le produit d'une contamination de la société blanche-française par des immigrés basanés et barbares... (C'est bien connu, nous les blancs, adorons nos femelles au point de n'en tuer, n'en frapper, n'en violer, n'en injurier, n'en humilier que par passion, par amour "fou", et pas beaucoup, hein. Raisonnablement. Le style français pur souche, oui Madame. La classe quoi.)

Il faudrait donc croire qu'avant l'arrivée de ce qui est désigné comme de véritables hordes de barbares, la société française était douce avec ses femelles -rire nerveux- et qu'elle pourrait devenir violente si on ne contrôlait pas ces barbares.

Si on résume :
  • Ces violences ne sont donc pas MASCULINES, elles sont MUSULMANES.
  • IL FAUT réagir contre cette ISLAMISATION de la France.


L'émission est donc assez terrible à regarder, en ce qu'elle pue littéralement la fausse découverte, le faux courage de dire la vérité, suivant la rhétorique sarkozyste du "n'ayons pas peur des mots", qui ne recouvre qu'une volonté de tordre la pensée, d'utiliser les souffrances, de manipuler.
Ces femmes sont littéralement prises pour des objets servant une politique raciste.

Bref, c'est juste énorme. Que des mecs qui ont passé des décennies à traiter les féministes d'hystériques mal baisées se pointent, la gueule enfarinée, fiers comme des papes, pour se réclamer d'un féminisme dont ils ne connaissent absolument rien, et en tirer toute la gloire d'être, eux, des hommes biens, c'est tout simplement à vomir.

Et pendant que ce Thema Arte est diffusé, sur une chaîne concurrente, un "autre barbare" est disséqué.



Lui, il s'appelle Jacques Fruminet, et l'émission titre "Jacques Fruminet, tueur de femmes". Sur la photo vous apercevez, outre son air bonhomme, qu'il n'est pas basané pour un sou : ce sont ses origines sociales de grand prolo qu'on va mettre en avant, grâce à une véritable litanie sur sa famille déstructurée, rongée par l'alcoolisme, etc. Bref, la lie de l'humanité.

Décidément, les arabes et les pauvres sont vraiment d'infréquentables personnages violents, dont les histoires nous permettent tout de même de nous offrir un petit frisson télévisuel de deuxième partie de soirée, après avoir regardé un énième épisode d'une quelconque série policière dans laquelle une femme se faisait éventrer/violer/égorger/étrangler.
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Message  Oudiste Jeu 7 Oct - 20:02


Quand le Front National récupère un programme d'Arte

http://teleobs.nouvelobs.com/rubriques/focus/articles/quand-le-front-national-recupere-un-programme-d-arte

Le Front National qui se réclame d’Arte pour développer sa propagande, il faut le voir pour le croire! Et pourtant c’est bien le dernier développement de l’affaire du documentaire “La Cité du mâle”.

Bruno Gollnish, vice président du FN, a diffusé hier un communiqué titré “Violence faite aux femmes: quand les coutumes étrangères deviennent plus fortes que les lois françaises” commençant par ces lignes: “Décidément La Cité du Mâle n’en finit plus de créer la polémique”. Suit une description sommaire (mais pas fausse) du film, puis un rappel des derniers développements, à savoir la descente d’une poignée de jeunes dans les locaux de Doc en Stock, maison de production. Quand au fond du communiqué, il s’agit, on s’en doutait, de dénoncer “le décalage de civilisation (qui) apparaît crûment dans le reportage”. Conclusion: “Au Front national nous osons dire que la montée de la violence faite aux femmes est concomitante à l’arrivée en masse d’une immigration extra-européenne dont la culture, les traditions sont absolument contraire aux nôtres”.

Arte et Doc en Stock qui traînent ce documentaire comme un boulet se seraient sans doute bien passés de cette récupération.
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Message  Oudiste Jeu 7 Oct - 20:47

« La Cité du mâle » : Arte aussi racole sur le dos des banlieues


http://www.rue89.com/2010/10/06/la-cite-du-male-arte-aussi-racole-sur-le-dos-des-banlieues-169815
Par Respect Mag | Urbain, social et métissé | 06/10/2010 | 15H58



En ce triste soir du 29 septembre, la chaîne franco-allemande Arte vient de rejoindre la farandole infernale des médias qui ne connaissent pas les banlieues, ne s'y rendent qu'exceptionnellement, n'en parlent que de manière outrancière, et ignorent tout travail, tout dialogue avec des journalistes et acteurs compétents sur ces questions.

Arte, dont la programmation bénéficiait d'une relativement bonne image dans les quartiers populaires, malgré quelques sujets douteux précédemment produits et malgré la quasi-absence de sujets réalisés sur ce segment de la population représentant au bas mot huit millions de citoyens.

D'une certaine manière, cette absence lui conférait une forme de virginité, si l'on ose dire en l'espèce, virginité qui a justement permis à ses réalisateurs de tourner des reportages dans des cités qui auraient bien plus mal accueilli d'autres chaînes.

Mais le bénéfice du doute dont elle bénéficiait jusqu'alors s'est effondré d'un seul coup avec fracas : Arte vient de prouver avec un reportage manipulateur sur une réalité complexe (les rapports hommes-femmes dans les quartiers populaires, ou plutôt une vision de ces rapports dans une cité, in « La Cité du mâle »), qu'elle pouvait faire autant de dégâts que ses grandes sœurs coutumières du fait.
Pas de contre-pouvoir contre le quatrième, celui des médias

Croyant offrir le droit de savoir, elle ne se donne que le droit de mentir. Mentir par omission ou par caricature, mû par l'instinct du procureur comme par l'intérêt du producteur d'images choc et de prêt-à-penser chic pour faire frémir d'effroi dans les beaux quartiers.

Avec la superbe du donneur de leçon chevauchant son cheval blanc, elle regarde du point de vue de Sirius le peuple des quartiers populaires se débattre dans ses mille et unes difficultés, parmi lesquelles une ghettoïsation médiatique qui n'a rien à envier aux autres ghettoïsation : économique, sociale, culturelle, politique.

Droit que le quatrième pouvoir journalistique s'arroge aux dépens de la société, sans contre-pouvoir, sans dialogue, choisissant ses ennemis au gré de ses peurs et de ses fantasmes.
Ni objectivité, ni honnêteté

Le producteur en question, Daniel Leconte, n'en est pas à sa première caricature. Il a encore décidé de ne donner à voir de la réalité que la face qu'il croit immergée de l'iceberg des banlieues. Alors qu'elle n'en est que la face émergée.

Erreur de point de vue, « d'angle » comme on dit dans le métier ? Faute professionnelle si commune chez le journaliste qui cherche à dénoncer une partie de la vie des caves plutôt que de tenter de comprendre le tout de la réalité complexe d'une cité ?

Manipulation de l'idéologue qui se veut journaliste d'investigation et ne cherche la vérité que là où il a décidé de pointer le projecteur de sa caméra ?

Quoi qu'il en soit, une fois de plus, un média a décidé de nuire plutôt que de faire son métier, c'est-à-dire « relier », comme sa vocation et l'étymologie du mot « média » devrait l'y inviter.

Le rôle social de Daniel Leconte consiste-t-il à dénoncer un des versants de cette réalité, ou à donner une intelligibilité, si ce n'est une intelligence, de la société, de son fonctionnement, ou de ses disfonctionnements ?

Hubert Beuve-Méry, fondateur du Monde, disait : « L'objectivité n'existe pas, seule l'honnêteté compte. » En l'espèce, de la part de Daniel Leconte comme d'Arte (chaîne qui en général contrôle étroitement ce qu'elle diffuse), il ne semble y avoir ni objectivité, ni honnêteté.
Ni acteur local, ni contextualisation

On concèdera que la réalité du sexisme et de la violence, verbale ou physique, existe bien dans la société française, et notamment dans ses quartiers populaires. Mais on devra aussi voir que cette réalité ne domine pas l'ensemble des gens qui y vivent.

On s'interrogera donc :

* sur le choix des personnes interviewées (essentiellement quelques jeunes hommes),
* sur le choix de ne rencontrer presque aucun adulte,
* sur le choix de ne donner la parole à aucun acteur local capable de parler de l'ensemble de la réalité et non de quelques cas pathétiques,
* sur le choix de ne pas rencontrer des chercheurs ou des acteurs nationaux compétents sur ces questions et capables de mettre en perspective et d'expliquer,
* sur le choix de ne pas évoquer le contexte français global et l'image de la femme dans notre société…

On se s'interrogera aussi sur les partis pris de l'autre reportage diffusé lors de la même soirée sur un groupe de rappeurs (noirs, de préférence), avec les mêmes termes, objectifs, choix éditoriaux et angles de vue.
Les médias forgent des ghettos, imaginaires excluants

On se demandera enfin pourquoi Daniel Leconte semble découvrir, effaré, une situation sur laquelle travaillent depuis plus de dix ans un grand nombre d'acteurs de ces quartiers, qui, eux, en connaissent la complexité.

Nous avons une réponse : bon nombre de médias restent hermétiques aux questions et à la parole que ces acteurs leur demandent avec insistance, en vain, de traiter. Et qui permettraient de regarder la situation des banlieues avec un œil plus juste (mais correspondant certes moins aux clichés de ceux qui y filment mais n'y vivent pas ou n'y travaillent pas habituellement).

Car les médias, comme l'ensemble des élites de la société française, partis politiques, syndicats, entreprises, monde de la culture, ont une part de responsabilité dans le plafond de verre qui ghettoïse les banlieues et les empêche de trouver des issues à cette tragédie.

Ils forgent des ghettos médiatiques qui, non contents d'exclure certaines populations de leurs rédactions, fabriquent des imaginaires excluants. Ils sont aujourd'hui les premiers à façonner l'imaginaire dominant, imaginaire dont ils sont aussi le témoignage.

Les médias ne font pas que renvoyer une certaine image de la société, ils en sont aussi le reflet, y compris parfois dans ses pires travers.
Le service public, le plus déconnecté et le plus lent à évoluer

Oui, les médias sont une partie du problème des banlieues. Mais ils sont aussi une partie de la solution ; c'est pourquoi ils doivent s'interroger sur la neutralité, sur l'objectivité, et sur le rôle de chacun dans cette ghettoïsation d'une partie de la société française.

C'est pourquoi, enfin, nous, acteurs médiatiques et sociaux des quartiers populaires, proposons instamment à tous les journalistes de bonne foi de poser la caméra, la plume, le micro, autant d'armes de désinformation massive qui peuvent contribuer à détruire la société française, et leur demandons d'accepter de discuter des pratiques journalistiques, du recrutement, des sources d'information, des méthodes de travail, des angles de vue.

Nous espérons a fortiori que ce message sera entendu par les acteurs médiatiques du service public, qui devraient représenter et parler au nom de l'ensemble des citoyens du pays, mais qui est sans doute aujourd'hui le plus déconnecté et le plus lent à évoluer sur ces thématiques liées à la diversité de la société française et aux quartiers populaires.

Halte au feu ! Halte aux faiseurs de haine. Place au dialogue.

Cette tribune a été rédigée à l'initiative de l'association Presse & Cité avec Charly Carré, coordinatrice du Marseille Bondy Blog ; Marc Cheb Sun, directeur de la rédaction de Respect Mag ; Rokhaya Diallo, présidente des Indivisibles ; Moïse Gomis, directeur de Radio HDR ; Bruno Laforestrie, directeur de Radio Générations 88.2 FM ; Farid Mebarki, président de Presse & Cité ; Erwan Ruty, directeur de Ressources Urbaines, l'agence de presse des quartiers ; Raphaël Yem, rédacteur en chef de Fumigène magazine.
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Message  verié2 Ven 8 Oct - 8:23

En fait, cette récupération n'est pas une première : plusieurs sites d'extrême-droite, dont les Identitaires et le FNJ, avaient déjà mis en ligne des extraits choisis de La journée de la jupe. (Déjà diffusée sur Arte !). Et toute l'extrême-droite raciste avait aussi encensé ce film. La seule différence est que La journée de la jupe était censée être une fiction. Mais une fiction représentant tellement bien la réalité selon ses laudateurs, qu'on nous présentait quasiment ce film comme un docu...

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Message  sylvestre Lun 15 Nov - 11:30

Daniel Leconte chez Alain Finkielkraut : mensonges et calomnies
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Message  verié2 Lun 15 Nov - 11:52

sylvestre a écrit:Daniel Leconte chez Alain Finkielkraut : mensonges et calomnies

Acrimed fait vraiment un bon travail, documenté, précis. Et Finkielkraut, grâce a son large accès aux médias, est décidément aujourd'hui un des plus importants vecteurs du racisme, et en particulier du racisme anti-jeunes de banlieue et de l'islamophobie, à prétextes "culturels" !

Quant à ce Daniel Leconte, c'est vraiment un individu méprisable.

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Message  BouffonVert72 Mer 17 Nov - 1:49

C'est ce qui me surprend le plus et que je viens d'apprendre, c'est que Finkelkraut ait une émission de radio rien qu'à lui sur France Culture où il peut répandre ses dangereuses saloperies en toute impunité...

C'est là où on se rend-compte que le rouleau compresseur idéologique sarkosien est passé partout...

J'espère que, une fois l'une des gauches arrivée aux responsabilités, Finkelkraut sera viré de France Culture, et ira là où il mérite d'aller : sur Courtoisie. Ainsi que Val & consorts...

Et je ne savais pas pour D. Leconte... C'est bon à savoir...
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Message  gérard menvussa Jeu 18 Nov - 14:13

La cité du mâle : une contre enquète


d'après "Backchich"


"La Cité du mâle", documentaire polémique sur le machisme en banlieue, aura droit à sa contre-enquête. Un jeune réalisateur a retrouvé les témoins du film, qui disent avoir été manipulés par la production.
Rebondissement dans l’affaire de "La cité du mâle". un extrait d’une contre enquête dérangeante sur le fameux 52 minutes a été diffusé lors des quatrièmes assises internationales du journalisme et de l’information qui se sont tenus à Strasbourg du 16 au 18 novembre.
Après avoir été déprogrammé à la dernière minute en août, la Cité du Mâle avait finalement été diffusé le 29 septembre dernier sur Arte.C’est un différend entre Doc en Stock, la société de production, et la journaliste Nabila Laïb, qui avait été à l’origine de la déprogrammation de ce documentaire choc sur le machisme et la violence faite aux femmes en banlieue.
Issue de Vitry-sur-Seine où avait été tourné "La cite du mâle", la journaliste avait accusé la réalisatrice Cathy Sanchez et le producteur Daniel Leconte de l’avoir évincée du montage pour manipuler et instrumentaliser les témoignages. Ce que contestait Doc en Stock, qui malgré un bulletin de salaire de journaliste pigiste, a toujours qualifié Nabila Laïb de "fixeuse", ces intermédiaires censés faciliter le travail des journalistes en banlieue.
Pour sa contre-enquête, Ladji Réal, un jeune réalisateur indépendant originaire de Trappes, est retourné sur les lieux du tournage de "La cité du mâle" a Vitry-sur-Seine et a retrouvé plusieurs protagonistes du docu polémique. Tous disent avoir été abusés par la réalisatrice qu’ils accusent de manipulation.
Le réalisateur de 29 ans est notamment l’auteur de "La bêtise brûle l’innocence" un court métrage remarqué qui revient sur les jeunes incendiaires de la ligne 32 à Marseille dans lequel avait été grièvement brûlée, en octobre 2006, une jeune étudiante, Mama Galledu.
Ce documentaire contre-enquête risque de remettre le feu aux poudres si l’on s’en fie aux réactions enflammées du public et des acteurs des assises internationales du journalisme et de l’information à Strasbourg. Il pourrait être finalisé d’ici fin décembre. Pas sûr qu’Arte en soit le diffuseur…
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Message  sylvestre Jeu 16 Déc - 12:32

http://www.lesinrocks.com/actualite/actu-article/t/56797/date/2010-12-16/article/la-cite-du-male-une-contre-enquete-pour-retablir-la-verite/

La Cité du mâle: une contre-enquête pour dénoncer les dérives des médias

16/12/2010 | 10H46
« La cité du Mâle » en pis Cite_male_604

Crédits photo:  Didi N’Diaye, rappeur et directeur d'un centre de quartier à Vitry. (Capture d'écran)

Après la polémique suscitée par la diffusion du documentaire très controversé "La Cité du mâle", un jeune réalisateur, Ladji Real, a tourné une contre-enquête. Hier, une rencontre était organisée entre les habitants de la Cité Balzac et le cinéaste.

Des filles malmenées, opprimées, parfois cloitrées chez elles ou obligées de se comporter comme des mecs pour être respectées. C’est ce que découvraient les téléspectateurs d’Arte, le 29 septembre dernier, dans le documentaire de Cathy Sanchez, La Cité du mâle (déprogrammé une première fois puis diffusé quelques semaines plus tard).

Ce film traite des violences faites aux femmes dans la cité Balzac, à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), où est morte en 2002 Sohane Benziane, 17 ans, brûlée vive.

Mais à en croire les protagonistes et la journaliste Nabila Laib, présentée comme une "fixeuse" par la production, les images présentées dans le documentaire seraient bien éloignées de la réalité. Les insultes et les paroles particulièrement dures auraient été influencées par la réalisatrice et soigneusement sélectionnées.

"Une totale opposition avec l'éthique du documentaire"

Ladji Real, réalisateur de documentaires et de courts métrages, a mené une contre-enquête, actuellement en cours de finalisation.

Après le visionnage de La Cité du mâle, le cinéaste de 29 ans, choqué par la violence de phrases "prononcés avec autant de décontraction", décide de se rendre sur les lieux du tournage.

"Là-bas, les gens parlaient de manipulation, de question rajoutées au montage, de toute une mise en scène, en totale opposition avec l’éthique du documentaire", raconte le réalisateur.  

Sa démarche est soutenue par l’Addoc (Association des cinéastes documentaristes), qui dénonce "une dérive exemplaire de la télévision publique" et organisait mercredi une projection d'extrait du documentaire de Ladji Real à la Maison des associations du IIIe arrondissement, à Paris, en présence du cinéaste et d’habitants de la cité Balzac.

"Ca fait longtemps qu’on dénonce la dérive de certains médias, à un moment, il faut la prouver et la mettre en image (…). Le thème de mon film c’est la fabrication d’un documentaire", explique Ladji Real.

Sur le terrain, il rencontre une difficulté majeure : suite au précédent reportage, les habitants de la cité Balzac et les autres protagonistes se méfient des caméras. Ils ont tous subi des répercussions après la diffusion de La Cité du mâle, comme le montrent les extraits de la contre-enquête. "Quand on me voit dans la rue, on me pose la question : quel genre de mère vous êtes ?", témoigne une femme que l'on voyait, dans le documentaire de Cathy Sanchez, s’esclaffer aux horreurs prononcées par son fils (voir la vidéo). Elle soutient pourtant qu’elle ne riait pas à cette phrase, mais à un tout autre moment.

Deux jeunes filles affirment aussi avoir été instrumentalisées par la réalisatrice. Dans La Cité du mâle, elles parlent des "filles faciles" : "Dans une cave, on sait pertinemment qu’il y a des trucs et c’est à éviter." Des propos accolés à un commentaire évoquant l’histoire de Sohanne. Mais elles sont catégoriques : Cathy Sanchez n’a jamais abordé cette affaire.

Aujourd’hui, les deux amies se sont justifiées auprès de la famille et craignent d'anciens proches de Sohanne "qui veulent les retrouver pour leur demander des comptes", dixit Ladji Real.

Approximations en série

Assia, étudiante d’une vingtaine d’années, habite dans la cité Balzac depuis toujours. Marinière près du corps, jean ajusté et coiffure soignée, elle ne correspond pas vraiment aux stéréotypes dépeints dans La Cité du mâle. La jeune fille est venue à la conférence de presse pour témoigner et rapporter les nombreuses erreurs contenues dans le documentaire. Par exemple, une des premières scènes montre une tour détruite, présentée comme celle où habitait Sohanne. En réalité, elle ne résidait pas dans ce bâtiment, mais dans celui d'à côté, qui est intact.

Autre approximation : aucun des personnages apparaissant dans le film n'habite le quartier.

"Le lendemain de la diffusion, j’en ai parlé avec mes copines et on s’est dit : mais ils ne parlaient pas de nous !", explique Assia. "Ce documentaire n’est pas du tout révélateur de la relation garçons-filles à Balzac."

Didi N’Diaye, rappeur et directeur d'un centre de quartier à Vitry, a participé au tournage de La Cité du mâle. Pourtant, il n’apparaît pas à l’écran.

"Je pense qu’elle [Cathy Sanchez] voulait du sensationnel (…). Elle nous a entre guillemets boycottés car on n’avait pas le discours qu’elle attendait", rapporte le jeune homme.


En soutenant ce documentaire, l’Addoc espère alerter et appelle à "un retour à une certaine éthique". "On atteint un stade élevé de mensonge et de manipulation des images", regrette le réalisateur Daniel Kupferstein.

La contre-enquête de Ladji Real devrait être terminée début janvier. Il ne lui reste plus qu’à trouver un diffuseur.

Emilie Guédé

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Message  verié2 Jeu 16 Déc - 15:04

C'est bien que, pour une fois, ce bidonnage soit clairement dénoncé, et que cette démystification puisse avoir un écho relativement large. Nous sommes en effet en présence d'une véritable campagne de stigmatisation des jeunes de banlieue avec la multiplication des docus et fictions - Journée de la jupe, La cité du mâle, Fractures, et sans doute d'autres, auxquels s'ajoutent les vrai-faux reportages. Or, une des conséquences de ces campagnes, c'est non seulement de renforcer le racisme et par voie de conséquences l'extrême droite (qui jubile à chacune de ces diffusions), mais de rendre encore plus difficile la situation des jeunes de banlieue. Comment se présenter devant un patron quand a pour adresse... la cité du mâle ou une autre du même genre ?

Une enquête publiée par Le Monde nous apprend que 43 % des jeunes hommes des cités dites "sensibles" sont au chômage. Un constat terrifiant, sans doute inférieur à la réalité car aux chômeurs s'ajoutent les précaires, serveurs de McDo, livreurs de pizzas à temps partiel etc et les intérimaires. Bien entendu, c'est un aspect qu'aucun des trois films cités ne met en avant, bien au contraire tous soulignent que le chômage et la discrimination ne doivent pas être considérés comme des "excuses" aux comportements a-sociaux, même pas des circonstances atténuantes. Comment, dans ces conditions, les millions de personnes qui ne connaissent ces cités qu'au travers de ces docus bidonnés et fictions de propagande pourraient-ils se sentir solidaires des révoltes des jeunes ?

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Message  sylvestre Ven 17 Déc - 12:09

Dans la bande-annonce, j'ai noté le passage où Okito dit "Moi, à la base je suis chrétien, je sais pas pourquoi ils ont dit que j'étais musulmans, ils doivent avoir quelque chose contre les musulmans..." C'est vrai que le culot des potes de Daniel Leconte est stupéfiant !
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Message  sylvestre Mar 25 Jan - 11:52

Un documentaire contre « La Cité du mâle » : contre-enquête et résistances (avec vidéos)
sylvestre
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Message  verié2 Mar 25 Jan - 12:08

A noter aussi, ce soir, sur France 5, à 20 H 35, un docu intitulé Les bandes le quartier et moi. Le réalisateur, Atisso Medessou, a voulu aller à contre-courant de la campagne de stigmatisation de la jeunesse des cités, dépasser les fantasmes, en montrant que bandes n'est pas synonyme de délinquance et qu'un groupe de jeunes, ça peut aussi être un moyen de socialisation, de convivialité, de chaleur humaine.

Evidemment, Médessou se fait allumer par le supplément TV du Monde (dimanche 23)qui titre "Une vision exagérément positive du climat dans les cités". Alors que le même journal (et beaucoup d'autres) avaient encensé La journée de la jupe, Fracture et même La cité du mâle... avant que le scandale du bidonnage n'ait éclaté...


verié2

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