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Révoluscience, manifeste pour une médiation scientifique émancipatrice, autocritique et responsable

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Révoluscience, manifeste pour une médiation scientifique émancipatrice, autocritique et responsable Empty Révoluscience, manifeste pour une médiation scientifique émancipatrice, autocritique et responsable

Message  gérard menvussa Mer 8 Juin - 23:20

En juillet 2010, le collectif Révoluscience mettait en ligne un manifeste dont le but était de provoquer le débat sur les pratiques de la culture scientifique et technique (CST) et les enjeux liés. Plusieurs des propositions de ce texte rejoignant nos propres réflexions à Sciences et Démocratie, nous avons proposé au collectif de relayer son projet ici. Aussi, pour vous (et nous) permettre d'entrer dans le vif du sujet, le collectif nous livre ici une synthèse des réactions qu'il a déjà reçues et un historique du projet. N'hésitez pas à répondre à son appel.

Pour des pratiques innovantes qui favorisent le débat d’idées et la clarification des valeurs en vue de soutenir les citoyens dans l’élaboration de leurs prises de positions, tant individuelles que collectives.
Pour une médiation scientifique qui propose, sans l’imposer, une vision scientifique du réel laissant la place à d’autres rapports au monde.
Pour une médiation scientifique qui distraie et place la science dans la culture sans occulter l’effort des apprentissages.
Pour une médiation scientifique qui explicite la robustesse et l’objectivité des résultats de la recherche, sans nier le rôle de l’engagement, des valeurs et de l’imaginaire du scientifique dans son travail.
Pour une médiation scientifique qui n’oublie pas le caractère construit de la connaissance scientifique, qu’elle est une représentation du monde et pas la réalité elle-même.

Ce sont quelques unes des 26 propositions que vous pourrez découvrir en intégralité sur le site du manifeste Révoluscience. Pour ceux qui souhaitent en savoir plus, voici la synthèse des réactions suscitées par le manifeste ainsi que l'historique retraçant sa construction.
L'invitation du collectif Révoluscience

Prendre acte et envisager la suite

Après ce retour sur l’initiative collective du manifeste Revosluscience, il nous faut à présent envisager la suite et notamment la continuation des débats et des réflexions sur la médiation et la culture scientifiques. Le dossier du site Sciences et Démocratie y participe notablement, mais d’autres lieux d’échanges et d’interactions sur ces questions sont encore à inventer !

En 2011, un colloque sera organisé par le collectif Revoluscience, dans un lieu de culture scientifique qui reste à déterminer, afin de revenir sur les questions soulevées par la formulation de nos propositions. Les acteurs de la culture scientifique qui se reconnaissent dans l’ensemble ou certaines des propositions du Manifeste pourront ainsi dialoguer. Il s’agira à l’issue de ce colloque d’aboutir à une version définitive de ce texte.

Quant au manque relevé d’ancrage concret des propositions de cette première version, Le groupe Traces, Les Atomes Crochus et Paris-Montagne cherchent actuellement à vous proposer quelques pistes pour y remédier.

A ce stade, nous sommes donc surtout ouverts à toutes les idées que vous auriez quant aux façons de s’approprier concrètement les idées de ce manifeste dans vos pratiques de médiation !

Collectif Révoluscience

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Révoluscience, manifeste pour une médiation scientifique émancipatrice, autocritique et responsable Empty Re: Révoluscience, manifeste pour une médiation scientifique émancipatrice, autocritique et responsable

Message  Invité Jeu 9 Juin - 12:19

L'art et la science: une production sous conditions

(extrait de L'IDEOLOGIE CHEZ MARX: CONCEPT POLITIQUE OU THEME POLEMIQUE ? par Laurent GAYOT, Actuel Marx en Ligne n°32, (15/10/2007)

(...)

Ni l'art ni la science de la nature ne sont des idéologies. Tout au plus peut-il y avoir sur ces deux disciplines un regard idéologique qui oublie que leur déploiement historique s'appuie sur un système productif déterminé.


Commençons par la science. Là encore, les indications figurant dans L'Idéologie allemande sont peu nombreuses et allusives. Mais elles permettent néanmoins d'avancer quelques hypothèses.

« Mais où serait la science de la nature sans le commerce et l'industrie? Même cette science de la nature dite 'pure' n'est-ce pas seulement le commerce et l'industrie, l'activité matérielle des hommes qui lui assignent un but et lui fournissent ses matériaux? »[261].

Ce qui est remis en cause dans ce passage, c'est la conception idéologique des sciences de la nature, conception qui considère que l'évolution de ce secteur du savoir s'opère dans le pur élément de la pensée, indépendamment de tout conditionnement matériel. Or ce conditionnement joue au moins à deux niveaux. Premièrement, les progrès de la recherche s'appuient sur les matériaux que lui fournissent le commerce et l'industrie (certaines substances chimiques par exemple). L'activité matérielle des hommes est donc condition de possibilité du développement de la science. – Et deuxièmement, les exigences du commerce et de l'industrie prescrivent aux chercheurs certains champs d'investigation, certains domaines de recherches. Ce sont donc des intérêts éminemment matériels qui guident le développement des représentations scientifiques. Ce sont eux qui fournissent une source d'impulsion et une orientation à la science. L'influence de la matérialité sur les idéalités s'exerce donc ici au niveau des programmes de recherche. Marx note ainsi que « la grande industrie (...) subordonna la science au capital »[262]. – Ce qu'il est important de remarquer ici, c'est que l'influence du système productif sur la science ne s'exerce pas dans l'ordre des concepts: autrement dit, elle laisse intact le contenu du savoir scientifique. Comme l'écrit Emmanuel Renault, Marx « constate qu'à l'époque de la grande industrie, les sciences sont enrôlées au service de la production, mais il n'en conclut pas pour autant que le savoir scientifique porte intrinsèquement la trace du capitalisme »[263]. Par ailleurs, si le système productif capitaliste stimule les progrès de la recherche, en retour, les découvertes scientifiques autorisent certaines applications technologiques qui favorisent le développement de la production. De sorte qu'existe une détermination réciproque entre science et industrie. Ce que Marx s'est employé à décrire, c'est le « rapport fonctionnel »[264] qui s'est établi entre elles.

Ainsi, ce qui est remis en cause, c'est l'idée selon laquelle les représentations scientifiques s'engendreraient et se développeraient d'elles-mêmes selon une nécessité purement intérieure. Ce développement est au contraire conditionné et guidé par l'activité matérielle des hommes. Il ne bénéficie donc d'aucune autonomie quant à son mode d'existence (même si son contenu n'est pas remis en question).

Enfin, si la science reçoit de l'extérieur (c'est-à-dire de l'industrie) certains de ses matériaux ainsi que les orientations de recherche qu'elle doit suivre, elle-même doit s'organiser en interne afin d'accroître son efficacité. De sorte que la science ne constitue pas seulement un rouage dans la division du travail en régime capitaliste, mais qu'elle-même se trouve organisée par la division du travail. Marx peut donc parler à juste titre de l'« influence de la division du travail sur la science »[265]. Voyons sur un exemple.

« En astronomie, des gens comme Arago, Herschel, Encke et Bessel ont éprouvé le besoin de s'organiser pour effectuer des observations coordonnées et ce n'est qu'à partir de ce moment qu'ils sont arrivés à quelques résultats appréciables. (...) Bien entendu, toutes ces organisations, reposant sur la division du travail à l'époque moderne, ne conduisent encore qu'à des résultats extrêmement limités et ne constituent un progrès que par rapport à l'isolement borné qui était la règle jusqu'ici »[266].

L'enjeu de l'argumentation réside dans une polémique à l'encontre des conceptions qui font reposer les progrès de la science sur les apports fulgurants de quelques génies « uniques ». Les avancées scientifiques sont devenues des oeuvres collectives et requièrent que les scientifiques sortent de leur « isolement borné ».


Le même type de polémique est mené à l'encontre de la conception « génialiste » de l'art telle qu'elle se trouve par exemple chez Stirner.

« Sancho s'imagine que Raphaël a peint ses tableaux indépendamment de la division du travail qui existait à Rome en son temps. (...) Raphaël, aussi bien que n'importe quel autre artiste, a été conditionné par les progrès techniques que l'art avait réalisé avant lui, par l'organisation de la société et la division du travail qui existaient là où il habitait, et enfin par la division du travail dans tous les pays avec lesquels la ville qu'il habitait entretenait des relations. Qu'un individu comme Raphaël développe ou non son talent, cela dépend entièrement de la commande, qui dépend elle-même de la division du travail et du degré de culture atteint par les individus, dans ces conditions.
Stirner, là encore, reste bien au-dessous du niveau de la bourgeoisie lorsqu'il proclame le caractère 'unique' du travail scientifique ou artistique »[267].

On le voit, le parallèle entre l'art et la science se trouve esquissé par Marx et Engels eux-mêmes. Aussi nous semble-t-il possible de transposer à l'activité artistique les remarques formulées à propos des sciences de la nature. Premièrement, le système productif fournit aux artistes un certain nombre de matériaux (marbre pour le sculpteur ou l'architecte, pigments pour le peintre, etc.) sans lesquels son activité ne pourrait évidemment s'exercer. Deuxièmement, la réalisation des œuvres dépend, en partie au moins, des commandes qui sont effectuées. Et enfin, la division du travail organise la production artistique elle-même et, plus profondément, ne conditionne le développement des capacités créatrices que chez un petit nombre d'individus.

« La concentration exclusive du talent artistique chez quelques individualités, et corrélativement son étouffement dans la grande masse des gens, est une conséquence de la division du travail. A supposer même que dans certaines conditions sociales chaque individu soit un excellent peintre, cela n'exclurait en aucune façon que chacun fût un peintre original. (...) Dans une société communiste, il n'y aura plus de peintres, mais tout au plus des gens qui, entre autres choses, feront de la peinture »[268].

Encore une fois, l'enjeu consiste à démystifier la production artistique en levant le voile sur les conditions matérielles qu'elle présuppose. L'art non plus ne constitue pas un domaine indépendant de l'organisation productive de la société. Et la polémique menée contre les conceptions idéologiques qui affirmeraient le contraire autorise des formulations aussi brutales que celles qu'emploiera plus tard Engels dans son Anti-Dühring: « Sans esclavage, pas d'Etat grec, pas d'art et de science grecs »[269]. Bien entendu, cela ne remet pas en question le contenu proprement artistique des œuvres produites, pas plus que cela leur confère un caractère de classe et par conséquent éphémère ou périssable. Ainsi Marx écrira que « la difficulté n'est pas de comprendre que l'art grec et l'épopée sont liés à certaines formes sociales de développement. La difficulté réside dans le fait qu'ils nous procurent encore une jouissance esthétique et qu'ils gardent pour nous, à certains égards, la valeur de normes et de modèles inaccessibles »[270]. Ni l'artistique ni le scientifique ne se résorbent donc dans l'économique. Mais ils ne forment pas non plus des domaines parfaitement autonomes par rapport à la base matérielle de l'histoire.

(...)

[261] Marx et Engels, L’Idéologie allemande, p.25.
[262] Marx et Engels, L’Idéologie allemande, p.58.
[263] Emmanuel Renault, « L’histoire des sciences de la nature et celle de l’économie politique », in Eustache Kouvelakis, Marx 2000, Paris, PUF, 1999.
[264] Ibidem.
[265] Marx et Engels, L’Idéologie allemande, p.75.
[266] Marx et Engels, L’Idéologie allemande, p.396.
[267] Marx et Engels, L’Idéologie allemande, p.396.
[268] Marx et Engels, L’Idéologie allemande, p.397. Guy Debord reprendra presque telle quelle la dernière formule: « Dans une société sans classes, peut-on dire, il n'y aura plus de peintres, mais des situationnistes qui, entre autres choses, feront de la peinture », Rapport sur la construction des situations (1957), Paris, Mille et une nuits, 2000, p.41.
[269] Friedrich Engels, Anti-Dühring (M. Eugen Dühring bouleverse la science), p.209. Cet « aphorisme » provocateur est explicité quelques lignes plus bas: « Le développement de l'Etat et du droit, la fondation de l'art et de la science n'étaient possibles que grâce à une division renforcée du travail, qui devait forcément avoir pour fondement la grande division du travail entre les masses pourvoyant au travail manuel simple et les quelques privilégiés adonnés à la direction du travail, au commerce, aux affaires de l'Etat et plus tard aux occupations artistiques et scientifiques. La forme la plus simple, la plus naturelle, de cette division du travail était précisément l'esclavage ».
[270] Karl Marx, Manuscrits de 1857-1858 (Grundrisse), Paris, Editions sociales, 1980, p.46.

http://actuelmarx.u-paris10.fr/alp0032.htm#III2c

LES SAVANTS FOUS
Au-delà de l'Allemagne nazie



Hanania Alain Amar

Présentation de l'éditeur

Dans un passé récent - mais sans doute les " ressorts " d'autrefois sont-ils les mêmes aujourd'hui - lorsque Hitler avalise ou encourage les entreprises criminelles de Himmler (conduit à s'entourer de scientifiques aptes à réaliser ses projets), se produit une sorte de libération d'instincts sadiques, meurtriers, ou à tout le moins agressifs et coercitifs. Dès lors tout devient possible. C'est un processus d'infantilisation, de déresponsabilisation qui opère. Mais le pire est que les humains, loin de tirer des leçons de l'Histoire, continuent à fonctionner de façon identique. Si le diagnostic est aisé à établir, les remèdes proposés sont dérisoires (lois, réglementations, déclarations indignées) face aux égoïsmes des individus et des nations, face à la recherche effrénée du pouvoir. Les " savants " n'ont pas toujours mesuré les effets de leurs découvertes et de leurs actes, et c'est à ce niveau que la réflexion éthique - au sens noble du terme et non pas galvaudé comme cela se passe aujourd'hui - est incontournable. Essayer de reconstituer par l'intérieur au lieu de n'en considérer que les dehors ce que fin la " folie " du troisième Reich, débusquer les mécanismes et implications qui le rendirent possible, refuser le retranchement derrière la polarisation sur l'Allemagne et les Allemands afin d'occulter et de refouler ce qui s'est produit et se produit encore ailleurs, tel est l'objet de cet essai qui, loin de dédouaner ou vouloir excuser quoi que ce soit, accuse et nous met face à nos responsabilités.

Biographie de l'auteur

Hanania Alain AMAR, soixante ans, docteur en médecine, psychiatre et psychothérapeute, ex-chef de service dans une unité ambulatoire à Lyon, expert-rapporteur à la Haute Autorité de Santé, auteur de nombreux articles pour des revues spécialisées et de plusieurs ouvrages aux éditions L'Harmattan.

http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=23672

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