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Conflit social de 38 jours dans un Monoprix

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Message  Achille Ven 3 Aoû - 22:27

A Paris, fin d'un conflit social de 38 jours dans un Monoprix

Le Monde.fr | 03.08.2012 à 18h35 • Mis à jour le 03.08.2012 à 18h41

Par Laure Beaulieu

Un stand de vente de sandwiches et de gâteaux, des drapeaux rouges de la CGT et du Front de gauche : l'entrée du Monoprix rue de la Roquette dans le 11e arrondissement de Paris a des airs peu communs, ce vendredi 3 août. Dans le magasin, les clients, peu nombreux, font leurs courses sans ciller ; l'ambiance à l'extérieur, quoique festive, est beaucoup plus tendue. Depuis le 27 juin, trente salariés sur les quatre-vingt-cinq du magasin sont en grève, après une précédente mobilisation en décembre.

Sous-effectif chronique, polyvalence des postes occupés, collègues absents jamais remplacés : les salariés n'en peuvent plus. "Le plus souvent, nous ne sommes que deux dans le rayon, alors que l'on devrait être au moins trois", raconte Makam Kamissok, qui travaille au rayon fruits et légumes depuis deux ans. Aux caisses, c'est encore pire : pas de pause pendant le service, même pour aller aux toilettes ou passer un coup de téléphone urgent. Les effectifs sont tellement réduits que "les clients doivent faire la queue pendant trois quarts d'heure, une heure le soir", relate Béatrice, chef de caisse depuis cinq ans rue de la Roquette.

Les salariés se plaignent également de mauvais rapports avec la nouvelle directrice du magasin, nommée il y a un an par le groupe, et considérée comme "en grande partie responsable de la situation", selon Rémi Picaud, secrétaire général adjoint CGT-Commerce Paris. Autoritarisme, manque de respect, pour plusieurs salariés, le magasin était devenu "comme une dictature". Sollicitée par LeMonde.fr, la directrice du magasin n'a pas souhaité s'exprimer.

Depuis trente-huit jours, la relation entre grévistes et la direction s'est peu à peu dégradée. Assignés deux fois en justice par la direction, les grévistes ont perdu le 10 juillet et ont dû cesser le blocage et l'occupation du magasin. Puis, le 26 juillet, le tribunal d'instance leur a donné raison face à la direction, qui les accusait de provoquer "des nuisances sonores à l'intérieur et à l'extérieur du magasin". Soutenus par la CGT Paris et le Front de Gauche, les salariés n'ont pas baissé les bras. Une pétition de soutien à leur mouvement a recueilli 6 000 signatures, une collecte a été organisée pour les aider financièrement, et les militants syndicaux ont distribué des tracts pour mobiliser autour de leur action. Les élus Front de Gauche ont, eux, déposé un vœu au Conseil de Paris le 9 juillet, demandant au maire de Paris d'ouvrir le débat avec la direction. "Nous sommes tous au smic, la direction pensait que nous ne tiendrions pas longtemps, certainement pas un mois en tous cas. C'est grâce à la solidarité ça a marché."

"ON A GAGNÉ, ON A GAGNÉ"

Vendredi 3 août à midi, les grévistes sont réunis devant le magasin pour décider s'ils acceptent ou non l'accord proposé la veille par la direction. "De mon point de vue, vous avez gagné", assure Karl Ghazi, secrétaire général de la CGT-Commerce Paris. "L'accord prévoit le remplacement des salariés absents dans un délai de trois à cinq jours maximum, la création de deux caisses supplémentaires d'ici à fin octobre, la création d'un poste en plus de caissière en CDD d'ici à fin septembre, des temps de pause au moment opportun pour vous, et une étude pour réorganiser le fonctionnement aux caisses", précise-t-il. La plupart des revendications sont donc satisfaites, même si les engagements sur les créations définitives de postes restent flous – les grévistes acceptent de signer.

Quelques dizaines de minutes plus tard, la déléguée syndicale du personnel revient avec l'accord définitif signé par la direction. C'est l'explosion de joie. "On a gagné, on a gagné", "So-so-solidarité", clament en cœur les grévistes, et la centaine de militants Front de gauche, du Parti Communiste et CGT présents. Pour fêter leur victoire, les – désormais anciens – grévistes entrent dans le magasin pour "un tour de la victoire et de la joie".

Les clients médusés et circonspects les observent déambuler entre les rayons, avec leurs drapeaux et leurs slogans. Au détour d'une allée, ils croisent la directrice, le calme revient immédiatement, et un froid s'installe. "Nous reviendrons ici autant de fois qu'il le faut pour faire respecter l'accord signé", rappelle K. Ghazi. A la sortie, les salariés se jettent des confettis. Reste maintenant aux salariés de la rue de la roquette à reprendre le travail. Et à joindre les deux bouts dans les prochains mois : "Il y a une chose que l'on n'a pas obtenue, précise Karl Ghazi, c'est le paiement des jours de grève."

Achille

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