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Racisme anti noir

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MO2014
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Message  verié2 Ven 18 Déc - 20:46

Le maire d'Hayange, le misèrable Engelmann, vient de décider de remplacer le roi mage noir par un roi mage blanc dans la crèche municipale.
Non à l'expulsion de Balthazar !
(Pardonne-moi MO2014, mais avec toute la bonne volonté du monde, on ne peut pas mettre ce mini forfait dans la rubrique Islamophobie, vu que rien ne permet de penser que Balthazar était musulman avant l'heure...)
La débilité raciste n'a donc aucune limite, même pas celle du ridicule...

http://loractu.fr/thionville/11908-a-hayange-le-maire-fn-enleve-le-roi-mage-noir-de-la-creche-de-noel.html

verié2

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Message  Byrrh Ven 18 Déc - 21:27

Il ne faudrait pas que Dégueulmann apprenne que, selon des scientifiques britanniques et israéliens, Jésus de Nazareth avait plutôt cette tronche : http://www.clearhype.com/2015/12/the-real-face-of-jesus.html?utm_source=dlvr.it&utm_medium=twitter

Byrrh

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Message  MO2014 Ven 1 Avr - 16:02


APPEL A LA MOBILISATION CONTRE LAURENCE ROSSIGNOL…

Nous invitons le peuple à un rassemblement ce samedi 2 avril, à 15h, 12 rue d’Oradour sur Glane (M° Porte de Versailles), devant les locaux de RMC, la radio sur laquelle la ministre des droits des femmes, Laurence Rossignol, a affirmé que les musulmanes qui choisissent de porter le voile étaient comparables aux « nègres américains qui étaient pour l’esclavage ».

Nous exigeons la démission de la ministre, dont les propos sont à la fois négrophobes, islamophobes et sexistes, mais nous dénonçons aussi l’attitude de Jean-Jacques Bourdin, qui n’a nullement réagi face à ces formules inacceptables.

Nous demandons à la chaîne un droit de réponse, et nous entendons saisir le CSA.

Quant à Laurence Rossignol, reconnaissons-lui un mérite : elle a mis en lumière le racisme négrophobe dans ce qu’il a de plus cru et de plus violent, alors qu’il est en général invisibilisé et occulté. Et pourtant, il y a eu l’affaire Guerlain, les comparaisons simiesques contre Christiane Taubira, ces policiers du Kremlin-Bicêtre grimés en singes pour une soirée « Negro », le champagne « Code noir » toujours en vente dans les magasins, la Cour de cassation qui a refusé de rendre justice aux tirailleurs africains massacrés par l’armée française à Thiaroye, au Sénégal, en 1944, ce béké de la Martinique, Alain Huyghues-Despointes, ayant affirmé que l’esclavage avait ses « bons côtés » et récemment blanchi par la Cour de cassation, les multiples discriminations à l’embauche, au logement, les contrôles au faciès et leurs lots de violences et crimes policiers racistes commis en toute impunité… sans oublier les propos jamais sanctionnés de Laurent Blanc et de Willy Sagnol sur les joueurs noirs, apparemment moins intelligents que les autres, et pour mémoire, les chocolats « Négro et Bamboula », mis en vente à Auxerre, les « Dieux et Déesses » racistes et obscènes proposées par un pâtissier de Grasse, les « déguisements Zoulous » de Kiabi et les bijoux « style esclave » de Mango…. et si vous n’avez toujours pas la nausée, évoquons encore Henry de Lesquen, patron de Radio Courtoisie, invité sur France Inter, dont le site internet explique que « l’esclavage s’est imposé jadis comme une nécessité. Ce ne fut pas un crime. Nous n’avons pas à rougir de nos ancêtres. Les descendants d’esclaves qui demandent réparation ne seraient pas en vie s’il n’y avait pas eu l’esclavage. Sans l’esclavage et la colonisation, la population congoïde mondiale serait 10 fois inférieure à ce qu’elle est. Ergo, les congoïdes qui râlent contre l’Occident lui doivent la vie 9 fois sur 10. »

Ni les médias traditionnels, ni les partis politiques traditionnels ne s’insurgent contre cette forme de racisme. C’est donc à nous de descendre dans la rue encore et encore pour dire stop, pour rappeler à l’Etat français ses crimes, ses silences, et exiger pour tout cela réparation. A un mois de la Journée du 10 mai, consacrée à la mémoire de l’esclavage négrier, nous entendons nous mobiliser contre Laurence Rossignol, contre RMC, pour notre dignité.



Brigade Anti Négrophobie, leCRAN, M-UDC (Marrons Unis Dignes et courageux), Ferguson in Paris, Une-Autre-Histoire.org, Cases Rebelles,
http://amon-france.com/appel-a-la-mobilisation-contre-laurence-rossignol/

MO2014

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Message  sleepy Sam 2 Avr - 7:10


Laurence Rossignol, la négresse musulmane et voilée que je suis vous emmerde

Lettre ouverte à la ministre des familles blanches, de l’enfance catho-laïque et des droits des islamophobes

par Ndella Paye
1er avril 2016

Interrogée par Jean-Jacques Bourdin, ce mercredi 30 mars sur RMC, la "ministre des familles, de l’enfance et des droits des femmes" Laurence Rossignol a fait savoir que les enseignes de mode vendant des "vêtements islamiques" (voiles ou foulards) étaient ‘"irresponsables" car elles faisaient "d’un certain point de vue la promotion de l’enfermement du corps des femmes". Et alors que l’animateur lui objectait qu’il y a des femmes qui portent des foulards et des voiles par choix, elle a osé cette réponse : "Il y a des femmes qui choisissent, il y avait aussi des nègres américains qui étaient pour l’esclavage."

Madame la ministre,

Dire que vous êtes la ministre des droits des femmes... Pardon : "Ministre des Familles (ça se veut inclusif), de l’Enfance et des Droits des femmes". Mais que pouvait-on attendre d’une membre d’un gouvernement qui vient, en 2016, confirmer les stéréotypes que nous femmes, nous coltinons depuis des siècles en donnant la charge des Droits des femmes au ministère en charge des Familles et de l’Enfance ? Ainsi, nous avons la trilogie femme épouse mère. L’égalité femme-homme se porte très bien au pays des droits de l’Homme (les femmes sont paraît-il incluses dedans). A votre place je m’indignerais d’abord pour ce retour en arrière.

Donc, Madame la ministre, vous vous octroyez le droit de faire référence, de manière très négative et assumée, à l’histoire de l’esclavage. Dois-je vous rappeler que cette histoire n’est pas la vôtre et qu’en tant que ministre de la République, en dehors de faire en sorte que l’histoire de l’esclavage soit enseignée correctement, vous n’avez nullement le droit de l’instrumentaliser à des fins politiciennes, et moins encore à des fins racistes, en opposant des minorités visibles. Sachez qu’en tant que Noire musulmane et voilée, je trouve indécente votre comparaison des femmes voilées à ces "nègres" dont vous parlez qui auraient été "pour l’esclavage". A vous entendre il y a donc eu des nègres qui étaient pour cette négation absolue de leur être, cette sur-exploitation, cette extermination par le travail et les sévices, légitimée par une stigmatisation de leur couleur de peau...

Laissez-moi vous apprendre qu’aucun-e Noir-e ne pouvait être pour ces crimes contre l’humanité. Il est vrai qu’il y a eu des "nègres de maison" qui, pour moi, ont fait ce qu’ils ont pu pour survivre à l’horreur, ont négocié comme le font souvent les dominé-e-s face aux violences qu’ils et elles subissent, des petits droits pour respirer un peu et rendre un peu moins atroces leurs conditions de vie. Des femmes l’ont fait et le font encore parce qu’il n’est pas simple de consacrer sa vie à la résistance, et que subir de constantes violences peut donner envie de caresser son bourreau dans le sens du poil – ou pousser du moins à s’y résigner.

Sachez que tou-te-s les esclaves ont résisté, à leur manière, comme ils et elles le pouvaient, souvent au prix de leur vie. Oui, mourir a pu être vu comme préférable, pour elles et eux, au supplice que certains de vos semblables (politiciens blancs) – leur avaient infligés. Quand vous subirez ce qu’ils et elles ont subi, nous pourrons juger de votre réaction, et là seulement vous aurez le droit d’émettre un avis sur la question. Vous comprendrez bien, madame Rossignol, que la négresse musulmane et voilée que je suis vous emmerde.

Mais si vous avez pu dire en toute tranquillité vos horreurs et les assumer sans honte le lendemain, c’est bien parce que vous êtes sûre qu’insulter les musulmanes et les Noir-e-s de France ne coûte absolument rien. Vous êtes sûre de pouvoir continuer d’occuper votre poste de ministre malgré des injures racistes d’une violence inouïe, qui heurtent une partie non négligeable de la population française. Manque de bol, je ne tends pas mon autre joue, et je suis loin d’être seule dans ce cas. J’aurais même tendance à chercher des gants de boxe pour me défendre car j’en ai marre de recevoir des coups sans que jamais celles et ceux qui les donnent soient puni-e-s. Sachez-le donc, madame la ministre : la négresse musulmane et voilée que je suis vous emmerde.

Cela dit, j’emmerde également notre Président de la République – et s’il veut me déchoir de ma nationalité française pour outrage à sa fonction, je l’emmerde doublement. J’emmerde ce président qui laisse faire et dire de pareilles immondices, qui laisse une ministre de la République blesser, heurter, choquer, provoquer les musulmanes voilées et les Noir-e-s de ce pays. Une ministre censée défendre les droits des femmes, et qui vient taper sur des femmes parce qu’elles sont musulmanes, et parce qu’elle sait qu’il n’y aura certainement aucune conséquence, ni politique ni judiciaire... Comment respecter un monarque qui prétend diriger une grande démocratie et qui, même dans la condamnation, fait dans le deux poids deux mesures ?

Plus largement, mes cher-e-s responsables politiques, vous qui avez tout privatisé, vous qui avez économiquement tout déréglementé au nom de la sacro-sainte loi du libre marché, et qui là tout à coup devenez interventionnistes pour vous mêler (et vous indigner) de ce que des boutiques (libres de leurs stratégies commerciales) décident (librement) de proposer comme vêtements à leurs clientes (libres de les acheter ou pas), vous aussi, je vous emmerde. Et vous aussi, Pierre Bergé, patron d’Yves Saint Laurent, qui soutenez cette croisade contre la "mode islamique", je vous emmerde. Je crois savoir d’ailleurs qu’en 1976, au sommet de sa gloire, Yves Saint Laurent n’avait eu aucun problème à sortir, pour ses clientes du Golfe, des modèles avec voile – et que cela avait dû vous rapporter quelques sous, monsieur l’ingrat. Alors que se passe-t-il aujourd’hui ? Vous reniez votre ami le grand créateur de vêtements ? Ou bien vous faites de subtiles distinctions ? Vendre de la "mode islamique" discrètement et à la haute société, soit, mais au grand jour et pour la piétaille cela devient antilaïque et antiféministe ? Quoi qu’il en soit, monsieur Bergé, je vous emmerde.

Je vous emmerde car vous ne faites pas de la politique noble. Et quand pour une fois pendant ce quinquennat le gouvernement parle des vrais problèmes des habitant-e-s de ce pays, par exemple l’emploi, qu’est ce qu’on gagne ? La loi El Khomri, qui, comme jadis le CPE, est combattue par tout le monde, y compris les étudiant-e-s. Têtus et bornés, vous ne savez pas écouter celles et ceux qui vous ont élus, celles et ceux que vous êtes censés servir. Vous n’en faites qu’à vos têtes, et votre orgueil aura raison de vous. Faut-il rappeler à monsieur Hollande que la courbe du chômage n’a guère été renversée ? Que la promesse des "récépissés" contre le contrôle au faciès a été jetée à la poubelle, et que le ministère de l’Intérieur va même jusqu’à contester l’existence même de ces contrôles au faciès ? Qu’il va jusqu’à faire appel contre une condamnation judiciaire de contrôles discriminatoires avérés ? Que la promesse du droit de vote des étranger-e-s elle aussi a été enterrée, et qu’à la place nous avons eu droit à des projets de "déchéance de nationalité" ?

Quant à ce premier ministre qui entretient et attise la haine contre les musulman-e-s, et qui n’a aucune gêne à se déclarer "lié de manière éternelle" à un Etat colonial (Israël), il va de soi aussi que je l’emmerde.

J’emmerde par ailleurs tous les responsables politiques et toutes les féministes qui gardent le silence parce que c’est sur des musulmanes qu’on tape. Par leur silence ils sont aussi responsables que vous, madame Rossignol, qui tentez de vous faire un nom sur notre dos. J’ai une pensée aussi pour Jean-Jacques Bourdin : lui qui aime se montrer bourru, batailleur, inquisiteur, sans concessions face aux hommes politiques, et qui a laissé passer sans un mot vos propos orduriers, je l’emmerde.

Je pense pour finir aux paroles si justes de Kery James : "C’est vous qui avez décidé de mêler votre histoire à la nôtre"... "Nous devons vivre ou mourir ensemble"... Madame Laurence Rossignol, vous sortez les musulman-e-s du « nous », et en faisant cela vous ne respectez même pas vos propres initiatives : la campagne nationale appelant à s’unir contre le racisme ne signifie donc rien pour vous ? Cela ne vous pose-t-il pas problème que la devise de la France ne soit qu’un slogan creux sans aucune substance mais que vous continuez de vider ?

Soyez assurée, madame la ministre, que la négresse musulmane voilée que je suis vous emmerde.
P.-S.

Un rassemblement pour la démission de Laurence Rossignol et un droit de réponse sur RMC est organisé ce samedi 2 avril à 15h, 12 rue d’Oradour sur Glane (M° Porte de Versailles), devant les locaux de RMC, à l’appel de la Brigade Anti Négrophobie, du CRAN, du M-UDC (Marrons Unis Dignes et courageux), de Ferguson in Paris, de Une-Autre-Histoire.org et de Cases Rebelles, appel auquel bien entendu nous nous associons.
http://lmsi.net/Laurence-Rossignol-la-negresse

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Message  MO2014 Lun 4 Avr - 11:42

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Message  MO2014 Lun 25 Juil - 0:11

A Beaumont-sur-Oise, une marche blanche pour Adama Traoré
23 juillet 2016 | Par Faïza Zerouala, Médiapart.

Entre 1 500 et 5 000 personnes ont participé, vendredi 22 juillet, à Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise), à une marche blanche pour rendre hommage à Adama Traoré, 24 ans, décédé lors de son arrestation par des gendarmes, mardi 19 juillet. La famille et ses soutiens réclament « la vérité et la justice » sur les circonstances encore floues de la mort du jeune homme.

L’arrivée de la mère d’Adama Traoré ne se produira jamais. Trop éprouvée par la perte de son fils de 24 ans dans des conditions encore floues, elle n’a pu participer comme prévu à la conférence de presse et à la marche blanche organisées en l’honneur du jeune homme à Beaumont-sur-Oise, le vendredi 22 juillet. Depuis quatre jours, la commune vit dans l’interrogation et réclame la vérité sur la mort d’Adama Traoré, survenue lors de son arrestation par des gendarmes, mardi 19 juillet.

La marche a attiré une grande partie des habitants de la commune du Val-d’Oise, 1 500 selon la police et 5 000 selon les organisateurs. Tout le monde s’est donné rendez-vous sur la parcelle faisant office de terrain de foot dans le quartier de Boyenval, un mélange de terrain de sable et de pelouse fatigués. Les visages sont graves. À peine l’aperçoit-elle, une voisine présente ses condoléances à Mama, la sœur aînée du défunt, la prenant dans ses bras pour accompagner ses paroles. La même scène se produira à plusieurs reprises avec d’autres membres de la fratrie de 17 enfants, gratifiés de « courage » et autres « on est ensemble ».

Un portrait d'Adama Traoré Un portrait d'Adama Traoré

Dans le simili-stade, les pleurs coulent librement chez de grands gaillards. Une colère, contenue, affleure dans les « Justice pour Adama » régulièrement scandés par la foule. La rage immédiate, exprimée lors des nuits d’échauffourées consécutives au décès, a été supplantée par la tristesse et l’émotion. L’un d’entre eux, le visage baigné de larmes, réclame à la cantonade une tenue exemplaire pour tous pendant cette marche en hommage à « celui qui aurait pu être leur frère, leur cousin, leur ami » ou eux-mêmes, comme certaines personnes présentes l’expliquent.

Une table a été dressée pour que la famille et son conseil, Me Frédéric Zajac, puisse communiquer aux journalistes venus les derniers éléments dont ils disposent. L’équipe de BFMTV a pour sa part été priée de plier bagage par un proche de la famille. Les Traoré ont été blessés du traitement de la mort d’Adama par la chaîne d’information en continu.

Au milieu des roses blanches disposées sur la table se nichent les micros des reporters venus écouter le récit de la famille et de son avocat, même si certains font preuve de maladresse en essayant d’imposer une séance de questions-réponses à l’issue de la conférence de presse, là où la famille, à l’initiative du rassemblement, souhaite démarrer le défilé sans tarder. Un compromis est trouvé, l’avocat des Traoré décide de répondre aux interrogations de la presse.

Assa Traoré, la sœur d’Adama, a tenu à rappeler les circonstances du décès de son frère et lance à la presse, d’une voix assurée et déterminée : « Vous parlez de violences entre ici et Persan. La violence, elle a commencé quand mon frère a été tué, elle n’a pas commencé quand des voitures ont brûlé. Elle a commencé quand mon frère est mort dans des conditions atroces. » Avant de poursuivre : « Il est mort sans nous, le jour de son anniversaire. » La jeune femme demande à tous les témoins potentiels de l’arrestation de son frère de se manifester.

Elle a aussi affirmé qu’il faisait objet d’un « acharnement policier depuis plusieurs années ». L’avocat de la famille entend aussi éclaircir ce point et vérifier par exemple si les gendarmes qui ont eu affaire à Adama Traoré l’année dernière sont les mêmes aujourd’hui. Il avait été relaxé, précise Me Zajac qui ajoute qu'Adama Traoré n'était « pas un gros délinquant ». « Je ne dis pas qu’il y a un lien mais je dis juste qu’il y a un précédent et qu’il faut vérifier tous les éléments », poursuit l'avocat.

« On ne lâchera rien », enchaîne Assa Traoré. Les premiers résultats de l’autopsie ont été communiqués et la famille peine à croire à la version officielle. Selon le procureur de la République à Pontoise, Yves Jannier, l’autopsie montre que le jeune homme souffrait d’« une infection très grave », « touchant plusieurs organes ». La mort « semble être médicale chez un sujet manifestement en hyperthermie au moment où il a été examiné par les services de secours ». Le médecin légiste n’a pas relevé, poursuit le procureur, de « traces de violence significatives » sur le corps d’Adama Traoré, seulement des « égratignures ». Des investigations complémentaires, notamment bactériologiques et toxicologiques, ont été ordonnées pour avoir un « panel d’examens absolument complet ».

Me Zajac souhaite « rétablir quelques vérités » dans un dossier où tout le monde est allé beaucoup trop vite. Plus tôt dans la matinée, il avait expliqué à Mediapart : « On va trop vite en besogne dans les déclarations. En l’état, l’expertise médicale ne peut pas se prononcer sur les causes du décès. Ce sont de simples constatations qui ne peuvent pas permettre de se prononcer sur les causes du décès. »

Pour ce faire, l’avocat espère obtenir une contre-expertise menée par un collège d’experts afin de permettre à la famille d’obtenir toutes les réponses escomptées et de mettre fin à toutes les spéculations. Une famille qu’il souhaite protéger au mieux : « L’instrumentalisation de tous les côtés de ce dossier est ingérable pour la famille et insupportable. »

Lors de la conférence de presse, il a aussi fustigé « ceux qui s’arrogent le droit de parler d’un dossier qu’ils ne connaissent pas ». Il est le seul habilité à répondre aux questions des journalistes, embraye la famille. Une allusion à peine voilée à Karim Achoui, célèbre pour avoir longtemps été « l’avocat du milieu », présent lors du rassemblement. Il revendique, lui aussi, d’être le conseil des Traoré ainsi qu’il l’a communiqué sur les réseaux sociaux. Un membre de la famille aurait simplement répondu favorablement à sa proposition de les assister dans leur procédure judiciaire.
« Vérité et justice pour Adama »

L’autre intrusion du jour, plus surprenante tant sa présence dans les quartiers populaires est fantomatique et son écho limité, est signée SOS Racisme. Une équipe a fait le déplacement pour soutenir la famille endeuillée. La présence de son président, Dominique Sopo, est incongrue ici, et pas seulement parce qu’il dénote dans le paysage avec son costume gris, sous le soleil étouffant, là où tout le monde porte une tenue estivale décontractée. Il est venu, explique-t-il, pour soutenir la famille. Pour lui, le décès d'Adama est « plus que suspect ». À l’arrivée du cortège, aux alentours de 19 h 30, discrètement pour éviter tout esclandre, les proches de la famille lui demandent de quitter les lieux car l’association antiraciste n’est pas la bienvenue. Dans les quartiers populaires, la rancœur à l’égard d’une organisation qui, à leurs yeux, n’a jamais été à la hauteur des promesses et des enjeux est tenace. Avant de partir, Dominique Sopo prend toutefois le soin de répondre au micro qui lui est tendu, sous le regard sidéré des personnes assistant à la scène.

Il est près de 17 heures lorsque la foule s’élance dans les rues de Beaumont-sur-Oise. Les propos de la famille sont ponctués d’appels au calme. Aucun débordement ne doit entacher ce rassemblement solennel, avant tout pour saluer la mémoire d’Adama Traoré. Si aucun incident n'a émaillé la marche, le soir même des échauffourées ont eu lieu pour la quatrième nuit d’affilée dans les communes de Beaumont-sur-Oise, Persan et Bruyères-sur-Oise. Dix personnes ont été interpellées au cours de la nuit, selon la préfecture du Val-d’Oise.

L’un des frères d’Adama Traoré porte un tee-shirt à l’effigie du disparu, avec une légende « Tous pour Adama » assortie d’un cœur. Sur la photo, il affiche un large sourire. C’est d’ailleurs la première chose que les proches mentionnent lorsqu’on leur demande qui était Adama. Walid, son ami, un grand du quartier de 31 ans, voisin du jeune homme qu’il « a vu au berceau », se rappelle d’« une boîte à sourires ».

Dans le quartier de Boyenval, tout le monde se connaît. La commune, hybride entre campagne et ville, compte 10 000 habitants. Aucune barre de béton interminable ne défigure le paysage. Ici les immeubles ne possèdent que quelques étages. Le trajet emprunté par le cortège pour la marche blanche dévoile les quartiers pavillonnaires de la ville.

Un peu méfiant avant de parler à la presse – éternel problème de confiance érodée entre médias et quartiers populaires –, un jeune homme qui connaissait Adama livre quelques éléments sur lui et sur la vie ici à Beaumont-sur-Oise, en demandant l’anonymat. Comme tout le monde, il ne réalise pas la disparition de cette figure connue de tous dans ce quartier « soudé » : « Il n’est pas mort d’une crise cardiaque, on veut comprendre ce qui s’est passé avec les gendarmes. »

Pour lui, police ou gendarmes, cela ne change rien. Les pratiques, explique-t-il, sont les mêmes : « Ils nous tutoient, ils cherchent la petite bête, si on ne coopère pas tout de suite, ils nous insultent, nous demandent de retirer nos mains de nos poches. Ils font des contrôles d’identité inutiles. »

D’ailleurs, c’est précisément parce qu’il n’avait pas ses papiers sur lui qu’Adama Traoré s’est enfui à la vue des forces de l’ordre, rapporte la famille. Le divorce persistant entre police et quartiers populaires rappelle à ce manifestant les précédents à Clichy-sous-Bois bien sûr, mais aussi à Villiers-le-Bel. De fait, il n’a pas confiance en la justice et imagine qu’il est impossible d’obtenir une condamnation des gendarmes, si leur implication était établie dans le décès d’Adama Traoré.

Il y a du monde. C’est normal, expliquent ses proches, Adama Traoré était connu et aimé de tous. À en croire plusieurs témoignages, c’était un jeune homme serviable et féru de football, qu’il pouvait pratiquer des heures durant, comme tous les sports. Il n’avait pas le permis de conduire, alors il était tout le temps à vélo. « Sans faire celui qui idéalise celui qui est mort, c’était vraiment quelqu’un de bien. Quand quelqu’un était en galère, il se mettait en quatre pour aider. Quand un ami avait besoin d’argent, il se débrouillait toujours », se rappelle pour sa part Walid, son voisin.

Sa sœur aînée Mama en dresse, émue, peu ou prou le même portrait : « Ce n’était pas toujours un ange mais pour moi il est au paradis. » Son petit frère enchaînait les missions d’intérim dans la manutention et un peu tout ce qui se présentait. « Ce n’était pas un fainéant », raconte-t-elle. Il suivait aussi les instructions de son conseiller en réinsertion après les « quelques bêtises » – comme elle les qualifie – que son frère avait pu faire.

La famille d'Adama Traoré La famille d'Adama Traoré

La foule, de tous âges et où l’on remarque autant les poussettes que les cannes des plus âgés, n’est pas seulement constituée des voisins et amis du défunt. Des inconnus ont souhaité se joindre au concert d’hommages. Certains défilent pour la première fois. Dans le train se dirigeant vers le terminus Persan-Beaumont, un groupe venu spécialement de Paris commentait l’affaire, qualifiant les premiers éléments de l’enquête de « version Pinocchio ». Les manifestants défilent dans les rues en pente de la ville. Mamadou, 25 ans, est venu de Montreuil en Seine-Saint-Denis. Il a été touché par l’histoire de celui qui était noir comme lui et avait presque le même âge. « Je me devais de venir pour un frère de couleur », explique-t-il. Très vite, comme tout le monde ici, il parle de bavure. Pour lui, les autorités essaient d’étouffer l’affaire et il est important de manifester contre cela.

Un peu plus loin, Younès, reconnaissable à son gilet jaune fluo, essaie de diriger la foule vers la place du Château, point d’arrivée du défilé, conclu par une minute de silence. Lui non plus ne connaissait pas la victime ni sa famille et encore moins la ville. Venu de Mantes-la-Jolie, il s’est porté volontaire pour assurer le service d’ordre de la manifestation. Ce médiateur considère que l’hypothèse de la bavure est accréditée par les atermoiements pour que la famille puisse voir le corps, le jeudi 21 juillet. Pour lui, la version officielle est trop alambiquée pour y adhérer sans questionnements.

Point commun entre tous : ils ont eu vent du rassemblement via les réseaux sociaux et s’informent principalement par ce canal. Les médias traditionnels sont jugés peu fiables. Ils leur reprochent de verser dans le sensationnalisme lorsqu’ils s’attachent à compter les voitures brûlées. Ou parfois, pire, les JT n’en parlent même pas, à leur grand regret (lire ce billet du Bondy blog sur le sujet).

Quelques militants associatifs se sont greffés au rassemblement. Amal Bentounsi, présidente du collectif Urgence notre police assassine, sœur d’Amine Bentounsi tué d’une balle dans le dos par un policier qui cherchait à l’interpeller en 2012, est présente. Lors d’une prise de parole, elle égrène aussi le nom des victimes de violences policières : son frère d’abord, mais aussi Wissam el-Yamni, Zyed Benna et Bouna Traoré, ou encore Ali Ziri. De son côté, la militante Sihame Assbague filme et diffuse l’événement en direct sur les applications Periscope et Twitter .

Fania Noël, militante afroféministe, est venue apporter son soutien. Elle considère que cette affaire est révélatrice du « problème de racisme systémique qui est un instrument de contrôle par l’État des personnes noires ». Elle déplore l’aveuglement français sur la question et la nécessité de faire un détour par les États-Unis : « Tout le monde ici ne voit la question raciale que là-bas et pense que c’est comme le nuage de Tchernobyl et que ça ne traverse pas la frontière. » Fania Noël est lassée de la récurrence des affaires impliquant habitants des quartiers populaires non blancs et la police : « On est toujours dans le même schéma : on criminalise la victime, on délégitime la parole de la famille, on décrédibilise ses soutiens et on table sur l’usure judiciaire pour enterrer l’affaire. »

Dans les quartiers, l’histoire s’écrit aussi sur les murs. Un artiste a réalisé à la bombe à peinture un portrait « à la mémoire d’Adama Traoré », souriant. Il est inscrit « Vérité et justice » et « Tant qu’il n’y aura pas de justice vous n’aurez pas la paix ». À l’arrivée du cortège, la famille a repris la parole. L’une des sœurs d’Adama Traoré craint l’oubli et que cette marche ne soit qu’un élan éphémère. Elle annonce d’ores et déjà la tenue d’une autre marche, à Paris cette fois.
https://www.mediapart.fr/

MO2014

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Message  MO2014 Mar 2 Aoû - 13:19


Toni Morrison: "En France, on ne m'aurait jamais donné un job"
REUTERS/Stephen Chernin

Toni Morrison, prix Nobel de littérature en 1993 et lauréate du Pulitzer, sort Un Don, son nouveau romain sur l'Amérique du XVIIe siècle. Femme noire de 78 ans, elle est aujourd'hui considéré comme un modèle de société. Rencontre.

Il y a bien le portier stylé et la voûte de cathédrale à l'entrée de son immeuble new-yorkais, mais Toni Morrison vous accueille simplement dans un petit appartement chaleureux, un nid d'écrivain sous une verrière, dans les combles de sa réussité. Le Prix Nobel de littérature 1993, la lauréate du Pulitzer traduite en 50 langues, la prof révérée de l'université de Princeton, la femme noire érigée en matriarche de l'écriture américaine besogne toujours, à 78 ans, sur son établi de romancière: une bonne grosse table de salon où, dès 4 heures, l'artisane cisèle sa prose lyrique dans la mémoire noire, et la morale universelle. Un don, son dernier et neuvième roman, publié chez Bourgois, nous plonge dans l'Amérique oubliée du xviie siècle, encore dénuée de dogmes racistes. Son prochain roman traitera des années 1950, année de tous les dangers. Rencontre, au son de sa voix suave et de ses rires espiègles.

Nous entrons peut-être, depuis l'élection de Barack Obama, dans l'ère postraciale. Est-ce pour cette raison que vous campez votre dernier livre au xviie siècle, une époque où les distinctions de races importaient moins que celles des classes sociales?

Non, j'ai commencé à écrire ce livre bien avant l'élection d'Obama. Je cherchais à dissocier racisme et esclavage et à revenir vers un temps où la servitude, sur ce continent, était semblable à celle qui existait, ou avait existé, ailleurs, à Rome, Athènes ou en Egypte - je ne connais aucun royaume, aucun empire, qui n'ait été fondé sur les esclaves, quels que fussent leurs noms - serfs, peones, serviteurs des colonies, peu importe. D'où le choix de cette Amérique du xviie siècle, qui est en outre une terre vierge du point de vue romanesque, une véritable épopée pionnière qui n'a été abordée que par les historiens ou dans les récits romantiques de Fenimore Cooper et Nathaniel Hawthorne. Cette Amérique, donc, comptait des quantités d'esclaves blancs, les indentured servants, au statut temporaire, dont ils pouvaient en principe se libérer après avoir payé une dette. En fait, cette libération était souvent repoussée, et leur captivité s'éternisait.

Florens, votre héroïne, est, en quelque sorte, une esclave sans race...

Oui, j'ai imaginé le cheminement de cette jeune fille innocente, vulnérable, incertaine sur sa propre valeur, non pas à cause de son statut d'esclave, mais parce que sa mère l'a donnée à un inconnu dans l'espoir de lui garantir une vie meilleure. Longtemps, elle ne s'interroge pas sur son rang social de captive. Elle ne découvre la haine de soi et le fardeau de sa couleur de peau que lorsque les puritains la rejettent, pour des raisons non raciales, d'ailleurs, mais théologiques, car elle leur évoque "Satan, l'homme noir".

Comment le racisme est-il né?

On a institutionnalisé la race pour des raisons de profit et de pouvoir, au point d'en faire un élément de la loi, et non plus de la coutume, afin de rompre tous liens entre les Blancs pauvres et les Noirs pauvres. On a divisé pour régner. Les pires ennemis des propriétaires terriens sont alors les "sans-terre", de toutes couleurs. Serviteurs blancs, Blancs libres, Indiens et Noirs travaillent côte à côte dans les plantations et se soulèvent ensemble contre l'élite, en renversant, par exemple, le gouverneur de Virginie. Tous ont été vaincus puis pendus. C'est à cette époque que sont apparues les premières lois autorisant les Blancs à tuer ou à mutiler les Noirs, sans même avoir à le justifier. Pour ramener l'ordre, on a ainsi offert aux petits Blancs une parcelle de pouvoir, l'illusion d'une supériorité. La nouveauté, le fait singulier, dans l'histoire de notre pays, est bien là, dans ce racisme, cette hiérarchie entre les races. Qui n'ont rien de naturel, ne reflètent aucun lien culturel. C'est une construction intellectuelle qui s'enseigne et s'acquiert. Si peu instinctive qu'un enfant ne peut la comprendre d'emblée.
L'écrivain Toni Morrison en 2007.

Vous vous situez au-dessus des considérations raciales, mais vous avez été élevée par un père très hostile aux Blancs.

C'est vrai. Pendant la guerre, faute de main-d'oeuvre blanche, les Noirs, les femmes, toutes les minorités ont accédé à de bons jobs syndiqués. Mon père travaillait donc avec des Blancs dans les aciéries, puis comme soudeur dans les chantiers navals, mais il ne les laissait pas entrer chez lui.

Pourquoi?

Parce qu'il les haïssait, pardi! Il avait des réactions viscérales. Avant de quitter la Géorgie, à l'âge de 14 ans, mon père avait déjà vu deux hommes se faire lyncher dans sa rue. Tout simplement parce que des Blancs voulaient leurs terrains. Beaucoup de lynchages n'étaient que des prétextes à des transferts de propriété. Dans l'Ohio, nous ne vivions pas dans un quartier noir, car il n'en existait pas: à l'époque, dans la région de Cleveland, il devait y avoir 12% de Noirs et, d'une certaine manière, notre monde ressemblait à celui que je décris dans mon roman, un monde d'immigrants, polonais, italiens, grecs, mexicains, tous pauvres, où les relations de voisinage étaient conviviales. Je revois encore ma mère apprendre des recettes de cuisine auprès de femmes hongroises... Elle me disait qu'elle jugeait les gens un par un, et ne raisonnait pas en termes de groupes.

Votre mère, elle, n'avait pas connu ces violences?

Ma mère n'était qu'une petite fille quand elle vivait dans le Sud. Mais elle a quitté l'Alabama, avec toute sa famille, le jour où sa propre mère s'est rendu compte que sa fille avait atteint l'âge... critique, et que les garçons blancs commençaient à tourner autour de la maison. Elle a fait les valises et embarqué sept enfants dans le train, après avoir envoyé une lettre à son mari, qui gagnait sa vie en jouant du violon dans la rue à Birmingham, pour lui dire de les rejoindre. Reste que les Noirs vivaient quotidiennement dans la crainte. Pour mon père, c'était la peur permanente d'être lynché. Pour les femmes, c'était cette familiarité presque intime avec l'idée du viol. Je vous rappelle qu'ils n'avaient pas droit à la parole devant la justice, qu'il leur était impossible de dénoncer leur agresseur. Au vu de tout cela, de ces peurs, de ces violences, de ces dépossessions, quoi qu'on puisse penser sur l'attitude de mon père, je peux vous assurer que les Noirs américains pardonnent plutôt facilement...

Avez-vous été impliquée dans le mouvement des droits civiques des années 1950-1960?

J'ai assisté aux débuts de la lutte, quand j'ai commencé à enseigner. Et j'ai vu, l'été 1964, nombre de mes élèves, comme le célèbre militant Stokely Carmichael, partir dans le Sud pour inscrire les Noirs sur les listes électorales. C'est cette même année 1964 que je suis entrée dans l'édition, avec l'idée qu'il fallait préserver une mémoire écrite de l'événement, aller chercher des témoins que les agents littéraires auraient négligés. D'où les livres d'Angela Davis, puis de Mohammed Ali, que j'ai publiés. Pour la fiction, j'ai souhaité donner la parole à des auteurs noirs, comme Huey Newton ou le formidable poète Henry Dumas. Mon but était d'offrir à la littérature noire le même cheminement que celui du jazz : une musique conçue à l'usage d'un public noir exigeant, qui a franchi les limites d'une culture pour se répandre dans le plus large monde. C'est le cas de mes propres ouvrages. Ils traitent de la culture noire, mais n'ont jamais été destinés aux seuls Afro-Américains. Il faut savoir dépasser le "A bas les Blancs!"... Même le « Black is beautiful » me semble barbant...

Vous avez pourtant écrit, en 1970, un beau livre sur l'identité noire, The Bluest Eye (L'OEil le plus bleu)...

En effet, le personnage de ce roman est une petite fille noire qui veut des yeux bleus et en vient à douter de l'existence de Dieu parce qu'il n'a pas exaucé cette prière. Je me suis inspirée d'une camarade de classe de mon enfance. Mon dessein était de rappeler qu'avant la grande et récente affirmation identitaire du "Black is beautiful", nous avions nourri pendant des générations des complexes sur notre aspect physique. Le livre a été mal reçu par beaucoup de critiques noirs. D'autres m'ont confié que j'avais vu juste, tout en me reprochant d'avoir exhibé une vulnérabilité secrète aux yeux des Blancs.

C'est un peu ce qui s'est produit dans les années 1990, quand les femmes noires ont commencé à parler du machisme des hommes noirs...

La même chose! Du genre : "Les Blancs n'ont pas à le savoir!" Mais devais-je, pour cela, m'interdire d'écrire? Tous les auteurs noirs, Ralph Ellison, Richard Wright, James Baldwin, savaient bien, lorsqu'ils évoquaient leur communauté, que l'homme blanc, aussi, lisait par-dessus leur épaule. Voilà pourquoi leur écriture semble parfois expurgée, autocensurée. Le drame de l'homme noir, c'est qu'il n'a jamais été en mesure de défendre sa femme, sous peine de lynchage ou de répression. D'où cette férocité, d'où aussi, parfois, ce mépris pour la femme elle-même.

Que pensez-vous de l'adulation pour Michelle Obama, la mère noire exemplaire, issue d'un foyer noir exemplaire...

Elle provient en partie des clichés blancs sur les familles noires, réputées dysfonctionnelles. Malgré son éducation exceptionnelle, Michelle Obama est une femme noire normale. J'insiste : normale. Le parcours de sa famille, montée de Caroline du Nord vers Chicago en quête de travail et de promotion, l'emploi de son père dans une chaufferie, sa vie de quartier, leur façon de vivre ensemble... Tout cela tient du foyer noir typique. D'ailleurs, Barack Obama, élevé dans un monde si différent, a été vite subjugué par l'univers de Michelle.

A l'homme noir Barack Obama vous préfériez, au début, la femme blanche Hillary.

Quel dilemme, quelle culpabilité ont suscité ces élections primaires! J'ai une admiration sans bornes pour Hillary Clinton, pour son intelligence, mais j'ai lu le livre d'Obama, Les Rêves de mon père, et là... C'est un ouvrage incroyable venant d'un homme politique. Cette capacité d'introspection, ce talent pour les scènes et les dialogues sont proprement exceptionnels. Un jour, il m'a appelée, pour me demander de le soutenir publiquement pendant sa campagne des primaires. Au téléphone, il m'a d'abord dit tout le bien qu'il pensait de mon livre Song of Salomon(Le Chant de Salomon), ce qui n'était pas une mauvaise entrée en matière, puis nous avons parlé de son ouvrage. Mais j'ai tout de même refusé de m'engager officiellement. Bientôt, j'ai reçu des coups de fil de gens influents, souvent blancs et riches, insistant pour que je revienne sur ma décision. J'ai continué à suivre sa campagne, je le trouvais élégant, calme, "cool" - mais il y a aussi de l'acier dans cet homme. Sa parole avait du sens quand il évoquait la corruption, le terrible drame de l'assurance santé et les défis à relever dans un pays en péril. Alors, j'ai fini par lui adresser une lettre publique de soutien, où j'assurais que j'attachais de l'importance non à sa couleur, mais à son intelligence, à sa sagesse.

Etes-vous d'accord lorsqu'il affirme : "Mon histoire n'aurait été possible dans aucun autre pays"?

Oui. C'est vrai. Nulle part ailleurs un homme ne pourrait ainsi sortir du néant pour accéder aux plus hautes fonctions. Je ne dis pas que le racisme est mort, dans ce pays. Loin de là. Il est toujours le mot d'ordre d'une minorité vivace, mais nous avons indéniablement passé un cap. Et je suis persuadé que chez vous, en France, tout Prix Nobel et professeur titulaire à Princeton que je suis, on ne m'aurait jamais donné un job. Si, si! J'en suis convaincue... Un citoyen issu d'une minorité européenne peut peut-être être élu au Parlement de votre pays, mais pas en devenir le président.

Vous voyez-vous comme un modèle pour la société?

L'important est d'abord d'offrir aux lecteurs quelque chose qui mérite d'être lu. Si j'ai reçu un très grand prix, c'est parce que j'écris bien. Depuis lors, des écrivains hispaniques, asiatiques, noirs écrivent "furieusement", jour et nuit. J'ai ouvert une porte qui ne se refermera pas, et j'en suis très fière.
http://www.lexpress.fr/culture/livre/toni-morrison-en-france-on-ne-m-aurait-jamais-donne-un-job_755923.html#R7QXRfvpJeBqQpwy.01

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Message  MO2014 Mar 2 Aoû - 14:39

Mort d’Adama Traoré : la communication du procureur en question
Par Ismaël Halissat et Amélie Quentel — 1 août 2016 à 20:51

Alors que les deux rapports d’autopsie pointaient le «syndrome asphyxique» du jeune homme lors de son interpellation, celui-ci n’a jamais été évoqué par le procureur.

Mort d’Adama Traoré : la communication du procureur en question

Deux autopsies, une marche et encore beaucoup de questions. Les circonstances dans lesquelles Adama Traoré, 24 ans, a perdu la vie le 19 juillet après avoir été interpellé par les gendarmes restent troubles. Et la communication du parquet n’a pas aidé à entretenir un climat de confiance. Mais les auditions des différents gendarmes présents ce jour-là, que Libération a pu consulter, permettent de reconstituer les événements. Et plus précisément le moment, entre 17 heures et 18 heures, où Adama Traoré a perdu la vie.

Le mardi 19 juillet, vers 17 heures, des gendarmes de L’Isle-Adam (Val-d’Oise), une commune voisine de Beaumont-sur-Oise, partent interpeller Bagui Traoré, le frère d’Adama, dans le cadre d’une enquête pour «extorsion de fonds avec violences». Les forces de l’ordre se positionnent près des bars le Balto et le Paddock, où ils aperçoivent deux individus dont l’un pourrait correspondre à la description de la personne recherchée. Il s’agit effectivement de Bagui, accompagné de son frère Adama. Deux gendarmes en civil sortent du véhicule et annoncent aux deux frères qu’il s’agit d’un contrôle. Bagui, visé par l’enquête, reste sur place, «calme», selon le récit des gendarmes. Adama, lui, s’enfuit en courant, selon sa famille parce qu’il n’avait pas ses papiers sur lui. Deux gendarmes se lancent à sa poursuite. Rapidement, un agent parvient d’abord à rattraper Adama dans un parc près de la mairie. Le gendarme lui demande sa carte d’identité, le jeune homme refuse de la présenter. Deux fonctionnaires le maîtrisent et le menottent. Pendant ce temps, l’interpellation de Bagui se poursuit, il coopère et est conduit dans un véhicule de gendarmerie. Il est 17 h 15.

Quelques minutes plus tard, alors qu’Adama, toujours menotté, se retrouve seul avec l’un des deux gendarmes, celui-ci affirme qu’un autre individu vient vers eux avec l’objectif de libérer Adama. Lequel en profite pour se soustraire au contrôle en prenant une seconde fois la fuite. Le gendarme présent est retrouvé par ses collègues avec des taches de sang sur son tee-shirt. A ce moment-là, un appel radio est passé pour trouver Adama Traoré. Selon le récit d’un gendarme, ils partent à la poursuite d’«un homme musclé de type africain [qui] vient d’exercer à leur encontre des violences et [qui] vient de prendre la fuite au cours de son interpellation».
«Enroulé dans un drap»

Une patrouille s’oriente alors vers une adresse, indiquée par un témoin, proche des deux bars où étaient présents au départ les frères Traoré. Arrivés rapidement sur place, les gendarmes sont alertés par un homme habitant au rez-de-chaussée. Il leur indique qu’Adama Traoré se trouve chez lui. Les gendarmes pénètrent dans le logement, «plongé dans l’obscurité», se dirigent vers le salon et distinguent une personne «enroulée dans un drap», par terre à côté d’un canapé. «Nous nous jetons sur lui avec mes deux collègues», indique le gendarme le plus expérimenté des trois, précisant un élément important : «Nous avons employé la force strictement nécessaire pour le maîtriser mais il a pris le poids de nos corps à tous les trois au moment de son interpellation.»

A ce moment-là, ils se rendent compte que le jeune homme n’est plus entravé, la paire de menottes pendant sur un seul poignet. «On se trouvait à trois dessus pour le maîtriser», confirme un autre fonctionnaire présent sur place. Sous la pression des trois gendarmes, Adama les prévient alors qu’il «a du mal à respirer», ont-ils déclaré aux enquêteurs. L’un d’eux ajoute qu’Adama n’opposait pas de résistance. Le jeune homme, déjà connu des gendarmes pour des délits, est de nouveau menotté et palpé. Il se lève ensuite, «seul» mais «difficilement» pour être emmené dans la voiture. Le trajet est très court, «trois à quatre minutes», pendant lesquelles Adama commence à montrer, selon les gendarmes, les premiers signes d’un malaise. Sa tête flanche vers l’avant.

Arrivé dans la cour de la gendarmerie de Persan, Adama est sorti du véhicule et allongé par terre en position latérale de sécurité (PLS), toujours entravé par des menottes, «ne sachant pas s’il simulait ou pas». Les agents remarquent qu’il s’est uriné dessus pendant le trajet. Les pompiers sont appelés à 17 h 46. Les gendarmes indiquent alors que l’homme, inconscient, respire encore. Un peu avant 18 heures, les secours commencent à effectuer sur place les premiers actes de réanimation. Les pompiers constatent que l’homme ne respire plus, le Samu est appelé dans les minutes qui suivent. Pendant environ une heure, les équipes tentent de le réanimer. Elles remarquent la présence de vomi à l’aide d’une sonde gastrique. A 19 h 05, le médecin du Samu cesse le massage cardiaque et déclare le décès d’Adama Traoré. Le jour des faits, le parquet saisit l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) et la section de recherches de la gendarmerie. Une information judiciaire est ouverte dans la foulée.

Si l’affaire est trouble, c’est en partie parce que la communication du procureur de la République de Pontoise, Yves Jannier, est depuis le départ pour le moins évasive, sinon incomplète. Dès l’annonce du décès, le procureur déclare qu’Adama Traoré est mort «à la suite d’un malaise». Contacté le 20 juillet par Libération, le procureur adjoint de Pontoise, François Capin-Dulhoste, affirme la même chose, assurant qu’«Adama s’est rebellé dans le chemin du fourgon» - ce qui est contredit par les auditions des gendarmes. Tout de suite, la famille et les proches contestent cette version de la crise cardiaque, certains évoquent de possibles violences de la part des forces de l’ordre. Deux versions s’affrontent et les tensions montent. D’autant que le procureur de la République de Pontoise varie sur les causes possibles de la mort.

Pourtant, les conclusions des deux autopsies sont pratiquement similaires. Le 21 juillet, les résultats de la première expertise tombent. Le procureur indique qu’Adama Traoré souffrait d’une «infection très grave touchant plusieurs organes», et qu’aucune «trace de violence significative» n’a été relevée sur son corps par le médecin légiste. Mais il n’indique pas clairement si cette infection a bien causé, ou pas, la mort du jeune homme. Les proches, eux, réclament tout de suite une contre-expertise. Les résultats de cette seconde autopsie sont divulgués le 28 juillet. La communication du procureur évolue. Yves Jannier assure de nouveau qu’«aucune trace de violence» pouvant expliquer le décès d’Adama Traoré n’a été décelée, et que «l’explication de la cause du décès ne pourra être apportée qu’avec l’ensemble des analyses [bactériologie, toxicologie, anatomopathologie, ndlr]».
«Outrés et peinés»

Pas de mention, cette fois, d’une éventuelle infection. Et pour cause : d’après la seconde autopsie, il n’y aurait en fait pas de «point d’appel infectieux sévère» sur le corps d’Adama Traoré. «Dans la première autopsie, le médecin légiste ne disait pas qu’il y avait une infection, mais disait dans son rapport : "Nous apercevons des lésions d’allures infectieuses." Ce n’est en aucun cas suffisant pour parler "d’infection grave"», assure Yassine Bouzrou, avocat de la famille. D’après Mariannick Le Gueut, professeure de médecine légale à l’université de Rennes-1, c’est vrai : «Le fait que le médecin utilise le mot "allure" indique qu’il n’a pas assez d’éléments pour affirmer qu’il y a réellement une infection. Pour confirmer ou infirmer ce constat, il faut procéder à un examen microscopique.» En parlant «d’infection grave» avant l’exécution d’examens supplémentaires, le procureur de Pontoise est donc allé trop vite.

En outre, Yves Jannier n’a jamais communiqué sur la cause la plus directe de la mort (un «syndrome asphyxique») alors qu’elle était présente dans les deux rapports d’autopsie, préférant évoquer une «pathologie cardiaque». Pour Yassine Bouzrou, «le procureur s’est basé sur un rapport intermédiaire du médecin légiste de Garches pour communiquer cette information, ce qui n’a aucune valeur médicale tant qu’on n’a pas le rapport final». Une précision que Yves Jannier «s’est bien gardé de faire». Pourtant, la deuxième autopsie relève une «absence d’anomalie cardiaque» chez Adama Traoré.

Son frère Lassana ne décolère pas : «On a l’impression que le procureur veut noyer le poisson, alors qu’il sait très bien ce qui s’est passé puisqu’il a vu, comme nous, les rapports. On est outrés et peinés. Cela nous oblige à nous justifier alors qu’on voudrait juste faire notre deuil.» Même discours chez sa sœur Assa, qui «se demande qui il protège en tenant ce discours mensonger». Joint par Libération, Yves Jannier estime qu’il a «communiqué sur des éléments qui [lui] paraissent importants dans les différentes expertises». Quant à savoir s’il exclut qu’Adama Traoré ait été asphyxié sous le corps des gendarmes, la réponse est lapidaire : «Ce n’est pas mon rôle d’exclure quelque chose.» Une esquive de plus
http://www.liberation.fr/france/2016/08/01/mort-d-adama-traore-la-communication-du-procureur-en-question_1469800

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Message  MO2014 Mar 2 Aoû - 15:15

Mort d’Adama Traoré: la première autopsie évoquait une possible asphyxie
1 août 2016 | Par Faïza Zerouala

Alors que les conditions d’interpellation d’Adama Traoré, décédé le 19 juillet à la gendarmerie de Persan, sont encore troubles, les raisons qui auraient pu conduire à son décès s’éclaircissent peu à peu, même si des zones d’ombre subsistent. Sa famille reste persuadée qu’il a été victime d’une bavure.


Cela fait deux semaines que la famille d'Adama Traoré réclame « vérité et justice ». Le mystère s’éclaircit peu à peu. Depuis le décès du jeune homme de 24 ans, le 19 juillet, le jour de son anniversaire, à Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise), sa famille réclame des explications pour dissiper la confusion autour des circonstances de cette mort.

La version officielle, communiquée au lendemain des faits, par le procureur de la République de Pontoise, assure que le jeune homme s’est interposé pour empêcher l’interpellation de son frère, ce qui a conduit à sa propre interpellation. Ensuite, il a « fait un malaise pendant le trajet dans le véhicule », a indiqué Yves Jannier, précisant que les pompiers étaient intervenus, sans toutefois parvenir à le réanimer.

En réalité, première imprécision, explique à Mediapart l’avocat de la famille Yassine Bouzrou, le jeune homme a fui les gendarmes, car il n’avait pas ses papiers d’identité sur lui, à 17 h 15. L’interpellation d’Adama Traoré n’a eu lieu qu’une demi-heure plus tard, selon le PV des gendarmes. C’est durant le trajet, dans le fourgon, que les premiers signes du malaise apparaissent. Adama Traoré, déjà inconscient, s’est uriné et vomi dessus.

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Autant d’indications qui auraient dû conduire les gendarmes à s’occuper au plus vite de l’interpellé, manifestement en détresse, menotté dans le dos de surcroît. Il est placé au sol, dans la cour, en plein soleil. Ce qui expliquerait l’hyperthermie, 39 degrés, relevée dans les autopsies, lors de la levée du corps. Les secours arrivent et exigent alors que lui soient retirés les bracelets de métal qui enserrent ses poignets pour tenter de le réanimer pour le sauver. Peine perdue, il décède à 19 h 05.

Selon le site Francetv info, qui a retracé la chronologie de l’affaire, un gendarme, assis à côté d’Adama Traoré, rapporte ceci lors de son audition : « Je croyais qu'il s'assoupissait, mais cela me paraissait étrange. » Puis ajoute :« L'individu se plaint d'avoir du mal à respirer. Moi, je sentais qu'il respirait normalement, je voyais ces mouvements thoraciques. »

Autant d’éléments qui conduisent Yassine Bouzrou à se demander si Adama Traoré n’a pas été victime « d’une compression thoracique ou une strangulation. La première hypothèse semble plus plausible car c’est une manœuvre habituellement utilisée au cours de certaines interpellations », ajoute-t-il. Pour lui, il est dorénavant clair que les gendarmes ont leur responsabilité dans le décès du jeune homme, qu’ils auraient écrasé. En effet, selon des révélations de L’Obs, les gendarmes qui ont arrêté Adama Traoré se sont expliqués sur procès-verbal devant les enquêteurs. Et leurs déclarations ne souffrent d'aucune ambiguïté. Ils indiquent : « Nous avons employé la force strictement nécessaire pour le maîtriser. » Ils ajoutent ensuite : « Il a pris le poids de nos corps à tous les trois au moment de son interpellation. »

Depuis le début de cette affaire, les bribes d’informations diffusées par le procureur de la République de Pontoise, Yves Jannier, sont parcellaires. Encore aujourd’hui, les réponses restent lapidaires. Le secrétariat du procureur, peu disert, précise simplement à Mediapart qu’il convient d’attendre que le collège d’experts chargés de faire la lumière sur les causes du décès rende ses conclusions, sur la base d’examens approfondis (bactériologiques, toxicologiques, anatomopathologiques, biologiques).

De quoi faire le lit de toutes les spéculations et laisser fermenter la colère de la famille et ses soutiens. Les Traoré restent persuadés que leur fils et frère a été victime d'une bavure.

La famille d'Adama Traoré La famille d'Adama Traoré

Deux autopsies, aux conclusions différentes, ont été effectuées. À chaque fois, le procureur a mis l’accent sur l’absence de trace de « violences significatives », histoire d’insister sur le fait que, contrairement aux soupçons de la famille, il n’a pas été violenté ou frappé lors de cette interpellation et lors de son transfert à la gendarmerie de Persan, trajet au cours duquel tout s’est noué. Comme s’il s’agissait du seul élément déterminant du dossier, que ce « syndrome asphyxique » n’existait pas et qu'il ne s'agissait pas aussi d'une violence. Alors qu’il apparaît dans les deux rapports.

Les conclusions de la première autopsie, que Mediapart a pu consulter, révèlent d’abord « une absence de cause immédiate au décès » et mentionnent un syndrome asphyxique et « des lésions d’allure infectieuse ». Ensuite deux « abrasions cutanées centimétriques frontales et quatre abrasions cutanées linéaires infracentimétriques [inférieures à un centimètre – ndlr] », considérées comme non-significatives, ont été relevées. Un syndrome asphyxique lui aussi présent dans les conclusions de la seconde autopsie.

L’un des avocats de la famille Traoré, Me Frédéric Zajac, a précisé le 28 juillet, le jour de la communication des conclusions de la seconde expertise, à Mediapart que « la problématique de ce dossier ne porte pas sur des violences qui auraient pu causer le décès du jeune homme » mais plutôt sur les conclusions différentes d’une autopsie à l’autre. « Le premier expert parle d’un syndrome d’asphyxie, constate une infection grave sur le foie et une anomalie cardiaque. Le second trouve trace du syndrome d’asphyxie mais l’infection disparaît et l’anomalie cardiaque également. » Des disparitions confirmées par Me Bouzrou.

Une malformation cardiaque – un poids du cœur supérieur à la moyenne – a aussi été relevée. Une version dont ne se satisfait pas la famille qui assure qu’Adama Traoré était en pleine santé. Une troisième autopsie a été demandée par la famille mais elle a été refusée par la justice pour respecter la dignité humaine. Les Traoré se sont rangés à l’avis de la justice et espèrent pouvoir enfin entamer leur travail de deuil en inhumant Adama comme il se doit.

Samedi 30 juillet, une heure et demie avant la marche de soutien avortée, Noémie Saidi-Cottier, l’une des trois avocats de la famille – avec Me Frédéric Zajac et Me Yassine Bouzrou –, a certifié lors d’une conférence de presse dans un café, non loin de la gare du Nord à Paris, qu’Adama est « mort asphyxié ». Avant d’ajouter : « Ce qui est certain, c'est qu'Adama est mort asphyxié. Onze jours après, il y a toujours cette volonté de comprendre. Les gendarmes ont admis l’usage de la force, la question est désormais la suivante : est-ce que l’asphyxie est liée à l’écrasement ? Une troisième autopsie n’est pas nécessaire parce qu’elle ne pourra pas déterminer la cause de l’asphyxie. D’autres expertises sont en cours. La vérité est importante dans un État de droit et il faut comprendre pourquoi Adama Traoré a été asphyxié. »

L’un des frères de la victime, Lassana Traoré, à ses côtés, n’hésite pas à parler de « meurtre ». « Notre frère est mort asphyxié, il n’avait aucun problème de santé. Maintenant, ce qu’on veut savoir, c’est : qui sont les personnes qui ont commis ce meurtre ? Qui a couvert ? » Assa Traoré, sœur d’Adama, réclame pour sa part une enquête impartiale et ajoute se battre « pour tout le monde », car, dit-elle, « des jeunes sont morts avant. Il ne faut pas qu’il y ait d’autres Adama, Zyed, Bouna ou Wissam ». Dans le passé, il y a eu d’autres victimes mortes asphyxiées, entre les mains des forces de l’ordre, comme Lamine Dieng, Hakim Ajimi, Amadou Koumé ou encore Ali Ziri.

C'est à cause de ces précédents que le New York Times s'est fendu samedi 30 juillet d'un cinglant éditorial, baptisé fort à propos « Black Lives Matters in France, too », soit « La vie des Noirs compte aussi en France », en référence au mouvement de protestation pacifique contre les violences policières dont sont victimes les Noirs aux États-Unis. Dans ces lignes consacrées à la mort d'Adama Traoré, le quotidien américain dénonce la « culture de l’impunité, bien ancrée chez les policiers » français, qui « mène à des abus d’autorité sur les minorités ». Et de rappeler l’abandon de François Hollande, dix ans après la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré, de sa promesse de campagne d’instaurer le récépissé contre le contrôle au faciès.

Le 21 juillet, le Défenseur des droits a été saisi sur cette affaire. Une enquête a par ailleurs été confiée à l'Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) pour déterminer si la responsabilité des gendarmes est engagée.

De son côté, la famille réclame l’ouverture d’une information judiciaire pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Jusqu’à maintenant, l’enquête n’avait porté que sur la recherche des causes de la mort du jeune homme.
https://www.mediapart.fr/journal/france/010816/mort-d-adama-traore-la-premiere-autopsie-evoquait-une-possible-asphyxie

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Message  MO2014 Ven 5 Aoû - 22:31

Le parquet a lancé une enquête contre Adama Traoré alors qu’il était déjà mort
5 août 2016 | Par Faïza Zerouala

Selon nos informations, le parquet de Pontoise avait réclamé l'ouverture d'une enquête pour rébellion le 20 juillet contre Adama Traoré, alors que ce jeune homme de 24 ans était mort la veille à la gendarmerie de Persan, dans le Val-d'Oise. Retour sur une affaire avec de plus en plus de zones d'ombre.


Les bizarreries s’accumulent dans l’affaire Adama Traoré. Et non des moindres. Après les causes du décès évolutives – une infection très grave avancée par le procureur comme cause potentielle de la mort, accompagnée d'un malaise cardiaque, puis un oubli de communiquer sur le fait qu'un « syndrome asphyxique » possiblement imputable aux gendarmes apparaissait dans les deux autopsies –, voilà que le dossier s'enrichit d'une nouvelle surprise.

D’après nos informations, le 20 juillet, soit le lendemain du décès d’Adama Traoré lors de son interpellation le 19 juillet à Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise), le parquet de Pontoise a demandé à la section de recherches de la gendarmerie de Versailles d'« ouvrir une nouvelle procédure visant l’infraction de rébellion à l’encontre du défunt Traoré Adama. Infraction commise lors de son interpellation ». Cela apparaît tel quel dans un procès-verbal nommé « information et instruction du parquet ».

Adama Traoré © DR Adama Traoré © DR
Joint ce jour par Mediapart pour éclaircir ce point, le secrétariat du parquet a fait savoir que le procureur ne communique plus sur cette affaire avec les journalistes.

Cela a de quoi surprendre : en droit, on ne peut pas engager de poursuites contre une personne décédée. C'est pourtant précisément ce que réclame le parquet dans son instruction aux gendarmes. Difficile, dès lors, ne pas voir dans ce choix une éventuelle volonté d'insister sur le fait que, Adama Traoré s'étant rebellé lors de son interpellation, l'usage « strictement nécessaire de la force » par les gendarmes se justifierait pleinement.

Selon les procès-verbaux que nous avons pu consulter, l'un des gendarmes ayant procédé à l'interpellation du jeune homme, auditionné dans la nuit suivant le décès d'Adama Traoré, explique d'ailleurs : « On se trouvait à trois dessus pour le maîtriser avec la force strictement nécessaire à son immobilisation. » Un second jure : « Je n'ai porté aucun coup. Nous avons employé la force strictement nécessaire pour le maîtriser mais il a pris le poids de nos corps à tous les trois au moment de son interpellation. » Un troisième détaille les positions respectives des trois gendarmes : « J'immobilisais la jambe gauche et contrôlais sa jambe droite avec le pied, j’étais sur ses jambes. Mes deux collègues contrôlaient chacun un bras. En aucun cas il n y a eu de grosse pression sur la personne. »

Pour comprendre comment tout s'est noué, il convient de revenir sur les circonstances de l'interpellation d'Adama Traoré.

En cette fin d’après-midi du 19 juillet, il fait chaud. Adama Traoré, 24 ans, jeune homme qui travaillait en intérim dans la manutention, par exemple, déambule dans Beaumont-sur-Oise. Même s’il vit à Champagne-sur-Oise, le jeune homme conserve ses attaches familiales à Beaumont, une ville de 10 000 habitants coincée entre Paris et Beauvais. Ici et dans les quartiers populaires des villes alentour, tout le monde se connaît. Comme souvent, il circule à vélo car il ne possède par le permis de conduire.

Lire aussi

Mort d’Adama Traoré: des éléments cruciaux ont disparu du dossier Par Faïza Zerouala
A Beaumont-sur-Oise, une marche blanche pour Traoré Par Faïza Zerouala

Ce jour-là, les militaires du Psig (le peloton de surveillance et d'intervention de la gendarmerie, équivalent de la brigade anticriminalité pour la police) recherchent Bagui Traoré, le frère d’Adama, dans le cadre de leur enquête sur une affaire d’extorsion de fonds.

À la vue des gendarmes, qui souhaitent interpeller son frère, il s'enfuit et se réfugie dans l'appartement d'un inconnu. Les gendarmes retrouvent sa trace, dissimulée sous un drap, près du canapé. L'un des gendarmes raconte la suite de la scène ainsi : « Mes deux collègues ont tiré ses bras fortement pour s'assurer qu'il n'avait rien dans les mains […] Un de mes collègues lui a menotté les bras dans le dos à l'aide de ses menottes […]. Il a commencé à se débattre et je lui ai fait une petite torsion de sa cheville gauche. Il a commencé à nous dire qu’il avait du mal à respirer. On se trouvait à trois dessus pour le maîtriser. »

Adama Traoré était calme, lors de son transfert. « Pas un mot plus haut que l'autre », précise l'un des gendarmes. Il précise même qu'il « s'est installé de lui-même à la place arrière passager » dans la voiture. Aucun mot n'a été échangé durant ce court trajet. Puis les gendarmes rapportent qu'il s'est assoupi et uriné dessus dans ce court laps de temps.

La caractérisation de rébellion n’est d’ailleurs pas choisie au hasard. Dans ces dossiers sensibles se greffent souvent des plaintes pour outrage ou rébellion, déposées par les forces de l’ordre contre les victimes présumées. En 2009, Amnesty International pointait dans un rapport (à lire ici en intégralité) sur les violences policières cette propension des forces de l'ordre à dénoncer des outrages et rébellions dans des dossiers similaires et la décrivait ainsi : « L’esprit de corps entre les différentes composantes des forces de l’ordre explique pour partie l’uniformisation des dépositions très souvent constatée. Dans plusieurs cas, les policiers anticipent le dépôt de plainte de la victime en déposant [eux-mêmes] plainte pour outrage et rébellion à agents. »

La décision interroge légitimement les priorités du parquet, qui ne s’alarme pas outre mesure de voir que des documents cruciaux, le rapport d’intervention des secours et les prélèvements réalisés dans le véhicule des gendarmes ayant transporté Adama Traoré, n’ont toujours pas été versés à la procédure alors même qu’ils sont déterminants.

À l’heure actuelle, la juge d’instruction n’a toujours pas entre les mains ces documents, ainsi que nous le révélions. Le 3 août, Yves Jannier, le procureur de la République à Pontoise, a affirmé à l’AFP que « si ces documents ne sont pas actuellement dans le dossier, c'est parce qu'ils sont en train d'être recueillis ou font l'objet des investigations en cours dans le cadre de la commission rogatoire ».

À la marche pour Adama à Paris © Sihame Assbague À la marche pour Adama à Paris © Sihame Assbague

Par ailleurs, selon les informations révélées par le site BuzzFeed, « la juge d’instruction et les avocats n’ont toujours pas eu accès aux auditions de l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN). Cela signifie soit que l’institution n’a pas encore entendu les trois gendarmes qui ont arrêté le jeune homme de 24 ans, soit que les pièces n’ont toujours pas été transmises au dossier ».

Une autre bizarrerie à éclaircir concerne la procédure en elle-même. Il apparaît, selon les procès-verbaux de synthèse que nous avons pu consulter, qu’une femme officier de police judiciaire, en résidence à la Brigade de recherches de L’Isle-Adam, a été dépêchée sur les lieux à 18 h 35 à la demande de son supérieur hiérarchique alors qu’Adama Traoré n’est pas encore décédé. Elle indique qu’il est alors « inconscient ». Il sera déclaré mort à 19 h 5.

Douze minutes après son arrivée, à 18 h 47, elle joint le magistrat de permanence au parquet de Pontoise, déjà avisé par l’adjudant de la brigade de recherches pour savoir quoi faire. Le substitut du procureur lui répond ceci : « À ce stade, aucune directive ne nous est donnée par ce magistrat, qui reste dans l’attente des résultats de l’intervention des services de secours. » Malgré tout, elle décide de ne pas attendre les consignes et prend l’initiative d’isoler les militaires du Psig ayant participé à l’intervention. Elle procède, sans être manifestement habilitée à le faire, à une saisie d’une pièce importante pour l’enquête, à savoir le polo porté par l’un des gendarmes, maculé de « traces rougeâtres s’apparentant à du sang ». Joint par Mediapart, Me Yassine Bouzrou, l'un des avocats de la famille, n'a pas souhaité commenter ces informations.

L'avocat a déposé, ce vendredi 5 août, une plainte contre les gendarmes pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Jusqu’ici seule une enquête pour déterminer les causes du décès avait été ouverte.

Dès le lendemain des faits, le procureur Jannier avait avancé comme cause du décès un « malaise cardiaque » et une « infection très grave touchant plusieurs organes ». Or le compte-rendu préliminaire d’autopsie du 21 juillet, réalisé par un médecin légiste de l’Institut médico-légal à l’hôpital de Garches, ne mentionne aucunement un quelconque malaise cardiaque. La première phrase est éloquente : « Absence de cause immédiate au décès. » Puis un « syndrome asphyxique aspécifique » est mentionné. Un « syndrome asphyxique », confirmé dans le second rapport d’autopsie effectué le 26 juillet, dont le procureur avait évidemment connaissance et dont il n’a jamais parlé, préférant insister sur l'« absence de violences significatives ».

Malgré les circonstances troubles de la mort du jeune homme, le permis d’inhumer est délivré à la famille le 21 juillet, soit deux jours après le décès d'Adama Traoré, laquelle a demandé deux autopsies avant. Adama Traoré doit être enterré dimanche 7 août au Mali.
https://www.mediapart.fr/journal/france/050816/le-parquet-lance-une-enquete-contre-adama-traore-alors-qu-il-etait-deja-mort?utm_source=article_offert&utm_medium=email&utm_campaign=article_offert&xtor=EPR-1013

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Message  MO2014 Dim 7 Aoû - 11:23

Aucune émancipation sociale ne sera possible sans combattre sans merci les institutions raciales l’État.

La mort d’Adama Traoré, une affaire d’État
5 août 2016 Par Eric Fassin Blog : Identités politiques

À part le procureur de la République de Pontoise, qui peut croire encore que la mort d’Adama Traoré, le 19 juillet à Beaumont-sur-Oise, était un accident? Pour autant, il ne faudrait pas se contenter d’y voir une simple bavure des gendarmes. D’emblée, il s’agissait d’un crime d’État ; mais depuis lors, c’est devenu une affaire d’État.

Si l’on peut parler de crime d’État, c’est que ces tragédies à répétition, dont sont victimes des Français noirs ou arabes, ne constituent pas seulement un dérapage. Elles contredisent les discours officiels, mais elles confirment un choix politique effectif, réitéré sous les gouvernements successifs, qui se traduit en actes sur le terrain. On a davantage parlé des violences policières depuis l’instauration de l’état d’urgence, en particulier au cours des manifestations contre le projet de loi Travail. Reste qu’avant cette répression politique, les personnes racisées les subissaient de longue date dans une certaine indifférence. Cette répression au quotidien à l’encontre des habitants des « quartiers » aurait pourtant dû servir d’avertissement à toute la société : l’état d’exception est aussi un état ordinaire.

On n’a pas oublié que François Hollande, une fois élu à la présidence de la République, a rapidement renoncé aux récépissés pour lutter contre les contrôles au faciès. Avant de céder à son ministre de l’Intérieur, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait pourtant rappelé, le 1er juin 2012, l’intérêt de cet engagement de campagne : « Ce sera utile à tous » – non seulement « aux personnes contrôlées », mais « aux policiers aussi, car les policiers ont besoin de retrouver la confiance et le respect ». Plus grave, lorsque cette pratique ordinaire a valu à l’État une condamnation pour faute lourde en 2015, son successeur, Manuel Valls, a tenu à se pourvoir en cassation. Pis encore : en 2016, non seulement le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, déclare à l’Assemblée nationale, au vu du faible nombre de plaintes pour discrimination, qu’il s’agit d’un phénomène « totalement marginal », mais l’État va jusqu’à justifier les contrôles au faciès.

En effet, pour rechercher des étrangers en situation irrégulière, selon un mémoire adressé au tribunal par le représentant de l’État, et rendu public par Mediapart, n’était-on pas forcé de viser « la seule population dont il apparaissait qu’elle pouvait être étrangère » ? Autrement dit, l’État considère explicitement que les Arabes et les Noirs ont des têtes d’étrangers, soit à l’inverse que les Français, normalement, sont blancs. Voilà pourquoi on peut dire qu’une politique raciale d’État a tué Adama Traoré qui s’est enfui à vélo faute d’avoir ses papiers sur lui : si ce n’est lui le coupable, c’est donc son frère (que les gendarmes venaient arrêter), ou bien quelqu’un des siens.

On peut parler aussi d’une affaire d’État, tant le procureur de la République a pratiqué ce que Le Monde appelle avec retenue « une communication sélective ». Après la première autopsie, Yves Jannier a en effet parlé d’une « infection très grave », « touchant plusieurs organes » ; et puisque le médecin légiste n’avait pas relevé de « traces de violences significatives », le magistrat en concluait : la cause du décès « semble être médicale chez un sujet manifestement en hyperthermie au moment où il a été examiné par les services de secours. » Menotté, allongé en pleine chaleur dans la cour de la gendarmerie alors qu’après avoir déclaré avoir du mal à respirer, il a perdu connaissance, un homme meurt à 24 ans, quelques heures après son arrestation. Mais le problème, ce serait son état de santé, pas l’État !

Pourtant, après la seconde autopsie, il n’est plus question de la pathologie cardiaque évoquée par le procureur. Celui-ci insiste à nouveau sur l’absence d’aucune « trace de violences susceptible d’expliquer le décès » ; mais il ne dit toujours rien des symptômes d’asphyxie, alors qu’ils figurent dans les deux rapports d’autopsie (c’est « par respect de la dignité humaine » que la justice en refuse un troisième). Or, comme le révèle L’Obs, d’après le témoignage des gendarmes, la victime « a pris le poids de nos corps à tous les trois au moment de son interpellation. » Manifestement, le procureur de la République n’a qu’un objectif : écarter tout soupçon des forces de l’ordre. Autant dire que la séparation des pouvoirs se réduit, comme nous l’apprend Mediapart, à ne pas transmettre à la juge d’instruction divers rapports – celui du Service mobile d'urgence et de réanimation (SMUR), celui des pompiers qui sont intervenus et celui de la police technique et scientifique sur le véhicule des gendarmes.

Le lien entre le crime et l’affaire, c’est l’État, avec une politique qui passe par l’interdiction d’exprimer politiquement ce qui vient de se passer. On l’a vu lorsque la marche « pour la vérité » du 30 juillet a « tourné court », selon l’euphémisme du Figaro : en effet, la Préfecture de police de Paris l’a empêchée au dernier moment pour « des raisons tenant à la protection des institutions », « à la préservation de l’ordre public » et pour assurer « la propre sécurité des manifestants ». Ces trois logiques vont-elles vraiment dans le même sens ? N’est-ce pas contre les soutiens de la famille d’Adama Traoré que les institutions veulent se protéger ? Et l’interdiction de protester contre les abus de l’État, loin de préserver l’ordre public, ne le trouble-t-elle pas ?

Sous prétexte de combattre le terrorisme, ce gouvernement prétend préserver les forces de l’ordre de toute critique. En réalité, cela revient à aggraver l’hostilité d’une partie de la population à leur égard. Décréter leur irresponsabilité ne les protège donc pas, bien au contraire. De fait, ce désordre d’État menace en profondeur la légitimité de nos institutions. La défiance des citoyens à leur égard, si répandue dans les quartiers populaires, s’est diffusée dans des pans entiers de la société. Pour beaucoup de Français, la République n’apparaît plus comme la chose publique mais comme un slogan sans écho. Désormais, on ne saurait parler du « pays des droits de l’homme » qu’avec ironie. Face à ceux qui, à l’instar de Nicolas Sarkozy, réduisent l’État de droit à des « arguties juridiques », les belles paroles de Manuel Valls sur une « ligne infranchissable » sonnent creux, terriblement creux.
https://blogs.mediapart.fr/eric-fassin/blog/050816/la-mort-d-adama-traore-une-affaire-d-etat

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Message  verié2 Dim 7 Aoû - 12:25

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Aucune émancipation sociale ne sera possible sans combattre sans merci les institutions raciales l’État
Qu'est-ce que c'est que ce nouveau concept "les institutions raciales d'Etat" ? Ca vient de sortir ?

Sinon, bien d'accord avec l'article de Mediapart : il s'agit d'un crime, sinon d'Etat, couvert par l'Etat, de sorte qu'il devient un crime d'Etat. Et ce n'est évidemment pas le premier. Les forces de répression de l'Etat bourgeois, dont la classe dominante a particulièrement besoin dans cette période d'offensive anti sociale contre les classe populaires avec les réactions qu'elle suscite, restent intouchables.

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Message  gérard menvussa Dim 7 Aoû - 12:40

Juste un point qui n'est pas tout a fait "de détail" : ce n'est pas un article "de médiapart" mais un article "publié par médiapart dans sa partie "blog des lecteurs". Eric Fassin n'est pas un journaliste de médiapart mais un abonné sociologue (aux positions tout a fait honorables par ailleurs)
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Message  MO2014 Dim 7 Aoû - 15:03

gérard menvussa a écrit:Juste un point qui n'est pas tout a fait "de détail" : ce n'est pas un article "de médiapart" mais un article "publié par médiapart dans sa partie "blog des lecteurs". Eric Fassin n'est pas un journaliste de médiapart mais un abonné sociologue (aux positions tout a fait honorables par ailleurs)

En effet merci pour la précision. Eric Fassin est très engagé contre les discriminations racistes

verié2 a écrit:
Qu'est-ce que c'est que ce nouveau concept "les institutions raciales d'Etat" ? Ca vient de sortir ?

Toujours à chercher la petite bête concernant le vocabulaire ou la syntaxe, tu vas nous en sortir encore des pelletés d'exégèse ou des conseils d'écriture "ne pas écrire trop vite", "se relire" ... ? Rien d'autre à dire sur cette affaire d'état ? Tu n'as pas à nous informer de quelque chose sur ce crime ? Non ? Rien ? ...   Rolling Eyes

Rien non plus à ma connaissance de la part de LO
Et une prise de position du NPA :

Après la mort d’Adama, s’organiser face aux violences policières

« C’est la dernière fois qu’un frère tombe ». Le slogan repris par des centaines de voix samedi 23 juillet au rassemblement de la Fontaine des Innocents à Paris à l’appel de Black lives matter et du collectif UNPA (Urgence notre police assassine) faisait écho au « Justice pour Adama ! » scandé la veille à Beaumont-sur-Oise par 3 000 manifestantEs.

Mardi 19 juillet, fuyant un énième et hélas banal contrôle d’identité, Adama Traoré est poursuivi par les gendarmes. Il est rattrapé, « boxé et menotté » racontent des témoins directs. La suite, on la devine : « Mon frère était vivant en entrant dans le camion de la gendarmerie... Il en est ressorti mort ». L’émotion et l’incrédulité montent. Comment Adama, sportif avéré, apprécié de tous dans le quartier, a t-il pu passer de vie à trépas le temps d’un court trajet entre le quartier Boyenval et le poste de gendarmerie ? Se serait-il « révolté » ? Impossible, il était menotté dans le dos.

Des membres de sa famille et ses amiEs décident de se rendre à l’antenne de gendarmerie pour y poser des questions, et voir le corps d’Adama. Le poste est transformé en camp retranché, et les flics gazent le rassemblement. Le lendemain, un communiqué du ministère de l’Intérieur affirmera que la mort d’Adama serait due à « une infection très grave de plusieurs organes ». Sa famille devra attendre deux jours pour enfin voir le cadavre, et entamer une procédure exigeant qu’une autre autopsie soit effectuée.

L’indignation est à son comble, et ce seront plus de 3 000 personnes qui accompagneront la famille et les amiEs d’Adama vendredi dernier à la « marche blanche », du quartier Boyenval jusqu’au centre ville. L’impressionnant dispositif policier mis en place dès mardi soir n’empêchera pas l’expression de la juste colère des jeunes de Beaumont et de Persan, harcelant les flics pendant plusieurs nuits, ce qui a entraîné l’arrestation d’une quinzaine de personnes.

« Sans justice,
vous n’aurez jamais la paix »

Adama Traoré est malheureusement un nom de plus dans la trop longue liste des victimes des crimes de la police. Volontairement, le ministère de l’Intérieur se refuse à communiquer le moindre chiffre sur ce sujet, laissant aux ONG, chercheurs et autres sociologues le soin de recouper les informations. Depuis la mort de Zyed et Bouna le 27 octobre 2005, jusqu’en 2015, 168 personnes sont décédées suite à des violences policières. Amnesty International avance le chiffre d’une moyenne de 15 par an. Et à de très rares exceptions, ces crimes n’ont pour la plupart entraîné aucune condamnation de leurs auteurs. L’impunité policière est inscrite à jamais dans la mémoire des habitantEs des quartiers populaires...

L’indignation ponctuelle qui s’exprime à chaque nouveau drame ne suffit pas. Lors des 4 derniers mois, le mouvement social a été confronté à la réalité de la violence de l’appareil d’État, et a su mettre en place des collectifs contre la répression, en soutien aux victimes de celle-ci. Bien qu’encore ténus, des liens existent entre le mouvement social « urbain » et les collectifs « issus des quartiers populaires ». Ainsi la commission défense collective issue de Nuit debout a décidé de mettre ses compétences juridiques au service des personnes arrêtées et poursuivies dans le cadre des incidents consécutifs à la mort d’Adama. C’est un premier pas. Pour autant, cela ne suffit pas : la mise en cause de la police n’aura de sens que lorsqu’elle s’attaquera aux racines et à la nature même de l’appareil répressif de l’État.

Marre des criminels en uniforme ! Vérité et justice pour Adama !

Alain Pojolat

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Message  verié2 Dim 7 Aoû - 17:56

L'article de Pojolat est très bien. Il pointe "l'appareil répressif de l'Etat" et non ""les institutions raciales d'Etat", ce qui ne veut strictement rien dire.
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Toujours à chercher la petite bête concernant le vocabulaire ou la syntaxe
Non, ce n'est pas une question de vocabulaire et encore moins de syntaxe. Ca signifie tout simplement qu'il y aurait des "institutions raciales" particulières au sein de l'Etat. Il faut nous expliquer de quoi il s'agit.

verié2

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Message  MO2014 Dim 7 Aoû - 19:04

verié2 a écrit:
MO2014
Toujours à chercher la petite bête concernant le vocabulaire ou la syntaxe
Non, ce n'est pas une question de vocabulaire et encore moins de syntaxe. Ca signifie tout simplement qu'il y aurait des "institutions raciales" particulières au sein de l'Etat. Il faut nous expliquer de quoi il s'agit.

Encore une fois ta carrière d'écrivain t'entraîne dans des remarques de vocabulaire ou syntaxiques, inutiles et surtout polémiques. Je publie depuis plus d'un an un grand nombre de post, de camarades, de frères et sœur et de moi qui parlent assez systématiquement de racisme d'état, ou d'institutions racistes d'état. C'est dans dans cette continuité que j'ai utilisé "racial" un lapsus (tu vas sans doute aussi me psychanalyser avec ton érudition sans borne) sans doute qui a entraîné ta réaction outragée et qui a son tour pose question.
Car évidemment tu n'aurais pas réagi aussi si tu m'avais un temps soit peu lu et surtout parce comme tu l'as exprimé à plusieurs reprises comme ton camarade hadrien/LOrry tu ne considères pas l'état français et ses institutions tu ne considères pas l'état français comme raciste malgré, la chasse aux femmes portant le foulard religieux (rappelons que tu as soutenu cette loi comme ton organisation de référence LO, et qu'aujourd'hui tu ne demandes pas son retrait contrairement à de nombreuses organisation PIR, FUIQP, NPA...etc.), les contrôles au faciès, les violences policières meurtrières à l'encontre des musulmans, noirs et populations issues de l'immigration, malgré leurs conditions de logements, les discriminations à leur encontre concernant l'éducation ou la santé... etc. etc. etc.
Mais comme à chaque fois  de nouveau tu parasites un fil de discussion avec un autre sujet au point d'en nier le sujet original. Ces sujets t'embarrassent-ils à ce point. Pas de problème tu peux les ignorer et ne pas y participer. Tu pourrais aussi ouvrir un autre fil sur le "caractère non raciste de l'état français" par exemple, et en discuter avec ton camarade Lorry.

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Message  marxmarx Dim 7 Aoû - 19:25

MO2014 a écrit:
verié2 a écrit:
MO2014
Toujours à chercher la petite bête concernant le vocabulaire ou la syntaxe
Non, ce n'est pas une question de vocabulaire et encore moins de syntaxe. Ca signifie tout simplement qu'il y aurait des "institutions raciales" particulières au sein de l'Etat. Il faut nous expliquer de quoi il s'agit.

Encore une fois ta carrière d'écrivain t'entraîne dans des remarques de vocabulaire ou syntaxiques, inutiles et surtout polémiques. Je publie depuis plus d'un an un grand nombre de post, de camarades, de frères et sœur et de moi qui parlent assez systématiquement de racisme d'état, ou d'institutions racistes d'état. C'est dans dans cette continuité que j'ai utilisé "racial" un lapsus (tu vas sans doute aussi me psychanalyser avec ton érudition sans borne) sans doute qui a entraîné ta réaction outragée et qui a son tour pose question.
Car évidemment tu n'aurais pas réagi aussi si tu m'avais un temps soit peu lu et surtout parce comme tu l'as exprimé à plusieurs reprises comme ton camarade hadrien/LOrry tu ne considères pas l'état français et ses institutions tu ne considères pas l'état français comme raciste malgré, la chasse aux femmes portant le foulard religieux (rappelons que tu as soutenu cette loi comme ton organisation de référence LO, et qu'aujourd'hui tu ne demandes pas son retrait contrairement à de nombreuses organisation PIR, FUIQP, NPA...etc.), les contrôles au faciès, les violences policières meurtrières à l'encontre des musulmans, noirs et populations issues de l'immigration, malgré leurs conditions de logements, les discriminations à leur encontre concernant l'éducation ou la santé... etc. etc. etc.
Mais comme à chaque fois  de nouveau tu parasites un fil de discussion avec un autre sujet au point d'en nier le sujet original. Ces sujets t'embarrassent-ils à ce point. Pas de problème tu peux les ignorer et ne pas y participer. Tu pourrais aussi ouvrir un autre fil sur le "caractère non raciste de l'état français" par exemple, et en discuter avec ton camarade Lorry.

Non parler des "institutions raciales de l'état" n'est Ni un lapsus ni un détail
C'est une analyse dans la droite ligne du "philosemitisme d'état" dénoncé par le PIR

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Message  Kock Dim 7 Aoû - 19:46

Ce qu'on peut dire, c'est qu'on a surtout affaire à un racisme social d'Etat, dont de nombreux noirs et arabes sont les victimes mais au même titre que les travailleurs et chômeurs "blancs" encore bien plus nombreux.
Parlons de lutte de classes et non de lutte de races (la race humaine est une et indivisible).

Kock

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Message  MO2014 Dim 7 Aoû - 23:27

Il y a des blocs dont on aura jamais envie de faire partie : celle des Lorry, Kock, Marxmarx, et vérié2 qui n'ont toujours rien dit sur l'assassinat d'Adama Traoré mais qui parasitent et polluent les fils qui le dénonce.

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Message  Kock Lun 8 Aoû - 6:47

MO2014 n'aime pas qu'on lui mette le nez dans son caca racialiste anti-marxiste et pourtant, en principe, on est sur un forum marxiste révolutionnaire ! Seule la bourgeoisie peut profiter de la division entre les travailleurs selon leur sexe, leur âge, leur couleur de peau, leur religion....Le véritable racisme est social même si arabes et noirs ( cf effectivement le scandale d'Etat à propos de la mort d'Adama Traoré, mais au même titre que celle du "blanc" Rémi Fraisse) sont souvent dans le collimateur.

Kock

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Message  Kock Lun 8 Aoû - 7:23

Le combat contre le racisme n’est pas « un autre combat », il est partie intégrante du combat pour l’unité des travailleurs et de leurs organisations contre les attaques des capitalistes et de leur gouvernement.

Comme le dit le groupe "La Commune", le combat contre le racisme est partie intégrante du combat pour la satisfaction des revendications, notamment d’une vieille revendication: A TRAVAIL EGAL, SALAIRE EGAL.

Et donc :

régularisation de tous les sans-papiers
des papiers pour tous les réfugiés
ouverture des frontières à tous les réfugiés
fermeture des camps de rétention
abrogation de toutes les lois anti-immigrées des gouvernements successifs, de droite comme de gauche.

Kock

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Message  yannalan Lun 8 Aoû - 8:05

Kock, les revendications que tu cites sotn justes, le seul problème, c'est que les agressions racistes dont on parle ici visent des gens qui sont bien souvent nés en France... C'est symptomatique que quand on parle racisme tu parles immigration...

yannalan

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Message  Kock Lun 8 Aoû - 9:09

Certes nés en France mais le plus souvent d'origine immigrée, notamment des pays arabes et des pays d'Afrique noire....et à cela s'ajoute les discriminations sociales spécifiquement liées à cette origine..... nationalité française ou pas, ça n'y change rien !
Cela dit, seule l'expropriation capitaliste apportera un sérieux début de réponse , le problème reste essentiellement social et seule l'unité de classe peut y répondre.

Kock

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Message  verié2 Lun 8 Aoû - 10:39

MO2014
Je publie depuis plus d'un an un grand nombre de post, de camarades, de frères et sœur et de moi qui parlent assez systématiquement de racisme d'état, ou d'institutions racistes d'état.
Eh bien expliques nous ce que tu entends par "institutions racistes d'Etat".

Si on considère les forces de répression - police, gendarmerie etc -, elles sont bien évidemment imprégnées de racisme, mais ce ne sont pas des "institutions racistes" comme a pu l'être par exemple sous Vichy le commissariat aux affaires juives. Leur fonction n'est pas de réprimer spécifiquement certaines catégories, mais de réprimer l'ensemble des classes populaires, parmi lesquelles ceux que tu appelles les" racisés" sont en forte proportion.

Si l'assassinat de Adama est couvert par l'Etat, ce n'est pas parce que la victime est noire. C'est parce que les membres des corps de répression sont quasiment intouchables, du moins quand ils agissent dans le cadre de leurs missions de répression. Le gendarme responsable de la mort de Remi Fraisse a été couvert de la même façon. On pourrait multiplier les exemples. Plus loin dans le temps, les policiers assassins de Charonne n'ont pas davantage été inquiétés que ceux qui ont massacré les Algériens le 17 octobre - sans doute les mêmes d'ailleurs. Même à la libération, l'épuration a été très limitée dans la police : les policiers qui ont participé à la rafle du Vel d'Hiv n'ont jamais été inquiétés. Seul Papon l'a été si tardivement que ça n'avait plus de signification, la plupart des acteurs de l'époque n'étant plus en vie.

Cette mansuétude est liée non à une question de racisme, mais au fait que la bourgeoisie a besoin de pouvoir compter sur ses forces de répression, surtout dans la période actuelle.

verié2

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Message  MO2014 Lun 8 Aoû - 11:32

On la connait bien cette euphémisation d'une certaine "gauche" des discriminations racistes d'état sans doute parce qu'il s'agit de noirs, d'arabes de roms... Elle sont connues on va pas les répéter (d'ailleurs verié2 ne demande pas le retrait de la loi de 2004 sur le voile), sauf peut être de ceux qui les relativisent comme vérié car pour lui c'est quand moins grave que Vichy (sic.)

MO2014

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