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Prostitution/Travail du sexe

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Prostitution/Travail du sexe - Page 5 Empty Re: Prostitution/Travail du sexe

Message  Vérosa_2 Ven 22 Avr - 20:51

Toussaint a écrit:
sans doute n'as-tu pas lu les posts précédents
"Sans doute" as-tu mal lu le mien.
Toussaint a écrit:
Ensuite, avoir des séquelles de travail et d'accidents du travail n'est pas la même chose que ce dont souffrant les prostituées, sans doute n'as-tu pas lu les posts précédents. Le traumatisme dont souffrent les prostitué-e-s est du type dont souffrent les soldats blessés et/ou torturés. Ce n'est pas le cas des personnes qui ont des maladies professionnelles.
La nous avons affaire à l'art de la mauvaise foi. Et à une forme de "conscience" judéo-chrétienne que je ne croyais pas présente sur un tel forum. Comparer et réduire le travail du sexe aux massacres militaires est un exercice d'ordre moral sans pertinence. Un ou une prostituée est avant tout une marchandise et une force de travail renouvelables et source de profit (mac, maffia ou bien les prostitué-e-s indépendants), ce que n'est pas un soldat en tant qu'individu par définition. Le but d'une armée est précisément de fournir de la chair et de la force de travail non renouvelable.

Sinon, derrière ce que tu nommes à travers l'aimable euphémisme de "maladie professionnelle" se trouvent des morts, des amputations, des paralysies, des cancers divers et multiples, des silicosés, des TMS (par millions), des schizophrénies du travail, des phobies sociales, et j'en passe 3 pages au minimum. Tout cela ne serait pas qualitativement identique à ce que subissent les prostitué-e-s ? Eh bé...

Le capital tue indifféremment, qu'il s'agisse de travail du sexe ou de travail que l'on considère comme "normal". Comment le travail du sexe se sépare-t-il du travail prétendu "normal" ? Après 7 pages de débat on n'en sait toujours rien. C'est dire si les partisans de la soit-disant différence sont aveuglés par des critères d'indignation et de morale à défaut d'autre chose de plus raisonné.

Vérosa_2

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Message  Invité Ven 22 Avr - 22:47

Un extrait de "La prostitution dans le monde capitaliste" de Dimitra ZORGIANNOU, téléchargeable en pdf ici.

Introduction

Le système capitaliste en tant que système économique, politique et social avec son apparition dans le XVIème siècle a changé les modes de production, l’organisation du travail, et l’organisation de la société. Le moteur principal du capitalisme est l’argent et le but principal du système est la production de plus-value. Pour le capitalisme, tout tend à devenir marchandise et en premier lieu l'homme. La force humaine, la santé, l’éducation, la recherche scientifique, le sang, les organes, tout devient marchandise. Le système prostitutionnel est fidèle à ce principe.

(...)

1.1 Capitalisme et prostitution

En faisant un travail sur l’économie politique et ses rapports avec la sexualité, nous avons fait certaines réflexions sur le sujet de la prostitution. D’après un axiome marxiste, l’histoire des prostituées est à resituer dans un contexte capitaliste. Dans l’économie du marché, le rôle de l’argent prend des proportions énormes. L’argent devient une idole. Les femmes pauvres se prostituant, seraient un artefact des rapports sociaux de classe, une image exemplaire de la réification produite par l’économie libérale. En suivant le syllogisme marxien nous voyons que les mauvaises conditions économiques obligent les plus pauvres à se prostituer.

Nous voyons que dans une optique marxiste la prostitution est propre au système de production bourgeois, elle transforme les individus en simples entités économiques et en un sens, la réification est réelle, elle investit les corps dans des missions de moyens de production. La seule différence avec les autres produits du marché libre est la nature particulière de la marchandise. Marx nous dit que « dans le procès d'échange, une somme d'argent représentant une marchandise (ou travail objectivé) s'échange contre une quantité égale de travail objectivé dans la capacité vivante du travail : conformément à la loi de la valeur qui règle l'échange des marchandises, on y échange des équivalents, des quantités égales de travail objectivé, même si l'une est objectivée dans une chose et l'autre dans une personne en chair et en os. » (Marx, 1971) La prostitution apparaît comme une forme paradigmatique du rapport capitaliste.

Toujours selon Marx, le fétichisme de l’argent est la caractéristique essentielle du capitalisme. À cet égard, nous pouvons dire que l’univers prostitutionnel semble être inspiré par le même mouvement. Si nous utilisons le schéma possesseur/vendeur - une chose - un acheteur nous pouvons dire que la personne qui se prostitue représente la plus-value pour son proxénète, un travailleur qui a une relation extérieure avec son corps dans l’économie libérale et un sujet désirant dans sa relation avec son client. Nous savons déjà que dans la production capitaliste le produit essentiel, ce n’est pas la marchandise mais la plus-value. La seule particularité de cette économie, comme nous explique Amélie Maugère sur son article « Apports d’une interprétation marxiste et marxienne de la prostitution. Limites et perspectives », c’est qu’aucun objet ne s’emmêle entre l’outil humain de production et le client. En essayant de démonter la production de richesse de la prostitution, nous voyons que cette activité présuppose un travail concret, l’activité technique de production du plaisir, et un travail abstrait, la dépense de force humaine.

En suivant une logique marxiste nous pouvons dire que les proxénètes deviennent commerçants du sexe. Marx explique que la division du travail produit une classe de profiteurs qui bénéficie du travail des autres et à côté de cette classe il a autre classe, dans laquelle ce n’est pas facile de mener un combat commun. Nous sommes d’accord avec l’opinion qui dit que la prostitution organisée par les proxénètes ne fait pas exception.

En étudiant le rapport client - prostituée nous pouvons dire que la prostitution est une activité qui met le travailleur directement en relation avec le client. Le rapport est marchand comme dans tous les commerces. Se pose alors la question comme dans n’importe quel commerce, de l’élément qui assure la médiation entre ces deux personnes. Nous pouvons constater que cet élément, c'est l’argent. L’argent prend le caractère de fétiche. Le caractère fétiche est réel tant qu'il exerce un pouvoir irrésistible sur les individus. Le client paye un prix pour acheter des services sexuels, dans le but d’avoir du plaisir. La différence, c’est que dans ce cas le travailleur, la prostituée, incarne le plaisir ; elle apparaît donc comme le médiateur de cette subjectivité. Mais le système capitaliste, par l’importance qu’il accorde à la valeur d’échange, a réduit cette réalité humaine composée par le besoin, le désir, et la conscience. Nous avons donc un usage auquel s'ajoute une valeur d’échange. Nous voyons que dans le cas de la prostitution la réification est devenue réelle.

En essayant de voir la question du travail productif, nous voyons que Marx nous dit que chaque travail qui produit de la plus-value est un travail productif. Il dit caractéristiquement « … est productif le travail qui valorise directement le capital ou produit de la plus-value, c'est-à-dire le travail qui se réalise, sans aucun équivalent pour l'ouvrier qui l'exécute, en une plus-value représentée par un surproduit, donc en un incrément additionnel de marchandises pour celui qui monopolise les moyens de travail, le capitaliste. » et « Toutes les fois que le travail est acheté pour être employé comme valeur d'usage, à titre de service - et non pas comme facteur vivant, échangé contre le capital variable, en vue d'être incorporé au procès de production capitaliste - il n'est pas productif, et le salarié qui l'exécute n'est pas un travailleur productif. Dans ce cas, en effet, le travail est consommé pour sa valeur d'usage, et ne pose donc pas de valeurs d'échange. N'étant pas consommé de manière productive, c'est du travail improductif ». Dans le même texte il dit finalement que toutes les activités, « depuis celle du roi à celle de la prostituée sont, en fin de compte, salariées, et donc considérées comme productives d'une manière ou d'une autre. » (Marx, 1971)

Nous sommes conscients que si nous suivons la logique marxiste, nous n’avons pas de réponses sur toutes les questions concernant la prostitution. Marx ne s’occupe pas des rapports sociaux de sexe : avec les outils de l’économie politique, nous ne pouvons pas expliquer pourquoi les hommes pauvres ne se prostituent pas. Ici, nous devons voir aussi la discrimination et les inégalités entre les deux sexes. Dans beaucoup des sociétés, et encore aujourd’hui, les femmes sont consommables. Les femmes ne sont pas considérées comme des individus au même titre que les hommes. La « nature féminine » donne aux femmes des caractéristiques sociales différentes des hommes. Le fait que les femmes puissent être enceintes, les différencierait des hommes en leur assignant des rôles différents de ceux attribués aux hommes. Les « rôles féminins » donnent à la femme une place différente de celle de l’homme dans la société. Les hommes participent à la sphère publique tandis que les femmes s’en abstiennent. Les femmes ne peuvent toujours pas s’échapper de la sphère des activités « privées ». Dans cette sphère, nous retrouvons le travail domestique, la sexualité, la reproduction et l’éducation des enfants (Elshtain, 1981 et Arendt, 1958)

En partant de l’analyse d’Aristote, nous retrouvons ainsi la femme réduite à un instrument de reproduction de l’espèce humaine et elle est « naturellement » responsable des travaux domestiques. Le corps féminin dans son ensemble est décrit comme faible et incomplet. La femme est en elle-même un défaut. Les femelles sont par nature plus faibles et plus froides, et il faut considérer leur nature comme une « défectuosité naturelle » (Aristote) En passant à Rousseau, nous voyons qu’il écrit que la femme a été créée en ayant comme finalité « d’offrir du plaisir » (Rousseau, 1762). Dans l’oeuvre de Rousseau, la femme n’est ni individu ni citoyenne. Conception partagée aussi par Locke ; seuls les hommes peuvent être entièrement considérés comme des « individus » alors que les femmes sont surdéterminées par leur destin de soumission. (Locke, 1966[1960])

Après avoir étudié la « nature féminine », la place de femme dans la société, et comment la qualité de l’individu était refusée aux femmes ainsi que les différentes notions du genre, nous pouvons comprendre pourquoi les hommes qui se trouvent dans une situation économique difficile ne se prostituent pas autant que les femmes. Les femmes sont exclues de la sphère publique qui confère tous les honneurs. La femme « existe pour offrir du plaisir », « son corps est un défaut », « elle est ni citoyenne, ni individu » : nous pouvons dire que la « femme prostituée » est un artefact des rapports sociaux du genre.

...

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Message  Toussaint Sam 23 Avr - 3:16

Un ou une prostituée est avant tout une marchandise

C'est avant tout une personne. Et sauf dans l'esclavage, le corps d'une personne n'est pas une marchandise.

Comparer et réduire le travail du sexe aux massacres militaires est un exercice d'ordre moral sans pertinence.

Sans doute n'as tu pas lu mon post.
Je n'ai pas parlé des massacres de guerre, j'ai défini le traumatisme dont souffraient les personnes prostituées.
Je ne prétends rien, je cite des rapports médicaux et des études médicales dont j'ignore complètement si celles et ceux qui les ont faits sont des judéo-chrétiens de mauvaise foi. En revanche, leurs études n'ont pas été à ce jour démenties et pour cause, ils en faisaient pas partie des partisans de la consommation du corps des personnes ni des avocats des clients.
Maintenant si tu ne supportes pas l'idée de ce que subissent les prostituées, et si tu as besoin de nier le réel, c'est ton problème.

Comment le travail du sexe se sépare-t-il du travail prétendu "normal" ? Après 7 pages de débat on n'en sait toujours rien.

Excuse-moi, mais je crois que des pages entières ont été écrites là-dessus.

Aucun autre travail ne correspond à la consommation du corps d'une personne par une autre personne. Et aucun autre travail ne fait commerce du corps. Désolé, en effet on peut dire que les prostitué-e-s doivent être considéré-e-s comme des marchandises à consommer puisque après tout on commerce aussi du sang, des organes et parfois de la viande humaine. Puisque après tout des travailleurs sont envoyés à la mort dans des centrales nucléaires... Qu'est-ce que c'est que ces petits-bourgeois qui prétendent exempter le corps humain de la marchandisation? Qu'est-ce que ces petits-bourgeois qui veulent interdire le commerce du sexe alors que le capital se l'approprie? Sans doute en effet le capital a-t-il uen morale différente de celle des communistes. Le corps n'est pas une marchandise et nous ne sommes ni pour la location, ni pour le trafic du corps.

D'ailleurs pour pousser un peu plus loin ton abjection de "travail du sexe", lorsque je vois que les entreprises s'orientent vers la polyvalence de leurs salariés avec des profils de poste à géométrie variable, le jour où des gens de ton espèce auront réussi à rendre légal et banal le viol indemnisé, à en faire un "travail comme un autre", je ne vois pas très bien comment on pourra empêcher le harcèlement sexuel du patron sur ses employé-e-s. Le pauvre homme submergé par ses besoins n'aura qu'à modifier le profil du poste, de secrétaire par exemple. Je vois d'ici les offres d'emploi. "Patron âgé, affectueux, recherche secrétaire accueillante et qualifiée pouyr un travail à plein temps de secrétaire-prostituée. SMIC + 50%" Si tu as une fille secrétaire, j'ose espérer que tu lui recommanderas une carrière en tout point attrayante. Le harcèlement sexuel sera non seulement banalisé, au même titre que la proposition de changer de profil de poste dans l'entreprise, mais la violence sexuelle cessera d'être un crime pour devenir un délit.

Amusant d'ailleurs, cet acharnement à défendre les intérêts des clients et des proxénètes. Parce que dans cette affaire de pénalisation des clients, c'est bien eux et eux seuls qui sont dans la ligne de mire et lorsque l'on voit que le corollaire indispensable de la pénalisation des prostitueurs est la lutte contre les inégalités homme-femme, notamment au travail, la discrimination des trans et des homosexuel-le-s, la levée des discriminations contre les étrangers, la réparation matérielle des préjudices subies par les personnes prostituées, on reste rêveur devant la furie que cela déclenche. Ce que vus demandez, c'est la reconnaissance du droit à la consommation du corps d'une personne qui ne le désire pas mais y consent parce qu'elle ne voit pas d'alternative. Un rapport totalement inégalitaire.

Quant à dire que je sous-estime la violence et l'atrocité des maladies professionnelles, si je donne cette impression, je m'en excuse. Simplement ce n'est pas la même chose. On peut enlever au travail son caractère infernal, puisque je parlais d'"enfer", et c'est un but essentiel des revendications ouvrières et de la révolution. En revanche on ne peut pas enlever à la prostitution son caractère violent, mutilant. Il lui est consubstantiel.

Ben je sais pas pour les putes, mais bon, sans être pute je me suis déjà retrouvée à passer sur ce genre de lieux, et à me retrouver «assimilée pute» parce que meuf (ouais, je vais aller tapiner avec un sac à dos...) et à me faire agresser physiquement par une dizaine de mecs...et deux semaines plus tôt j'avais un pote qui passait par là et avait aidé une pute qui se faisait agresser...donc, pratiquement jamais...

Sur ce que je disais sur les agressions, et les lieux, c'est qu'il n'y a aucun endroit où la prostitution sera autre chose qu'un enfer pour les femmes, légalisée ou pas, et que l'endroit le plus dangereux pour les prostituées comme (tu as raison) toutes les femmes, c'est le huis clos. A moins de le faire devant un commissariat, (et ce seront les flics eux-mêmes...) je ne vois pas d'endroit où seront les prostituées qui ne sera pas un lieu d'agression. Mais je n'ai pas entendu parler récemment de femme battue à mort ou égorgée en public, en revanche, des femmes violentées par leur client et rossées, voire tuées, là, c'est d'une banalité. Comme tu le dis, le seul fait d'être femme dans un endroit où se trouvent habituellement des prostituées ouvre à toute une séire de comportements. Alors, imaginons un peu ce qui se passe uen fois le et les clients seuls dans un endroit fermé. Ce que tu dis montre bien que la prostitution pèse sur les femmes dans leur ensemble. Parce que les types en question que tu croises agressifs, tu les croises ailleurs aussi, et ils s'expriment ailleurs aussi.

chaque fois que j'entendais des «ancienne» parler des endroits de prostitution, le bilan c'est que c'était passé des endroits frequentés à des endroits qui le sont moins et ou les flics fichent la paix parce que ça emmerde pas les riverains.

Oui, et chaque fois que les prostituées s'installent dans un quartier "tranquille", ce quartier ne reste pas longtemps tranquille, et il arrive aux femmes de ce quartier exactement ce qui t'est arrivé. D'où souvent les protestations. Sans parler de toute la clientèle annexe, dealers et compagnie, macs, ou "employeurs en surveillance de leurs salariées" diraient les camarades pro-prostitution. Ce ne sont pas les prostituées qui sont le problème, mais bien les "clients", les macs et les dealers, or il n'y a pas de prostitution sans ces personnages. J'ai passé un mois par an pendant 40 ans 2 rue Germain Pilon entre Blanche et Pigalle. Un lieu de prostitution et racolage autorisé. Tu parles d'une garantie pour les prostituées. Agressions, tabassages, viols, etc... Les menaces des dealers sur les riverains pour qu'ils laissent l'accès aux cages d'escalier. Pas génial.

Là depuis le début du fil c'est la seule revendication qui est avancée, alors qu'on pourrait peut-être se dire que même si on est pour cette loi, on pourrait mettre les autres revendicationt avant, non ?

Là encore, faut relire.

c'est je crois un point sur lequel tout le monde est d'accord, cette loi ne règlera pas les problèmes parce que justement elle ne s'appuiera pas sur une volonté politique d'assurer l'égalité homme-femme devant l'emploi et le salaire, parce qu'elle ne proposera rien de réel aux personnes prostituées, et qu'elle ne fera que déplacer la répression des prostituées vers les clients, ce qui est une très bonne chose. Parce qu'à l'heure actuelle , la répression ne concerne pas du tout le client, mais avant tout les prostitué-e-s. Ce qui est un comble, y compris en reprenant ton argument.Il faut donc continuer à se battre pour la défense des droits des personnes prostituées et cela passe par la reconnaissance de ces personnes pour ce qu'elles sont et ce que tu les montres, des victimes d'une société, d'un état bourgeois de classe et de caste. Qui leur doivent réparation. La loi est un premier pas, très insuffisant mais sur lequel on peut s'appuyer pour avancer d'autres revendications (que tu dessines en creux pour une large part), un point de vue féministe, ouvrier et internationaliste.
cette carence fait la différence entre la loi suédoise et la proposition de loi française, et qui fait que la politique suédoise était une politique globale s'appuyant notamment sur une éducation dès le plus jeune âge, une politique de parité et d'égalité devant l'emploi, devant la rémunération du travail, et un travail social de réparation des dommages faits à la personne prostituée.
La proposition ne va pas régler grand chose: pas de politique éducative, pas de politique de réinsertion, pas de politique contre les violences faites aux femmes, toujours plus de misère, de régression sociale, d'attaques contre les acquis sociaux. Une telle politique, les travailleurs n'en ont rien à attendre, les femmes non plus, les prostituées non plus, en effet.
Il faut se battre contre les "oublis" de cette loi qui ne va rien régler parce que c'est une loi bourgeoise qui prétendra régler un problème consubstantiel à la société de classe et de genre, celle-là même que PS et UMP dirigent à tour de rôle. Il faut en effet se battre pour exiger une autre politique, montrer que l'abolition définitive de la prostitution, comme de bien d'autres choses atroces, a pour condition première mais non suffisante l'abolition de l'exploitation de l'homme par l'homme, du pouvoir de la bourgeoisie.
Cela ne signifie pas qu'il ne faut pas défendre les prostituées, comme le fait d'ailleurs le Nid, contre les violences et les abus notamment fiscaux et policiers, cela ne signifie pas qu'il ne faut pas défendre ces femmes de l'hypocrisie notamment masculine et bourgeoise.
Mais le mot "travail du sexe" dit bien ce que cela veut dire, transformer la sexualité en travail, institutionnaliser l'exploitation sexuelle, c'est à dire banaliser le viol.

Cela pour dire que les posts répondent aussi au débat.

Le premier débat est le titre du fil, "travail du sexe". Et savoir si la prostitution est un travail comme un autre, le débat dure encore comme tu peux le voir.
Ensuite, le débat est parti sur l'hypothèse d'une conversion de la France à la pénalisation des clients. Et là, on est pour ou contre. Or, je suis d'accord avec la position de la LCR qui disait qu'à elle seule, la pénalisation des clients ne règle rien, que c'est l'ensemble de la question qu'il faut poser, notamment l'égalité de genre, etc. Mais aussi des droits, mais aussi la question des droits sociaux, etc... etc... Sauf qu'il y a une énorme hypocrisie: tant que les hommes considèreront qu'ils ont droit au corps des femmes moyennant finance, comme on a la télé avec une redevance, ou un repas avec un billet, alors il n'y aura pas d'arrêt. On ne peut réduire ou tarir un marché si l'on n'agit pas sur la demande, il en va de la prostitution en effet comme d'un autre marché. Et il faut donc par l'éducation, par une politique globale tarir la demande. C'est pourquoi une politique abolitionniste qui ne stigmatise pas l'achat du corps, l'acte prostitueur et ne pose pas sa victime comme une personne ayant droit à réparation de la violence sociale et physique serait uen loi qui ne ferait que consacrer l'oppression sociale et de genre. La pénalisation du client pour moi est normale, sans elle il n'y a pas reconnaissance que la prostitution est une violence faite aux femmes, une violence elle-même génératrice d'autres violences, qui participe à l'oppression des femmes, leur assigne un rôle et aprticipe de la division de la classe ouvrière, comme toutes les discriminations.
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Message  Vérosa_2 Sam 23 Avr - 11:41

Toussaint a écrit:
Un ou une prostituée est avant tout une marchandise

C'est avant tout une personne. Et sauf dans l'esclavage, le corps d'une personne n'est pas une marchandise.
Je partage ton indignation.

Cela dit, au sein du mode capitaliste toute personne disposant d'une force de travail est marchandable. La force de travail est une marchandise, c'est même celle qui conditionne la production de toutes les autres marchandises. Et cela vaut pour la prostitution comme pour chacun ne disposant que de ses bras ou de sa cervelle pour subvenir à ses besoins vitaux. La prostitution repose sur la vente d'une force de travail, et la marchandise, valeur d'échange et valeur d'usage, est le corps humain.

Maintenant si tu ne supportes pas l'idée de ce que subissent les prostituées, et si tu as besoin de nier le réel, c'est ton problème.
je ne saisis pas la pertinence de cette remarque.

Aucun autre travail ne correspond à la consommation du corps d'une personne par une autre personne. Et aucun autre travail ne fait commerce du corps.
Je n'ai jamais prétendu le contraire, et qui plus est ce n'est pas mon propos, tu le sais fort bien.

Pour rappel, mon propos sur ce fil se borne à constater qu'il n'y a pas de différence qualitative entre la prostitution et certaines autres formes de travail. Une fois de plus - pour reprendre les exemples déjà cités plus haut - j'aimerais qu'on m'explique où se trouve la différence en termes d'humiliation et de violence entre ce que subit un ou une prostitué-e et ce que subit la travailleuse à la chaîne de chez Peugeot qui se fait hurler dessus à longueur de journée et finit à moitié paralysée au bout de 10 ou 15 ans de carrousel. Il n'y a pas d'agression sexuelle, mais l'agression subie est toute aussi violente et meurtrière.

On peut enlever au travail son caractère infernal, puisque je parlais d'"enfer", et c'est un but essentiel des revendications ouvrières et de la révolution. En revanche on ne peut pas enlever à la prostitution son caractère violent, mutilant. Il lui est consubstantiel.
Le but de la révolution socialiste puis du communisme est l'abolition des échanges marchands quels qu'ils soient, l'abolition du travail tel que nous le connaissons, et l'établissement de rapports humains libres d'entraves. La prostitution en tant que rapport marchand n'existera donc plus (le propre de la prostitution est la marchandisation des corps). La teneur violente de la prostitution est loin de se résumer à la "consubstantialité" de son activité, c'est essentiellement un fait social et historiquement marqué reposant - à l'époque capitaliste - sur le droit à la propriété privée d'un corps le temps d'un acte sexuel rétribué (auparavant existait le droit de cuissage, et auparavant encore la mise en esclavage). Bis repetita : Ce qui caractérise la prostitution est l'acte consistant à marchander un corps dans une société violente, et si l'on doit lui trouver à tout crin un caractère "consubstantiel", c'est celui-là.

La question que l'on peut se poser est celle du temps nécessaire à l'élimination de toute violence sexuelle ou de toute domination de genre qui ne disparaitront probablement pas par magie, nous sommes bien d'accord. Mais cela est un autre débat, sans rapport avec le travail du sexe dans son milieu capitaliste, qui est l'objet de ce fil.


Dernière édition par Vérosa_2 le Sam 23 Avr - 12:08, édité 1 fois

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Message  Invité Sam 23 Avr - 12:05

Toussaint a écrit:tant que les hommes considèreront qu'ils ont droit au corps des femmes moyennant finance, comme on a la télé avec une redevance, ou un repas avec un billet, alors il n'y aura pas d'arrêt.

L'éducation machiste des jeunes hommes et la transmission de tout ce qui devait définir leur "virilité", passaient notamment par le fait de se payer (ou de se faire payer par leur propre père...) une prostituée. Souvent, l'époque du service militaire était l'occasion de passer à l'acte.

Pour les hommes de la génération de mon père, né en 1950, c'était souvent ainsi. Sans être gravé dans le marbre, c'était un aspect socialement admis de l'"éducation" des garçons. Une "éducation" qui, comme on s'en doute, conditionnait la vision que ces hommes allaient avoir des femmes en général. L'autre rôle de la femme étant celui qu'ils avaient pu voir pendant toute leur jeunesse, celui de leur mère (et éventuellement de leurs sœurs) effectuant toutes les tâches domestiques.

Sans avoir jamais payé une prostituée, mon père a eu cette "éducation", et nombre de ses conceptions sont imprégnées de ce sexisme "tranquille", "à la papa", qui me révulse. La plupart de ses amis sont comme ça. Par exemple, je viens d'apprendre que mon père n'a vu aucun problème à véhiculer un ami qui voulait se rendre à la frontière allemande pour aller dans un bordel. Un autre ami à lui, un gros beauf patron de restaurant, s'enorgueillit d'avoir payé à son fils de 16 ans, lors d'un séjour en Thaïlande, les services d'une prostituée, pour en faire "un homme". C'est à vomir !

Je pensais que cette éducation "virile" était d'une autre époque, et que depuis, les luttes féministes avaient permis de faire reculer toute cette merde. Il me suffit de regarder autour de moi, le vendredi soir ou le samedi soir, dans mon quartier, pour constater qu'il y a toujours des jeunes hommes (18-25 ans) qui sortent en bande pour "se payer une pute". C'est à pleurer.

Le sexisme intrinsèque à la société, à son organisation économique, fait perdurer la prostitution et le fait que certains trouvent normal qu'un corps puisse être loué pour être pénétré, comme un objet.
Mais ce que je veux dire, c'est que l'inverse est vrai également : quand le fait d'être un client de la prostitution est un rite de passage, quand il fait partie de l'"éducation" des jeunes hommes, il perpétue le machisme et le sexisme, il perpétue la vision des femmes comme des êtres humains "à part", c'est-à-dire des êtres qu'on peut baiser quand on leur fout un billet dans la main, en tout cas comme des êtres qui sont là pour répondre aux désirs des hommes.

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Message  Ellie Sam 23 Avr - 12:38

Toussaint a écrit:Comme tu le dis, le seul fait d'être femme dans un endroit où se trouvent habituellement des prostituées ouvre à toute une séire de comportements. Alors, imaginons un peu ce qui se passe uen fois le et les clients seuls dans un endroit fermé. Ce que tu dis montre bien que la prostitution pèse sur les femmes dans leur ensemble. Parce que les types en question que tu croises agressifs, tu les croises ailleurs aussi, et ils s'expriment ailleurs aussi.
J'aime bien quand on mecsplique mon oppression.


Là depuis le début du fil c'est la seule revendication qui est avancée, alors qu'on pourrait peut-être se dire que même si on est pour cette loi, on pourrait mettre les autres revendicationt avant, non ?

Là encore, faut relire.
Bon, au temps pour moi, c'est vrai, y'a trois post avec des revendications qu'on poussera une fois qu'il y aura la pénalisation du client. Maintenant, comme je le disais, moi j'ai peur pour les personnes pour qui à l'heure actuelle se prostituer est une façon de suvivre dans un monde de merde. Et le fait de dire «non mais c'est vrai y'a pas de solutions pour elles, mais on va revendiquer pour en mettre et peut-être que dans dix ans ce sera entendu par le gouvernement» ça va leur faire une belle jambe pour trouver de quoi vivre en attendant.

Métaphore pourrie : c'est comme si t'as quelqu'un qui est attaché par les pieds 5 mètres au dessus d'une dalle en béton, et que tu lui dis «je vais te libérer, je tranche la corde, et une fois que je l'aurais fait je commencerai vaguement à réfléchir sur comment faire pour que tu te fracasses pas la tête, t'en fais pas, ça va bien se passer».

Le seul argument que j'ai vu pour me rassurer là-dessus, c'est que cette loi ne serait pas plus efficace pour lutter vraiment contre la prostitution que la  LSI, bon ; m'enfin je trouve ça un peu hypocrite de dire que c'est un argument pour qu'elle passe.
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Message  Invité Sam 23 Avr - 12:58

Une dernière remarque.

Quelqu'un sur ce fil a dit, à mon avis d'une façon assez cynique ou irréfléchie, qu'il ne manquait aucun organe à une femme après s'être prostituée.

Cela me fait penser à des propos que j'avais pu lire, ceux d'un violeur devant le tribunal qui le jugeait : en regardant les victimes qui étaient assises à quelques mètres de lui, il avait déclaré qu'après tout, elles avaient l'air d'être en bonne santé, qu'elles n'étaient pas blessées, qu'il s'était juste servi de leurs organes génitaux et de leur bouche. Il avait même été jusqu'à dire... qu'il lui avait semblé, pour certaines, qu'elles y avaient pris du plaisir.

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Message  sylvestre Sam 23 Avr - 16:21

Byrrh a écrit:Une dernière remarque.

Quelqu'un sur ce fil a dit, à mon avis d'une façon assez cynique ou irréfléchie, qu'il ne manquait aucun organe à une femme après s'être prostituée.

Cela me fait penser à des propos que j'avais pu lire, ceux d'un violeur devant le tribunal qui le jugeait : en regardant les victimes qui étaient assises à quelques mètres de lui, il avait déclaré qu'après tout, elles avaient l'air d'être en bonne santé, qu'elles n'étaient pas blessées, qu'il s'était juste servi de leurs organes génitaux et de leur bouche. Il avait même été jusqu'à dire... qu'il lui avait semblé, pour certaines, qu'elles y avaient pris du plaisir.

C'est moi qui ai écrit cela et ce n'est ni cynique ni irréfléchi. Mon propos n'était pas, comme le violeur auquel tu me compares si élégamment, de minimiser les souffrances d'une personne contrainte à un acte sexuel, mais de réfuter la comparaison spécifique de la prostitution avec le trafic d'organes, parce qu'elle obscurcit l'analyse que l'on peut faire de la prostitution dans le cadre des rapports marchands qui existent dans la société capitaliste.

A bon entendeur....
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Message  Toussaint Dim 24 Avr - 2:01

J'aime bien quand on mecsplique mon oppression.

Et moi j'adore quand une militante se fait la défenseure du système prostitutionnel en le faisant passer pour un simple "moyen de s'en sortir" individuellement en faisant semblant d'ignorer la réalité de ce système. La menace pour les prostituées viendrait donc que ce serait aux clients qu'on s'en prendrait et plus à elles? Alors qu'aujourd'hui on s'en prend surtout à elles et qu'elles sont déjà reléguées dans des endroits écartés des quartiers policés.

j'ai peur pour les personnes pour qui à l'heure actuelle se prostituer est une façon de suvivre dans un monde de merde

La menace pour les prostituées viendrait donc que ce serait aux clients qu'on s'en prendrait et plus à elles? Alors qu'aujourd'hui on s'en prend surtout à elles et qu'elles sont déjà reléguées dans des endroits écartés des quartiers policés? Curieux raisonnement, qui s'alarme qu'on s'attaque enfin seulement aux hommes prostitueurs. Parce que la pénalisation du client, c'est aussi la dépénalisation et la fin des poursuites contre les prostitués, reconnue par tout le monde comme un échec. Or beaucoup de prostituées, ce que tu te gardes bien de dire, se débattent dans une prison sans issue, pressurées qu'elles sont par leurs macs et par le fisc, par les flics et les amendes. Ne parlons pas de celles qui ont passé l'âge auquel les hommes se retournent sur leur passage.

Et moi, j'ai peur qu'en considérant la prostitution comme un travail et qu'en en justifiant l'existence, on dégrade encore la situation des femmes. Parce qu'il n'y a pas trente-six positions possibles face à la prostitution. Soit on considère que c'est une violence faite aux femmes et on se bat pour son abolition, soit on estime que c'est un mal nécessaire, une violence pas très grave, ou uen très bonne chose et on se bat pour la libéralisation du commerce du corps humain et sa réglementation. Entre les deux, on a la position actuelle de l'état français, une parfaite tartufferie: cachez ces prostitué-e-s que je ne saurais voir.

Et le fait de dire «non mais c'est vrai y'a pas de solutions pour elles, mais on va revendiquer pour en mettre et peut-être que dans dix ans ce sera entendu par le gouvernement» ça va leur faire une belle jambe pour trouver de quoi vivre en attendant.

Donc, pour toi, tout va très bien, heureusement pour les femmes, les trans, il y a le système prostitutionnel! Et surtout ne pas essayer de mettre fin à la traite, surtout ne pas toucher aux prostitueurs, aux trafiquants de chair humaine, pour que les femmes puissent se libérer de ce monde pourri en se prostituant!! On rêve... Pkus la peine de lutter contre les violences familiales, contre les violences conjugales, les femmes et les trans ont enfin la solution à leur misère, clé en mains, se prostituer!!!

Quant à la grande leçon sur les féministes irresponsables qui vont couper la corde à laquelle se cramponnent les prostituées, ça va un moment. Même chose pour ces femmes et leurs conjoints violents: vaut mieux qu'elles restent, sinon, ils les fracassent. Lorsqu'on sait le boulot que fait le Nid, par exemple, on reste modeste... Or, c'est bien une des plus grosses assos de soutien et d'aide aux prostitutées, mais le Nid est favorable à la pénalisation du client. Mais pas à cette loi, je pense.

Parce que tu as raison, avec tous ceux qui critiquent cette loi sur un point central: elle sera inefficace.

D'abord parce que la prostitution est vue par les hommes dans leur majorité comme une chose normale. Et un bon nombre de femmes considèrent que les "hommes ont des besoins"... Le conditionnement à l'achat du corps et à sa consommation commence dès le berceau comme l'a bien rappelé Byrrh. La prostitution est au coeur de la condition féminine: les femmes s'en sortent toujours avec leur corps, chacun sait cela. Or la loi ne vient pas couronner un travail d'éducation de masse, un large débat social comme ce fut le cas en Suède. Ensuite et surtout, en effet la loisuédoise accompagne une politique sur l'égalité homme-femme devant le travail et l'emploi, le salaire tout à fait vigoureuse. On peut compter sur les partis socialistes et de droite pour que là encore rien ne change. Si on ajoute l'effondrement des droits sociaux, on voit mal également comment l'état pourra offrir réparation et perspective alternative aux personnes prostituées. Et donc la loi sera un échec, les forumeurs du lobby clients peuvent se frotter les mains, la loi suivante rouvrira enfin les maisons closes...

En fait, le truc pourri de ta position, ellie, c'est simplement le fait que tu vois la question en fonction de ce que tu appelles la prostitution "non contrainte". Non contrainte par autre chose que la misère et l'oppression s'entend. Mais les personnes dont tu parles sont très minoritaires dans la prostitution et toute autre position que la lutte pour l'aboliton de la prostitution est un soutien au système prostitutionnel. Et il n'y a pas de système prostitutionnel réformable ni réglementable. Cela n'a marché nulle part, ceal a fait partout exploser le trafic, la traite, et aggravé la situation de la très grande majorité des prostituées. Mais ce bilan-là, chut... Or la commission parlementaire a été dans les pays réglementaristes, elle y a étudié les résultats. Cela sera présenté dans le débat, je suppose.

La prostitution repose sur la vente d'une force de travail, et la marchandise, valeur d'échange et valeur d'usage, est le corps humain

Raison centrale pour l'abolir et ne pas la tolérer.

l'agression subie est toute aussi violente et meurtrière.

Exact. Mon propos n'était pas de dire que la prostitution est la seule violence. Il y a aussi la guerre. Et l'esclavage n'a pas disparu. Et en effet tu cites les dégâts du travail. Mais il y a une différence de nature, désolé entre le travail et la prostitution. Encore une fois, nous nous battons pour abolir les conditions de travail inhumaines imposées par l'exploitation capitaliste, la violence de l'extorsion de la plus-value. Mais on ne peut abolir la violence de la prostitution, elle lui est consubstantielle, c'est en cela qu'elle ne doit pas être considérée comme un travail, parce que c'est un viol consenti contre indemnisation. Aucune réforme de la prostitution ne peut enlever cela, tout simplement. Alors que oui, le travail peut être débarrassé de l'exploitation capitaliste et des violences. Comme tu le dis toi-même en effet dans le système capitaliste nous ne verrons pas la fin de la prostitution. Ce n'est pas une raison pour admettre la légitimité de son existence. A moins d'être d'accord comme toi que le corps doit pouvoir s'acheter puisque tout s'achète et que toute femme doit considérer la prsotitution comme une carrière éventuelle, puisque "cela dit", son sexe est un outil de production de richesses.

C'est votre position, pas la mienne, c'est aussi la position des proxénètes. Et du système capitaliste. Pas celle des communistes.
En effet, oui, il y a ici comme ailleurs "leur morale et la nôtre".

Il y a deux camps, ici, celles et ceux qui se battent pour l'abolition du commerce du corps humain, et celles et ceux qui pensent que le corps et le sexe sont des marchandises comme les autres. Entre les deux il n'y a rien.
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Message  Toussaint Dim 24 Avr - 2:03

Prostitution : La nouvelle traite des Noirs
21 novembre 2004
par F. G., Afrik.com
Afrik.com a publié, le 24 avril 2004, un dossier fort troublant sur la prostitution africaine en Europe intitulé « NON à la prostitution ». Il est pénible de constater comment l’humanité se dégrade et que les droits humains ne sont plus que des sujets de discours. Sisyphe vous présente l’introduction de ce dossier dont vous trouverez les titres de tous les autres articles à la fin de cette page. Afin de contribuer à faire comprendre que la prostitution n’a pas de frontières et, qu’aujourd’hui comme hier, l’Occident exploite les plus pauvres de la planète.

La prostitution en Europe et plus particulièrement en France est de plus en plus le fait d’étrangers. La filière de l’Est est dans ce contexte la plus connue. Moins médiatisée, celle issue du continent africain notamment de la région sub-saharienne contribue également à cette nouvelle configuration de l’industrie du sexe. Panorama d’un phénomène qui fait de la prostitution une pseudo alternative à la misère.
Les quartiers chauds du XVIIIe arrondissement de Paris, de la gare du Nord à la porte de Clignancourt, sont les sites privilégiés des péripatéticiennes africaines, pour la plupart originaires de la région subsaharienne. « À tel point que lorsque vous êtes noire et que vous parcourez ces rues, vous êtes systématiquement prise pour une prostituée », constate Amely James Koh Bela*, présidente de la Commission de l’information et de la formation à la Fédération des agences internationales pour le développement, une organisation non gouvernementale (ONG) d’action humanitaire et d’aide au développement. La France compte entre 15 000 prostitué(e)s dont près de 7 000 à Paris. « 80 % sont étrangers, dont un peu plus de 40 % viennent des Balkans et 37 % sont d’origine africaine », pouvait-on lire dans l’Humanité du 20 décembre 2003.
« Les filles d’Afrique »
Ces chiffres (des statistiques récentes sont indisponibles au moment où nous écrivons cet article, ndlr) - datent de 1999. Ils ne reflètent évidemment pas la réalité mais témoignent du nouveau visage de la prostitution en Europe et en France, notamment en région parisienne : la place croissante des étrangères. Parmi elles, les « filles de l’Est », qui sont débarquées régulièrement sur les trottoirs français. Mais qu’en est-il des « filles du Sud, d’Afrique » ? « Nous sommes passés de la traite des Noirs à la traite des Blanches puis à la traite des Noires », constate Bernard Lemettre, président national du Mouvement du Nid qui milite contre la prostitution en France. « A Lille où je suis, je vois plus d’Africaines que de filles de l’Est. C’est également un constat qui a été effectué dans les 33 délégations dont nous disposons dans toute la France », ajoute le président de l’ONG.
Les femmes africaines seraient, en effet, de plus en plus nombreuses. En 1999, en France, « elles venaient du Maghreb (Algérie et Maroc), d’Afrique noire francophone (du Cameroun en majorité) ou anglophone (Ghana et Nigeria), indiquaient les statistiques de l’Office central pour la répression du trafic des êtres humains (OCRTEH). En région parisienne, elles sont également ressortissantes de pays en guerre comme la Sierra Léone et le Libéria. Par ailleurs, selon l’OCRTEH, plus de 50 % des prostituées africaines en Europe sont originaires du Nigeria. La filière ghanéenne est aussi bien connue par les polices européennes. La Suisse reste la chasse gardée des Camerounaises et la Belgique, le fief des ressortissantes des deux Congo.
Pratiques lucratives et malsaines
Famille, solidarité, désorganisation, pouvoir de l’argent sont des problématiques que l’on retrouve dans les filières africaines : leur organisation est à l’image du continent. Ainsi, la prostitution des Africaines en Europe diffère, dans une certaine mesure, de celle des pays de l’Est ou d’Asie. Et pour cause, elle est souvent d’origine familiale. Les femmes victimes ne sont pas kidnappées comme dans les pays de l’Est. Selon Amely James Koh Bela, c’est souvent un frère, une tante, une cousine éloignée ou même un mari qui amène ces jeunes femmes à la prostitution. Les moyens : le proxénète fait miroiter un avenir meilleur, la possibilité de faire des études etc. Des mensonges que la pauvreté rend vraisemblables.
Mais il dispose également de moyens de pression, outre la violence, pour maintenir son emprise sur les victimes qui découvrent bien assez tôt la supercherie. La sorcellerie, par exemple, est souvent utilisée dans le cas des Nigérianes. On les menace de jeter un sort aux membres de leur famille. Par ailleurs, les victimes deviennent souvent elles-mêmes des bourreaux notamment en ce qui concerne la filière nigériane en Italie. Les femmes - les « Mamas » - qui sont impliquées dans la traite sont souvent des anciennes victimes qui ont gravi les échelons. Quant aux femmes mariées, elles se prostituent souvent à domicile, comme certaines jeunes filles qui vivent avec des « pseudo » oncles et tantes. Bien des médecins le savent en France, indique Amely James Koh-Bela. Elles reçoivent aussi, dans des cars autour du bois de Boulogne (Paris), leurs clients avec la bénédiction de leurs époux. La chose serait souvent pratiquée dans la communauté camerounaise et certaines femmes viendraient spécialement du pays pendant la période estivale pour « travailler ». Les femmes se prostituent également dans les magasins de Château rouge (zone de Paris où l’on retrouve une forte communauté africaine, ndlr) en échange de produits vivriers.
La prégnance de l’argent est l’autre caractéristique de la filière africaine. Pourquoi ? Les prostituées africaines seraient impliquées dans les pratiques les plus abjectes et par conséquent les plus lucratives : zoophilie, scatologie (l’excrément est un accessoire sexuel, ndlr), fist-fuking (introduction des poings, pieds, objets de tous types : fruits, légumes, bouteilles dans les orifices génitaux, ndlr), ondinisme (l’urine est un objet de plaisir, ndlr), sado-masochisme, dracula (amateurs de menstrues, ndlr) etc. Copuler pendant une heure avec un chien rapporterait environ 4 500 euros. À noter que ce n’est pas un ouvrier qui pourra se payer ce genre de « gâterie ». « Si l’on arrêtait tous les clients (des prostituées, ndlr), il n’y aurait plus personne à la tête de l’Etat », affirmait, Mme Hoa, ministre vietnamien du Nord de la Santé en 1995 [1]. La prostitution est aussi d’une certaine manière une affaire d’Etat et de pouvoir, d’un côté comme de l’autre. Surtout quand on retrouve chez certaines prostituées des passeports diplomatiques. « La filière centrafricaine qui est constituée de Camerounais et de ressortissants des deux Congo [...] bénéficient d’immunité quasi-diplomatique », peut-on lire dans un document de l’ONG « Aide sur la filière africaine de la prostitution ».
Marginalisées et victimes du sida
Autre mine d’or : les cassettes pornographiques dont les instigateurs ne reculent devant rien pour satisfaire une clientèle de plus en plus perverse. La plus connue reste celle concernant le « Mapouka », la danse traditionnelle ivoirienne qui a été transformée en danse obscène à cause du déhanchement fessier qu’il implique. Sur le marché, c’est l’une des plus prisées : elle coûte 60 euros alors que les orgies sénégalaises ou camerounaises stagnent à 5 euros. Ces cassettes ont aussi cette particularité de stigmatiser une communauté. Leurs titres : Orgie camerounaise, L’amour à l’africaine.
Infections diverses, relâchement des muscles génitaux, mutilations corporelles deviennent le lot quotidien des travailleuses du sexe qui se réfugient dans la drogue et l’alcool pour subir l’intolérable. De plus, le sida guette : « Les Africaines sont connues pour accepter des choses que les autres n’accepteraient jamais », affirme Amely James Koh Bela. Comme d’avoir des relations sans préservatif. Elles deviennent ainsi, outre ces souffrances innommables, une proie facile pour le sida qui fait des ravages dans la communauté sub-saharienne en France mais plus particulièrement en région parisienne. De plus, les prostituées africaines sont souvent agressées ou assassinées par les filles de l’Est qui les accusent de casser les prix. Ce qui n’est pas faux. Le prix standard d’une passe est de 20 euros. A Château-Rouge, les Ghanéennes offriraient leurs services pour 8 euros.
À qui profite le crime ? Souvent à la famille
Selon l’OCRTEH, en 2001, le commerce du sexe rapportait, en France, aux proxénètes 80% des revenus générés par chacune de leurs prostituées, soit 1,6 milliard d’euros, et en 2002 ce chiffre a doublé et a atteint 3, 5 milliards. Cependant, les proxénètes ne sont pas les seuls à profiter de cette manne financière surtout dans le cas des Africaines. Car la « solidarité africaine » a aussi ses effets pervers. Et la prostitution le démontre. Quand certains parents n’ont pas eux-mêmes livré leurs enfants sur les célèbres plages sénégalaises bien connues des pédophiles, d’autres continuent bien malgré eux à avilir leur progéniture sans le savoir. Les gains issus de la prostitution sont souvent rapatriés pour faire vivre une famille, investir dans l’immobilier ou dans des petites affaires. Ni les familles, ni l’entourage ne connaîtront jamais l’origine douteuse de ces fonds. La honte ou la mort ont souvent bien raison des victimes, qui elles-mêmes ou leurs souteneurs renvoient d’elles des images de la réussite.
Comble du malheur, certains parents accablés par la pauvreté, poussent inconsciemment à la débauche. Armés de « Toi, tu es là, tu bouffes ma nourriture tous les jours, mais rien ! Tu vois pas, elle a épousé un Blanc » ou « Elle a acheté une voiture ou construit une maison pour sa mère ». Avec quel argent ? Et de poursuivre, « Toi tu ne peux pas aller te débrouiller aussi ! ». On comprend alors que certaines jeunes filles se ruent sur Internet à la recherche du « Blanc » qui les délivrera de la misère tel un prince sur son cheval. Beaucoup d’entre elles tombent sur des princes... mais du mal. Comme cette jeune Camerounaise qui a défrayé la chronique et qui, accablée par la honte, a fini par mettre fin à ces jours. Son contact européen lui avait demandé des photos d’elle nue. Ce qu’elle s’est empressée de fournir. Les photos, elle les retrouvera plus tard sur le Net : elles ont fait quasiment le tour du monde sinon d’Afrique. Le mannequinat, autre moulin à rêves, est un moyen de recrutement privilégié pour ces chasseurs de têtes du sexe.
Victimes innocentes et mâles consentants
Les prostitués africaines sont également de plus en plus des mineurs. « On a constaté, ces cinq dernières années, à côté des enfants de l’Est, de plus en plus de mineurs d’origine africaine notamment des jeunes filles qui ont entre 14 et 18 ans », indique Carole Bartoli, coordinatrice des programmes pour ECPAT France, un réseau international d’organisations travaillant ensemble pour éradiquer la prostitution enfantine, la pornographie enfantine et le trafic d’enfants à des fins sexuelles. L’Europe se protège en effet contre la pédophilie et par conséquent les regards se tournent, après l’Asie, vers l’Afrique.
Enfin les hommes ne sont pas en reste : d’honorables pères de famille se transformeraient ainsi en hardeurs auprès de vaches pour arrondir les fins du mois. Les visages de la prostitution sont multiples et leurs caractéristiques en font un véritable problème de société. Notamment en ce qui concerne les Africains. La grande pauvreté qui sévit sur le continent porte ceux qui y vivent à considérer, le plus souvent, l’Occident comme un nirvana. Et l’Afrique est en train, encore une fois de se vider de ses femmes, son essence, et de ses enfants, son avenir.
* Amely-James Koh Bela est présidente de la Commission de l’information et de la formation à la Fédération des Agences Internationales pour le Développement, une Organisation Non Gouvernementale (ONG) d’action humanitaire et d’aide au développement. Créée en 1986, l’ONG est dotée du statut consultatif général par le Conseil économique et social des Nations Unies, avec une représentation officielle aux Nations Unies à New-York, Genève et Vienne. Elle a pour but de faciliter le dialogue et l’échange d’informations et d’expériences entres ses membres, et de soutenir le développement et le renforcement des associations ayant les mêmes vocations, en vue d’aboutir à des positions et à des actions communes. Son objectif est également de lutter contre la précarité, les exclusions, les discriminations et les inégalités sous toutes ses formes. Amely-James Koh Bela préside aussi la représentation française de l’Institut de la solidarité et du développement dont le siège se trouve au Cameroun. Diplômée d’une école de commerce, c’est après une longue expérience dans le milieu associatif et dans l’humanitaire, qu’elle se bat depuis plusieurs années au sein de cette ONG contre le trafic des femmes et des enfants notamment dans la prostitution. « Prostituer des êtres fragiles de force est un crime contre l’humanité, qui doit être puni de façon sévère », dixit Amely-James Koh Bela, auteure de « La prostitution africaine en Occident », qu’on peut commande à cette adresse.
AIDE fédération
29, rue Traversière, 75012 Paris
Tél : + 33 1 40 19 91 51
Fax : + 33 1 43 44 38 40
Coirrel
Sources :
1. In Les trafics du sexe, femmes et enfants marchandises de Claudine Legardinier aux Ed. Les Essentiels, Milan, 2002.
2. Lire également : Dans l’enfer de la prsotitution africaine en Europe - Une entrevue avec Amély-James Koh Bela, ou l’engagement total d’une femme de terrain, le 8 novembre 2004, par David Cadasse
******
Liste des autres articles du "Dossier Prostitution" sur le site Afrik.com.
Dans l’enfer de la prostitution africaine en Europe
Amely-James Koh Bela : « Retrouver les vraies valeurs »
Marrakech : enquête sur la prostitution infantile
A l’écoute des mineurs isolés étrangers
Prisonnière de la prostitution
De plus en plus de prostituées africaines en France
Tracy : Mon frère, mon proxénète
Quand l’Afrique prostitue ses enfants
Kitine : Objet sexuel « achetée » sur Internet
Les nouvelles formes de pornographie africaine
Lolita : Son calvaire commence à Benin City
Le nouvel "or noir" du sex business européen
"La personne que je considérais comme ma mère a vendu ma virginité"
Touche pas à mon gosse !
Menace pédophile
Prostituée malgré elle
Non au tourisme sexuel
Et plus si affinités
Prostitution déguisée
Publié sur Afrik.com, le samedi 24 avril 2004.
Mis en ligne sur Sisyphe, le 13 novembre 2004.
F. G., Afrik.com
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Message  Toussaint Dim 24 Avr - 2:05

L’envergure de la traite à des fins de prostitution
27 juin 2006
par Richard Poulin, sociologue

Dans les réseaux féministes, le débat sur l’envergure de la traite des femmes et des enfants à des fins de prostitution fait surface périodiquement. Des partisan-es de la prostitution comme "travail du sexe" mettent en doute les chiffres avancés par des organisations internationales. Récemment, Nicole Nepton, directrice de Cybersolidaires et des porte-parole de Stella ont contesté les données relatives à ce problème. Richard Poulin, dont les travaux citent souvent les chiffres contestés, répond aux propos des contestataires tout en élargissant la perspective.

Contrairement aux conservateurs, les partisan-es du « travail du sexe » refusent, à juste titre, la criminalisation des personnes prostituées. En cela, ils rejoignent la position abolitionniste. Toutefois, l’opposition à la traite des êtres humains à des fins de prostitution de la part des abolitionnistes est considérée comme une atteinte au droit à la migration des « travailleuses du sexe » qui ont choisi d’exercer ce « travail » à l’étranger. D’où une contestation marquée des données internationales qui estiment l’ampleur de cette traite à plusieurs millions par année. Comme les États réglementaristes, les partisans de la réduction de la prostitution à un « travail » comme un autre considèrent qu’il y a traite des êtres humains uniquement lorsque son caractère est « criminel », c’est-à-dire illégal. La traite légale n’est pas, de leur point de vue, une traite. Autrement dit, une personne qui sait qu’elle sera prostituée dans le pays de destination n’est pas victime d’une traite, même si elle est lourdement « endettée » auprès des trafiquants et des proxénètes et qu’elle doit par conséquent multiplier les passes sans en toucher quelque revenu que ce soit.
Dans ses interventions récentes au sein des réseaux féministes, Nicole Nepton remet en cause l’un des chiffres qui circule depuis quelques années, celui qui estime à quatre millions chaque année le nombre des victimes de la traite des êtres humains, en prétendant que la source du FUNAP (Fond des Nations Unies pour la population) n’est pas valable parce que, entre autres, elle ne définit pas adéquatement la traite. Une telle accusation va de soi pour tout partisan de la prostitution en tant que travail puisque, dans son esprit, seule la traite à des fins de prostitution « forcée » existe en tant que traite.
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) affirme, en 2001, qu’environ quatre millions de personnes dans le monde sont victimes de la traite. L’OIM est particulièrement active dans ce dossier. Elle est même en première ligne dans de nombreuses régions de monde. C’est l’organisation qui a le mandat de mettre sur pied des services de retour pour les personnes victimes de la traite internationale et de sensibiliser dans les différents pays « émetteurs » la population aux risques de ladite traite. Le Conseil économique et social des Nations Unies reprend à son compte la même estimation dans un Rapport présenté par la Rapporteuse spéciale, Mme Gabriela Rodríguez Pizarro (E/CN.4/2001/83). L’Office des Nations Unies pour le contrôle des drogues et la prévention du crime (ONUDC) estime que, dans la décennie quatre-vingt-dix, il y a eu dans en Asie du Sud-Est 33 millions de personnes victimes de la traite des êtres humains, soit 3,3 millions de personnes en moyenne par année pour cette seule région du monde.
Aujourd’hui, les différentes sources gouvernementales et internationales évaluent le nombre des victimes de la traite d’êtres humains dans le monde par année entre 700 000 et quatre millions de personnes. L’estimation la plus prudente et conservatrice est celle du Département d’État américain qui, clairement, souligne qu’il ne tient pas compte de la traite intérieure dans les pays, laquelle est évaluée à des millions de personnes par année. On sait, par exemple, qu’en Thaïlande il y a une importante traite interne des femmes et fillettes du nord vers le sud du pays.
Un rapport daté de 2005 de l’Organisation internationale du travail (OIT) - une organisation favorable à la reconnaissance de la prostitution comme travail du sexe - sur les profits engendrés par la prostitution, la traite et le travail « forcés » évaluent à plus d’un million chaque année le nombre de personnes victimes de la traite « forcée ». Même en ne considérant pas l’ensemble de la traite qu’elle réduit à son seul aspect « forcé », l’enquête réalisée pour l’OIT indique que la traite est un phénomène de masse qui affecte plus d’un million de personnes par année.
Les écarts entre les différentes estimations sont liés au système d’évaluation adopté ainsi qu’à la prise en considération de la traite interne et de la traite internationale ou encore à une définition de la traite limitée (« forcée ») ou étendue (tant « forcée » que « non forcée »). Si la complexité du phénomène rend difficile de le chiffrer, son ampleur n’en reste pas moins édifiante.
Les partisan-es de la prostitution comme travail ne disent rien, par ailleurs, de l’estimation de l’Unicef qui évalue, en 2004, à 1,2 million le nombre d’enfants victimes de la traite chaque année. Cette estimation n’est contestée par personne. Si cette donnée non contestée est fondée, et cela semble être le cas, évidemment la traite globale des êtres humains à des fins de prostitution est plus élevée que celle des seuls enfants. Il faut signaler ici que, pour les différentes organisations internationales, y compris celles favorables à la réglementation de la prostitution, la traite des enfants est, par définition, « forcée », puisque la notion de consentement ne peut s’y appliquer.
En 2006, à partir d’une base de données mise en place dans le cadre du programme global sur la traite des êtres humains, qui centralise les informations issues de plus de cinq cents sources, l’ONUDC estime que 92% des personnes victimes de la traite des êtres humains le sont à des fins de prostitution et que 48% des victimes de cette traite sont des enfants. Selon l’OIT, les femmes et les fillettes constituent, en 2005, 98% des personnes victimes de la traite à des fins d’« exploitation sexuelle ». L’ONUDC estime que la traite des êtres humains affecte « des millions de personnes chaque année ». Quasiment aucun pays du monde n’est épargné : l’organisation recense 127 États comme pays d’origine et 137 comme pays de destination.
Quoi qu’il en soit, au-delà des différentes estimations, la prostitution et la traite à des fins de prostitution sont clairement aujourd’hui des industries de masse qui exploitent des millions de femmes et d’enfants, les déplaçant d’un marché à l’autre, en général des endroits les plus pauvres vers les pays moins pauvres et les pays riches.
Surestimation ou sous-estimation ?
Parce qu’ils refusent la distinction prostitution et traite « forcées », prostitution et traite « volontaires », les abolitionnistes sont souvent accusés de noircir la situation et de dramatiser la question. L’une des preuves montée en épingle est leur utilisation d’estimations qui sont nécessairement « exagérées » ou « biaisées » puisqu’elles incluent les personnes prostituées « consentantes ». En insistant sur leur « exagération », on tente de déconsidérer l’ensemble de leur analyse.
Évidemment, lorsque l’on parle d’estimation, on parle d’extrapolation, à partir d’un certain nombre de cas connus. Il y a plusieurs raisons qui expliquent le manque de données fiables sur la traite des femmes et des enfants à des fins de prostitution. Ce sont souvent les mêmes raisons qui expliquent la méconnaissance de l’industrie de la prostitution au niveau national. Cela étant, en examinant ces raisons, peut-être arriverons-nous, contrairement aux partisan-es de la prostitution comme travail, à penser que les estimations « alarmantes » ou « exagérées » des différentes organisations internationales et des abolitionnistes sont des sous-estimations plutôt que des surestimations de la situation.
1° La traite à des fins « d’exploitation sexuelle » est une activité très souvent clandestine et illégale. Il est donc difficile d’obtenir des données en raison même de cette clandestinité.
2° Une partie de la traite est légale. C’est le cas dans les pays qui, comme le Canada, la Suisse, Chypre, la Slovénie, le Japon, la Corée du Sud, la Thaïlande, le Luxembourg, etc., délivrent des dizaines de milliers de visas d’« artiste » par année pour la danse nue et l’industrie du « divertissement » pour hommes. En 2004, les ambassades suisses ont délivré 5 953 visas « L » destinés aux danseuses de cabaret, moyen privilégié des trafiquants proxénètes pour prostituer les femmes. La même année, la Slovénie a délivré 650 visas, dont une grande majorité aux Ukrainiennes. En 2003, le gouvernement japonais a délivré 55 000 visas à des femmes en provenance des Philippines et, en 2004, 71 084. Plusieurs pays des Caraïbes, dont Sainte-Lucie, les Bahamas, la Jamaïque, le Surinam, délivrent des visas à des « danseuses » pour qu’elles puissent œuvrer dans l’industrie du « divertissement » pour hommes. C’est également le cas des Antilles néerlandaises où la prostitution est réglementée, notamment St. Marteen, Curaçao et Bonaire. Ces personnes ne sont pas comptabilisées dans les statistiques officielles de la traite des êtres humains puisque c’est une activité légale et, par conséquent, elle n’est pas considérée comme faisant partie de la traite des êtres humains qui est, elle, une activité criminelle !
3° Les victimes de la traite à des fins de prostitution sont peu disposées à se rapporter aux autorités du pays de destination et de transit ou sont incapables de le faire par intimidation ou par crainte de représailles ; elles ont également peur de l’expulsion du pays.
4° Combattre la traite des femmes et des enfants à des fins de prostitution n’est pas une des priorités des gouvernements. En conséquence, la recherche dans le domaine n’est pas non plus une priorité. En outre, il y a des gouvernements qui encouragent cette traite à des fins de prostitution. Un exemple parmi d’autres : Le Guide de voyage pour femmes, publié par la GTZ, un organisme technique dépendant du ministère fédéral de la Coopération du gouvernement allemand, donne des conseils aux femmes pour passer les frontières sans problème afin d’intégrer l’industrie de la prostitution.
5° Il y a de nombreux pays qui n’ont pas de lois contre la traite des êtres humains. Il n’y a donc aucune comptabilisation nationale.
6° Enfin, ces données sont l’objet d’enjeux politiques. Pour de nombreuses organisations ainsi que pour les gouvernements réglementaristes, lorsque la traite à des fins « d’exploitation sexuelle » est considérée comme « volontaire », ladite traite n’en est plus une. Ces organisations minimisent donc systématiquement l’importance du phénomène.
Révisionnisme et négationnisme
Du point de vue des partisans de la prostitution en tant que travail, il existe à côté de la prostitution « forcée » qui est, elle, insupportable et constitue une violation des droits humains, une prostitution « volontaire », une prostitution acceptable, respectueuse de l’autonomie des personnes et du droit à disposer de leur corps. Bref, le « droit » d’aliéner son sexe sur le marché de la prostitution fait désormais partie, dans cette ère du capitalisme néolibéral, pour les « souteneurs » de la prostitution en tant que travail, de l’arsenal des droits démocratiques fondamentaux. Il ne s’agit plus de favoriser le « droit » à ne pas être une personne prostituée, mais bien de plaider pour celui à l’être !
La négation de l’ampleur de la traite est étroitement reliée à cette légitimation de la prostitution.
Ce féminisme, d’essence libérale, nommé également par certains « sex-positive », contrairement aux abolitionnistes qui seraient « sex-negative », implique une révision de l’histoire et une négation du caractère structurellement oppressif de la prostitution. Évidemment, si la prostitution est une institution d’oppression des femmes, logiquement, les féministes devraient lutter pour son abolition.
Les exemples récents ne manquent pas en ce qui concerne la révision de l’histoire. Ainsi, l’une des partisanes de la prostitution en tant que travail, Maria Nengeh Mensah, réussit le tour de force dans sa présentation du livre, Dialogues sur la troisième vague féministe (Montréal, Remue-ménage, 2005), de limiter la première vague féministe au mouvement pour le suffrage universel, censurant le fait que cette même vague est à l’origine du mouvement abolitionniste international.
De nouvelles histoires de la prostitution voient le jour : elles réinterprètent cette institution comme un lieu de pouvoir des femmes sur les hommes. Pour tenir un tel discours, il faut systématiquement omettre l’analyse de la prostitution des enfants. Qui pourrait soutenir sans ciller que la prostitution est un lieu de pouvoir des fillettes sur les hommes ? Certains l’ont pourtant déjà fait. Ainsi, au début du XXe siècle, médecins et juristes, qui espéraient l’adoption par le monde entier du système réglementariste, ont convenu à Vienne, haut lieu de la prostitution juvénile, que la fillette exerçait dans la prostitution une séduction propre à l’éternel féminin - ce qu’aujourd’hui certains nomment le « pouvoir sexuel » ou l’empowerment des filles. La pornographie de l’époque, notamment Les mémoires de Joséphine Mutzenbaker (1906), a relayé cette idée, qui est largement présente dans la pornographie contemporaine.
Cette nouvelle « histoire » procède également à une négation de l’existence de la « traite des blanches » ravalée au rang de mythe. Cette traite « fantasmagorique » aurait permis aux abolitionnistes au tournant du XXe siècle de marquer des points dans leur campagne contre la prostitution des femmes. Par conséquent, la nouvelle « histoire » soutient que, depuis plus d’un siècle, les abolitionnistes créent des légendes pour rallier les gouvernements à leur cause. Il n’y aurait pas eu de « traite des blanches » tout simplement parce que les jeunes femmes prostituées déplacées d’un pays à l’autre et d’un continent à l’autre étaient « consentantes ». Or, étrangement, ce « consentement » était acquis particulièrement chez les groupes les plus vulnérables, notamment chez les juives d’Europe orientale qui ont été les proies les plus nombreuses de cette traite. La traite d’aujourd’hui affecte également de façon disproportionnée les femmes et les enfants de minorités ethniques et nationales victimes de discrimination. Le « consentement » semble être essentiellement le fait des femmes les plus précarisées et pauvres.
Prostitution et oppression
Qu’elle soit féminine - fillettes, jeunes filles ou femmes de tous âges - ou masculine - garçons, adolescents, jeunes hommes, travestis, transsexuels -, la prostitution est une institution sociale à l’usage quasi exclusif des hommes. Elle est une industrie essentiellement vouée au plaisir des hommes et à la démonstration de leur supériorité.
Cette industrie offre dans des lieux réglementés ou non un étalage où chaque prostitueur peut faire son choix. Certains, dans leur véhicule, tournent plusieurs fois dans les rues d’un quartier pour jauger de la « marchandise », d’autres se promènent en guignant les femmes en vitrine. Plusieurs assis confortablement dans un bordel ou un club karaoké voient des jeunes femmes défiler devant eux et choisissent le numéro, qui leur convient, accroché au bustier ou sur le maillot de bain. Pour beaucoup de prostitueurs, l’essentiel du plaisir est précisément celui de reluquer, de flairer, de sélectionner et, en définitive, de savoir que « toute cette chair disponible et offerte » est pour eux. Ces hommes, confortés dans leur supériorité humaine, sont enchantés qu’une multitude de femmes jeunes, moins jeunes et très jeunes ou de garçons et d’hommes « féminisés » soient potentiellement à leur service, que l’usage de leur corps soit monnayable. Ils se sentent par conséquent tout-puissants ; ils sont des « dieux », comme le signalent les publicités faisant la promotion du tourisme sexuel en Amérique centrale et aux Caraïbes. Cette toute-puissance, qui est liée à leur pouvoir monétaire, si faible soit-il, est en quelque sorte prouvée non seulement dans l’acte prostitutionnel lui-même, mais également par l’existence même de la prostitution.
Pour ces hommes, les femmes « se livrent » à la prostitution : ce sont des « filles de joie », des femmes de « réconfort », des « filles publiques », un « repos du guerrier », un loisir, une récréation. Elles sont des personnes dominées par leur sexe, des femmes « folles de leur corps », qui ont « choisi » d’être ce qu’elles sont et qui se plaisent dans la prostitution. Ce qui prouve qu’elles leur sont inférieures. Celui qui donne l’argent a un avantage constant sur celui qui donne la marchandise, « ce qui accorde à l’homme une formidable prépondérance » dans la prostitution, arguait Georg Simmel. L’argent est le nœud des choses ; il lie et soumet la personne prostituée au prostitueur, rendant le rapport impersonnel, réifié, et conférant une position de suprématie à celui qui paye. Ce que Françoise Héritier résume par cette formule : « Ce paiement-là n’est pas acte de liberté : il signifie affranchissement de l’homme et asservissement de la femme. »
Le paiement de l’acte sexuel dédouane le prostitueur : la rétribution implique la fin de la responsabilité du payeur et son transfert sur la personne qui perçoit la somme d’argent. Cette dernière est par conséquent la « fautive ». Dans la prostitution, le prostitueur ne recherche pas la réciprocité. Le plaisir mâle est unidirectionnel. C’est précisément la subordination des corps féminins et féminisés qui est source de plaisir.
En général, l’argument que la légalisation ou la décriminalisation est bénéfique aux personnes prostitutées n’est qu’un artifice. On n’a beau prétendre que c’est pour les personnes prostituées que l’on défend la légalisation de la prostitution - jamais les gouvernements qui ont légalisé la prostitution l’ont fait au nom d’arguments favorables aux prostitueurs ou aux proxénètes -, en fait, les raisons sont d’un tout autre ordre : il semble normal à certains qu’une partie de l’humanité soit au service sexuel d’une autre partie de l’humanité. Il leur semble également naturel que l’argent puisse acheter n’importe quoi ou n’importe qui et permettre l’imposition des désirs de celui qui paye à la personne qui est payée.
Le système de la prostitution est une manifestation particulièrement significative de la domination des hommes comme sexe dans la société marchande. La marchandise n’est pas qu’une « chose », même si elle en prend l’apparence, elle est fondamentalement un rapport social. La transformation d’un être humain en marchandise prostitutionnelle signifie non seulement son objectivation ou sa chosification, mais également son inscription dans des rapports de soumission sexiste et de subordination marchande. Comme dans tout rapport de domination, les personnes dominées et exploitées développent des formes de résistance, des stratégies de survie et d’amélioration de leur sort, etc. L’objectivation sexuelle prostitutionnelle n’éradique pas les capacités d’opposition du sujet - la personne prostituée - qui, par définition, est pensant et agissant, mais elle lui impose un cadre social oppressif qui peut et doit être aboli.
Post-scriptum
À écouter les critiques des partisans du « travail du sexe », les abolitionnistes ne tiendraient pas compte de la parole des personnes prostituées. Est-ce vraiment le cas ? D’après la plus récente menée enquête par Farley et Lynne (dans Not for sale, 2004), 95% des personnes prostituées à Vancouver veulent quitter la prostitution. La recherche de Farley et de Lynne a également mis en évidence les besoins immédiats des femmes prostituées en majorité autochtone (52%) à Vancouver. Quelque 82% d’entre elles ont souligné avoir besoin d’un traitement en désintoxication (drogue ou alcool), 66% d’un logement ou d’un lieu sécuritaire, 67% d’une formation professionnelle, 41% de soins médicaux, 49% de cours d’autodéfense, 58% de services de counselling, 33% d’assistance juridique, 12% de services de garde d’enfants et 4% d’un service de protection physique contre les proxénètes. Seulement, 32% d’entre elles se prononçaient pour la légalisation ou la décriminalisation totale de la prostitution. Malgré une importante propagande en faveur de ces options politiques, notamment par les organisations non gouvernementales qui interviennent auprès des personnes prostituées dans le cadre de la prévention des infections sexuellement transmissibles, 68% des personnes prostituées de Vancouver ne voient pas dans la légalisation ou la décriminalisation de la prostitution une solution à leurs problèmes, y compris ceux qui relèvent de leur sécurité physique et sexuelle. Rappelons que c’est dans cette ville que le nombre de personnes prostituées disparues et assassinées est le plus élevé au Canada. Les questions de sécurité y sont donc très importantes, malgré cela, la légalisation ou la décriminalisation totale de la prostitution ne semble pas, aux yeux de la majorité des principales concernées, la solution. Si Nicole Nepton, Stella et autres partisan-es de la prostitution comme travail sont honnêtes en prétendant écouter et relayer la parole des personnes prostituées, alors comment se fait-il qu’elles ne reprennent pas ladite parole ?
Lire également l’article lié à celui-ci : « Enjeux de la prostitution considérée comme travail du sexe ».
Mis en ligne sur Sisyphe, le 22 juin 2006.
Richard Poulin, sociologue

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Message  fée clochette Dim 24 Avr - 8:49

Toussaint a écrit:Il y a deux camps, ici, celles et ceux qui se battent pour l'abolition du commerce du corps humain, et celles et ceux qui pensent que le corps et le sexe sont des marchandises comme les autres. Entre les deux il n'y a rien.

Entièrement d'accord. Pour répondre rapidement à Vérosa qui comparait la violence du travail en prenant l'exemple d'une ouvrière qui se fait hurler dessus toute la journée, et dont il pense que cette violence est tout aussi terrible que la violence de la prostitution, il néglige totalement de prendre en compte la question du rapport à l'intime. Ce n'est pas une question de morale, mais je crois que pour chacun et chacune d'entre nous, la sexualité est reliée au désir et au plaisir partagé. Un rapport sexuel sans désir et même contre de l'argent, c'est un viol. Personnellement si je devais choisir entre travailler à la chaîne (ce que j'ai déjà fait) en me faisant hurler dessus toute la journée ou devoir me faire pénétrer plusieurs fois par jour par des inconnus, devoir pratiquer des fellations à des types pour lesquels je n'ai aucun désir, mon choix est vite fait. Cette violence là, celle de la prostitution, est la pire qui soit pour une femme et pour un homme (je n'oublie pas les hommes qui se prostituent). Quant aux femmes qui se prostituent sans contrainte et par choix, elles représentent quoi ? 10% ? un peu plus ? Au nom de ces quelques femmes, les tenants du réglementarisme voudraient faire subir à l'immense majorité des autres prostituées une loi qui reconnaîtrait au final le droit des proxénètes à exploiter et à maltraiter le corps des femmes. Il faut des droits pour les prostituées, bien sûr, des droits sociaux, économiques, individuels, pour les aider à sortir de cette oppression terrible. Mais il ne faut pas donner de droits au système prostitutionnel. Dans les pays où la prostitution est légale, réglementée (Espagne, Allemagne), la violence contre ces femmes n'a pas disparu. Les bordels autorisés n'ont pas empêché la prostitution dans la rue de se développer, au rythme du développement de la misère et du chômage. Le trafic de femmes étrangères, souvent sans papier a même augmenté. A Barcelone, une copine militante dans une association qui aide les prostituées à sortir de leur condition, m'a expliqué dernièrement que le nombre d'étrangères nouvellement arrivées en Espagne qui se retrouvent sur le trottoir a littéralement explosé. Plus de 90% des prostituées à Barcelone sont des étrangères, arrivées comme des marchandises d'Europe de l'Est, d'Afrique. Les meurtres et les violences n'ont pas diminué. J'ai eu une longue conversation avec un tenant du réglementarisme qui pense que la prostitution est un métier comme un autre. Je lui ai alors demandé comment il vivrait le fait que sa femme, sa fille ou sa soeur décidaient de faire "carrière" dans la prostitution, dans un bordel ou dans la rue. Il a blémi et m'a répondu "non c'est pas pareil, jamais je ne les laisserai en arriver là". C'est donc ça, c'est pas pareil. Les autres femmes, les inconnues, oui. Celles qui sont proches de nous, dans la famille, ah non, surtout pas.
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Message  Vérosa_2 Dim 24 Avr - 11:34

@Fée Clochette et Toussaint :

Je suis bien évidemment d'accord sur le fait qu'il faille abolir la prostitution. Mais quand j'ai dit ça, je n'ai pas dit grand-chose. C'est une généralité sur laquelle chacun ici s'accorde, et qui ne peut s'inscrire que dans le processus général d'une élimination des rapports marchands.

Je ne suis pas non plus pour la légalisation de la prostitution, qui ne change strictement rien aux violences commises. Néanmoins, le fait que certains pays aient règlementé cette activité montre bien que la prostitution est un échange marchand s'inscrivant comme tout autre dans un cadre général capitaliste tel qu'on l'admet communément, (précaution d'usage: c'est une simple observation et je répète que je ne cautionne pas cela). Le versant complémentaire du volet est que la ou le prostitué-e génère de la plus-value pour un proxénète, ou pour une organisation maffieuse, ou encore pour le propriétaire d'un hôtel là où la pratique est légale. Tout montre donc que la prostitution est - du point de vue capitaliste - un travail comme un autre, ni plus ni moins (vente de la force de travail, location de "marchandise", création de plus-value, etc...). Le rapport d'exploitation capitaliste vaut pour la prostitution comme pour le reste. Ca c'est pour l'aspect que représente le travail.

Qu'en est-il de la violence ? Il est dommage que je ne retrouve plus le lien vers ce documentaire donnant la parole aux ouvriers et ouvrières de l'usine Peugeot de Sochaux. Mais peu importe, les exemples sont légion. Ainsi :

- Est-il moins violent d'attraper un cancer de la peau, de la gorge ou des poumons après 20 ans passés dans une mine de charbon ?
- Est-il moins violent de devenir sourd et de pouvoir à peine tenir debout après 15 ans à tenir un marteau-piqueur ?
- Est-il moins violent pour un sidérurgiste d'avoir les bras brûlés lors d'un "accident" du travail - c'est un "accident", certes, et alors ?
- Est-il moins violent qu'un ouvrier au métier abrutissant sombre dans l'alcoolisme et en arrive un jour de désespoir à tuer sa compagne avant de se suicider ?
- Est-il moins violent que des enfants de 12 ans, en Afrique - Amérique du sud - Asie du sud-est, se ruinent la santé pour 2 dollars par jour ?
- Est-il moins violent d'en arriver à être SDF, mendier et dormir dans la rue parce après des années de chômage et de galère ? Et à ce propos, certains chômeurs et certaines chômeuses en fin de droit n'envisagent-elles/ils pas ne serait-ce que l'idée de la prostitution plutôt que de devenir sans-logis ?
- etc... etc...

Je ne cherche aucunement à minimiser la violence faite aux prostitué-e-s, ni le fait que l'atteinte à l'intimité soit particulièrement dégradante, pas plus que je ne conteste que la prostitution est un viol consenti contre rétribution.

Mais il me semble que d'autres conditions d'existence, pour lesquelles le travail est jugé "normal" - quoi de plus "normal" qu'un mineur de fond, un OS sur un train de laminoirs ou un ouvrier de chantier - comportent des formes de violences tout aussi aigües. Tout simplement parce que le capitalisme s'est constitué au départ sur la base d'une violence inouïe, et ne peut perdurer que sous la contrainte de la violence, de l'extorsion et de la dégradation.

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Message  Azadi Dim 24 Avr - 15:20

A la lecture de cette discussion, je me dis que l'extrême-gauche, les idées communistes, la défense des droits des femmes, etc. sont tombées bien bas !

Bravo à Toussaint, avec qui j'ai souvent des désaccord sur d'autres sujets, de rappeler toute l'abjection de la réalité du système prostitutionnel.

Au musée des horreurs de gens qui se prétendent de "notre camp", cet article publié dans Libération :
http://www.liberation.fr/societe/01012331686-moi-philippe-caubere-acteur-feministe-marie-et-client-de-prostituees


Car l’amour, le bonheur et le plaisir se paient cher, tout le monde le sait ; dans son cœur comme dans sa vie. (...) On s’en nourrit. Seule la relation sexuelle avec une personne qui demande de l’argent pour cela peut se prétendre et s’affirmer comme réellement gratuite. Si ce n’est cette somme d’argent, librement et ouvertement échangée, si faible d’ailleurs au regard du «service» rendu – et que je déteste cette formulation ! Le sentiment n’est pas forcément exclu de l’échange, mais mis à l’écart ; il ne fait pas partie de la transaction, il ne « compte » pas. Donc, la souffrance non plus.

En quelques mots, ce qui est décrit c'est la déshumanisation de la personne prostituée, ce qui est, effectivement la base du rapport prostituée / client. Je paie donc j'ai le droit d'oublier l'autre.

Pas de sentiment, donc pas de souffrance, du moins pour le mec, pour le client... Parce que pour celles et ceux qui sont forcé(e)s de se prostituer, la souffrance est bien là. Pour chaque témoignage de "prostitué(e) libre et épanouie" mis en avant par les pro-prostitution, on trouve dix, cent, mille témoignages de souffrances et d'oppression.

Ces témoignages ont en trouve ici par exemple :
http://www.prostitutionetsociete.fr/temoignages/

Juste quelques exemples... et encore, il s'agit de rescapé(e)s, une grande partie de celles et ceux qui se prostituent ne témoigneront jamais, brisé(e)s à jamais.

Et on va noter que ce grand féministe Philippe Caubère va jusqu'à écrire :
la dégradation, la dérive et finalement la faillite d’un « féminisme» qui, s’inspirant du fameux «modèle suédois», -celui-là même qui permet à une journaliste adulte et responsable ayant accepté une relation sexuelle sans préservatif d’en faire envoyer l’auteur en prison- se consacre aujourd’hui à la pratique de cette nouvelle chasse à courre dont l’homme est le gibier, qu’il soit célèbre comme Julian Assanges, Bertrand Cantat ou Roman Polanski, ou inconnu (tel le soldat) comme moi, réduit que je suis désormais à ce statut pénal de «client de prostituées».

Pauvre Bertrand Cantat, qui a fait 4 ans de prison, pour avoir assassiner un être humain parce que cet être humain était une femme. La victime ce n'est plus celle qui est morte sous les coups, on ne mentionne même pas Marie Trintignan, c'est l'assassin. Mais c'est vrai, c'était un "crime passionnel", le terme occidental pour justifier l'assassinat d'une femme par un homme comme dans d'autres contrées on met en avant "l'honneur de la famille". Et le pauvre Polanski, lui aussi, pauvre victime, qui était poursuivi pour un acte aussi anodin que le viol d'une enfant (13 ans, c'est une enfant pas une "jeune fille" comme on peut le lire ici ou là) ! Au moins, il y a une logique dans l'article que je partage : assassin de femme, violeur et client de prostituée sont mis ensemble, trois formes de violences et d'oppressions contre les femmes.

Quant à l'article de Contre-Temps, que pensez de ce passage (sans revenir sur ce que Toussaint à mis en lumière) :
La prostitution, quel que soit le jugement que l’on porte sur son existence, est une relation de service entre une prestataire et un bénéficiaire qui la rétribue.

Que tout devient simple ! C'est justement la base de la banalisation de la prostitution que l'on trouve dans les mots comme "travail du sexe". Une simple relation de service, comme appeler un plombier pour réparer une fuite d'eau ?

Et c'est ce que je trouve choquant dans tous ces discours, repris par un certain milieu qui se veut "progressiste", et qui banalise la prostitution, c'est qu'il dit aux hommes "vous pouvez en toute bonne conscience être des clients". Parce que dire que la prostitution n'est qu'une "prestation de service" exercée par une "travailleuse du sexe", que finalement c'est aussi anodin que de faire appel à un plombier, c'est finalement revenir à ça.

Et bien non ! Pas plus que je peux considérer comme un "camarade" le mec qui tape sa compagne, je ne peux pas considérer qu'on puisse être communiste et être client. Alexandra Kollontaï disait très justement : "L’acte d’amour, abaissé au degré de profession, que peut-il avoir de plus monstrueux ? (...) Rien ne dessèche autant l’âme que la vente forcée et l’achat de caresses étrangères. La prostitution éteint l’amour dans les cœurs. "

Elle disait aussi :
"Méprisée par tous, pourchassée par tous, mais secrètement encouragée, la prostitution, sous ses fleurs somptueuses mais empoisonnées, étouffe tout ce qui reste des vertus familiales. Recouvrant la société d’une sorte de limon pourri, elle empoisonne de son haleine fétide les pures joies de l’union amoureuse entre les sexes. De nos jours, la prostitution atteint des proportions colossales, telles que l’humanité n’en a jamais connues, même aux périodes de sa plus grande décadence spirituelle. (…) C’est ici, dans les bas-fonds obscurs et nauséabonds, que poussent ses germes funestes ; c’est dans le corps du prolétariat qu’elle plante le plus souvent ses griffes empoisonnées, et bien que son haleine fétide pourrisse toute l’atmosphère sociale, c’est d’abord pour la classe ouvrière qu’elle est un fléau (…). Condamnée par la religion, punie par la société et même par la loi, la prostitution n’en est pas moins non seulement tolérée, mais encore réglementée par l’Etat. (…). Chair de la chair de la classe ouvrière ou de la paysannerie pauvre, [elle] boit jusqu’à la lie la coupe de la servitude, de l’humiliation et du chagrin. La lutte contre la prostitution (…) découle directement de la lutte générale du prolétariat et en constitue une partie intégrante. "
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Message  fée clochette Dim 24 Avr - 15:36

Evidemment je suis d'accord avec Azadi. Concernant la citation de Kollontaï, ça m'intéresse. Tu peux mettre la source d'où sont extraites ces phrases ?
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Message  Azadi Dim 24 Avr - 15:44

fée clochette a écrit:Evidemment je suis d'accord avec Azadi. Concernant la citation de Kollontaï, ça m'intéresse. Tu peux mettre la source d'où sont extraites ces phrases ?

Les citations sont tirées d'un livre "Marxisme et Révolution Sexuelle" d'Alexandra Kollontaï aux éditions Maspéro.

Un des textes est publié en ligne sur le site "La Bataille Socialiste" :
http://bataillesocialiste.wordpress.com/2010/11/25/les-problemes-de-la-prostitution-kollontai/
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Message  fée clochette Dim 24 Avr - 15:46

Azadi a écrit:
fée clochette a écrit:Evidemment je suis d'accord avec Azadi. Concernant la citation de Kollontaï, ça m'intéresse. Tu peux mettre la source d'où sont extraites ces phrases ?

Les citations sont tirées d'un livre "Marxisme et Révolution Sexuelle" d'Alexandra Kollontaï aux éditions Maspéro.

Un des textes est publié en ligne sur le site "La Bataille Socialiste" :
http://bataillesocialiste.wordpress.com/2010/11/25/les-problemes-de-la-prostitution-kollontai/

Merci
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Message  Vérosa_2 Dim 24 Avr - 16:48

La lutte contre la prostitution (…) découle directement de la lutte générale du prolétariat et en constitue une partie intégrante. "
Oui bien sûr.

la prostitution, sous ses fleurs somptueuses mais empoisonnées, étouffe tout ce qui reste des vertus familiales
Par contre j'ai beaucoup plus de mal avec le coup fumeux de ces "vertus familiales". Précisément parce que ces prétendues "vertus" de la famille nucléaire prolétaire - famille modelée selon les besoins du capital pour reproduire la force de travail - sont (à quantifier) sources de misères sexuelles. C'est d'autant plus étrange que cela est tiré d'un livre intitulé "Marxisme et Révolution Sexuelle". Or, la famille et ses "vertus" me paraissent en totale contradiction avec l'émancipation sexuelle.

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Message  fée clochette Dim 24 Avr - 18:08

C'est vrai, mais à la fin de l'article, elle précise : "La lutte contre la prostitution et les formes monstrueuses de la famille actuelle, en d’autres termes la lutte contre les institutions de classe du monde bourgeois contemporain, découle directement de la lutte générale du prolétariat et en constitue une partie intégrante."
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Message  Vérosa_2 Dim 24 Avr - 18:26

Ok, autant pour moi. Je n'avais pas lu l'article dans son intégralité. L'introduction, empruntée à August Bebel (in.: La femme et le socialisme, Ch. 2), met elle aussi les points sur les "I", la famille d'une part et son corollaire, la prostitution ("la prostitution est une institution sociale nécessaire du monde bourgeois") :

« Le mariage est l’un des problèmes de la vie sexuelle de la société bourgeoise, l’autre est la prostitution. Le mariage est le côté face de la médaille, la prostitution est le côté pile. Si l’homme ne trouve pas sa satisfaction dans le mariage, il la cherche habituellement dans la prostitution. Pour les hommes, célibataires par vocation ou par nécessité, comme pour les hommes mariés mais déçus dans leur attente, il est beaucoup plus facile de satisfaire le désir sexuel que pour les femmes. » [ La femme et le socialisme ]



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Prostitution/Travail du sexe - Page 5 Empty Re: Prostitution/Travail du sexe

Message  Azadi Lun 25 Avr - 11:41

Vérosa_2 a écrit:Ok, autant pour moi. Je n'avais pas lu l'article dans son intégralité.

C'est de ma faute, j'ai fait un copié-collé d'extraits que j'avais recopié il y a bien longtemps sur mon ordi, avant qu'un des textes soit en ligne.

Ce que je voulais mettre en avant dans ces textes d'Alexandra Kollontaï c'est entre autre :

"L’acte d’amour, abaissé au degré de profession, que peut-il avoir de plus monstrueux ? (...) Rien ne dessèche autant l’âme que la vente forcée et l’achat de caresses étrangères. La prostitution éteint l’amour dans les cœurs. "

"Recouvrant la société d’une sorte de limon pourri, elle empoisonne de son haleine fétide les pures joies de l’union amoureuse entre les sexes.

Un truc qui me travaille, tous ceux qui défendent la prostitution disent être contre les réseaux maffieux et le proxénétisme. Je ne reviens pas sur les faits : dans les pays où la prostitution est "un travail comme un autre", comme aux Pays-Bas ou en Allemagne, les proxénètes et le trafic des femmes sont facilité, mais comment reconnaitre une "prostituée libre" (si tant est que ça existe) d'une "prostituée forcée" ?? Il faudrait revendiquer un label "commerce équitable" comme sur certains produits au supermarché ? Rien que l'idée est à vomir.

Comme les groupes pro-prostitution cherchent à se faire passer comme "représentants des personnes prostituées", un texte de rescapées canadiennes (publié sur le site de la CLES, Concertation des Luttes contre l'Exploitation Sexuelle) :

MANIFESTE DES SURVIVANTES POUR UN MONDE SANS PROSTITUTION

Nous, survivantes de la prostitution ainsi que celles d’entre nous qui sont encore exploitées dans l’industrie du sexe, déclarons que la prostitution est une forme de violence envers les femmes.

Nous clamons haut et fort que la prostitution n’est rien d’autre qu’une forme d’exploitation sexuelle, l’une des pires formes permettant de perpétuer l’inégalité effarante et historique des femmes, et une violation de nos droits les plus fondamentaux.

Nous n’avons pas un beau jour « choisi » d’entrer dans l’industrie du sexe, c’est plutôt elle qui nous a choisies en se servant, entre autres, de notre pauvreté, de nos passés empreints d’agressions sexuelles, des proxénètes qui ont su deviner et profiter de nos vulnérabilités et des hommes qui, en toute impunité et avec l’accord de la société canadienne, nous ont achetées.

Nous nous opposons fermement au jugement Bedford c./ Canada, qui ne se préoccupe pas du tout des femmes les plus pauvres et les plus vulnérables en plus de faire fi de la troublante surreprésentation des femmes autochtones qui se retrouvent dans les rues de plusieurs provinces canadiennes.

Nous nous opposons également fermement à toute légalisation subséquente de la prostitution. La prostitution doit être éliminée. Elle ne doit pas être légalisée, ni totalement décriminalisée et encore moins être promue comme « un travail comme un autre » ou une alternative économique souhaitable.

Nous réclamons la décriminalisation de toutes les femmes exploitées dans l’industrie du sexe, car notre condition s’est empirée à cause de lois et de politiques qui nous ont traitées et nous traitent encore comme des criminelles, des citoyennes de seconde classe qui méritent bien ce qui leur arrive.

Nous dénonçons les clients-prostitueurs, les proxénètes, les gérants et les propriétaires d’agences, de clubs de danseuses, de salons de massage, de bordels qui agissent en toute impunité. Notre condition ne cesse de s’aggraver dans les clubs de danseuses depuis la légalisation des danses contact. Elle s’aggrave également quand les municipalités et les provinces octroient des permis à des établissements voués à la prostitution accordant du même coup une protection légale aux proxénètes, aux clients-prostitueurs et à l’industrie du sexe.

Nous exigeons que le lobby pro « travail du sexe » cesse immédiatement de s’improviser porte-parole de toutes les femmes qui ont été exploitées dans l’industrie du sexe et de celles qui le sont encore.

Nous refusons qu’il continue de parler en notre nom, car ce lobby se complaît à ignorer la majorité dont nous faisons partie. Il nous ignore et invalide notre parole parce que nous sommes toutes très critiques de l’industrie du sexe et que nous en dénonçons la violence inhérente. La masturbation intellectuelle à laquelle se prêtent certaines personnes, soi-disant solidaires des femmes, doit immédiatement cesser.

Nous réfutons l’idée que nous ayons été ou que nous sommes des travailleuses du sexe. La réalité que cette expression dissimule nous donne froid dans le dos. Que croyait le lobby pro « travail du sexe » ? Qu’en inventant une nouvelle expression, tel un coup de baguette magique, l’exploitation et la violence dont nous avons été victimes se transformeraient en travail ? Non, non et non, il ne suffit pas d’avoir de nouvelles expressions à la mode pour effacer l’inavouable, l’inexplicable.

Nous réaffirmons que la prostitution n’est ni un travail, ni un métier, ni une profession.

Nous exigeons des politiques sociales et économiques qui permettront de prévenir l’entrée dans la prostitution et qui soutiendront toutes celles qui désirent quitter la prostitution.

Nous sommons finalement le gouvernement canadien d’agir et d’adopter le modèle scandinave.
http://www.lacles.org/
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Message  Duzgun Lun 25 Avr - 14:31

Azadi a écrit:Un truc qui me travaille, tous ceux qui défendent la prostitution disent être contre les réseaux maffieux et le proxénétisme.
A qui fais-tu référence?
Moi j'ai du mal à me faire une opinion dans ce débat et je n'ai pas lu l'intégralité des échanges, mais je n'ai lu personne ici "défendre la prostitution". Après, reste à savoir comment faire pour abolir la prostitution dans les faits, en partant de la situation réelle d'aujourd'hui. Là-dessus je ne sais pas répondre, si ce n'est que ça ne pourra pas se faire contre les prostituées (ce sur quoi je pense que tout le monde est d'accord aussi).
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Message  Azadi Lun 25 Avr - 14:53

Duzgun a écrit:
Azadi a écrit:Un truc qui me travaille, tous ceux qui défendent la prostitution disent être contre les réseaux maffieux et le proxénétisme.
A qui fais-tu référence?
Moi j'ai du mal à me faire une opinion dans ce débat et je n'ai pas lu l'intégralité des échanges, mais je n'ai lu personne ici "défendre la prostitution". Après, reste à savoir comment faire pour abolir la prostitution dans les faits, en partant de la situation réelle d'aujourd'hui. Là-dessus je ne sais pas répondre, si ce n'est que ça ne pourra pas se faire contre les prostituées (ce sur quoi je pense que tout le monde est d'accord aussi).

Je faisais référence, par exemple, à l'article de Philippe Caubère ou aux propos de Badinter.

Après si on considère que la prostitution est "un travail comme un autre", une "prestation de service" comme une autre, cela revient à la banaliser et ne plus avoir la perspective de son abolition.

Pour reprendre l'exemple du plombier, on est pour l'abolition du salariat, pas pour l'abolition de la plomberie.

Et aujourd'hui, si un(e) camarade fait appel à un plombier pour réparer une fuite d'eau, personne ne lui reprochera. Par contre, je n'imagine pas appeler camarade quelqu'un qui irait "se payer un(e) prostitué(e)".

Effectivement, personne ici n'est contre les personnes prostituées. Au contraire, pour les communistes et les abolitionnistes en général c'est surtout par solidarité avec celles et ceux qui subissent la prostitution que nous sommes pour son abolition.
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Message  Duzgun Lun 25 Avr - 14:59

Azadi a écrit:Je faisais référence, par exemple, à l'article de Philippe Caubère ou aux propos de Badinter.
OK, je croyais que tu faisais référence à des camarades.
Sinon, je suis d'accord avec ton exemple salariat/plomberie.
L'ennui pour moi, c'est comment passer de la situation actuelle à celle d'une abolition dans les faits de la prostitution. Je ne suis pour l'instant convaincu par aucune des deux positions qui se confrontent dans ce fil de discussion (sans avoir pour autant de position alternative à proposer Wink ), et les caricatures utilisées dans le débat n'aident pas...
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Message  fée clochette Lun 25 Avr - 15:37

Le rapport d'information déposé à l'assemblé nationale
il vaut ce qu'il vaut, en terme de chiffres notamment, toujours très difficile d'avoir des chiffres. mais il y a des éléments intéressants notamment sur les conséquence physiques et psychiques de la prostitution

http://www.assemblee-nationale.fr/13/rap-info/i3334.asp#P394_37913

Les limites, les insuffisances en terme de droits sociaux sont également pointées, notamment pour les prostituées qui veulent sortir de leur condition
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