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Ni Putes Ni Soumises

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verié2
sylvestre
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Message  sylvestre Sam 22 Oct - 14:53

http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20111021.OBS3030/scandale-a-ni-putes-ni-soumises.html

Scandale à Ni Putes Ni Soumises ?

Publié le 21-10-11 à 21:40    Modifié le 22-10-11 à 12:06     par Le Nouvel Observateur     21 réactions

Un mystérieux mail dénonce les abus de Sihem Habchi, présidente du mouvement. Huit salariés sont en grève et toute une gestion est mise en cause. Des militantes témoignent.  Par Marie Vaton et Elsa Vigoureux

L’association de défense des femmes violentées, aussi puissante que controversée, est aujourd’hui en roue libre. KENZO TRIBOUILLARD / AFP L’association de défense des femmes violentées, aussi puissante que controversée, est aujourd’hui en roue libre. KENZO TRIBOUILLARD / AFP

C’est la grève à Ni Putes Ni Soumises (NPNS). Mais personne ne doit le savoir, ni les militants, et encore moins les journalistes. Alors, non rien à dire, "on ne communique pas". Trois cents mètres carrés de locaux au milieu du 20ème arrondissement de la capitale, et rien que huit grévistes attablés au milieu d’une salle quasi-déserte, s’affolent à l’idée que l’affaire s’ébruite. Derrière eux, comme tenues à l’écart du secret, des jeunes filles en service civil planchent dans des salles aux portes closes. Les salariés, Gabrielle Apfelbaum, directrice de la communication, Fanny Derenne, coordinatrice du mouvement, Jean-François Laloué, responsable des relations institutionnelles, organisent des assemblées générales chaque jour, qui se tiennent depuis vendredi dernier entre les murs blancs et rose fushia de l’association. Le bureau de la comptabilité est fermé à clef. Celui de la présidente aussi. Sihem Habchi se terre quelque part.  

L’association de défense des femmes violentées, aussi puissante que controversée, est aujourd’hui en roue libre. Que se passe-t-il ? "Nous sommes grévistes, mais cette situation se gère avec les instances dirigeantes", assène-t-on en chœur. Et circulez, y’a rien à voir : "C’est la fin de notre entretien. On vous raccompagne ?". Pas un mot donc sur le mystérieux "corbeau", un certain "Harry Potter", auteur d’un mail incendiaire sur la gestion de l’association. 

Des frais de bouche "scandaleux"

La missive anonyme court les boîtes de messagerie des militants NPNS et de leurs partenaires associatifs. Le titre : "Sihem Habchi tue Ni Putes Ni Soumises". Deux pages et demi d’allégations pour dénoncer "conflits d’intérêt et mélange des genres" dans l’association. Où Sihem Habchi est accusée de placer les siens. Deux de ses sœurs siègent au Conseil d’Administration. Son compagnon a refait le site de l’association pour la modique somme de 20.000 euros. Où il est reproché à Sihem Habchi de ne se déplacer qu’en taxi sur le compte exclusif de l’association, 072413 chez taxis Bleus : "les factures peuvent atteindre 3.000 euros par mois".  Où il est indiqué que Sihem Habchi se ferait rembourser des frais de bouche et de téléphone "scandaleux" sans lien avec ses fonctions : "800 euros parfois pour un seul mois". Selon le corbeau "Sihem Habchi confond (…) l’association avec son entreprise à elle".

Il n’y a pas que lui. Sur le terrain, les témoignages pleuvent. "Tyrannique", "despotique", la jeune femme présidente du mouvement le viderait désormais de tout son sens. "On a d’abord essayé de changer les choses en interne, mais personne n’a réagi, au Conseil d’Administration comme ailleurs", indique Bouchera Azzouz, ancienne secrétaire générale de NPNS arbitrairement débarquée en 2009.

"J'ai fini chez le psy"

Comme une cocotte-minute, l’association explose. Sur ces quatre dernières années, un turn-over qui dépasse la normale avec une vingtaine de départs de jeunes femmes trop souvent poussées à bout. Plusieurs d’entre elles, dont Alia* sont parties en dépression : La jeune femme, payée 1.500 euros net par mois pour intervenir en zones sensibles, enchaînait les heures supplémentaires et payait de sa poche ses tickets de transport : "A la fin, je faisais même le ménage dans les locaux. Elles m’ont détruite, j’ai fini chez le psy", dit-elle aujourd’hui.

Une autre raconte qu’elle devait prendre sur ses propres deniers face à la détresse d’une femme qui ne savait où dormir. "Je voulais qu’il y ait un fonds de roulement de 300 euros à l’accueil pour réagir dans pareille situation, raconte Warda. Rien n’est venu". Et quand elle a monté son comité local, "le national ne nous a jamais versé le moindre sou, raconte Warda. Même en 2008, alors qu’il nous manquait  1.000 euros pour finir l’année. Par contre, nos initiatives sont reprises dans le rapport d’activités annuel de Ni Putes Ni Soumises".

"je me demande où sont passé les subventions"

Ni Putes Ni Soumises ne manquait pourtant vraiment pas d’argent. Subventionnée à hauteur de 500.000 euros par an, elle fait partie des associations les mieux loties de France. Mais d’anciennes bénévoles et salariées continuent de s’interroger. Sarah, ancienne vice-présidente de NPNS, a participé à l’opération "Tremplin pour le respect" en 2008 : "je me demande où sont passé les subventions, étant donné que tout reposait sur le système D, et qu’aucun prestataire n’a été payé". D’autant que l’Education nationale a déboursé 11.000 euros pour ce projet.

Du coup, les financements se font plus rares. La région Ile-de-France a cessé d’alimenter l’association depuis trois ans. L’Acsé (Agence nationale pour la Cohésion sociale et l’égalité des chances), qui finançait cinq postes d’adultes relais sur le terrain à hauteur de 100.000 euros, et offrait des subventions à hauteur de 155.000 notamment pour la plate-forme d’accueil aux victimes, n’a pas encore renouvelé son partenariat. 

"Elle ne va pas très bien"

Du côté des instances dirigeantes, Jean-Marie Heussner, membre du Conseil d’Administration, assure qu’il n’y a à NPNS "aucun problème d’argent". Il réduit la situation à laquelle l’association est aujourd’hui confrontée à "des affaires de jalousie, des conflits de personnes, parce que l'association est un lieu de pouvoir et d’enjeux". Et promet de 'tout faire pour sortir de la crise et de la grève en privilégiant toujours l’indépendance de l’association".

Et pour défendre la présidente de l’association, Sihem Habchi, Jean-Marie Heussner indique que l’usage des taxis est "lié à des questions de sécurité, car elle a été menacée de mort à plusieurs reprises". Que si ses sœurs sont au Conseil d’Administration, c’est qu’elles sont "militantes". Enfin, il dit que si Sihem Habchi, que le "Nouvel Observateur" a cherché à contacter à de nombreuses reprises, est injoignable aujourd’hui...c’est qu’elle "ne va pas très bien en ce moment". A suivre.

Marie Vaton et Elsa Vigoureux - Le Nouvel Observateur





Dernière édition par sylvestre le Jeu 19 Sep - 15:35, édité 1 fois
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Message  verié2 Sam 22 Oct - 15:42

Réjouissant, mais pas très surprenant...
Il était de notoriété publique que la nébuleuse d'associations du holding chapeauté par Julien Dray était minée par la corruption et ne vivait que de subventions publiques. Que le comportement de Sihem Habchi soit à l'image de celui de son ancienne patronne Fadela Amara est donc logique...

On notera que les grévistes, s'ils contestent la gestion de ce fonds de commerce et les passe-droits que s'octroient leur patronne, ne remettent pas en cause sa "ligne politique", laquelle a essentiellement consisté au cours de ces dernières années à soutenir les campagnes islamophobes du gouvernement - NPNS avait même obtenu une subvention spécifique pour remettre les femmes intégralement voilées dans le droit chemin..

Remarquons encore que cette corruption reste minable et dérisoire à côté de celle des Eric Woerth, DSK, Tapie et cie...

Le plus triste, ça reste tout de même qu'une partie de l'extrême-gauche ait encensé NPNS...


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Message  sylvestre Lun 31 Oct - 17:00

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/10/31/97001-20111031FILWWW00369-npns-sihem-habchi-va-demissionner.php

NPNS : Sihem Habchi va démissionner

La présidente de Ni Putes Ni Soumises (NPNS), Sihem Habchi, dont la gestion était contestée en interne, s'est engagée à quitter ses fonctions le 19 novembre et l'association élira une nouvelle présidente en décembre, a-t-on appris lundi auprès du mouvement. La présidente "s'est engagée par écrit à démissionner, en marge d'un protocole qui a mis fin à une grève des salariés" du siège de deux semaines du 14 au 28 octobre, a indiqué Rachida Benahmed, présidente du comité de Meaux.

Sihem Habchi, qui avait succédé à Fadela Amara quand celle-ci avait intégré le gouvernement de François Fillon fin 2007, n'a pas pu être jointe malgré plusieurs tentatives depuis une dizaine de jours. Selon un communiqué du mouvement datant de vendredi, "le bureau et les salariés du siège national ont signé un accord de fin de grève sous la forme d’un protocole de fin de conflit".

Le texte ne donne aucune indication sur les raisons de la grève observée par huit des neuf salariés du siège, ni sur les revendications de ces derniers. Des sources proches du mouvement ont indiqué qu'ils demandaient le départ de Habchi dont "ils dénonçaient la gestion" et la "tyrannie". Une nouvelle présidente sera élue lors d'un congrès prévu les 9, 10 et 11 décembre. "Salariés, instances dirigeantes et comités travailleront de concert pour l’organisation d’une élection démocratique", précise le texte.

Ses adversaires lui reprochent notamment une mauvaise gestion des fonds de son association et de s'être exprimée au nom du mouvement alors qu'elle était porte-parole d'Arnaud Montebourg, lors de la campagne pour les primaires socialistes.
Créée en 2003 pour défendre les jeunes filles dans les quartiers après l'assassinat d'une adolescente brûlée vive dans sa cité, NPNS est absente dans les banlieues où l'association est décriée.

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Message  sylvestre Ven 9 Déc - 18:54

En crise, Ni putes ni soumises cherche un second souffle
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Message  verié2 Ven 9 Déc - 19:27

sylvestre a écrit:En crise, Ni putes ni soumises cherche un second souffle
L'éclairage que donne la sociologue Nacira Guènif-Souilamas, une des "marraines" de NPNS à ses débuts, dans Le Monde d'aujourd'hui dans une interview titrée
NPNS est un mouvement de surface sans aucune prise avec les réalités locales est aussi très intéressant et instructif. A lire d'urgence pour ceux qui ont nourri des illusions dans cette officine grassement subventionnée par le pouvoir dès ses débuts.
http://www.lemonde.fr/societe/article/2011/12/09/npns-est-un-mouvement-de-surface-sans-aucune-prise-avec-les-realites-locales_1616101_3224.html

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Message  Vals Ven 9 Déc - 23:09

Raison de plus pour que se construisent (ou se recontruisent) des mouvements féministes plus larges et plus combatifs pour écraser ou au moins faire reculer la pègre machiste qui écrase le droit des femmes dans de nombreux quartiers populaires.....Des exemples récents montrent qu'ont peut faire régresser la crapulerie islamiste dans certains quartiers ouvriers, en particulier quand on n'entretient aucune complicité avec les religieux et les barbus.....
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Message  Roseau Sam 10 Déc - 0:51

Vals s'était déjà déclaré ouvertement "islamophobe"...("forme de racisme" selon le Petit Robert).

Cette façon de ramener le féminisme à la lutte contre le machisme dans les "quartiers"
en est la parfaite illustration.

Il ferait mieux de ne pas botter dans le fumier islamophobe
et rendre des comptes sur le soutien de la Direction de LO
à la curieuse association qui a pour nom NPNS.
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Message  sylvestre Jeu 19 Sep - 15:35

Menacé de disparition, Ni Putes, Ni Soumises lance un appel aux dons
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Message  Toussaint Ven 20 Sep - 1:58

«La situation est très préoccupante parce que le mouvement Ni Putes Ni Soumises est menacé de disparaître faute de financement», a ainsi expliqué Marine Boudsocq, chargée de communication de l’association, à l'AFP. «On est essentiellement financés par les subventions publiques et ces subventions ont chuté», a-t-elle encore dit.

«Il y a eu une baisse de 46% des subventions publiques entre 2011 et 2012 et une baisse continue en 2013», a-t-elle indiqué, notant que «plusieurs subventions (leur) ont été refusées» car «la crise financière frappe durement le budget de l’Etat».
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Message  Roseau Ven 20 Sep - 2:16

La patrone Amara mise en selle par le PS
et soutenue par des islamophobes irresponsables
s'est jetée sur la soupe de Sarkozy

L'ex-présidente Sihem Habchi a démissionné en décembre dernier
pour affronter des accusations de mauvaise gestion des fonds...

Ni Pèse Ni Soupe ?



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Message  verié2 Ven 20 Sep - 8:58

«Il y a eu une baisse de 46% des subventions publiques entre 2011 et 2012 et une baisse continue en 2013»
Il faut un certain talent pour bouffer à tous les râteliers et piquer dans la caisse sans finir par se fâcher avec tout le monde. Dans le genre, Tapie est plutôt plus doué que Amara et sa clique...

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Message  verié2 Mer 13 Avr - 19:44

Fadela Amara, le come back :
Fadela Amara : l'ex-ministre de Sarkozy rentre au bercail !
Ancienne ministre du gouvernement Fillon, l'ex-présidente de Ni putes ni soumises rejoint une fédération destinée à soutenir le PS en vue de 2017.

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Message  gérard menvussa Ven 17 Juin - 22:01

y'a aussi les procès : vu sur médiapart...

Des «gros bras» de SOS Racisme accusés de violences lors d'une réunion féministe
15 juin 2016 | Par Feriel Alouti

Des membres du service d'ordre de SOS Racisme sont poursuivis pour avoir violenté et menacé des militantes féministes lors de la réunion constituante de leur association. Celle-ci devait marquer la rupture avec Ni putes ni soumises, alors que la présidente de ce mouvement, Fadela Amara, venait d'intégrer le gouvernement Fillon. Le procès a eu lieu mardi 14 juin… plus de huit ans après les faits.


En février 2008, plusieurs hommes du service d’ordre de SOS Racisme ont fait irruption dans une réunion organisée par des militantes féministes, qui les accusent d'avoir été menaçants et de les avoir agressées. Une affaire de règlement de comptes pour les plaignantes, une banale histoire de « beuverie » pour la défense. Au terme d’une instruction interminable, le procès s’est finalement tenu mardi 14 juin.

Avant de rappeler le déroulé des événements, la présidente de la Xe chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Paris commence par une mise au point. Elle est là pour juger les personnes poursuivies pour les faits qui leur sont reprochés, pas pour se prononcer sur l'existence ou non d'un commanditaire. Sur le banc des prévenus, ils auraient dû être quatre, mais deux hommes n'ont pas fait le déplacement. Le premier rencontre des « problèmes psychiques », assure son avocat. Le second a disparu dans la nature.

Ces hommes sont jugés pour « violences en réunion avec préméditation, dégradations graves par effraction et menaces de crime ». L’affaire remonte au 3 février 2008. Ce jour-là, selon le récit qu'en fait la magistrate, l’association féministe Les insoumises organise une réunion dans les locaux professionnels de l’une des membres. L’objectif est de créer les statuts de l’association. Mais vers 16 h 15, un commando de « quatre ou cinq hommes », dont certains avancent le visage couvert, débarquent dans la salle et « renversent la table ». Le meneur « saisit par les épaules » l’une des participantes et partie civile au procès. Il tente de la frapper au visage mais « son coup est amorti » parce que quelqu'un s'interpose. Avant de s’en aller, il lance à la cantonade : « Vous avez compris, c’est terminé pour vous ! »

Parmi les 14 participants à la réunion, certains reconnaissent aussitôt Farid B. et Gilles G., deux « gros bras » du service d’ordre de SOS Racisme. Les enquêteurs identifieront par la suite deux autres individus. Dès le début de l’audience, la présidente du tribunal rappelle le contexte particulier dans lequel intervient cette intrusion. À l’époque, une tornade s’abat sur le mouvement Ni putes ni soumises (NPNS) : sa présidente, Fadela Amara, figure de gauche, vient d’accepter d'entrer dans le gouvernement Fillon en tant que secrétaire d'État chargée de la politique de la Ville. Cette trajectoire est perçue comme une « trahison » par bon nombre de militantes.

Dès lors, un conflit éclate autour de sa succession à la tête de NPNS. Safia Lebdi, co-fondatrice et première vice-présidente, pressentie pour prendre la suite, est évincée au profit de Sihem Habchi, une proche de la nouvelle secrétaire d’État. Safia Lebdi et d’autres décident alors de quitter le mouvement pour lancer une association dissidente, Les insoumises. « Je pense que c’est le service d’ordre de SOS Racisme qui s’est déplacé aujourd’hui pour nous dissuader de continuer notre association et que l’on disparaisse du paysage », assure la militante, lors de son audition devant les enquêteurs. La menace a fonctionné. « La plupart des personnes n’ont jamais voulu remiliter, elles étaient choquées », constate, à la barre, Safia Lebdi.

Une opération de barbouzerie minutieusement orchestrée ? Aux policiers, Gilles G. soutiendra une tout autre thèse. Une banale « histoire de biture » qui aurait dégénéré à cause d’un conflit personnel avec Safia Lebdi. « Elle disait partout que j’étais un alcoolique et un bon à rien », a-t-il répété durant l’instruction. Le jour de l’audience, les épaules rentrées, le teint rosé, Gilles G. persiste et s’enfonce. Vraisemblablement mal à l’aise, il bafouille, bute sur ses mots mais s’accroche à sa version. Il parle d’un « pétage de plomb » déclarant ne pas se rappeler l’élément déclencheur. La faute à l’alcool et à ses trous de mémoire, dit-il. « Je suis parti en vrille. Quand j’ai bu, je ne me souviens plus. Ce que j’ai fait est lamentable. J’en assume l’unique responsabilité », ajoute-t-il.

Sauf que, depuis le début de cette affaire, les doutes s'amoncellent sur cette histoire de « beuverie ». La présidente lui fait d’ailleurs remarquer qu’il n’était « pas assez ivre pour ne pas répondre au téléphone ». Car ce jour-là, Gilles G. a enchaîné les communications : avec Dominique Sopo, président de SOS Racisme, avec Nordine K., salarié de l’association, avec Sihem Habchi, présidente de Ni putes ni soumises et, même, avec un agent des Renseignements généraux. « Un pur hasard », selon lui. « C’était pour faire le débrief du congrès de la FIDL [syndicat de lycéens] », organisé le même week-end pour lequel Gilles G. supervisait la sécurité.

Lors de sa garde à vue, les policiers retrouveront sur lui un bout de papier avec le numéro de Mohamed Abdi, alors conseiller spécial au cabinet de Fadela Amara. « C’est vieux, ça n’a rien à voir avec cette histoire, dit-il lors de sa première audition. Je voulais un renseignement concernant les formations des éducateurs dans les banlieues. » Avant de changer de version : il aurait obtenu « le matin même » le numéro du conseiller spécial « pour organiser la venue de la secrétaire d’État » au congrès de la FIDL. Qu’en dit Mohamed Abdi ? Impossible de le savoir puisqu’il n’a jamais été auditionné. Également cités comme témoin au procès, lui, Sihem Habchi et l’agent des RG n’ont pas répondu à leur convocation.

Des liens entre les uns et les autres affleurent lors de la procédure, malgré les dénégations. Pendant son audition, Sihem Habchi a déclaré n’avoir jamais eu au téléphone Gilles G., mais, confrontée à sa téléphonie qui prouve qu’elle l’a appelé à trois reprises avant et après les faits, elle finit par modifier ses explications. « J’ai été alertée par Nordine K. qu’il fallait que j’appelle ce numéro. Il m’a indiqué qu’il y avait un problème sans plus de précisions. J’ai appelé le numéro en question, je ne sais pas qui a décroché, une voix d’homme surexcité avec un brouhaha derrière, qui m’a dit quelque chose d’incompréhensible. Et ça a raccroché. » Elle affirme apprendre « réellement » ce qu’il s’est passé en lisant la presse.

L’audition de l’agent des RG, entendu dix-huit mois après les faits, apporte aussi son lot de curiosités. S’il assure avoir appris l’agression par le directeur d’enquête et non par Gilles G. – malgré leurs nombreuses communications –, il explique que « SOS Racisme est un sujet super sensible ». « Il faut savoir que ce que nous écrivons est ensuite finalisé par notre direction et qu’il a pu y avoir des changements », dit-il. Et d’ajouter : « Au départ de cette affaire, il y a possiblement des interventions politiques. » Avant de partir, il propose au juge d’instruction de lui faire parvenir ses deux notes consacrées à l’agression. Yves Madre ne les recevra jamais.

L'absence à la barre de Farid B. chagrine la présidente. « Je regrette qu’il ne soit pas là », répète-t-elle, légèrement ironique. Interrogé sur l'existence d'un donneur d'ordre lors de sa dernière audition, Farid B. répond : « Je ne sais pas qui a commandité cette action mais je suis parfaitement conscient que Safia Lebdi en créant Les insoumises fait de l’ombre à l’association NPNS dont la présidente est Sihem Habchi et, au-dessus d’elle, Fadela Amara et Mohamed Abdi. » Lors de sa garde à vue, il avait d'abord occulté cet aspect. Pourquoi ? « J’ai peur de ce qui va se passer par la suite, vous ne connaissez pas mon avocat [Maître Tricaud, proche de SOS Racisme], ni Gilles G., ni les autres. »

Après cinq heures de débats, Martin Pradel, avocat de Safia Lebdi, relève des « incohérences dans le récit qui montrent à l’évidence qu’on ne dit pas la vérité ». « C’est une affaire de barbouzerie », affirme-t-il. Une affaire qui a bénéficié de « relais » pour que « les choses se tassent un peu ». « Quant à Madre [le juge d’instruction], on ne peut pas lui retirer une chose, c’est sa pugnacité, à l’époque où on qualifie les juges de “petits pois”. »

L’enquête du juge d’instruction est l’autre pendant du dossier. Une enquête laborieuse qui a nécessité six années d’instruction, « une durée plus longue que la moyenne », remarque avec euphémisme le ministère public. Et surtout difficile à mener. Dans son ordonnance de renvoi, le juge d’instruction Yves Madre évoque une enquête « particulièrement mal exécutée par les policiers de la BRDP [la brigade de répression de la délinquance contre la personne] ». Il rappelle l’absence de « fadette » – facture détaillée – pour le président de SOS Racisme à cause d’une « erreur d’opérateur ». Il relève aussi des « retards dans l’exécution des commissions rogatoires » et une « contestation des ordres ». Dans un courrier, il évoque une « transmission partielle » des fadettes demandées : « Je n’en avais que deux et aucune concernant les personnes ayant une certaine notoriété publique ou une responsabilité policière », ne manque-t-il pas de préciser.

Mais la défense n’en démord pas, la « clé du dossier », c’est la « soirée alcoolisée ». « On a tenté de donner [à mon client] une importance qu’[il] n’avait pas », estime, dans sa plaidoirie Dominique Tricaud, l’avocat de Gilles G. Consciente qu’une partie de l’affaire a échappé à la justice, la représentante du ministère public refuse néanmoins que les mis en cause « payent plus parce que d’autres ont échappé » à un procès. Elle requiert entre quatre et dix mois de prison avec sursis. Mais pour les parties civiles, une question reste en suspens. « Pourquoi les prévenus acceptent-ils d’être ainsi carbonisés ? », s'interroge l'un des avocats en marge de l'audience.
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Message  verié2 Sam 18 Juin - 9:45

Intéressant... mais pas vraiment surprenant. J'ai eu affaire à SOS racisme assez longtemps avant cette histoire, dans le cadre d'une mobilisation contre un crime raciste commis par un policier bourré et hors service aux 4000 de la Courneuve. On n'avait jamais vu SOS sur le terrain, la lutte était animée par un comité assez large. Un jour Malek Boutih débarque accompagné de gros bras de ce genre, dans deux bagnoles, dans le style commando. Les gros bras s'emparent - c'est le cas de le dire - de la famille de la victime pour que Boutih puisse poser avec eux devant les caméras TV et faire une déclaration. Inutile de préciser qu'ils se sont fait copieusement huer par la foule et que les parents étaient indignés par cette manipulation. Les gros bras sont devenus menaçants, ils ont assuré la protection de Boutih et lls sont immédiatement remontés dans leurs bagnoles, sous les insultes, et repartis comme ils étaient venus.

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