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Islamophobie

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Message  Achille Lun 20 Mai - 18:27

Une réponse bien naze comme d'habitude : après avoir déversé un torrent d'immondices sur toutes les organisations de gauche et ouvrières, ceci pendant des pages et des pages sur ce forum, les accusant d'être partie prenante d'un bloc raciste allant de LO au FN, il croit se dédouaner en réafirmant vite fait que LO est une "organisation ouvrière" sans blague ?
L'anti-racisme du pitre c'est celui qui préfère diriger ces coups contre les militants ouvriers qui dans leurs syndicats, leurs partis ont lutté pendant des dizaines d'années contre toutes les formes de racisme sans privilégier des marottes évidemment plus affectives que politiques. Bref cet anti-racisme des "copains et des copines" devrait ravaler ces insultes, il gagnerait très légèrement en crédibilité (il part de tellement bas).
Quand à vérié2 il fait comme si...je me suis exprimé longuement il y a plusieurs mois sur le fond dans cette discussion. Contrairement à lui je ne pense pas que l'on convainc quiconque au nombre de mots. Mon engagement est connu : 1/ contre la loi sur le voile 2/ engagement dans la lutte anti-raciste et contre toutes les discriminations. Le reste fait partie des ces procédés habituel : "oui mais ton parti il a chanté la marseillaise (après 'linternationale)..." Grotesque !


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Achille

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Message  verié2 Lun 20 Mai - 18:57

Toussaint
Que tu me dises qu'il y a des gens à LO plus ou moins malades de cette peste, bien sûr, comme tous les groupes sociaux et politiques. Que tu me dises qu'ils n'en sont pas tous affectés, je pense que tu te trompes. LO choisit avec soin les films et livres qu'il diffuse. Ils n'ont même pas vu qu'ils diffusaient du matériel raciste, c'est dire où ils en sont. Ils ne sont sincèrement pas racistes, tu as raison, c'est vrai, mais c'est seulement parce qu'ils le sont au point de ne même pas s'en rendre compte. Si tu as une autre hypothèse, montre. Mais 10 ans, ce n'est pas du "dérapage", ce n'est pas un "glissement", 10 ans, c'est un profil, une identité politique.

Aucune organisation n'échappe à la pression sociale et idéologique ambiante en un demi siècle de développement dans une période de relative paix sociale et prospérité (jusqu'à ces dernières années). LO est soumise à ces pressions comme les autres, même si ça se manifeste différemment qu'au NPA. Au NPA, il y a des individus qui dérivent dans tous les sens, à LO c'est l'organisation toute entière qui dérive collectivement sans s'en rendre compte, comme un seul homme, du moins en apparence. Dans les organisations hyper structurées et disciplinées, il est fréquent que tous les militants adoptent les lubies de quelques dirigeants, voire d'un seul.

Si l'on prend par exemple le terrain du "sécuritarisme", LO, en dépit de ses velleités de construire une organisation de bolcheviks professionnels préparés sinon rompus à la clandestinité, a beaucoup moins une "culture de la répression" que le PCF qui a connu la Résistance et les luttes très dures des années cinquante-soixante. Même si ça se perd, ça marque un parti. C'est sans doute ce qui explique en partie que LO a eu, lors de la révolte des jeunes des cités de 2005, une attitude globalement beaucoup plus hostile et sécuritaire que le PCF. Une autre raison étant sans doute l'absence complète de liens avec ce milieu, contrairement au PCF. Un des textes publiés par Hardy sous la signature de Girardot était franchement délirant.

Sur la question de l'Islamophobie, j'ignore franchement si ce sont les enseignants qui ont, au départ, déterminé la position de LO, ou si c'est la direction qui a décidé de la position prise par les enseignants. Mais cette affaire a déclenché un véritable engrenage, fortement aggravé par la volonté de LO de disposer contre sa rivale LCR de l' "arme atomique féministe". Quelle belle occasion de river leur clou à des gens qui reprochaient sans cesse à LO de ne pas intervenir sur ce terrain.

Cette politique ultra-sectaire vint se greffer sur une organisation dont les militants partageaient davantage une idéologie anti-cléricale anarchisante qu'une conception marxiste des relations entre mouvement révolutionnaire et religion. Toutes sortes d'autres préjugés imprégnaient inévitablement au moins une partie des militants de LO, comme l'ensemble de la classe ouvrière. Comment pourrait-il en être autrement ?
Les militants, même formés politiquement, ne sont pas des purs esprits. S'il suffisait d'une bonne formation politique et d'une discipline de parti pour échapper à tous ces préjugés, toutes ces pressions, la sociale-démocratie n'aurait jamais soutenu la guerre.
La différence est tout de même que l'appareil de LO n'a pas, à ma connaissance, pour le moment d'intérêts matériels à défendre, sinon sa propre survie.

Je ne crois pas que les réserves de LO soient pures coquetteries de langages comme celles de Coppé ou autres. Ainsi LO ne s'est jamais engagé dans les campagnes contre les mosquées et les prières de rue. Son discours s'est concentré sur le foulard, ce qui permet de n'invoquer que le seul féminisme. Je ne doute pas que nombre de militants, qui ont une grande confiance dans leur organisation, pensent sincèrement défendre cette cause. Bien sûr il y a toutes sortes de façons d'être et de se dire féministe. On peut verser dans le féminisme paternaliste voire dans le féminisme haineux à l'encontre des porteuses de foulard, en se trompant complètement de cible. Mais on a toujours tendance à viser les cibles les plus visibles, donc les plus faciles.

Sur le caractère réactionnaire des livres de Amara, Djavann et Fourest (que j'ai découvert grace à ce forum, car j'avoue ne pas les avoir lus auparavant, le sujet m'intéressant peu), LO a choisi de s'appuyer sur tout ce qui tapait sur le voile/foulard.
Les militants de LO sont trop politisés pour que ce caractère réactionnaire leur ait échappé, mais ils ont estimé que leur féminisme commun avec ces auteurs était plus important que ces "divergences". Ils ont commis évidemment une grave erreur, qui a suscité les applaudissements des ultra-laïques. Combien de fois Riposte laïque, avant de faire son outing fasciste, a félicité LO pour ses positions !

Alors, LO est-elle entièrement gangrenée par ce virus, comme tu le penses ? Je ne le crois pas car, malgré tout, cette organisation s'est construite sur des positions de classe. Je ne pense pas une seconde que des militants ouvriers de LO participeraient dans leurs entreprises à des chasses aux enfoulardées et demanderaient aux patrons de les virer. (Ce qui serait pourtant dans la logique de la position prise sur Baby Loup). Je pense que les militants et dirigeants de LO n'ont pas pris conscience des conséquences catastrophiques d'une loi d'interdiction dans les entreprises. Même l'auteure de l'article (Marianne Lamiral) n'en a peut-être pas eu conscience. (Même si LO n'est pas le NPA, tout article n'est pas visé par le BP de LO, j'imagine...)
On peut envisager, autre hypothèse, que la direction de LO redoute de faire machine arrière et de déconcerter les éléments les plus engagés dans la guerre au foulard, mais cherche tout de même à se démarquer. L'article de la LDC (revue théorique certainement plus attentivement relue), qui évoque l'islamophobie peut le laisser penser. Tu n'as pas été sans remarquer que, même sur ce forum, Ulm ne défend pas un point de vue aussi extrémiste que Vals...

Je garde donc tout de même confiance dans l'instinct de classe de LO qui, à un moment ou un autre, devrait l'amener, sinon à revenir sur ses positions passées, à prendre ses distances avec ces fronts islamophobes malsains.

verié2

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Message  Toussaint Lun 20 Mai - 20:23

OK, vérié.
Je ne suis pas convaincu totalement, notamment quand tu parles de "féminisme commun avec ces auteurs", car il n'y a pas de point de vue féministe dans Chahdortt Djavann et pas non plus dans la Journée de la Jupe. Le féminisme, c'est quand même quelque chose d'assez précis. On peut être féministe et verser dans le socdem rose très pâle comme Antoinette Fouques, ou flirter avec les fascistes comme Zelinski. Mais dans les deux titres dont LO fait la promotion, on ne peut parler de féminisme.

LO est-elle entièrement gangrenée par ce virus, comme tu le penses ? Je ne le crois pas car, malgré tout, cette organisation s'est construite sur des positions de classe. Je ne pense pas une seconde que des militants ouvriers de LO participeraient dans leurs entreprises à des chasses aux enfoulardées et demanderaient aux patrons de les virer. (Ce qui serait pourtant dans la logique de la position prise sur Baby Loup). Je pense que les militants et dirigeants de LO n'ont pas pris conscience des conséquences catastrophiques d'une loi d'interdiction dans les entreprises. Même l'auteure de l'article (Marianne Lamiral) n'en a peut-être pas eu conscience. (Même si LO n'est pas le NPA, tout article n'est pas visé par le BP de LO, j'imagine...)
On peut envisager, autre hypothèse, que la direction de LO redoute de faire machine arrière et de déconcerter les éléments les plus engagés dans la guerre au foulard, mais cherche tout de même à se démarquer. L'article de la LDC (revue théorique certainement plus attentivement relue), qui évoque l'islamophobie peut le laisser penser. Tu n'as pas été sans remarquer que, même sur ce forum, Ulm ne défend pas un point de vue aussi extrémiste que Vals...

Je garde donc tout de même confiance dans l'instinct de classe de LO qui, à un moment ou un autre, devrait l'amener, sinon à revenir sur ses positions passées, à prendre ses distances avec ces fronts islamophobes malsains.

Là aussi, je peine à te rejoindre lorsque tu sembles entériner le principe légitime de ne jamais reconnaître que l'on a pu se tromper, ce qui me semble assez inquiétant. Ce l'était pour le parti bolchevik qui avait fait la révolution. Dans un groupe assez minuscule qui n'a jamais réussi à se développer significativement sur plusieurs décennies, cela n'est pas inquiétant, cela relève du symptôme d'une pathologie politique. De même que les comportements incroyablement arrogants qui vont avec. De même lorsque tu supposes qu'ils ont pris position sur le foulard avec la vigueur connue parce qu'ils y ont vu l'occasion de river leur clou à des gens qui reprochaient sans cesse à LO de ne pas intervenir sur ce terrain. . Certes l'appareil de LO n'a pas, à ma connaissance, pour le moment d'intérêts matériels à défendre, sinon sa propre survie pour reprendre tes termes. Mais ce n'est pas si rassurant, c'est même au contraire une hypothèse inquiétante sur la nature politique de l'appareil en question.

Ceci dit, tu as peut-être raison, et je suis en effet certain que tout militant ouvrier de LO qui rencontrerait les femmes que j'ai rencontrées à partir de 2003 ne tiendrait pas les propos hallucinants que j'ai lus ou entendus de leur part. Il se retrouverait avec des travailleuses et des femmes qui se battent pour leurs droits et leur dignité... Quant à changer de ligne pour suivre un individu, c'est bien ce qui s'est passé selon Aguirre, Carasso et Samary au BP de la LCR après Aubervilliers, le BP a voulu entériner ce qu'avait fait le prof PF Grond, à l'opposé de la position de la Ligue. Il suffit de relire le communiqué bâclé du BP qui parlait d'"échec pédagogique", et tenait des propos délirants sur la nécessité de protéger les élèves du voile. Pour un habitué des saldéprofs, tout le texte était connoté enseignant en mal d'autorité... Les gamines voilées ont payé les pots cassés par Raffarin et Fillon, les trahisons des directions syndicales et le malaise des profs. Tu as raison lorsque tu dis qu'il y parfois des nuances entre gens de LO et je sais qu'Arthaud elle-même est mal à l'aise devant cette histoire.

Ma définition de LO comme une secte raciste est excessive puisqu'il est encore possible, si tu le dis, que LO ne confirme pas sa décision de soutenir les interdictions professionnelles. J'anticipe à tort ce qui reste à voir, et tu as raison, j'ai tort de pousser à fond la logique de ce qui est encore sans doute contradictoire et non parvenu à terme. J'ai tort tant qu'ils ne confirment pas leur décision de soutenir les interdictions professionnelles. Mais je suis convaincu que cette décision est un tournant pour la nature de cette organisation. Si tu as raison, ils vont s'arrêter le nez au dessus du vide. Si mes craintes sont fondées, ils vont foncer droit devant. Très franchement, j'espère que tu me montreras mon bec jaune. Ce jour-là, champagne!

Une réponse bien naze comme d'habitude : après avoir déversé un torrent d'immondices sur toutes les organisations de gauche et ouvrières, ceci pendant des pages et des pages sur ce forum, les accusant d'être partie prenante d'un bloc raciste allant de LO au FN, le pitre croit se dédouaner en réafirmant vite fait que LO est une "organisation ouvrière" sans blague ?
L'anti-racisme du pitre c'est celui qui préfère diriger ces coups contre les militants ouvriers qui dans leurs syndicats, leurs partis ont lutté pendant des dizaines d'années contre toutes les formes de racisme sans privilégier des marottes évidemment plus affectives que politiques. Bref cet anti-racisme des "copains et des copines" devrait ravaler ces insultes, il gagnerait très légèrement en crédibilité (il part de tellement bas).
Quand à vérié2 il fait comme si...je me suis exprimé longuement il y a plusieurs mois sur le fond dans cette discussion. Contrairement à lui je ne pense pas que l'on convainc quiconque au nombre de mots. Mon engagement est connu : 1/ contre la loi sur le voile 2/ engagement dans la lutte anti-raciste et contre toutes les discriminations. Le reste fait partie des ces procédés habituel : "oui mais ton parti il a chanté la marseillaise (après 'linternationale)..." Grotesque !

cheers


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Message  Toussaint Lun 20 Mai - 21:38

Sur la question de l'existence d'un front raciste, il me semble peu sérieux de nier la chose.

Qu'il s'agisse d'un front formalisé par des réunions et des coordinations, non, évidemment et je ne l'ai jamais dit.

En revanche que bien des partis marchent séparément voire à l'opposé mais se retrouvent pour taper ensemble contre les musulmans, chacun poursuivant des intérêts différents voire opposés, ce n'est pas une idée, c'est factuel.
Lorsqu'ils sont d'accord pour virer les musulmanes visibles de l'école, c'est factuel.
Lorsqu'on voit que les mêmes arguments peuvent se trouver dans la bouche de LO et du VB, que LO soutient les interdictions professionnelles du PS et l'UMP, c'est factuel.
Ensuite, lorsque dans un parti on diffuse activement des textes et films racistes, livres et films encensés par les médias, les grands partis de droite et de gauche, c'est factuel.

Ensuite, que cela ne suffise pas à caractériser tous les partis qui se trouvent en alliance contre l'Islam comme racistes, c'est vrai, j'ai forcé le trait.
Ni moins, ni plus.
Que certains militants soient racistes et tiennent de propos racistes, c'est un fait. Que leur parti se trouve engagé dans un processus chaque jour moins réversible me semble aussi évident. Concernant le PCF, pendant que ses dirigeants tenaient des propos ou menaient des actions racistes, des militants animaient le MRAP, par exemple et s'opposaient en pratique à la ligne de leur parti. On ne peut en dire autant de tous les partis dont les directions tiennent de propos islamophobes. On verra donc où cela va s'arrêter.
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Message  Toussaint Mar 21 Mai - 2:04

Des centaines de Suédois font échouer une manifestation islamophobele 25 mars, 2013 - 15:16


Sous la bannière « Pas de soldats Breivik dans nos rues », en référence au terroriste norvégien, néo-nazi et islamophobe, Anders Breivik, qui ensanglanta Oslo et horrifia l’Europe en 2011, en tuant de sang froid 77 personnes, des centaines de Suédois ont battu le pavé pour contrer un rassemblement de la Ligue de Défense Suédoise (SDL) et couvrir ses mots d’ordre islamophobes.

Le racisme revanchard et violent ne passera pas par ces citoyens engagés de la ville méridionale de Malmö, qui le rejettent avec force, aux cris de « Non au racisme dans nos rues », parvenant à faire échouer une manifestation annoncée à grand renfort de propagande nationaliste.

Devant la détermination des anti-racistes, ces irréductibles du vivre-ensemble qui se sont mis massivement en travers de leur route, les rangs de la SDL se sont clairsemés pour ne former, au final, qu’une maigre procession de 20 manifestants, qui agitaient frénétiquement l’étendard national pour masquer leur cuisante défaite.

Seuls les extrémistes de droite les plus jusqu’au-boutistes ont maintenu le défilé, en donnant libre cours à leur agressivité. Ils se sont déchaînés contre les barricades, ont déclenché des fusées éclairantes, jeté des bouteilles à la tête de leurs ennemis de l’autre bord, tout en ripostant face aux forces de l’ordre, jusqu’à ce la manifestation soit stoppée manu militari avant qu'elle ne devienne le théâtre d'escarmouches plus enragées.

A l’heure où la SDL, ce groupe frère de la Ligue de Défense anglaise (EDL), foncièrement anti-musulmans, ne cesse d’essaimer sur le Vieux Continent depuis sa création en 2012, notamment dans les pays nordiques, la belle résistance opposée par les Suédois de Malmö est en soi une première victoire.

Mis en place en 2009, l’EDL a, quant à lui, fait des émules en Grande-Bretagne et est même cité dans les écrits d’Anders Breivik, ce dernier ayant fait état de ses « liens étroits » avec le groupuscule, affirmant compter parmi ses « fans » sur Facebook pas moins de 600 membres actifs du mouvement.

Dans ce tour d’horizon de l'Internationale nationaliste européenne, sur laquelle plane le spectre du néo-fascisme, un groupe féminin a émergé le mois dernier en Belgique sous l'appellation "Femmes contre l’islamisation", dont la marraine n’est autre que Jackie Cook, l’épouse de Nick Griffin, leader du Parti national britannique, connu pour sa rhétorique de la droite extrême.


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Message  Toussaint Mar 21 Mai - 2:09

La mosquée près de Dijon souillée par une demi-tête de porc

le 12 mai, 2013

On ne compte plus les agressions islamophobes qui vandalisent et violent inlassablement et crânement les mosquées, carrés musulmans, commerces halal, jusqu’aux domiciles personnels de citoyens musulmans, même si notre consternation est toujours aussi grande devant la portée nationaliste et ignominieuse de tels actes, et leur étonnante capacité à passer à travers les mailles du filet.

L’odieuse provocation qui a souillé la mosquée de Dijon, dans la nuit de mardi à mercredi, est signée, et à l’image de nombreuses autres, son ou ses auteurs ont choisi une tête de porc pour symboliser leur détestation de l’islam. Placée bien en évidence devant la mosquée, la vision d'une demi-tête de porc congelée a glacé le sang de l’imam des lieux, qui a eu le triste privilège d’être le premier à la découvrir.

Cette mise en scène éminemment sacrilège a suscité un immense émoi parmi les fidèles, et notamment parmi les membres du Rassemblement des musulmans de France (RMF), qui ont appelé les pouvoirs publics à "protéger la sacralité des lieux de culte musulman", tout en dénonçant un "jet de têtes de porc" contre la mosquée, ce qui constituerait un nouveau palier franchi dans l’abjection.

Cette version, pour l’heure, n’a pas été confirmée par la police, alors qu’une énième enquête a été diligentée pour remonter la piste de ces sombres profanateurs du crépuscule, dont l’agression « à caractère raciste et islamophobe » ne fait pas l’ombre d’un doute pour le RMF.
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Message  verié2 Mar 21 Mai - 10:12

Toussaint
que cela ne suffise pas à caractériser tous les partis qui se trouvent en alliance contre l'Islam comme racistes, c'est vrai, j'ai forcé le trait.
Encore un mot sur la notion de "parti raciste".
Les partis d'extrême-droite, ceux de la droite dure, toute la nébuleuse ultra-laïque (Riposte laïque, Résistance républicaine, Ligue internationale des femmes etc) recrutent aujourd'hui sur la base du racisme et en particulier de l'islamophobie et du nationalisme. On peut dire que ce sont bien des "partis (et organisations)racistes".

En revanche, LO, le NPA et même pour une part le PCF recrutent sur des bases de classe ou au moins une sensibilité sociale, l'hostilité au fascisme et au racisme, l'internationalisme (du moins pour LO et le NPA) etc. Ca fait tout de même une sacrée différence, même si des militants peuvent subir la pression de l'idéologie dominante ; même s'il y a des contradictions au PCF entre le nationalisme, la volonté de gérer le système de façon réaliste et les aspirations d'au moins une partie des militants.

Ca veut dire qu'il existe des forces, des points d'appui au sein de ces partis pour combattre ces pressions de l'idéologie dominante, islamophobie comprise, qui n'existent évidemment pas chez les Identitaires, au FN ou même à l'UMP. Le cas du Parti de Gauche est plus ambigu, car son ultra nationalisme, son sécuritarisme cousins de ceux des chevènementistes, font partie de ses axes de recrutement et constituent vraiment un pont idéologique avec l'extrême-droite, gaulliste à la Dupont Aignan ou fasciste - il suffit de voir le parcours de Tasin pour s'en rendre compte. Quant au PS, c'est un ventre mou qui suit tous les courants par opportunisme, selon le rapport de forces.

Mais plus la mobilisation contre l'islamophobie se développera, plus une contre pression idéologique s'exercera sur ceux qui ont dérivé. Mais à condition que cette mobilisation ne se fasse pas sous la houlette d'islamistes qui serviraient alors de repoussoirs...
__
PS. Toussaint, tu devrais éviter d'écrire "La Arthaud" comme on écrivait "La Poisson" ou "La Brinvilliers", c'est sexiste et méprisant, même si tu n'y mets pas ce contenu...

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Message  Toussaint Mar 21 Mai - 12:19

Le ministre de l'intérieur Valls a déclaré à la nouvelle église réformée (unification des luthériens et calvinistes, je suppose) que "la République reconnaissait [leur foi] comme parfaitement légitime". Admirable... Il n'a jamais dit cela de l'Islam...

Au sujet de la Arthaud, désolé, je m'excuse, c'est une habitude prise avec les latino-américains, cela n'avait rien de méprisant ou d'injurieux, mais si cela l'est en français, je l'éviterai. Je comprends pourquoi je vois parfois de drôles de têtes lorsque je dis cela, je ne savais pas. J'ai donc édité.

que cette mobilisation ne se fasse pas sous la houlette d'islamistes qui serviraient alors de repoussoirs...
Very Happy
Encore une fois, il n'y a aucune possibilité que des courants de l'extrême droite musulmane prennent sous leur "houlette" une mobilisation contre l'islamophobie. On a m'exemple du mouvement pour défendre les élèves en 2004 de la loi raciste. Il y avait au début les gens de Latrèche, là où ils existaient. Ils ne se mélangeaient pas, isl venaient ou pas, mais sur leurs propres bases, bougeaient aussi tout seuls, etc... ils ont vite décroché. Y compris l'UOIF (qui ne sont pourtant pas l'extrême droite musulmane) a très vite replié ses troupes. En revanche, évidemment, si les musulmans se retrouvent seuls, là, comme pour tous les mouvements désertés par les organisations du mouvement ouvrier, ils se trouveront entre eux. A ce moment-là, et à ce moment-là seulement on verra arriver, en force, l'extrême droite religieuse.

Maintenant si par islamiste, on entend "musulman s'engageant en politique en s'inspirant et en se revendiquant de l'islam", alors on est mal barré. Comme d'habitude dans ce pays, on aura alors des gens défendant des groupes à la condition expresse que ceux-ci se reconnaissent explicitement ou implicitement comme n'ayant pas droit à la parole, n'étant pas légitimes pour s'exprimer... Le modèle tellement français du "touche pas à mon pote", étant bien entendu que le pote, lui, doit en gros la fermer et attendre le résultat des courses. Se battre contre le racisme visant une minorité religieuse suppose ne pas exiger de cette minorité que pour la défendre elle se convertisse au marxisme ou à l'athéisme. Cela semble évident, mais en France... Very Happy

Bon, cela n'arrivera pas non plus. D'abord parce que les musulmans réagissent, ils ont des structures qui le leur permettent, et ils les ont créées pour ne pas être réduits au silence comme avec SOS. Ensuite, il y a depuis presque 10 ans des structures et des habitudes de travail entre musulmans, non musulmans, militants de gauche et d'extrême gauche, écologistes, syndicalistes, féministes qui garantissent que les cibles de l'islamophobie ne seront pas seuls.

Pour ce qui est de LO, etc... on ne peut pas encore les caractériser comme des organisations racistes, en fonction de ce que tu dis. En revanche, je répète et à ce jour personne ne m'a démenti que diffuser des films comme La Journée de la Jupe, des livres comme Bas les voiles, les faire voir et lire à leurs sympathisants, depuis presque 10 ans, oui, cela a des conséquences. Alors, certes, on recrute sur les bases que tu cites (encore qu'Engelbrand, par exemple, un doute m'effleure), mais la formation, les positions prises avec continuité, le vocabulaire utilisé, les attitudes d'hostilité à l'égard de tout ce qui s'oppose à la répression des musulmanes visibles, cela dessine un profil politique qui n'a rien à voir avec l'internationalisme et le mouvement ouvrier indépendant de la classe dominante. Qu'il n'y ait pas que cela et qu'il y ait encore des forces capables d'y résister, tu le dis et tu cites des éléments, surtout des éléments a priori. On va voir. 10 ans, c'est long dans l'histoire d'un groupe. Et la taille de LO, son corpus lui permettent de résister à bien des influences extérieures. Alors il faudra attendre que surgissent de l'intérieur des forces capables d'inverser les choses? Tu y crois, tant mieux, je ne le crois pas une seconde, pas un instant. Je souhaite seulement que tu aies raison, mais aucun élément factuel ne vient me le démontrer. Quant à ce que dit x ou y de plus modéré que vals, par exemple, j'ai remonté un peu le fil... Very Happy Ce sont des variances infinitésimales. Pendant que la LCR virait des élèves vilées, des femmes et des jeunes femmes venaient par groupes dans les cortèges de la Ligue. Je n'ai jamais vu Joshuah ou PF Grond les virer. Tout ce qui fait effet de masse est le bienvenu. Après... on peut tranquille les virer une par une des entreprises et des écoles.


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Message  verié2 Mar 21 Mai - 12:44

Poussée mondiale de l’islamophobie et de l’antisémitisme, s’alarme Washington
"Les Etats-Unis se sont alarmés lundi d’une poussée de l’islamophobie en Europe et en Asie"
http://www.liberation.fr/monde/2013/05/20/washington-denonce-une-poussee-de-l-islamophobie-en-europe-et-asie_904266
Les incendiaires crient au feu. C'est tout de même un comble... Shocked

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Message  verié2 Mar 21 Mai - 14:16

Alors il faudra attendre que surgissent de l'intérieur des forces capables d'inverser les choses? Tu y crois, tant mieux, je ne le crois pas une seconde, pas un instant.
S'il y a un développement de la lutte contre l'islamophobie, qui entraîne un public un peu plus large que celui qu'elle a entraîné jusqu'à présent, voire un public jeune, féminin et, pourquoi pas ? ouvrier, LO sera placée devant des choix. J'espère et je crois que LO fera le bon (quelque sera la façon dont elle le présentera). Si on considère la question de l'homophobie, LO revient de loin, mais n'a jamais fait d'auto-critique publique. Pourquoi n'en serait-il pas de même de l'Islamophobie ? En cas d'événements plus graves, voire d'affrontements, je vois mal LO se placer du côté des racistes et des fascistes... A part à l'école, pour l'instant, ça reste tout de même des mots déconnectés de la réalité. Et ce sujet n'est tout de même pas la principale préoccupation de LO.

verié2

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Message  Vals Mar 21 Mai - 14:45

Et ce sujet n'est tout de même pas la principale préoccupation de LO.

Belle perspicacité..... sunny
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Message  Toussaint Mar 21 Mai - 15:12

ce sujet n'est tout de même pas la principale préoccupation de LO

Comme le confirme leur porte-parole sur le FMR, je m'en doute aussi, c'est assez logique.
Pour l'immense majorité d'islamophobes de leurs rangs, c'est une respiration quotidienne et un des rares sujets sur lesquels ils sont dans le sens du vent. Quant aux conséquences sur les victimes de l'islamophobie, ce n'est pas un problème non plus pour eux, ce sont des ennemis. Les autres ignorent largement la gravité de la question et peuvent donc s'en accommoder...
La marginalité de LO et son sectarisme la mettent en effet assez loin des effets de l'islamophobie auxquels elle participe dans la mesure de ses moyens. C'est aussi ce qui rend le pronostic assez sombre quant aux capacités de ce groupuscule de redresser la barre avant de devenir un des groupes qui ont dérivé. Il y a dans ce groupe un rejet viscéral des minorités, nationales, religieuses, culturelles. Ce n'est pas du républicanisme, mais cela contribue à la rendre disponible pour des collaborations de classe dont l'histoire de la crèche et des interdictions professionnelles ciblant les musulmanes visibles sont un exemple. Jusqu'où ira ce groupe? On verra. En tout cas je suis certain que tu n'aurais pas imaginé avant qu'ils le fassent, qu'ils soutiendraient des interdictions professionnelles contre les musulmanes visibles alors qu'ils ne le demandent pas contre les militants du FN, par exemple. La seule explication est leur proximité culturelle, ils font partie de la même communauté, ils en partagent souvent les mêmes pulsions comme on les voit effleurer régulièrement chez un vals dès que de halal, de musulmanes visibles ou de jeunes de cités en révolte il s'agit. Répression, par tous les moyens nécessaires, appel aux forces "de l'ordre", c'est à dire aux bandes armées du capital (mais pour le coup leur théorie marxiste part aux oubliettes... Very Happy ).
Groupuscule ouvrier, oui, mais sacrément déformé, bien avant même d'avoir approché de très loin la possibilité de diriger la classe ouvrière. Et seul à mon avis un renversement des forces entre la classe ouvrière et la bourgeoisie sera susceptible de modifier la situation, peut-être.

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Message  Rougevert Mar 21 Mai - 21:14

Vals a écrit:
Et ce sujet n'est tout de même pas la principale préoccupation de LO.

Belle perspicacité..... sunny
Il n'y a pas là de quoi faire le mariole...
Il y a une bataille à mener pour l'unité de tous les travailleurs et travailleuses dans les grèves.
L'islamophobie et le racisme divisent.
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Message  Vals Mar 21 Mai - 23:23

Si le dénommé Rougevert parle de la gangrène du racisme, du nationalisme et de la xénophobie....oui, c'est grave, inquiétant pour l'unité du prolétariat face aux agressions du patronat et de son gouvernement...et il faut, au quotidien, combattre ce poison de division entre les travailleurs, quelques soient leurs histoires, leurs origines, leurs cultures et leurs inféodations religieuses....?

Pour le reste, démerdez vous.
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Message  Toussaint Mar 21 Mai - 23:27

Very Happy
Typique, exactement ce que pouvait dire Marchais ou peut dire Gérin.

La technique du bon raciste bien classique, qui combat tous les racismes dans la généralité ou l'abstraction et refuse d'en combattre un seul dans sa spécificité... parce qu'il le partage, tout simplement.

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Message  Rougevert Mer 22 Mai - 0:35

Vals a écrit:Si le dénommé Rougevert parle de la gangrène du racisme, du nationalisme et de la xénophobie....oui, c'est grave, inquiétant pour l'unité du prolétariat face aux agressions du patronat et de son gouvernement...et il faut, au quotidien, combattre ce poison de division entre les travailleurs, quelques soient leurs histoires, leurs origines, leurs cultures et leurs inféodations religieuses.... ?

Pour le reste, démerdez vous.
A la QUESTION, je réponds oui.
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Message  Prado Mer 22 Mai - 0:45

Article publié le 16 mai par la commission antiracisme d'Alternative libertaire.

Non à une nouvelle loi contre les femmes voilées, pour une riposte antiraciste radicale et unitaire

Après la victoire en cassation d’une salariée licenciée par la crèche Baby-Loup parce qu’elle portait le foulard, le journal Marianne a lancé fin mars, à l’initiative d’Elisabeth Badinter (marraine de la crèche), un appel à la signature d’une pétition pour exiger une loi portant sur un élargissement de l’interdiction du port de signes religieux, loi qui, comme la précédente, vise essentiellement le port du foulard. François Hollande a annoncé son vote dans les prochaines semaines ou les prochains mois, tandis que le groupe UMP à l’Assemblée nationale à d’ores et déjà préparé une proposition de loi.

Nous nous opposons à cette nouvelle campagne liberticide de stigmatisation des musulmans et des musulmanes. Nous contestons l’utilisation de valeurs progressistes telles que la laïcité et les droits des femmes pour justifier cette loi.

Nous ne considérons pas que vouloir l’émancipation des femmes passe par l’interdiction de circuler librement dans l’espace public, d’accéder à l’emploi et à l’éducation en raison d’un choix vestimentaire. Nous refusons que l’on impose le port du voile à une femme, et nous pensons que celui-ci est, comme le port des talons aiguilles, une marque de la domination patriarcale. Cependant l’interdire à celles qui souhaitent le porter est du même ordre que l’imposer à celles qui n’en veulent pas, surtout quand cette injonction vient de l’État et de la loi ! Cette « chasse aux voilées » a ses racines dans la guerre d’Algérie, à savoir les dévoilements forcés qui n’avaient rien à voir avec le droit des femmes mais qui relevaient de la légitimation du maintien de l’ordre colonial.

Ces lois n’ont rien à voir avec la laïcité mais tout à voir avec le racisme. C’est le fait que le voile soit un symbole musulman et qu’il soit visible dans la société française qui dérange.

Ces campagnes anti-voile servent aussi à diviser ceux et celles qui devrait être uni-es (les travailleurs et les travailleuses quelles que soient leurs origines, leurs cultures, leurs religions ou absence de religion) et unir ceux qui devrait être divisés (le prolétariat et le patronat). Alors que le gouvernement de gauche ne cesse de faire adopter des mesures impopulaires, cette nouvelle affaire sert bien de cache-misère : les femmes voilées n’ont pas à payer l’incapacité du gouvernement à résoudre les problèmes sociaux du pays en en les utilisant comme boucs émissaires.

Par ailleurs, les offensives racistes sont nombreuses depuis le début du mandat de Hollande, que ce soit la chasse aux sans-papiers et aux Rroms, les violences policières impunies ou encore les discriminations sans précédent contre lesquelles le gouvernement ne fait rien. Il n’y a aucun espoir, nous n’avons rien à attendre de leur part, à nous de nous mobiliser. Il est temps d’unir toutes les populations qui subissent le racisme, la précarité et l’exploitation, musulmans, Rroms, sans-papiers, habitants et habitantes des quartiers populaires.

Nous nous opposons à une nouvelle loi qui empêcherait les femmes portant le voile d’accéder à l’emploi. Nous appelons à résister et à se mobiliser contre cette nouvelle offensive raciste et contre l’ensemble de la politique raciste du gouvernement. Nous appelons à participer au rassemblement initié par le collectif Mamans Toutes Egales et plusieurs autres organisations, pour demander la suppression de la circulaire Chatel et des lois précédentes, et pour s’opposer à la création d’une nouvelle loi. Pour l’égalité, contre le racisme et les discriminations.(...)

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Message  gérard menvussa Mer 22 Mai - 1:47

Islamophobie et antisémitisme en hausse

Les Etats-Unis se sont alarmés hier d'une poussée de l'islamophobie en Europe et en Asie et d'une montée continue de l'antisémitisme dans le monde, dans leur panorama annuel mondial sur les libertés religieuses.
Dans ce rapport exhaustif du département d'Etat pour 2012, le secrétaire d'Etat John Kerry a également fustigé la répression contre des branches minoritaires de l'islam dans des pays musulmans, ainsi que celle visant des groupes religieux en Asie, surtout en Chine.
"La liberté religieuse n'est pas une invention américaine. C'est une valeur universelle garantie par notre Constitution et enracinée dans tous les coeurs", a lancé M. Kerry devant la presse. "La liberté de professer et de pratiquer sa foi, de croire ou de ne pas croire ou de changer de religion, c'est un droit naturel pour tous les êtres humains et c'est ce en quoi nous croyons", a-t-il martelé.
Le ministre a "exhorté tous les pays à agir pour protéger cette liberté fondamentale".
Les experts du département d'Etat ont fait un tour du monde des pratiques religieuse et des embûches pour les fidèles, avec un accent particulier en 2012 sur l'islam.
"La rhétorique et les actes antimusulmans ont clairement augmenté, particulièrement en Europe et en Asie. Les restrictions gouvernementales, qui correspondent souvent à une animosité de la société, ont eu pour conséquences des actes antimusulmans affectant la vie quotidienne de bon nombre de croyants", déplorent les rapporteurs.
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Message  gérard menvussa Mer 22 Mai - 2:01

Dans l'analyse de l'islamophobie comme phénoméne politique et culturel, l'affaire aide a débrousailler pas mal de chose. L'histoire se déroule en belgique, ou un jeune homosexuel d'origine marocaine va être assassiné par des jeunes d'extréme droite dans une combinaison d'islamophobie et d'homophobie. La chose intéressante pour la discussion est la réaction du pére, trés digne "professeur de science islamique" (et donc trés impliqué dans la foi religieuse musulmane) et les réactions que cette affaire suscite en lui Extrait :



Trouvé sur le blog du parti du travail de Belgique (marxiste léniniste)
Hassan Jarfi :: « Reprocher à un enfant d’être homo, c’est comme lui reprocher la couleur de ses yeux »
Hassan Jarfi, professeur de religion islamique, est le père d’Ihsane, le jeune homosexuel liégeois victime d’un assassinat homophobe en avril 2012. Aujourd’hui, il publie un livre bouleversant, Le Couloir du deuil, appel à la tolérance et à la lutte contre toutes les discriminations.
Elisabeth Mertens

« Le matin du 21 avril, je me trouve dans le salon quand le téléphone sonne. C’est Ihsane. “Allo Ba ça va ? Maman est là ? Tu peux me la passer ?” Il lui souhaite un bon anniversaire. Le lendemain, un état d’inquiétude s’empare de moi : Ihsane n’a plus téléphoné depuis la veille. Mon cœur n’arrive pas à se calmer… », raconte Hassan Jarfi, le papa d’Ihsane. En effet, son fils n’arrivera jamais au repas d’anniversaire. Le 1er mai 2012, son corps sans vie est retrouvé dans un champ. A la sortie d’un café, à Liège, il a été enlevé par quatre hommes qui l’ont torturé, tabassé à mort pendant des heures. Parce qu’il était homosexuel.
Pour la famille, la souffrance est indicible. Aujourd’hui, Hassan Jarfi se bat. Il a pris sa prépension pour écrire Le Couloir du deuil, un livre où il retrace les événements, évoque l’enfance de cet enfant généreux et altruiste. Il effectue aussi un retour sur sa propre enfance, entre cultures arabes et berbère, son adolescence à Casablanca et son arrivée en Belgique pour faire des études et quitter la pauvreté. C’est un homme érudit qui parle, un professeur de religion islamique, imprégné de la tradition soufie de l’islam dans laquelle l’amour est la clé de toutes les valeurs. Il s’interroge sur l’homosexualité d’Ihsane et sur la logique meurtrière qui a poussé les assassins de son fils; celle de la haine de la différence – homophobie, racisme, islamophobie…
Ce livre de douleur et de douceur, de colère et de sagesse, de réflexion et d’interrogation est un magnifique appel au dialogue, à la connaissance de l’autre, à la justice, à la tolérance.

Pourquoi avoir décidé d’écrire un livre ?

Hassan Jarfi. En fait, je n’ai pas réellement décidé d’écrire le livre, c’est le livre qui a décidé d’être écrit. Un ami m’avait envoyé un poème qui a eu un effet déclencheur. Ce fut comme un jet d’eau qui ne s’arrêtait plus. Il y avait en moi cette douleur qui ne demandait qu’à s’exprimer. J’ai écrit la nuit, pendant tout le mois de Ramadan. Les souvenirs revenaient, se mélangeaient pour former une sorte de tourbillon. Je n’ai plus arrêté.

Ce sont les valeurs de la dignité humaine qui doivent être mondialisées.


L’écriture vous a-t-elle aidé ?

Hassan Jarfi. Je trouve, oui, parce qu’avant, j’étais bloqué par l’événement. Ma pensée ne pouvait pas dépasser le fait qu’Ihsane soit monté dans la voiture de ses assassins, comme s’il y avait un arrêt sur image. J’étais en permanence dans l’obsession de ce moment où il allait monter dans la voiture, et il fallait absolument que je l’en empêche. Ma main se levait toute seule pour intervenir, ça m’arrive encore aujourd’hui, d’ailleurs. Votre inconscient n’accepte pas ce qui est arrivé et il fait tout ce qu’il peut pour maîtriser le temps, maîtriser les événements en revenant en arrière pour recommencer le scénario et changer le cours des choses. C’est ça la véritable douleur, c’est l’anticiper, sentir qu’elle arrive avant même qu’elle soit là. Et c’est terrible. Le livre m’a fait passer à la deuxième étape : j’ai accepté sa mort, maintenant, même si le deuil n’est pas encore fait. Le livre m’a aidé à passer à l’après-événement.

Vous avez orienté votre douleur pour témoigner, pour combattre, pour briser le silence…

Hassan Jarfi. Ma tolérance, ma religion, le fait que je suis papa d’un garçon gay me pousse à agir. Je suis en colère. Ihsane ne me sera pas rendu. Alors je dois maîtriser ma colère et l’orienter positivement. Je ne veux plus me taire. Quelque part, je me sens complice de ce qui est arrivé à mon fils par mon silence, j’aurais dû avoir le courage de défendre, de revendiquer son homosexualité. Il m’est arrivé de subir des remarques désobligeantes sur lui, mais je me fermais au lieu de réagir, parce qu’il s’agissait de mon fils. Ihsane aussi s’est tu, pour ne pas nous faire du mal, pour ne pas m’attirer des ennuis, sachant que je suis professeur de religion islamique et qu’il y a toujours des gens à l’affût des points vulnérables des autres. Nous, nous ne voulions pas rentrer dans sa vie privée, l’obliger à parler de son intimité, même si plusieurs fois on lui a tendu des perches, des poteaux même, pour lui montrer que nous étions prêts à en parler. Chaque fois il me disait : arrête, tu te fais des films, etc. La plupart des homosexuels n’extériorisent pas leur état, tout simplement parce qu’ils savent bien que la société n’est pas prête à les accepter. Ils vont alors dans des endroits où ils ne sont pas jugés, mais alors ils se retrouvent en ghettos.
Il est temps de passer à autre chose, la société – et tout un chacun – doit faire un effort, aller vers eux, les accepter. Nous ne sommes plus au Moyen Age, mais dans une société qui défend les droits de l’homme, où on peut aspirer à une vie meilleure. En des temps de mondialisation, ce sont les valeurs de la dignité humaine qui doivent être mondialisées. On ne peut pas refuser ni la vie ni la dignité humaine à quelqu’un. On ne peut pas tolérer l’intolérance, le fait que l’on maltraite et tue quelqu’un parce qu’il est différent. Il faut être aux côtés des victimes, des humiliés, ne pas devenir complice par le silence. L’injustice nécessite la résistance.
Et on a encore du pain sur la planche.

Si certains viennent inculquer aux enfants des valeurs de haine et de discrimination, ce sera parce que nous avons laissé le champ vide.


Vous écrivez : « La guerre contre l’homophobie est déclarée. » Et vous parlez de trois fronts d’attaque : la famille, l’école, la société.

Hassan Jarfi. Oui, pour que cette lutte soit cohérente, elle doit commencer dans la famille, que l’enfant y entende des discours de tolérance, et non de discrimination. Et puis, au fond, faut-il vraiment parler de tolérance ? On n’est pas ici pour tolérer ou pas, on est là pour vivre ensemble, un point c’est tout. Il ne m’appartient pas de tolérer quelqu’un, parce qu’il ne m’appartient pas de décider qui a le droit de vivre ou non, d’être comme ça ou autrement. Depuis la mort d’Ihsane, j’ai rencontré de nombreux homosexuels, et je peux affirmer une chose : personne n’a choisi de l’être. Reprocher à son enfant d’être homo, c’est aussi absurde que lui reprocher la couleur de ses yeux ou de ses cheveux. C’est une attirance depuis l’enfance, Ihsane a toujours été comme ça. On a pensé qu’il allait changer, mais non. Au fur et à mesure on a compris, on a accepté. Tout parent aimerait bien avoir un fils ou une fille standard, qu’il fasse des études, qu’il se marie comme tout le monde. Avec le temps, j’ai compris que je ne pouvais pas demander ça, que je voulais juste qu’il soit en bonne santé, épanoui, heureux. Et il l’était.
Ensuite, le message du « vivre ensemble » doit passer par l’école. C’est à l’école que Mohammed rencontre Paul et que Fatima rencontre Catherine, c’est là qu’ils apprennent leur différence et c’est là qu’ils vont apprendre à vivre ensemble. Pour l’orientation sexuelle, c’est en général à l’adolescence qu’ils commencent à se découvrir et, s’ils se découvrent homosexuels, c’est l’horreur pour eux. Ils se retirent, se cachent, s’enferment en eux, c’est extrêmement douloureux. Il faut, dès la maternelle, enseigner la culture de la différence, de l’altruisme, de la multi-culturalité, parce qu’il n’y a personne qui ressemble à personne. Et c’est à l’école secondaire qu’il faut taper sur le clou, dans tous les cours, surtout en éducation physique, où un garçon pas assez « viril » subit les moqueries.

Les assassins d’Ihsane l’ont rendu célèbre en le tuant pour une cause dont souffre encore plus du dixième de la population belge.


Et au plan de la société ?

Hassan Jarfi. Il faut promouvoir le « vivre ensemble », susciter la rencontre et la réflexion, lutter contre toutes les formes de discrimination – raciale, homophobe, ethnique, de religion, de sexe… La tolérance zéro doit être effective dans l’appareil juridique, mais aussi être au centre d’un changement des mentalités. L’homophobie n’est toujours pas considérée comme inadmissible. J’ai été récemment contacté par un papa de Mons dont le fils adulte a été suivi par deux gars dans une rue déserte. Ils l’ont tabassé, l’un a crié à l’autre : « Tue-le ! » Il a une fracture du crâne, la mâchoire déboîtée et encore d’autres blessures. Il ne doit la vie qu’à deux jeunes filles qui ont crié et appelé à l’aide, ce qui a fait fuir les agresseurs. Pourquoi des gens pensent-ils que c’est « bien » d’aller « casser du pédé », comme on « cassait du juif » dans le passé ? Mais parce que la société laisse faire, tolère ce type de mentalité ! Au lieu de réagir face aux comportements inacceptables, les gens n’interviennent pas. Tout le monde vit dans le repli sur soi, la peur, l’individualisme. Etre citoyen, ce ne sont pas des paroles en l’air, ce sont des actes qu’il faut poser dans la vie quotidienne. La moindre des choses, c’est d’appeler à l’aide, de crier, de montrer à ces gens-là qu’on n’est pas d’accord avec ce qu’ils sont en train de faire. Ces deux filles-là, elles ont sauvé une vie humaine.

Vous êtes professeur de religion islamique. Or l’homosexualité est un péché dans l’islam.

Hassan Jarfi. Certes, mais il existe un classement dans les péchés. Le péché des péchés, c’est ne pas reconnaître le monothéisme. Après, il y a le devoir de la prière, celui de respecter ses parents, et les autres et les autres… Et il y a des priorités. Pourquoi faut-il juste pointer l’homosexualité chez quelqu’un qui ne l’a même pas choisie ? Est-ce qu’il faut aller détecter d’éventuels des gestes efféminés, espionner la vie privée de gens qui n’embêtent personne ? D’autant plus que maintenant, même en Arabie, les homosexuels commencent à parler plus ouvertement. L’homosexualité a toujours existé, y compris dans la civilisation arabe. Au temps des califes musulmans, ceux des dynasties omeyade et abbasside, ce n’était pas rare. Des lettres d’amour l’attestent, même un poème écrit par un émir des croyants à un de ses ministres.

Vous prônez donc un islam de la tolérance…

Hassan Jarfi. Vous savez, ce n’est pas un islam spécial qui viendrait tout à coup de Mars ! C’est la religion que j’ai apprise enfant, au Maroc. L’islam, c’est la tolérance, l’amour, c’est être authentique, vouloir du bien aux autres. La tolérance de l’islam est méconnue, parce que la pensée islamique est absente même des programmes d’histoire. Or mieux la connaître réduirait le cloisonnement entre les cultures. La méconnaissance crée l’islamophobie qui, avec le racisme, fait des musulmans des citoyens de seconde zone, alors qu’ils sont allés dans les même crèches que les autres, ont vu les mêmes dessins animés et publicités, entendu les mêmes chansons… Personne ne leur dit qu’ils sont des Belges à part entière, on les considère toujours comme des étrangers, comme des immigrés et ça les renforce dans leur cloisonnement, dans les ghettos, dans la marginalité. Or toutes les formes de ghettos produisent de la délinquance, des réactions négatives comme le refuge dans la drogue, dans l’extrémisme ou autres. Par ailleurs, lorsque c’est la finance qui dirige le monde et que l’Etat ne fait plus ce qu’il doit faire, l’appauvrissement s’aggrave terriblement, ce qui ne fait qu’empirer la situation et augmenter la petite criminalité et le nombre de dealers.
Quand j’étais jeune, comme toutes les générations, on aimait bien tout ce qui était interdit, se distinguer des autres en faisant ce que la société n’aimait pas. Mais c’est plus grave pour les jeunes qui sont à la recherche de repères dans une société qui ne les considère pas comme les autres, et les fréquentations peuvent être très néfastes quand on est plus influençable, plus fragile. Non, tout le monde doit rencontrer tout le monde, ne pas rester confiné aux gens de sa communauté, aller partout et être accepté partout. C’est à dessein que j’ai parlé des juifs dans mon livre. J’ai toujours montré à mes élèves que nous n’avons pas de problème avec les juifs, avec la religion juive. On ne peut pas comprendre l’islam sans ce qui l’a précédé, le judaïsme et le christianisme. Pourquoi mettre alors ces barrières entre juifs, chrétiens et musulmans ?

Il faut être aux côtés des victimes, des humiliés, ne pas devenir complice par le silence. L’injustice nécessite la résistance.


Quel accueil recevez-vous dans les écoles où vous allez témoigner ?

Hassan Jarfi. Les jeunes sont extrêmement réceptifs, ils sont prêts à comprendre le message. Ils sont très touchés, me témoignent leur solidarité. Un enfant ne demande qu’à apprendre, surtout des personnes à qui il fait confiance. C’est très important de leur parler. Si d’autres viennent leur inculquer des valeurs de haine et de discrimination, ce sera parce que nous avons laissé le champ vide. En plus, les enfants ne s’attendent pas à ce que ce soit un musulman, surtout un professeur de religion islamique, qui vienne témoigner de l’horreur arrivée à son fils et parler de ce sujet. Si on m’invite, dans n’importe quelle école, j’irai. Je suis d’ailleurs en train de préparer un montage audiovisuel.

Vous et votre famille devrez encore affronter une autre épreuve : celle du procès des assassins de votre fils.

Hassan Jarfi. Ça va être extrêmement dur. J’ai dit à ma femme que j’aimerais bien être à l’hôpital, sous anesthésie, jusqu’à la fin du procès. Je ne veux pas y assister. Vous pourriez, vous, allez écouter des personnes qui vont raconter comment ils ont torturé votre fils pendant des heures ? Je ne veux pas les voir, je ne veux pas penser à ces gens. Avant, j’y pensais tout le temps, j’avais de la haine. Maintenant, je m’en détache. Cela ne me rendra pas Ihsane.
Ce qui importe, c’est continuer le combat, militer pour les minorités, contre l’homophobie. Les assassins d’Ihsane l’ont rendu célèbre en le tuant pour une cause dont souffre encore plus du dixième de la population belge. Mon livre n’est qu’une pierre dans l’édifice. Les droits d’auteur vont aller à la fondation Jarfi Ihsane, qui est en train d’être mise sur pied par d’autres personnes, et dans laquelle j’aurai un rôle symbolique, pour aller dans les écoles, sur le terrain, pour contribuer à enraciner l’éducation à la tolérance et à l’égalité. J’ai aussi demandé à la Ville de Liège que l’on puisse installer un écriteau commémoratif à l’endroit où Ihsane a été enlevé, pour que son nom soit présent, et associé aux victimes de l’intolérance et de la bêtise humaine.

Le Couloir du deuil, par Hassan Jarfi. Ed. Luc Pire, 152 p., 20 euros.

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Message  Toussaint Mer 22 Mai - 2:27

Respect. Merci, menvussa.
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Message  verié2 Mer 22 Mai - 12:46

A noter la parution d'un livre d'entretiens intitulé :
Femmes des quartiers populaires en résistance contre la discrimination chez l'éditeur (proche de la Gauche Communiste du PCF)Le temps des cerises
Ces entretiens avec un groupe de femmes d'un quartier de Blanc-Mesnil ont été réalisés notamment par le sociologue Saïd Bouamana, qui s'est prononcé contre les lois discriminatoires.

Le maire PCF de Blanc-Mesnil, Didier Mignot, écrit dans la préface : "Il est tellement rare de nos jours de donner la parole aux habitants des quartiers populaires. Elle est, le plus souvent, confisquée au profit de représentations médiatiques qui figent les identités et occultent la réalité quotidienne de centaines de milliers d'habitants".
(Une évidence quand on voit que la parole médiatique dite "féministe" est monopolisée par des personnalités bien éloignées des femmes des quartiers populaires, comme Fourest, Badinter, Amara ou Djavann (qui vit au Canada...)

J'ignore quelle est la politique de Mignot, mais, suite à des rumeurs, qu'il dénonce comme des provocations, il a démenti toute volonté de faire interdire le voile dans des lieux et services publics de sa commune. Mignot a été élu sur une liste d'union de la gauche qui comprend... LO. Le point de vue des élus LO locaux et leurs interventions sur cette question, voire sur ce livre qui concerne leurs administrées, seraient intéressants à connaître...

verié2

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Message  verié2 Mer 22 Mai - 13:05

Ce travail de quartier m'ayant intrigué, j'ai fait une petite recherche. Une autre participante à la réalisation de ce livre est Zouina Meddour, responsable d'une commission femmes contre les discriminations de la municipalité de Blanc-Mesnil.
Zouina Meddour est une des animatrices du journal du 93 Vu d'ici avec Marina da Silva, qui a pris elle aussi position contre les interdictions.

Un article du Monde sur ce travail. Sur la photo, que je n'ai pas réussi à reproduire, figure un groupe de femmes, certaines voilées, d'autres non. On se demande donc comment les élus LO cohabitent avec Zouina Meddour. Shocked(1) D'autant que l'analyse des révoltes de 2005 par Vu d'ici contredit radicalement celle de LO qui n'y voyait que des actes de délinquance de lumpen...
__
1) Le sujet ne semble pas l'avoir passionné pour le moment. (Il n'y a en fait qu'un élu.) Sur son blog, l'existence de cette commission femmes n'est pas mentionnée et la recherche sur le mot "voile" ne donne aucun résultat.


26 avril 2013
A Blanc-Mesnil, des femmes du quartier des Tilleuls passent de la parole à la plume
Cinq piliers du Collectif femmes des quartiers populaires à Blanc-Mesnil (SZ)


C'est avec un sentiment mêlé de gourmandise et de timidité qu'elles reçoivent dans une grande salle attenante à la mairie de Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis). Elles sont cinq femmes de génération différente, toutes issues de cette banlieue populaire. Toutes mères de famille ayant vécu les émeutes urbaines de novembre 2005 aux premières loges quand le gymnase et l’école ont brûlé sous la rage des gamins du quartier. Et toutes s’étant prises en main depuis pour raconter les discriminations, les humiliations subies quand on vit dans cette banlieue pauvre.

Il y a là, Zohra Bechikh, assistante sociale, brune de belle allure, Arlette Rouede, rouquine d'une cinquantaine d'années mère au foyer, les deux anciennes Fatma Lamrie et Houria Lamrani, retraitées au sourire avenant sous leur foulard traditionnel et, un peu en retrait, Ourida Belhadi, assistante administrative à la faculté de Villetaneuse. Voilà sept ans, elles se connaissaient à peine, pour certaines sortaient peu de chez elles et surtout n'auraient jamais imaginé prendre la parole. Encore moins la plume. Aujourd'hui elles sont en tournée de promotion pour leur ouvrage « Femmes de quartiers populaires en résistance contre les discriminations ».

Des mères de 30 à 75 ans

Dans ce livre, fruit de deux ans d'atelier d'écriture avec le sociologue Saïd Bouamama, publié avec l'aide de la mairie communiste, trente femmes de trente à soixante-quinze ans, comme elles, ont mis toute leur rage. Rage de mères de famille qui ont vu leurs enfants descendre dans la rue en novembre 2005 et ne pas se faire entendre. Rage aujourd'hui intacte de voir que depuis sept ans, rien n'a changé dans cette banlieue de Seine-Saint-Denis. Et leurs espoirs aussi de voir ce quartier, où "il y a de la solidarité" et où elles aiment vivre disent-elles, changer.

Elles racontent ce quartier des Tilleuls, où elles se sentent « abandonnées » et le disent avec leurs images : le centre commercial « devenu un cimetière », la Poste qui a réduit ses horaires d'ouverture « alors qu’à Neuilly ils les ont augmenté », leur horizon qui pour beaucoup d’entre elles se fixe au frigo qu'il faut remplir et les soins auxquels on renonce, les transports qui se sont dégradés et les bus « mal fichus pour les poussettes et les caddies », la police qui n'écoute toujours pas leurs plaintes mais contrôle à tout va « nos jeunes »... Ces mères de famille racontent leur quotidien, le sentiment de négation qu'elles éprouvent avec leurs mots, leurs anecdotes. Dommage qu'on sente trop la patte du sociologue qui multiplie les références savantes.

"Les femmes n'ont pas la parole dans les quartiers"

Le livre n'en est pas moins fort parce qu'il traduit un collectif de femmes qui n’étaient pas militantes mais le sont devenues en osant prendre la parole après les émeutes de 2005. Elles ne l’ont plus lâchée depuis. Sous l’œil attentif de Zouina Meddour, chargée de mission sur les discriminations, elles sont une trentaine à se réunir régulièrement d’abord dans des ateliers cuisines, puis des ateliers théâtre qui ont donné lieu à deux pièces (dont une à la Cité nationale de l'histoire de l'immigration), à monter une exposition photo, organiser un salon de discussion, écrire un journal « Vu d'ici » et enfin lancer ce Collectif des femmes des quartiers populaires. « On a voulu montrer que nous ne sommes pas des mères défaillantes comme on nous le fait croire si souvent », lance Arlette Rouede.

« On nous appelle toujours les quartiers chauds, on en a eu marre et on s'est mise à se parler », ajoute Fatma Lamri, avec son grand sourire aux dents d'or. « Les femmes n'ont pas beaucoup la parole dans les quartiers. Là c'est du concret, pas comme les instances de discussion de la mairie », renchérit Zorah Bechikh. De cette parole confisquée, elles ont fait une série d'initiatives qui, de pièce de théâtre en livre de témoignage, les font aujourd’hui voyager pour expliquer leur démarche. "On doit parler en public de ce qu'on a fait. C'est pas évident mais on a compris que c'était utile pour que d'autres habitants fassent de même", expliquent-elles encore. Une expérience à mi-chemin entre d'éducation populaire, "empowerment" et action revendicative singulièrement riche. Zorah résume leur étonnement de « voir combien notre histoire intéresse ». Avant d'ajouter : "On se sent respectées".

Sylvia Zappi

Sur le blog du Monde, un raciste exaspéré sans doute par la photo, écrit "Quant aux bédouines voilées, qu'elles retournent dans leurs douars...

verié2

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Message  verié2 Mer 22 Mai - 15:21

Sur le site officiel de la municipalité de Blanc-Mesnil, gérée par une majorité d'union de la gauche dont LO fait partie. Sur la photo de l'assistance, on voit des femmes voilées et non voilées. Cette municipalité ou une partie de ses élus semble donc essayer de mener une véritable politique pour réunir des femmes, sans a priori, et les inciter à s'organiser pour lutter contre les discriminations. Ce qui est certainement une politique féministe plus efficace que celle qui consiste à réclamer à l'Etat des lois d'exclusion.


Islam et laïcité, à débat ouvert

Publié le 18.03.2013

A La Maison des Tilleuls, samedi 16 mars, la sociologue Sonia Dayan, professeur de sociologie politique à l’Université Paris 7, a questionné l’histoire d’un antagonisme.

l© Frédéric Fournier

« Islam et laïcité », c’était le thème de la rencontre-débat organisée, samedi 16 mars, à la Maison des Tilleuls. Un prologue en quelque sorte aux quatre semaines d’actions de sensibilisation contre les discriminations et le racisme qui vont traverser la ville jusqu’au 8 avril prochain. Première de cordée de la série de débats, d’expositions ou d’évènements culturels qui vont porter la réflexion et l’action, la rencontre des Tilleuls partait d’un constat chiffré. « En France, selon le collectif contre l’islamophobie, 87, 3 % des agressions islamophobes concernent des femmes qui portent le foulard ou le hidjab », expliquait d’emblée Sonia Dayan-Herzbrun, professeur de sociologie politique à l’Université Paris 7 et présidente de la commission Islam et laïcité, créée en 1997 à l’initiative de la Ligue de l’Enseignement.

Une réalité chiffrée, liée à l’héritage colonial de la France développait ensuite Sonia Dayan, invitée principale de la rencontre du jour. « Le refus d’entendre la parole des femmes qui portent le hidjab tient beaucoup au fait qu’on les voit comme d’éternelles mineures, comme c’était le cas à l’époque de Napoléon Bonaparte. En France, la colonisation s’est faite sous le prétexte de la défense des femmes contre leurs hommes, supposés être d’abominables musulmans. Et, c’est quelque chose qui a fini par forger les mentalités. (…) Aujourd’hui, au nom de la laïcité dont personne n’est d’accord sur la conception et la définition, on présente donc comme une protection des femmes, des mesures qui tiennent plus de la discrimination et de la marginalisation. »

Une opinion partagée par plusieurs participantes : « Il ne faut effectivement pas mélanger extrémisme et religion. Porter le voile ne veut pas dire qu’on ne veut pas s’insérer, au contraire on a les mêmes désirs et les mêmes aspirations que beaucoup de gens. Le voile, c’est simplement un mode de vie qu’on a choisi. Pourquoi serait-il plus discutable qu’un autre ? » Néanmoins, il est d’autant plus discuté depuis que les directeurs d'école peuvent interdire légalement - après un jugement du tribunal administratif de Montreuil rendu en 2011- le port du voile aux parents volontaires pour les sorties scolaires. « C’est une question qui se pose aussi dans notre ville, réagissait Zouina Meddour, chargée de mission lutte contre les discriminations au sein de la ville. Donc, on pose le débat. Notre idée, c’est de mieux comprendre pour agir… »



Mission Lutte contre les discriminations: 01 48 67 45 80


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Message  Toussaint Mer 22 Mai - 23:25

le sociologue Saïd Bouamama

Fondateur des Indigènes, animateur de la Marche pour l'Egalité de 1983, rebaptisée Marche des Beurs. Condamné à mort par le GIA...
Animateur du CSP 59... Entre autres choses.

Marina da Silva

CEPT, CFPE... Entre autres choses.

Cela fait longtemps que ces deux-là font un travail de fond

http://www.monde-diplomatique.fr/2012/03/DA_SILVA/47538

Résistance contre les ségrégations sociales et ethniques
Quand les femmes des quartiers sortent de l'ombre


Septembre 2004 par Marina Da Silva



« Près de 80 % des travailleurs pauvres sont des femmes (1). » Si les discriminations professionnelles et le sexisme constatés par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) sont universels, ils frappent encore plus durement les femmes étrangères ou d'origine étrangère, pour qui la notion d'« égalité des droits » relève du grand écart entre la théorie et la pratique. Pourtant les femmes ne se laissent pas submerger par l'amoncellement des détresses et inventent des stratégies de résistance et de solidarité sans cesse renouvelées. En témoigne la multiplicité des espaces de rencontres et des associations qu'elles parviennent à faire émerger dans les tissus urbains les plus divers, de Saint-Denis à Rouen, de Lille à Marseille...

« Je suis née en 1961 à la clinique des Fleurs, à Issy-les-Moulineaux... » De parents algériens, Hamida se croit française jusqu'à son mariage forcé, alors qu'elle n'a que 16 ans et demi. Elle mettra treize ans à traverser l'enfer jusqu'à cette année 1990 où, après un divorce aussi périlleux qu'improbable, elle recouvre sa liberté et revient en France. « L'urgence était de régulariser ma situation administrative (2). Et là, je découvre avec stupéfaction que bien que née en France, avec des parents y résidant toujours, bien que je puisse prouver mon mariage forcé, et avec la naissance d'un enfant sur le sol français, je suis considérée comme une... primo-arrivante. Je suis sans-papiers, clandestine... » Quelques années et combats plus tard, la nationalité française réintégrée, Hamida demande la garde de ses enfants auprès d'un tribunal français et s'entend répondre qu'elle relève de « la législation algérienne ». Les femmes françaises d'origine maghrébine ou africaine ignorent souvent que, sur le plan juridique, sauf quelques exceptions, c'est le principe du statut national personnel (3) qui leur est appliqué.

Assignées à une place très codifiée, les femmes étrangères ne sont prises en considération par les pouvoirs publics que dans le cadre de la cellule familiale et n'existent jamais comme êtres à part entière, ce que dénoncent régulièrement les associations (4) et les travailleurs sociaux. Valérie, qui travaille dans un collectif de sans-papiers, à Saint-Denis en région parisienne, souligne les incohérences de dispositifs qui viennent tordre le cou à la noblesse des principes « universels » d'égalité. Ainsi cette jeune Sénégalaise venue s'installer auprès de son mari, dont elle a eu deux enfants, et qui découvre qu'il était déjà marié... « Elle est donc la seconde épouse et à ce titre n'a aucun droit légal aux papiers. La loi française interdit la polygamie, mais ce sont les femmes qui en subissent les conséquences. Une femme ayant la nationalité française peut demander l'annulation du second mariage de son époux, mais pas si elle est de nationalité étrangère... »

Mme Zouina Meddour est responsable de la Maison des Tilleuls, dans le nord du Blanc-Mesnil, un centre social d'envergure tout à fait singulier dans le paysage urbain de la Seine-Saint-Denis. Née dans la ville, elle cherche à développer des dynamiques avec les habitants. « Tout passe par la relation individuelle, par la connaissance et la maîtrise des réseaux locaux dont les femmes sont les relais. » Un vrai travail de fourmi sans visibilité, mais qui est la première condition du succès : « Il faut se remettre en cause, sinon on reproduit toujours la même chose, alors que cela ne correspond plus aux besoins des populations. »

La population du Blanc-Mesnil, justement, a changé. Jusqu'aux années 1980, elle était surtout constituée d'Italiens, de Portugais, de Maghrébins. Désormais, les sans-papiers sont nombreux et les nationalités beaucoup plus diverses qu'autrefois : pays de l'Est européen, Afrique de l'Ouest, Pakistan, Sri-Lanka... « Un collège enregistre en moyenne 80 nouvelles inscriptions d'enfants étrangers chaque année. » La ville, à majorité communiste, les accepte, ce qui n'est pas le cas de Montfermeil, sa voisine marquée à droite, qui met un point d'honneur à repousser avec acharnement cette population fragile.

Au-delà des demandes d'aide spécifique, les femmes expriment surtout le besoin d'être ensemble et reconnues. Celles du quartier des Tilleuls disposent d'un local et peuvent réellement l'investir. C'est souvent leur seul espace de respiration pour échapper à des situations matérielles très dures. En confrontant leurs expériences et leurs savoirs, elles sortent de leur rôle de victimes, se reconstruisent et deviennent souvent à leur tour des relais pour les autres.
Hostilité des journalistes

Au centre, Zouina est également confrontée à des cas de polygamie, rares, et aux mariages forcés, sur lesquels il est difficile d'obtenir des données précises. Le rapport du Haut Conseil à l'intégration de 2003, en répertorie 70 000, alors qu'en Grande-Bretagne on estime leur nombre à un millier par an (5) : la distinction entre « mariages forcés » et « mariages arrangés » reste floue en France, alors qu'elle est prise en compte de l'autre côté de la Manche. Si les premiers peuvent être sanctionnés par des lois appropriées, les seconds ne peuvent être combattus qu'à travers la conquête de l'autonomie et de l'émancipation des femmes concernées.

Mais le principal problème – toutes nationalités confondues et à l'image de l'ensemble de la population – reste celui de la violence conjugale (6). Les femmes maltraitées ont la plupart du temps des enfants à charge, or il n'existe pas de lieu d'hébergement spécifique dans la ville, et les structures relais (Planning familial, Centre international de l'enfance et de la famille – Cidef, etc.) sont toujours saturées.

Depuis la campagne présidentielle, qui a abouti à l'électrochoc du vote d'extrême droite le 21 avril 2002 et à l'accélération d'une politique sécuritaire et de liquidation sociale, l'angle d'attaque contre les populations étrangères passe tout particulièrement par les femmes. On a vu les viols collectifs requalifiés en « tournantes » et devenir l'apanage quasi exclusif des jeunes Maghrébins, le port de la minijupe dans les cités (et seulement là ?) une étonnante et « nouvelle » prise de risque pour les filles...

Christelle Hamel, docteure en anthropologie, qui a travaillé sur « les violences envers les femmes parmi les migrant(e)s du Maghreb et leurs descendant(e)s », a montré que « la focalisation sur les violences sexistes parmi les migrants et leurs descendants permet l'occultation des mêmes violences sexistes chez les Français dits “de souche”. Cette occultation est précisément ce qui permet la stigmatisation des premiers (7) ». Cela conforte des représentations où la révolte des garçons passe par la violence et les dégradations, où la « galère » des jeunes filles est vécue dans l'isolement, le silence et la « victimisation ».

A Lille, les associations de femmes musulmanes sont nombreuses et travaillent depuis longtemps avec d'autres associations, syndicats et partis politiques, pour améliorer leurs conditions d'existence et d'exercice de la citoyenneté. Pour celles qui portent un foulard, « le combat pour le droit à l'instruction et au travail ne commence pas aujourd'hui. Mais il est devenu trop grand pour nous », souligne Mme Dorsaf Damak, qui n'avait pas hésité à pénétrer dans l'enceinte de l'Assemblée nationale grâce à l'appui d'un député communiste, le 10 mars 2003, pour protester contre une loi attentatoire à sa liberté de conscience. « Curieusement, la plus grande hostilité émanait des journalistes... », explique-t-elle, en ajoutant qu'elle les tient pour responsables de « la dissémination des stéréotypes auprès de l'opinion et du refus de donner suffisamment la parole aux femmes concernées ».

Les relations avec les féministes de la Maison des femmes ne sont pas meilleures, et de nouveaux conflits s'ancrent dans d'anciennes incompréhensions. Lille a toujours été un haut lieu des luttes de femmes. Toujours actives à la nouvelle Maison des femmes, Jacqueline et Roseline tirent orgueil d'avoir participé, dans les années 1980, à la création de Solidarité avec les femmes d'ici et d'ailleurs, qui luttait contre les campagnes racistes, et « d'avoir pu rapatrier de jeunes Algériennes qu'on cherchait à marier sous la contrainte ». Elles comprennent mal le port du foulard qui, pour elles, est un « symbole universel de soumission ». Mais elles reconnaissent que « la gauche a beaucoup encouragé le culturalisme parce que cela coûtait moins cher que de travailler à l'égalité des droits » et que les féministes n'ont pas suffisamment développé d'actions dans les quartiers.

Depuis une vingtaine d'années, des adolescentes, souvent élèves brillantes, se sont mises à sortir de leur « invisibilité » en arborant un foulard comme une revendication religieuse ou identitaire, et cela a fait l'effet d'une bombe. Parce qu'elles sont françaises, n'hésitent pas à se prétendre « féministes et musulmanes », à mettre sur le même plan le « droit à porter librement un voile » et la « lutte contre l'obligation de le porter », elles déroutent politiques et sociologues, enseignants et éducateurs, féministes et militants de toutes couleurs... qu'elles forcent à s'interroger sur les représentations des un(e)s et des autres.

A Rouen, Nora se sent très seule. Titulaire d'une maîtrise de biologie, elle a vu sa vie changer le jour où elle a décidé de porter le foulard contre l'avis de sa famille et de son mari. « On est six filles et je suis la seule à le porter. J'ai dû m'imposer ! » Après avoir cessé de travailler pour élever ses enfants, elle se rend régulièrement à l'Agence nationale pour l'emploi (ANPE). Jusqu'au jour où elle cherche à s'inscrire dans un stage et où on lui fait clairement entendre qu'elle n'a « aucune chance », aimablement prononcé après un « tiens, voilà l'intégriste ! ». Pour elle, les discriminations et les manifestations de rejet se multiplient et s'intensifient. « Il faut retisser des liens entre femmes de toutes origines sociales et culturelles. C'est seulement en entrant dans les histoires spécifiques de chacune que l'on pourra essayer de se comprendre. »

Vaulx-en-Velin est considéré comme un site pilote pour les demandeurs d'asile : tous les pays d'Europe de l'Est y sont représentés, l'Afrique, l'Asie... Le taux de chômage y atteint 30 %, voire 40 % dans certains quartiers. Pour Nadia, qui a ouvert l'association culturelle Sable d'or dans un appartement, « Vaulx-en-Velin reste une cité-dortoir malgré une volonté de développer la commune. Des zones franches ont été créées pour les entreprises, mais nombre d'entre elles sont venues s'installer pour bénéficier de la franchise et sont reparties au bout de cinq ans ».

Cette coupure entre la classe politique, qui laisse faire, et la population, on la constate aussi entre femmes et mouvements féministes : « La plupart des associations de quartiers passent par des activités terriblement “traditionnelles” : cuisine, couture, etc., mais le désir de rencontre et de renforcement collectif est semblable et les revendications et combats des féministes nous ont servi à éclairer les problèmes quotidiens ». Cette communauté de situations et les relations entre femmes – ce que les féministes avaient perçu et théorisé dans le principe de la non-mixité – permettent la libération de la parole, la reconstruction de l'image de soi et de l'autonomie (Cool. En construisant avec et pour d'autres, les femmes se construisent elles-mêmes.

Dans son association, Nadia veut « réparer l'erreur énorme de cette société qui a consisté à délaisser les femmes immigrées en les confinant dans l'ignorance », créer des espaces d'expression qui respectent leurs interrogations et notamment en ce qui concerne la transmission de leur culture et de leur identité à leurs enfants. Tout en cherchant absolument à sortir de « l'entre-soi » : « A force de reléguer des populations dans de véritables ghettos, on a fini par les assigner à un état perçu comme définitif et à les pousser au désespoir. Les cités et les quartiers sont dégradés et la seule perspective est de les fuir. Cette image déformée nie la capacité des personnes à investir et transformer le réel. Avec d'autres ».

Le sentiment d'abandon des grands ensembles est partout perceptible, et notamment dans le Rhône, département qui a le plus gros contingent de population étrangère. A Lyon, le collectif régional Paroles de femmes regroupe une centaine d'associations, Espace Projets Inter-associatifs (EPI) en fédère quelque quatre-vingts. Un travail en réseau et des systèmes d'aide concrète peuvent ainsi se mettre en place. « On a une chance énorme d'avoir autant de gens d'autant de cultures. La politique de la ville du gouvernement Raffarin est une catastrophe. Le travail réalisé durant plusieurs années va être pulvérisé », diagnostique M.Pierre Barneoud, président d'EPI, qui cherche des solutions aux baisses drastiques des financements publics.

Françaises ou immigrées, avec ou sans papiers, les femmes pauvres évoluent souvent dans des espaces sociaux où le travail non reconnu leur incombe massivement. Le taux de chômage de celles qui portent un nom à consonance étrangère est trois fois plus élevé que celui des autres femmes (9). La structuration des villes, l'inadaptation des transports publics – quand ils existent – pèsent sur leurs conditions de vie : pas de commerces de détail à proximité, pas de services aux particuliers, peu ou pas d'activités culturelles et sportives... « Que les politiques publiques affirment la nécessité de combattre les discriminations raciales et en même temps entérinent l'enfermement des populations concernées dans des ghettos reste un paradoxe..., conclut Valérie, de Saint-Denis. On ne cesse de fustiger le “communautarisme”, mais ces politiques sont les premières à instaurer des logiques de relégation. »

Au Blanc-Mesnil, la précarisation est devenue plus visible. Des jeunes sont à la rue et dorment dehors – surtout des garçons –, les familles ne jouant plus leur rôle. « Au supermarché, on a l'impression d'être dans le tiers-monde... Le changement est flagrant. Il suffit de regarder à la sortie des écoles ou lors des présentations de spectacles de fin d'année. On distingue la composition “ethnique” des quartiers centre et des quartiers nord (ou sud)... » ; 32 % de la population est d'origine étrangère aux Tilleuls, 17,6 % dans la ville.
Des contraintes « pour leur bien »

Parmi les contraintes imposées aux femmes des couches populaires, de préférence étrangères, « pour leur bien », on peut aussi ranger le traitement de la prostitution. Ce dont témoigne l'association Cabiria, installée depuis dix ans au cœur du vieux Lyon, et qui mène des actions de terrain avec les prostituées et les acteurs sociaux. Dans diverses publications, Cabiria a montré à quel point les lois Pasqua et Sarkozy portent atteinte aux droits des personnes migrantes et s'inscrivent dans la rhétorique gouvernementale de lutte contre l'immigration (10) : « Depuis 1999, on assiste à une multiplication effarante de situations de détresse de la part de femmes d'origine étrangère qui nous amène à travailler avec les centres de rétention dans les pires conditions et qui mettent au jour les inégalités Nord-Sud/Est-Ouest. »

Marseille, ville-écrin entre mer et collines, pourrait faire figure de port d'arrivée pour les femmes qui fuient ces inégalités... La cité phocéenne semble presque par vocation géographique apte aux croisements des cultures..., mais assigne les populations migrantes dans le nord de la ville. Pour Jocelyne Cesari, chercheuse au CNRS-Iremam, « la différenciation sociale entre nord et sud de la ville (depuis le Second Empire) s'est doublée d'une opposition entre l'autochtone et l'étranger, depuis le milieu du XIXe siècle, qui voit la classe ouvrière marseillaise principalement constituée d'une main-d'œuvre fournie par les migrations en provenance du bassin méditerranéen, ce qui va transformer dans les représentations collectives la différence entre les deux parties de la ville en divisions ethniques (11) ».

C'est sur le thème « Femmes, migrations et dialogue culturel » que le Forum des femmes de la Méditerranée a tenu ses Ves Rencontres à Athènes, en octobre 2003. Pour sa présidente, Mme Esther Foucher, « les mouvements migratoires en Méditerranée sont un phénomène historique mais présentent aujourd'hui des aspects particuliers, notamment leur féminisation. Ils sont marqués par le trafic des personnes à des fins d'exploitation, en particulier sexuelle ». Avec une nouvelle donne : les immigré(e)s des pays de la rive sud ne sont plus de passage, mais dans un processus d'installation. Et c'est cela qui fait peur.

« Sauf à redéfinir des luttes communes entre féministes et femmes des quartiers », propose Mme Anne-Marie Camps, qui, troublée par la contradiction consistant à évincer les unes de l'école et du travail au nom de l'émancipation de toutes, vient de créer un Collectif des féministes pour l'égalité. Son objectif : « Quitter tous les terrains piégés, comme celui du voile, et regarder en face les véritables discriminations. » Et de pointer le décalage avec le réel, parfaitement illustré par l'action du mouvement Ni putes ni soumises. Accueilli avec beaucoup d'espoir dans sa volonté de mettre au jour et d'en finir avec la violence contre les femmes dans les quartiers, ce mouvement est actuellement surtout porté par les médias et la classe politique, et déserté par celles-là mêmes qu'il était censé représenter, qui lui reprochent d'essentialiser la violence au lieu de l'inscrire dans un contexte social (12).

Les femmes des quartiers ne sont pas toutes en rébellion contre leur culture d'origine ou contre leurs proches. Elles essayent souvent d'être de deux cultures et de deux histoires. Isabelle vient de passer un an à construire le site Internet Hawa (13) et à relever le défi de conduire des ateliers de formation informatique avec des femmes du quartier populaire de Belsunce, dont certaines ne savaient pas même lire et écrire : « Il y a un aveuglement dramatique à ne pas voir qu'elles sont souvent dans des processus de résistance et d'apprentissage de l'autonomie qui leur sont propres. » Personne ne prend en compte leur défiance envers les institutions et ne relève cette très grande violence qui consiste à leur dire : « Vous n'existez pas. »

Comment affirmer son identité quand nombre d'issues se ferment... à commencer par celle de l'emploi ? En France, le chômage augmente deux fois plus vite pour les femmes que pour les hommes. A cela s'ajoutent les discriminations liées à l'origine sociale et ethnique (les ouvriers et les femmes immigrées sont les plus touchés). L'intégration s'arrête aux portes des banlieues. Pourtant, loin des feux de la rampe et des discours consensuels, des femmes se retrouvent, s'organisent, résistent.


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Message  Toussaint Jeu 23 Mai - 3:10

Un texte actualisé de Tévanian sur la question de la laïcité "à la française".

Une révolution conservatrice dans la laïcité

De Ferry à Le Pen, en passant par Stasi et Mélenchon

par Pierre Tevanian
31 mars 2013



Après la loi anti-niqab, après les « apéros saucisson-pinard » et les « Assises contre l’Islamisation de l’Europe », après la campagne contre les « prières de rue », après le « grand débat sur l’Islam », après l’offensive initiée par Luc Chatel contres les mères d’élèves voilées – et parfaitement relayée par l’actuel pouvoir socialiste – et après l’ubuesque et répugnante chasse aux « robes longues unies » du lycée Blanqui de Saint Ouen, Marine Le Pen relançait les hostilités en septembre dernier, en proposant une interdiction du foulard dit islamique dans l’ensemble de l’espace public – une proposition que la police commença à appliquer, le jour même, au Trocadéro à Paris... Et il aura suffit, cette semaine, qu’une cour de cassation rappelle le droit pour qu’en huit jours, sous l’irrésistible pression d’un ministre de l’Intérieur, de deux philosophes médiatiques et d’une soeur Caroline, le président de la république, François Hollande, annonce une nouvelle chasse aux voilées. A rebours d’un siècle de laïcité française, à rebours des lois Ferry-Goblet et de la fameuse loi de 1905, c’est une véritable révolution conservatrice qui se poursuit – et qui se semble partie pour ne jamais s’arrêter. Le texte qui suit le souligne, en proposant une opportune leçon d’histoire non seulement à Marine Le Pen, mais aussi à tou-te-s les amnésiques qui, à gauche comme à droite, s’offusquent aujourd’hui de ses propos alors qu’ils ont eux-mêmes été les principaux acteurs de ladite révolution conservatrice en 2003-2004, en soutenant la loi contre le voile à l’école – la première dans l’histoire de France qui imposa la neutralité aux usagers d’un service public et non plus seulement à ses agents – et en menant, pour promouvoir cette loi, une campagne de stigmatisation, de diabolisation et d’excommunictation d’un brutalité et d’un racisme inouïs.


La loi anti-foulard du 15 mars 2004 a été présentée par ses promoteurs comme un « retour aux sources ». Selon le récit mythique qu’ils ont réussi à imposer à l’opinion, cette loi n’aurait fait que « ré-affirmer » des principes oubliés, « re-découvrir » la pertinence et l’actualité des textes fondateurs, « re-trouver » la saine intransigeance de Jules Ferry, Jean Jaurès ou Gambetta, « rappeler la loi » et ainsi « restaurer » ou « refonder » un ordre mis en péril par un renouveau de la menace religieuse. Le paradoxe, rarement relevé, est que cette rhétorique du retour aux sources a servi à promouvoir une nouvelle loi - une loi qui, en imposant désormais la « neutralité » aux usagers et non plus seulement aux agents du service public d’éducation, opère une transformation radicale de la laïcité française, en rupture totale avec l’esprit des lois fondatrices [1].

Si l’on peut parler de révolution conservatrice, ce n’est pas seulement parce qu’un « ordre nouveau » a été soutenu par une rhétorique « passéiste » [2]), « conservatrice » [3] ou « réactionnaire » [4]. C’est plus profondément parce que, dans son principe, dans ses objectifs et dans ses présupposés idéologiques, cette révolution rompt avec les principes de ce qu’on nomme le « progressisme » (la liberté et l’égalité) et s’inscrit au contraire dans un cadre idéologique profondément réactionnaire. Ce cadre idéologique réactionnaire peut être résumé par les quatre formules suivantes :

- passage d’une conception laïque de la laïcité à une conception religieuse de la laïcité ;

- passage d’une laïcité libertaire à une laïcité sécuritaire ;

- passage d’une logique démocratique à une logique totalitaire ;

- passage d’une laïcité égalitaire à une laïcité identitaire.

Une laïcité religieuse

« Laïcité sacrée » : cet invraisemblable slogan, figurant sur des autocollants arborés lors d’une manifestation commémorant le centenaire de la loi de 1905, indique à quel point la laïcité a été, au sens propre, sacralisée [5]. D’un principe organisateur de la société, dont les modalités restent soumises au débat démocratique, à la critique et à la révision permanentes, on a fait une « valeur » intemporelle, incritiquable et inamendable, et dont la simple invocation est supposée pouvoir régler, comme par exorcisme, tous les problèmes sociaux. On est ainsi passé d’un rapport d’altérité entre la laïcité et le religieux à un rapport de rivalité mimétique - que résume bien la formule suivante, récurrente dans le débat sur « le voile à l’école », de Nicolas Sarkozy jusqu’à la gauche extrême :

« Quand on rentre dans une mosquée, on doit enlever ses chaussures. De même, quand une élève rentre dans une classe, elle doit enlever son foulard. »

C’est ce « de même » qui pose problème, car il construit l’école sur le modèle du lieu de culte et la laïcité sur le modèle de la religion. Cette manière de reproduire la logique religieuse, et de se placer par là-même en concurrence avec les autres religions, s’oppose à la laïcité du début du vingtième siècle, qui fut tout autre chose : l’invention d’une autre logique, la mise en place d’un autre type de règles - des règles dans lesquelles l’interdit vestimentaire n’est pas un point d’honneur. D’un point de vue authentiquement laïque, nous ne devons justement pas faire la même chose avec le voile d’une élève qu’avec nos chaussures dans une mosquée, pour la simple raison que la salle de classe n’est justement pas une mosquée, qu’elle n’est pas un espace religieux mais un espace laïque. Et un espace laïque, c’est un espace pragmatique, c’est-à-dire, dans le cas de l’école, un espace dans lequel les règles sont fondées sur l’activité pédagogique : est permis tout ce qui est compatible avec le travail pédagogique du professeur et de ses élèves, n’est interdit que ce qui fait obstacle à ce travail.

Un espace laïque, c’est aussi un espace non-dogmatique, c’est-à-dire un espace ouvert à la discussion, y compris sur la ou les significations qu’il faut donner à tel ou tel objet, tel ou tel phénomène, tel ou tel « signe », tel ou tel vêtement. Seul le rituel religieux assigne une signification unique (soit « pieuse », soit « impie ») à un vêtement ou à un geste. En décrétant qu’un foulard couvrant les cheveux est nécessairement un « signe », que ce « signe » est nécessairement « ostensible », et que cette « ostentation » est nécessairement une attaque portée à « la laïcité », l’institution transforme l’heure de cours en rituel religieux, dans lequel elle donne à son représentant – le professeur – le rôle du Maître de Cérémonie, veillant à l’orthodoxie des faits et gestes ou des tenues vestimentaires des fidèles.

Cette nouvelle « religion de la laïcité » a d’ailleurs ses théologiens [6]. Le philosophe Henri Péna-Ruiz, notamment, qui développe autour de la laïcité un discours apologétique totalement abstrait, relevant davantage de la métaphysique ou du catéchisme que du droit, de la politique ou de la sociologie. Régis Debray et Alain Finkielkraut également, qui assument et revendiquent la dimension religieuse que la loi du 15 mars 2004 apporte à la laïcité. Ces auteurs nous expliquent tranquillement que le problème majeur de notre société est la perte de toute notion de « transcendance », et qu’ils placent tous leurs espoirs de Salut dans une école qui « redeviendrait » un « espace sacré » [7]. Or, encore une fois, l’école laïque telle qu’est s’est historiquement construite et imposée sur la base des lois de 1880-1886, et dans l’esprit de la loi de 1905, est une école sans transcendance ni sacré, attentive à la laïcité des personnels enseignants et des contenus enseignés, mais n’accordant pas d’importance particulière aux vêtements ou aux signes religieux portés par les élèves [8] et s’abstenant d’entrer dans le domaine proprement théologique de l’interprétation de ces signes. Ce fut aussi une école dont le souci premier était d’accueillir tout le monde - alors que la loi du 15 mars 2004 place les élèves voilées devant une alternative implacable : soit enlever son voile, soit quitter l’école, et provoque de ce fait des exclusions.

On peut donc distinguer une conception laïque de la laïcité et une conception religieuse de la laïcité. La conception laïque de la laïcité se fonde sur la loi de 1905 et sur la législation des années 1880 relative à la laïcité de l’école : dans ce corpus, la laïcité n’est pas conçue comme une fin en soi mais comme un simple moyen. Un moyen très précieux, certes, mais un moyen et non une fin - et encore moins un dogme, une « valeur », une « mentalité », un dress code ou un mode de vie. Avant d’avoir été idéologisée, mythifiée, sacralisée, la laïcité aura été cela : une « machine politique », un dispositif pragmatique précieux permettant ce qu’on appelle le « vivre-ensemble », ou plus précisément une certaine modalité du vivre-ensemble : un « vivre-ensemble » qui maximise la liberté et l’égalité . Et c’est précisément l’oubli de ces finalités qui aboutit à une « théologisation » de la laïcité. Celle-ci devient alors un impératif catégorique, une fin en soi qu’on défend sans plus savoir pourquoi on la défend - et sans hésiter à l’utiliser d’une manière diamétralement opposée à ses finalités premières : la liberté et l’égalité.

Une laïcité sécuritaire

On peut en effet qualifier la laïcité telle que la définissent les lois des années 1880 de laïcité libertaire, au sens où l’obligation de « neutralité » qui est imposée aux locaux, aux personnels et aux programmes scolaires est alors directement articulée aux principes de liberté et d’égalité. Elle a pour finalité de garantir – voire de produire – le maximum de liberté individuelle, et de la garantir de manière égale pour tous, en veillant à ce que la liberté des uns (l’adulte enseignant, ou les élèves appartenant aux groupes religieux ou culturels majoritaires) n’étouffe pas celle des autres (les enfants en formation, et plus particulièrement ceux qui appartiennent aux groupes minoritaires [9]). Le qualificatif de libertaire est le plus approprié pour désigner ce souci d’une égale liberté pour tous - tandis que le terme libéral peut être réservé à une valorisation plus abstraite de la liberté individuelle, aveugle aux rapports de domination qui font que la liberté des uns s’épanouit au détriment de celle des autres.

C’est bien le principe de liberté, ou plus précisément le souci d’une égale liberté pour tous, qui est au fondement de l’obligation de « neutralité » imposée à l’institution. En effet, si une absolue neutralité de l’enseignant est impossible, une neutralité relative est en revanche souhaitable et réalisable, consistant notamment à s’auto-limiter dans l’expression de ses convictions personnelles. Cette obligation de « neutralité » est imposée au professeur afin de permettre à l’élève de « se construire », d’apprendre à « penser par lui même », et de « se faire » lui-même « ses propres opinions ». L’élève est conçu comme une conscience en formation : la parole du maître doit donc être contenue, « neutralisée », afin que ce dernier n’étouffe pas cette conscience en formation en exerçant sur un esprit encore ignorant et inachevé une influence trop forte.

Il en va de même pour la neutralité des programmes scolaires : ils ne doivent pas imposer à l’élève une religion ou une idéologie officielle ; ils doivent au contraire lui présenter de la manière la plus honnête et équitable possible l’ensemble du patrimoine culturel de l’humanité, dans toute sa diversité et toute sa conflictualité, afin que l’élève se l’approprie et fasse ses propres choix spirituels, moraux, esthétiques et politiques en connaissance de cause [10].

C’est cette même finalité, la construction d’une conscience libre, qui fonde à la fois l’obligation de neutralité imposée à l’institution et la liberté d’expression maximale accordée aux élèves. Car c’est bien une liberté d’expression maximale qui est accordée aux élèves : les seules limitations imposées à cette liberté d’expression sont celles du droit commun - comme l’interdiction de l’injure, l’atteinte à l’honneur ou (depuis la loi de 1972) l’incitation à la haine raciale - ou celles qu’impose la relation pédagogique - par exemple l’obligation de parler du sujet du cours et d’attendre son tour de parole. Si aucune autre limitation n’a été inscrite dans la loi par les fondateurs de l’école laïque, si les lois de 1880-1886 demeurent silencieuses sur la « neutralité » de l’élève, si par conséquent elles autorisent chez ce dernier l’expression des convictions religieuses et politiques [11], c’est précisément parce que la construction d’une conscience libre nécessite que l’élève fasse usage de son libre-arbitre, et qu’il formule ses opinions afin de les confronter à la contradiction et d’évoluer. L’émancipation est une pratique, et c’est dans le langage que nous pensons : on ne saurait donc concevoir d’émancipation réelle sans liberté de parole. Cette liberté de parole doit être maximale, elle doit inclure y compris le droit d’exprimer des absurdités ou des préjugés : car pour que des préjugés soient dépassés, il faut qu’ils aient été contredits, et pour être contredits il faut qu’ils aient au préalable été dits.

La loi de 2004 marque une rupture radicale avec cette « laïcité libertaire » : en imposant une obligation de neutralité aux élèves, elle remet en cause un élément essentiel de la laïcité de l’école. Même si la loi d’interdiction porte uniquement sur les tenues vestimentaires, elle adresse aux élèves, et plus particulièrement aux élèves de confession musulmane, une injonction à la discrétion, à la « réserve » et finalement au silence - cela d’autant plus que le « débat » qui a précédé et provoqué l’adoption de la loi a été ponctué d’incessants appels à ne vivre sa religion que « dans la sphère privée », voire à « laisser sa religion à la maison ».

À ces élèves, l’État signifie non seulement que certaines formes d’expression leur sont interdites, mais aussi que leur point de vue d’élèves n’a aucun droit de cité lorsque doit être discutée la signification de certains vêtements. Plus radicalement, c’est le fait même que cette signification fasse l’objet d’une libre discussion qui est désormais interdit. Enfin, pour les filles qui refusent de se plier à l’interdit en enlevant leur foulard, l’exclusion définitive constitue une violence inouïe : en consentant à ces exclusions dont elle a créé elle même les conditions, l’institution dénie à ces élèves le droit de profiter des instruments d’émancipation que sont les savoirs dispensés par l’École - et les relègue au rang d’une sous-humanité définitivement « inapte à être libre ».

En même temps qu’elle cesse d’être libertaire, cette nouvelle laïcité devient « sécuritaire » au sens où, à la place de la liberté et de l’égalité, c’est l’ordre public qui joue désormais le rôle de fondement. Un des arguments principaux en faveur de la nouvelle loi a en effet été l’idée qu’il fallait faire disparaître les signes visibles pour rétablir la paix dans des établissements en proie à une « guerre de religions ». De ce point de vue, s’il existe dans l’histoire de France une « préhistoire » de la loi de 2004, ce n’est ni 1880 ni 1905, mais 1936 : Jean Zay rédige alors une circulaire interdisant aux élèves d’arborer des signes politiques. Cette mesure vient en réaction aux violents affrontements qui opposent dans les lycées les ligues d’extrême droite et les militants communistes. Il s’agit donc d’une mesure de circonstance, une mesure d’ordre public, une suspension des libertés publiques liée à une situation d’exception : on est très loin des fondements de la laïcité française.

Certains promoteurs de la loi de 2004 se sont d’ailleurs inscrits dans ce registre davantage que dans la légende dorée des « textes fondateurs de la laïcité » : ils ont expliqué - au prix d’une autre supercherie - que nous faisions face, en 2004, à une situation du même type, cette fois-ci entre Juifs et Musulmans [12].

Une logique totalitaire

« République contre démocratie » : ce mot d’ordre inventé par Régis Debray en 1989 au lendemain de son premier engagement prohibitionniste, lors de la première « affaire du voile » [13], doit être pris au sérieux. C’est effectivement la logique démocratique, rien de moins, qui est mise en cause par la « laïcité républicaine » telle qu’elle s’est réinventée et reformulée ces dernières années. Il suffit pour s’en rendre compte de se référer aux discours tenus par les partisans de la loi anti-foulard sur la nécessaire « neutralité de l’espace public ». En effet, l’idée d’« espace public neutre » peut être entendue de plusieurs manières : si on laisse de côté le problème épineux de la distinction entre ce qui est public et ce qui ne l’est pas [14], il reste encore deux manières radicalement différentes - et même antinomiques - de concevoir cet « espace » et sa « neutralité ».

Une première conception consiste à dire que ce qui doit être neutre est l’organisation de « l’espace public » : on dira que cet espace est neutre lorsque le droit d’expression est le même pour tout le monde, sans privilèges ni discriminations, et que les autorités y veillent. Plus concrètement, la « neutralité » réside dans le fait qu’aucune majorité, ou aucune force sociale en position de domination, ne monopolise la parole ou l’occupation de l’espace public, et que rien n’empêche les minoritaires de s’exprimer. Selon cette conception, ce qui, de l’espace public, doit être neutre, c’est l’espace, pas le public. On peut même dire que l’espace doit être neutre justement pour que le public, tous les publics, puissent ne pas l’être. Une femme peut alors porter son foulard sans que la « neutralité de l’espace public » soit remise en cause ; la neutralité de cet espace réside au contraire dans le fait même que cette femme puisse porter le foulard si elle le souhaite, et que d’autres femmes puissent ne pas le porter si tel est leur choix. Ce qui porterait atteinte à la neutralité de l’espace public, ce serait un parti-pris de l’État ou une pression sociale qui obligerait toutes les femmes à se plier à une norme unique : porter le foulard, ou ne pas le porter.

L’autre conception, celle qui a été développée de plus en plus fréquemment au cours du « débat sur le voile » [15], consiste au contraire à imposer la neutralité au public, c’est-à-dire aux individus qui traversent l’espace public. Dans ce cas, la femme musulmane qui se singularise en portant un foulard porte effectivement atteinte à la « neutralité de l’espace public ». Cette conception de l’ « espace public neutre » est tout aussi cohérente que la première, mais il faut bien mesurer ce qu’elle implique : une suppression totale de la liberté d’expression, ni plus ni moins. Un espace public dans lequel les individus sont tenus de « rester neutres » est même, au sens le plus rigoureux du mot, un espace totalitaire.

Il ne s’agit bien entendu pas de prétendre que la loi anti-foulard a fait de la France une société totalitaire. Force est en revanche de constater que la version de la « nécessaire neutralité de l’espace public » qui s’est imposée à la faveur du « débat sur le voile » obéit à une logique totalitaire. Le législateur ne lui a - heureusement - pas donné force de loi, mais cette conception totalitaire a trouvé, dans le débat sur « le voile à l’école » [16], l’occasion de se constituer et de se diffuser bien au-delà des cercles d’extrémistes dans lesquels elle aurait dû demeurer. Ce discours proprement délirant, ou en tout cas inacceptable aux yeux de n’importe quel démocrate, est devenu dicible, et c’est sans doute lui qui a inspiré les multiples violences et incivilités qui ont été ces derniers mois commises au nom de « la laïcité » contre des femmes voilées - dans des universités, des banques, des mairies, des préfectures ou des transports en communs...

Si les innombrables déclarations sur la « nécessaire neutralité de l’espace public », entendue comme une neutralité du public, n’ont pas été perçues comme inacceptables, si personne ne s’en est inquiété outre mesure, si personne n’en a conclu qu’un fort courant totalitaire traversait la société française (ou en tout cas son intelligentsia ou sa classe politique) c’est que tout le monde sentait, au moins confusément, que ce « devoir de neutralité » ne concernait en vérité que les femmes voilées, et qu’il était hors de question d’appliquer à l’ensemble de la population cette conception totalitaire de la « neutralité de l’espace public ». Il allait de soi, depuis le début de « l’affaire », que le droit d’exprimer publiquement ses convictions n’était sérieusement remis en cause par personne [17], que c’était bel et bien l’espace et lui seul qui devait être neutre, et que le seul public qui devait désormais s’astreindre à la neutralité était le public musulman - ou au moins le public musulman pratiquant, ou au moins le public musulman portant barbe ou foulard [18]. En d’autres termes, la doctrine qui a pris corps dans le camp prohibitionniste n’est que « partiellement totalitaire » :

- elle reconnaît à la majorité de la population le droit de jouir des droits démocratiques reconnus par la Constitution, autrement dit : de bénéficier d’un « espace public neutre » au premier sens du terme : un espace suffisamment neutre pour que le public puisse ne pas l’être ;

- elle soumet en revanche une minorité aux contours variables [19] à la « neutralité de l’espace public » au second sens du terme, en l’ obligeant à devenir elle-même « neutre », c’est-à-dire invisible et silencieuse, dès qu’elle entre dans l’espace public.

Démocratie et totalitarisme ne sont plus alors deux types de régimes ou deux types de sociétés aux antipodes l’un de l’autre ; ils coexistent dans une même société - ou plutôt dans un même projet de société : totalitarisme pour les musulmans (ou au moins pour les « mauvais musulmans »), démocratie pour les autres.

Une laïcité identitaire

Cette bizarrerie du point de vue de la science politique la plus académique n’a en revanche rien de bizarre pour quiconque a étudié ou subi cette forme particulière d’oppression qu’on nomme la discrimination, et notamment le racisme, le sexisme ou l’homophobie. En effet, le racisme, le sexisme ou l’homophobie, dans la mesure où ils sont systémiques, divisent précisément une même société en deux groupes, en déniant aux uns les droits démocratiques qui sont accordés aux autres. La manière par exemple dont on a dit et répété aux musulmans qu’ils « pouvaient » vivre et exprimer leur foi tant qu’ils voulaient « chez eux », « dans la sphère privée », mais que « dans l’espace public », ils devaient, « laïcité » oblige, « rester neutres », n’est pas sans rappeler le discours quasi-identique qui continue d’être tenu aux homosexuels : « vous faites ce que vous voulez chez vous, c’est votre vie privée, mais vous n’avez pas à vous afficher dans l’espace public. ». Dans les deux cas, le même semblant de « respect » et de « générosité » (« vous avez le droit de faire ce que vous voulez chez vous ») masque la même discrimination, la même assignation à un silence, une invisibilité, une soumission à un ordre totalitaire auquel les « majoritaires » échappent - car personne ne demande à un hétérosexuel de cacher son hétérosexualité dans « l’espace public », pas plus qu’on ne demande à des catholiques, des protestants, des Juifs, des bouddhistes, des athées, des communistes, des socialistes, des libéraux ou des centristes [20] de garder leurs opinions pour « chez eux » et de « rester neutres dans l’espace public ».

C’est cette inégalité de traitement, ce « deux poids deux mesures », qui a conduit de nombreux citoyens de ce pays à qualifier la loi anti-foulard de loi raciste. Il ne s’agit pas, en disant cela, d’accuser chaque personne qui approuve cette loi d’être animée par la haine des Arabes ou des musulmans. Il s’agit en revanche de souligner que les conceptions revisitées de la « nécessaire neutralité de l’espace public » et de la « nécessaire neutralité de l’espace scolaire » qui ont servi de soubassement à la campagne « anti-foulard » posent la question du racisme. Il s’agit aussi de dire que si l’on définit le racisme comme un système de pensée et de pratiques discriminatoires fondées sur la « race », l’ « origine », l’ « ethnie » ou la « culture », alors la loi anti-foulard est indiscutablement raciste.

En effet, cette loi instaure une inégalité en posant un interdit qui exerce une violence sur certains élèves (notamment les Sikhs et les musulmanes voilées) plus que d’autres (les chrétiens, qui peuvent, s’ils se sentent tenus d’en porter une, garder leur croix sous leur pull). Cette discrimination n’est pas le fruit du hasard : la loi a été élaborée à cette fin [21]. On ne peut pas le contester :

- c’est du voile uniquement qu’il a été question dans la plupart des argumentaires pro-loi, même s’ils réclamaient, dans leur intitulé et dans leurs conclusions, une interdiction de « tous les signes religieux » [22] ;

- c’est du voile uniquement qu’a parlé Jacques Chirac dans son discours du 17 décembre 2003 appelant le Parlement à légiférer ;

- c’est sur le voile, et sur le voile seulement, que les députés ont glosé interminablement au cours des débats parlementaires.

Tous ces faits sont des faits objectifs, vérifiables, qui font de la loi antifoulard une loi objectivement raciste - indépendemment de la conscience qu’en ont eu les militants progressistes et même antiracistes qui ont cru pouvoir accepter voire soutenir cette loi au nom du féminisme ou de la laïcité [23].

Par ailleurs, l’hystérie collective et les contradictions qui se sont manifestées au cours des débats peuvent difficilement s’expliquer autrement : quand des gens intelligents deviennent soudainement bêtes, quand des gens doux et aimables deviennent soudainement méchants, quand des féministes se mettent à traiter d’autres femmes de « salopes » (sous prétexte qu’elles portent le voile et prétendent participer à une manifestation féministe [24]), quand des libertaires deviennent autoritaires (en acceptant que l’État régisse les tenues vestimentaires des élèves et traduisent les « mal-vêtues » en conseil de discipline), on ne peut pas ne pas parler de phobie collective.

On ne peut pas non plus expliquer l’indifférence quasi-générale qu’a suscité la déscolarisation de centaines d’adolescentes sans prendre en compte l’imprégnation profonde de l’islamophobie : comment expliquer autrement que, dans une société où les enfants et leur avenir sont l’un des sujets qui émeuvent le plus, et où la réussite scolaire est unanimement considérée comme la clé de l’insertion sociale, la déscolarisation de centaines d’adolescentes, issues pour la plupart des classes populaires, ait pu susciter une telle indifférence ?

Un racisme respectable

Le racisme qui a imprégné l’ensemble des débats n’a pas toujours été théorisé, mais il a été omniprésent dans les argumentaires prohibitionnistes. On pourrait multiplier les citations édifiantes où s’opèrent une complète essentialisation de l’Islam et une multitude d’amalgames (voile-viol-excision-islamisme-intégrisme-terrorisme-fascisme-nazisme-antisémitisme) [25]. Mais nous nous attarderons plutôt sur deux exemples précis, emblématiques de la remarquable crispation identitaire, voire raciste, qui s’est manifestée au cœur de la gauche française à l’occasion du débat sur la loi antifoulard : l’exemple du sénateur socialiste Jean-Luc Mélenchon et celui du philosophe Henri Péna-Ruiz.

Au cours de l’émission « Mots croisés » du 12 décembre 2005, le sénateur Jean-Luc Mélenchon fait l’éloge de la loi du 15 mars 2004, en la présentant comme l’aboutissement logique de « la laïcité » française [26]. Tant qu’il est seul à parler [27], il tient un discours abstrait et lénifiant sur la laïcité comme principe « universel » permettant de « vivre tous ensemble » dans le respect des convictions « de chacun ». Deux invités (Christine Boutin [28] et Amar Lasfar [29]) lui apportent alors la contradiction, expliquant d’une part qu’il n’est pas normal qu’un sens unique, univoque et infamant ait été assigné au foulard, sans que les filles qui le portent n’aient voix au chapitre, d’autre part que la campagne anti-foulard a eu pour effet de stigmatiser toute une catégorie de la population française sur la base de préjugés et de phobies, enfin que cette loi a aussi eu pour effet d’exclure de nombreuses adolescentes qui souhaitaient pourtant rester scolarisées à l’école laïque. Le simple fait d’avoir à répondre à des objections semble énerver au plus haut point le sénateur : au lieu de contre-argumenter sur le terrain de ses interlocuteurs (la question de la signification donnée au voile, celle du droit à la parole pour les adolescentes voilées, celle de la légitimité de l’exclusion scolaire...), il hausse le ton et coupe court à toute discussion par ces mots lapidaires :

« Écoutez ! Notre manière de vivre, à nous les Français, c’est qu’on ne met pas de voile à l’école ! » [30]

Cette fin de non-recevoir, particulièrement violente et primaire, est emblématique tout d’abord de l’incapacité des élites politiques françaises à accepter le dialogue, c’est-à-dire l’échange d’arguments d’égal à égal, surtout lorsque l’objet du débat et / ou les interlocuteurs ont à voir avec « l’immigration », le « monde arabe » ou « l’Islam ».

Elle est plus profondément emblématique des contradictions du discours « républicaniste » qui sert de viatique aux classes dirigeantes françaises : un monologue suave, mielleux, voire lénifiant, qui affiche volontiers sa « générosité », mais qui se transforme en violente invective ou en rappel à l’ordre implacable dès que des « immigrés » ou des « issus de l’immigration » s’invitent dans le monologue pour contester, dénoncer, et exiger que les pétitions de principe universalistes, libertaires et égalitaires trouvent une traduction dans la réalité.

La réaction de Jean-Luc Mélenchon est enfin emblématique de la profonde contradiction d’un système politique qui use et abuse des mots de l’universalisme (liberté et « respect » des convictions « de tous », « égalité » de traitement « quelle que soit » l’origine ou la croyance « de chacun », refus de la « discrimination » et de « l’enfermement communautaire », etc.) mais de manière totalement abstraite, sans jamais chercher à les incarner dans une quelconque réalité sociale. Un système politique qui, lorsqu’il se confronte à la réalité, passe avec une étonnante facilité de ce registre de l’universalisme abstrait à un registre diamétralement opposé : celui du particularisme, du « communautarisme », de l’affirmation identitaire la plus bornée et la plus agressive - car, enfin, faire de « notre manière de vivre, à nous les Français » le fondement d’une loi censée s’appliquer à tous les élèves, c’est l’attitude la moins universaliste et la plus identitaire qu’on puisse concevoir.

Le second exemple où l’on voit s’opérer le passage d’une laïcité égalitaire (fondée sur l’égalité) à une laïcité identitaire (fondée sur l’ identité) est celui d’Henri Pena-Ruiz, philosophe qui a été, au sein de la Commission Stasi et dans les médias, l’un des plus ardents militants en faveur de la loi de 2004. Au cours d’un débat public [31], Henri Pena-Ruiz a déclaré la chose suivante - qui a été souvent redite par d’autres partisans de la loi anti-foulard :

« Je n’ai pas à savoir, en tant qu’enseignant, si mes élèves sont juifs, chrétiens, musulmans, athées ou autres. Car, je dois les traiter tous comme des élèves égaux. »

Ce qui est intéressant dans ce propos, c’est que la révolution conservatrice n’est pas pleinement assumée : l’égalitarisme n’est pas dénigré comme il peut l’être dans certains discours réactionnaires et « identitaires » (d’Alain de Benoist à Alain Finkielkraut) [32] ; il est au contraire revendiqué comme étant la fin ultime ; inversement, le ressort identitaire de la position prohibitionniste n’est pas revendiqué, il est au contraire totalement dénié, l’essentiel du discours d’Henri Péna-Ruiz consistant précisément à opposer la majesté de « l’Universalisme » aux ténèbres du « particularisme », du « communautarisme » ou de l’enfermement « identitaire ». Nous ne sommes donc pas dans un discours clairement « identitaire » comme peut l’être celui de la droite extrême ou des « néo-conservateurs », mais au cœur de la contradiction du républicanisme français : un particularisme dominant s’identifie à « l’Universel », et une logique identitaire s’exprime dans les termes du discours égalitaire.

En effet, le propos d’Henri Péna Ruiz, en confondant de manière quasi-enfantine [33] la notion d’égalité et celle d’identité, manifeste une totale méconnaissance de la logique égalitaire, et de la manière dont elle implique l’émergence, l’expression et la confrontation des différences. En effet : en quoi le fait de connaître une différence (par exemple de savoir qu’untel est juif, qu’untel est musulman, qu’untel est croyant, qu’untel ne l’est pas) empêche-t-il de traiter chacun de manière égale ? La différence ne s’oppose pas à l’égalité mais à l’identité. Ce qui est antinomique de « différent », c’est « identique » : « égal » n’est pas antinomique de « différent », mais d’ « inégal ». Confondre la question « égalité / inégalité » et la question « identité / différence », faire de l’identité une condition de l’égalité, considérer comme impossible l’égalité entre deux êtres différents, considérer qu’une différence se traduit nécessairement par une inégalité, c’est le propre de la pensée raciste. J’ai donc répondu, lors du débat, la chose suivante :

Je suis professeur en lycée, et que le foulard soit interdit ou pas, rien n’empêchera que je sache ce que sont mes élèves. Ils ont mille manières de l’exprimer - et je ne crois pas que cette expression « identitaire » soit en elle même un mal. J’ai même tendance à penser qu’il est bon qu’un professeur connaisse ses élèves, qu’il sache qui ils sont - en d’autres termes qu’il connaisse leurs identités, qu’il s’agisse d’identité religieuse ou d’autres traits identitaires. Ce n’est pas l’expression identitaire qui est dangereuse, mais seulement l’imposition aux autres d’une norme identitaire.

Mais surtout : le fait de connaître une « différence », de savoir par exemple que les uns croient et les autres pas, que les uns sont musulmans et les autres autre chose, ne m’a jamais empêché de les traiter en égaux. Si le fait de connaître une différence entre deux personnes vous empêche de les traiter de manière égale, le problème n’est pas ce que l’élève porte sur sa tête, c’est ce qu’il y a dans la vôtre. Et cela s’appelle le racisme.

C’est en somme au coeur des élites républicaines et non dans ses marges, et à gauche presque autant qu’à droite, que s’est opérée la reformulation du principe laïque qu’un Guéant ou une Le Pen ne font aujourd’hui qu’étendre et systématiser : une reformulation autoritaire, sécuritaire et identitaire de la laïcité qui, combinée à une reformulation culturaliste du racialisme, est en train de redonner au racisme le plus véhément un semblant de légitimité... et une nouvelle jeunesse.



Notes


[1] Les lois de 1880, 1882 et 1886 sur l’école, et la loi de 1905 sur la « séparation des Eglises de de l’Etat


[2] Au sens de : rhétorique glorifiant le passé


[3] Au sens de : rhétorique valorisant la continuité et la fidélité au passé


[4] Au sens de : rhétorique prônant le retour à un ordre ancien


[5] Ce slogan fait écho à la manière dont Jacques Chirac a tranché le débat sur l’opportunité de réformer la loi de 1905 : il ne saurait en être question, a-t-il déclaré, car « on ne doit pas toucher aux piliers du temple » !


[6] Elle a également son clergé, qui est, comme tous les clergés, quasi exclusivement masculin : Alain Duhamel, Jean Daniel, Jacques Julliard, Alain Gérard Slama, Max Gallo, Denis Jeambar, Claude Imbert, Serge July, Jean-Michel Thénard, Jean-François Kahn... Tous féministes quand il s’agit de stigmatiser le voile, mais tous des hommes, qui monopolisent la parole autorisée, le commentaire politique, la direction de la presse d’opinion.


[7] Cf. A. Finkielkraut, « Le foulard et l’espace sacré de l’École » et le commentaire qu’en fait Dominique Liebman, « Finkielkraut se dévoile ! »


[8] Cette indifférence aux tenues vestimentaires des élèves n’a certes pas toujours été la règle : il est arrivé que des élèves soient inquiétés, menacés voire renvoyés en raison de leurs tenues vestimentaires ; mais d’une part ces pratiques ne se fondaient pas sur des textes de loi, ni même sur « l’idée » ou l’idéal de laïcité, et d’autre part ce ne fut pas à l’honneur de l’institution : il y eut notamment des exclusions de filles pour port d’un pantalon, et d’autre part des exclusions de garçons pour cause de cheveux longs . C’est aussi avec cette part de la tradition française - la plus autoritaire, la plus brutale, celle à laquelle mai 68 avait mis fin - que la « bataille du voile » a renoué.


[9] Qui sont à cette époque, outre les protestants et les juifs, les athées et agnostiques, enfants de libres penseurs et autres franc-maçons


[10] Notons que ce principe n’a été que très imparfaitement appliqué : l’enseignement de l’histoire, notamment, a été jusqu’aux années 1960 très profondément imprégné d’une idéologie nationaliste, franco-centriste et colonialiste (cf. par exemple, P. Tevanian, « L’école du mépris »). Aujourd’hui encore, les programmes scolaires sont loin d’être émancipés du « mythe national » promu par les classes dirigeantes. Bien d’autres limites pourraient être soulevées, parmi lesquelles la place dérisoire accordées aux femmes et aux classes populaires. Cf. S. Citron,
Le Mythe National. L’histoire De France En Question,
Paris, Éditions Ouvrières, 1987


[11] Selon un principe élémentaire du droit qui veut que le silence de la loi vaut autorisation


[12] Sur le caractère largement construit, entretenu et démesurément grossi de cette situation de conflit, cf. notamment acrimed et oumma.com


[13] « L’affaire de Creil », en octobre 1989


[14] Cf. les amusants développements que Laurent Lévy propose sur les hôpitaux publics, les toilettes publiques, ou les « amoureux qui se bécotent sur les bancs publics ». Cf. L. Lévy, Le spectre du communautarisme, Éditions Amsterdam, 2005


[15] Dans des milieux fanatiques comme la mouvance UFAL-Gauche républicaine, mais parfois aussi au-delà : les militantes féministes Anne Vigerie et Anne Zelensky ont par exemple publié une tribune appelant à interdire le foulard, à l’école dans un premier temps, puis partout « si des viols continuent de se commettre contre des femmes non-voilées » ! Sur cette tribune, cf. Collectif Les mots sont importants, « Un féminisme à visage inhumain »


[16] Souvent réduit à un débat sur « le voile » tout court, ou plus précisément à un concours de dénigrement du « voile », des femmes qui le portent et des hommes arabes qui le tolèrent - soupçonnés d’être des « voileurs de femmes » dès lors qu’ils ne clament pas haut et fort qu’ils sont « contre le voile et pour la loi »


[17] Pas même - ou surtout pas - le droit d’exprimer des opinions islamophobes


[18] Et de ce seul fait suspecté d’ « islamisme » ou d’ « intégrisme »


[19] Les femmes voilées, les musulmans « ostensibles », les musulmans pratiquants, les musulmans tout court, les « présumés musulmans » ou - pour paraphraser Y.B. - les « musulmans pratiquement »...


[20] Ni, si on parle de tenues vestimentaires, aux porteurs de tee-shirts Che Guevara, de foulards palestiniens, de badges ou de pin’s « SOS Racisme », « MRAP », « UMP », ou de « rubans rouges » signifiant une implication dans la lutte contre le SIDA...


[21] Plus exactement, la loi a été conçue pour pouvoir exclure les élèves voilées hors de l’école ; les Sikhs, auxquels - de l’aveu même des membres de la Commission Stasi - personne n’avait pensé, auront donc été les « victimes collatérales » d’une loi qui originairement ne les visait pas.


[22] Cette contradiction se trouve notamment dans la pétition lancée en mai 2003 par l’UFAL, et dans la pétition publiée en décembre 2003 par l’hebdomaaire Elle. Par ailleurs, lors d’une réunion publique organisée par l’UFAL en septembre 2003, et au cours de laquelle toutes les interventions ne ciblaient que le voile, il fut rappelé, en conclusion, que « pour des raisons tactiques », il fallait prendre garde de demander une interdiction générale de « tous les signes religieux », « Ni voile, ni croix, ni kippa ».


[23] Sur les contradictions des arguments prohibitionnistes se réclamant du féminisme, cf. Nouvelles Questions Féministes, Volume 25, No 1, 2006, « Sexisme et racisme » (Présentation en ligne : « De l’affaire du voile à l’imbrication du sexisme et duracisme »)etNaciraGuénif-SouilamasetE. Macé, Les féministes et le garçon arabe, Editions de l’Aube, 2004. Cf. aussi Cecilia Baeza et Marielle Debos, « Le féminisme à l’épreuve du foulard islamique » ; Christine Delphy, « Débat sur le voile au Collectif Droits des femmes » et « Intervention contre une loi d’exclusion » ; Femmes Publiques, « Être féministe, ce n’est pas exclure » ; Caroline Damiens, « Le corps des femmes n’est pas un champ de bataille » ; Collectif Les mots sont importants,
« Un féminisme à visage inhumain » ; Houria Bouteldja,
« Féminisme ou maternalisme ? » ; Djamila Bechoua, « Et toi, pourquoi tu ne le portes pas, le foulard ? » ;
Monique Crinon,
« Féminisme et laïcité : non aux amalgames ».

Quant au fait que des militants antiracistes sincères aient pu être favorables à une loi objectivement raciste, cela n’empêche certes pas ces gens d’être de valeureux militants antiracistes - dans leurs autres engagements - mais cela n’empêche pas non plus cette loi d’être une une loi raciste. C’est un constat auquel il a bien fallu se résoudre : une loiraciste peut très bien être acceptée, approuvée, voire revendiquée par un militant antiraciste. Cela n’ôte pas à ce militant tous ses mérites, cela ne prouve pas que son antiracisme ne vaut rien, cela nous rappelle simplement que nous ne sommes pas monolithiques, et que personne n’est absolument imperméable au préjugé raciste, surtout lorsque le racisme en question est structurel, lorsqu’il plonge ses racines dans une histoire ancienne jamais critiquée, lorsqu’il est inscrit en profondeur dans les rapports sociaux et lorsqu’il est quotidiennement réactivé par des appareils idéologiques multiples et puissants.


[24] Cf. le témoignage de Djamila Béchoua, « Et toi, pourquoi tu le portes pas, le foulard ? »


[25] Sur cette essentialisation et ces amalgames, cf. P. Tevanian, Le voile médiatique. Un faux débat : « l’affaire du foulard islamique », Raison d’agir, 2005


[26] Au mépris de la réalité historique, comme nous l’avons montré dans ce texte.


[27] Ou soutenu par l’essayiste Caroline Fourest, présente sur le plateau, qui défend la loi antifoulard dans les mêmes termes que lui.


[28] Députée des Yvelines


[29] Recteur et Imam de la Mosquée de Lille, Président du lycée privé musulman Averroés).


[30] Cette phrase est une retranscription rigoureuse des mots prononcés par Jean-Luc Mélenchon sur le plateau de l’émission « C dans l’air ».


[31] Qui s’est tenu à la mairie de Montreuil en 2004


[32] Sur les discours ouvertement anti-égalitaristes, cf. J. Rancière, La haine de la démocratie, Éditions La Fabrique, 2005


[33] Comme le fait remarquer Michèle Le Doeuff, même un enfant arrive à comprendre que la différence entre la plume et le plomb n’empêche pas un kilo de plume d’être égal à un kilo de plomb. Cf. M. Le Doeuff, Le sexe du savoir, Aubier, 1999
Toussaint
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