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J. Edgar de Clint Eastwood

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Message  verié2 Jeu 12 Jan - 12:51

J. Edgar Hoover fut le patron absolu du FBI pendant 48 ans, jusqu'à sa mort en 1972, à 77 ans, sous Nixon. Il fut donc mêlé à tous les coups tordus. Anti-communiste acharné, il participa évidemment à la chasse aux sorcières, mais aussi persécuta toutes les organisations progressistes et contestataires, par exemple les mouvements d'émancipation des Noirs contre la ségrégation raciale. Hoover était connu aussi pour faire surveiller et écouter les autres politiciens et posséder un fichier redoutable.

Un film sur ce sinistre personnage aurait donc été l'occasion de montrer la brutalité de la politique de classe de la bourgeoisie américaine, dont Hoover ne fut qu'un exécutant zélé, même s'il bénéficiait d'une relative autonomie grâce à son habileté manipulatrice.
(Aucun président n'est parvenu à le virer...)

Clint Eastwood en se concentrant sur la psychologie qu'il prête à tort ou à raison au personnage est passé, à mon avis, en grande partie à côté de son sujet. Cinéaste et acteur de talent, Eastwood n'est réputé ni pour sa subtilité ni pour sa vision politico-sociale qui, dans ses meilleurs films, ne dépasse pas un vague humanisme, mais dans les plus mauvais sombre dans l'apologie de la vengeance et de la répression.

Le début du film montre certes la violence de la répression contre les communistes et anarchistes, au moment de la "peur rouge" suscité par la révolution russe, mais au passage il confond un peu les anarchistes poseurs de bombes avec les communistes. Mais ensuite, le film est singulièrement indulgent à l'égard de Hoover montré surtout comme une sorte d'intégriste obsédé par la sécurité de ses concitoyens. La répression contre le mouvement noir n'est montré que sous la forme d'une lettre de chantage adressée à Martin Luther King, les assassinats en série de militants sont zappés. (L'exécution de King lui-même fut d'ailleurs très probablement l'oeuvre du FBI).

Les compromissions de Hoover avec la mafia ne sont pas montrées non plus, ce qui n'aurait pas cadré avec l'intransigeance prêtée au personnage. Car, si Hoover était implacable avec tout ce qui ressemblait de près ou de loin à une organisation communistes, progressiste ou simplement démocratique, il copinait avec les mafieux.

On s'étonne aussi que la persécution des homosexuels par Hoover ne soit pas davantage évoquée (alors qu'il était lui-même homosexuel, ce que le film montre en revanche, en s'étendant (trop) longuement sur son histoire d'amour avec son principal collaborateur.

Enfin, certaines scènes sont peu crédibles, par exemple quand ce fidèle collaborateur et amant lui déclare que ce ne serait pas légal d'espionner les journalistes sur ordre de Nixon, alors qu'ils passaient leur temps depuis des dizaines d'années à espionner tout le monde...

Bref, un film intéressant mais décevant par divers aspects, et un peu longuet. Mais peut-être ne fallait-il pas en attendre davantage de Clint Eastwood...


verié2

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