On est là !
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On est là !
L'Humanité :
Vivre, lutter, filmer, où la vie vous mène
Le cinéaste, Luc Decaster, a filmé des salariés en lutte pour l’application du droit du travail et l’obtention de papiers. Double laboratoire du réel et de ses représentations.
On est là ! , de Luc Decaster. France, 1 h 50. Ils sont là : une trentaine d’employés de la société de nettoyage Clean Multiservices. Une majorité d’hommes et quelques femmes qui occupent le siège de leur entreprise. Luc Decaster, cinéaste, suit de longue date le monde ouvrier. En caméra directe il saisit ici les salariés sur un quai de gare, file avec eux les rues printanières d’une banlieue du Val-d’Oise, installe ses objectifs au plus près du combat qu’ils vont mener. Nombre d’entre eux, malgré des années de labeur en France, n’ont pas de papiers et comptent en obtenir. Tous entendent faire respecter un droit du travail trop longtemps bafoué. Comme dans chacun de ses films, de Rêve usurpé à Rêve d’usine, Luc Decaster s’emploie en priorité à rendre visibles ceux que l’histoire oublie ou réduit, la complexité de leur humanité, leurs capacités de résistance. Ce dessein, pour noble qu’il soit, n’est pas une fin mais semble pour Decaster constituer la matrice de ses films.
À l’instar de la lutte qui s’entame et suscitera tant de questions, modifiant les esprits et les cœurs, la recherche cinématographique empreinte l’écran à mesure de ses questionnements et des choix opérés. Cas de conscience. Cadrages et prises de son scrutent l’individu dans le collectif. L’image distingue visages et postures sans en amputer le groupe qui fait corps. Il faut se rapprocher afin de percevoir le processus des négociations à l’œuvre, les discussions qui en nouent les étapes dans la variété des langues d’Afrique et de leurs traductions. Parfois, le retrait s’impose, quand les hommes, alors massés de dos, procèdent entre eux à des échanges qui ne regardent qu’eux. La réussite du parcours est due pour beaucoup à la hauteur des enjeux et des comportements quand l’action est circonscrite à une cour, quelques bureaux, un couloir, une fenêtre aux barreaux muets. C’est en filmant le temps humain que Luc Decaster ouvre la profondeur de champ. Le directeur de la société, invisible messager d’une instance cupide, tentera sans cesse d’égarer et de diluer, de ratiboiser les droits et les indemnités, menaçant de mettre la clef sous la porte à chaque impasse. Dans l’embrasure, un salarié pensif barre le seuil à la honte de ces marchandages patronaux. Au temps présent de l’occupation, de ses fatigues et impatiences, de ses attentes minées d’incertitudes répondent les temps longs des voyages qui ont mené ces hommes ici, les années écoulées depuis, de vrais temps pleins en faux temps partiels. Ils doivent combler le puits de mensonges qui les privent de la régularisation que permet un contrat de travail correct d’une multitude de « preuves de présence ». Dossiers en souffrance. Tout au long, la lumière tombera à l’aplomb de ses contrastes, le disputant à l’émotion. Tous ceux qui ont planté le piquet de grève l’ont tenu jusqu’à la fin. Les modifications du réel se conjuguent à celles de sa représentation en une joyeuse levée de camp, dispersion au pas de gymnastique dans la nuit qui rougeoie.
D. W.
Dans 2 salles en région parisienne :
Espace St michel (5e) et Apollo à Pontault-Combault (77)
Vivre, lutter, filmer, où la vie vous mène
Le cinéaste, Luc Decaster, a filmé des salariés en lutte pour l’application du droit du travail et l’obtention de papiers. Double laboratoire du réel et de ses représentations.
On est là ! , de Luc Decaster. France, 1 h 50. Ils sont là : une trentaine d’employés de la société de nettoyage Clean Multiservices. Une majorité d’hommes et quelques femmes qui occupent le siège de leur entreprise. Luc Decaster, cinéaste, suit de longue date le monde ouvrier. En caméra directe il saisit ici les salariés sur un quai de gare, file avec eux les rues printanières d’une banlieue du Val-d’Oise, installe ses objectifs au plus près du combat qu’ils vont mener. Nombre d’entre eux, malgré des années de labeur en France, n’ont pas de papiers et comptent en obtenir. Tous entendent faire respecter un droit du travail trop longtemps bafoué. Comme dans chacun de ses films, de Rêve usurpé à Rêve d’usine, Luc Decaster s’emploie en priorité à rendre visibles ceux que l’histoire oublie ou réduit, la complexité de leur humanité, leurs capacités de résistance. Ce dessein, pour noble qu’il soit, n’est pas une fin mais semble pour Decaster constituer la matrice de ses films.
À l’instar de la lutte qui s’entame et suscitera tant de questions, modifiant les esprits et les cœurs, la recherche cinématographique empreinte l’écran à mesure de ses questionnements et des choix opérés. Cas de conscience. Cadrages et prises de son scrutent l’individu dans le collectif. L’image distingue visages et postures sans en amputer le groupe qui fait corps. Il faut se rapprocher afin de percevoir le processus des négociations à l’œuvre, les discussions qui en nouent les étapes dans la variété des langues d’Afrique et de leurs traductions. Parfois, le retrait s’impose, quand les hommes, alors massés de dos, procèdent entre eux à des échanges qui ne regardent qu’eux. La réussite du parcours est due pour beaucoup à la hauteur des enjeux et des comportements quand l’action est circonscrite à une cour, quelques bureaux, un couloir, une fenêtre aux barreaux muets. C’est en filmant le temps humain que Luc Decaster ouvre la profondeur de champ. Le directeur de la société, invisible messager d’une instance cupide, tentera sans cesse d’égarer et de diluer, de ratiboiser les droits et les indemnités, menaçant de mettre la clef sous la porte à chaque impasse. Dans l’embrasure, un salarié pensif barre le seuil à la honte de ces marchandages patronaux. Au temps présent de l’occupation, de ses fatigues et impatiences, de ses attentes minées d’incertitudes répondent les temps longs des voyages qui ont mené ces hommes ici, les années écoulées depuis, de vrais temps pleins en faux temps partiels. Ils doivent combler le puits de mensonges qui les privent de la régularisation que permet un contrat de travail correct d’une multitude de « preuves de présence ». Dossiers en souffrance. Tout au long, la lumière tombera à l’aplomb de ses contrastes, le disputant à l’émotion. Tous ceux qui ont planté le piquet de grève l’ont tenu jusqu’à la fin. Les modifications du réel se conjuguent à celles de sa représentation en une joyeuse levée de camp, dispersion au pas de gymnastique dans la nuit qui rougeoie.
D. W.
Dans 2 salles en région parisienne :
Espace St michel (5e) et Apollo à Pontault-Combault (77)
alexi- Messages : 1815
Date d'inscription : 10/07/2010
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