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L'autre 8 mai 45

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Message  Joe Hill Mar 8 Mai - 14:29

http://vp-partisan.org/article290.html

Le film « Hors la Loi », de Rachid Bouchared, évoque brièvement les événements du 8 mai 1945 en Kabylie, et traite de la lutte de libération nationale du peuple algérien. Quand il a été présenté au festival de Cannes, le film a été critiqué par toute la droite réactionnaire et revancharde. Mais la gauche, et le PCF, que peuvent-ils nous dire à propos du 8 mai 1945 en Algérie ?

En novembre 1942, les Américains débarquent en Algérie. La « France libre » gaulliste mobilise les populations algériennes pour combattre avec les Alliés : 168 000 Français et 150 000 musulmans. Messali Hadj, chef du Parti du Peuple Algérien (PPA, clandestin), reste emprisonné. Ferhat Abbas, dirigeant des Amis du Manifeste et de la Liberté, favorable à la réforme du système colonial, demande que les musulmans qui partent pour libérer la France soient assurés de ne pas rester « privés des droits et des libertés essentielles dont jouissent les autres habitants de ce pays. ». Les dirigeants nationalistes algériens espèrent que la première réunion de l’ONU, le 29 avril 1945, va appuyer la reconnaissance des droits des Algériens.

Les manifestations nationalistes du 8 mai

Au printemps 1945, la situation sociale est tendue. L’Algérie connaît une situation alimentaire catastrophique, conséquence de la mobilisation des hommes valides. Le1er mai, le PPA organise des manifestations, pacifiques et sans armes, où, pour la première fois, est brandi un « drapeau algérien ». La répression est brutale : deux morts à Alger et un à Oran. Quelques jours plus tard, avec l’annonce de la reddition allemande, des manifestations sont prévues pour le 8 mai.

À Sétif la manifestation nationaliste, séparée de l’officielle, est autorisée à condition qu’elle n’ait pas de caractère politique et n’arbore aucun drapeau autre que celui de la France. Elle démarre à 8 heures, avec plus de 10 000 personnes chantant l’hymne nationaliste Min Djibalina (De nos montagnes). Il y a les drapeaux des pays alliés vainqueurs et des pancartes : « Libérez Messali », « Nous voulons être vos égaux » ou « À bas le colonialisme ». Peu après surgissent d’autres slogans « Vive l’Algérie libre et indépendante » et en tête de la manifestation un chef scout musulman arbore le drapeau algérien. Un commissaire tente de s’en emparer. Un jeune homme de 26 ans qui reprend le drapeau est abattu par un policier. Les tirs de la police provoquent la panique. Les manifestants en colère s’en prennent aux Français parmi lesquels ils font 28 morts et 48 blessés. Le soir même à Guelma au cours d’un défilé, le sous-préfet Achiary, un ancien résistant, fait tirer sur les manifestants. On relève un mort et six blessés parmi les manifestants. Un bataillon d’infanterie, convoyé par des avions prêtés par les Américains, arrive le 9 dans la journée. Les Européens organisent des milices aux quelles participent des membres du PCF.

La répression coloniale

De Gaulle, chef du gouvernement français provisoire, ordonne d’intervenir. La répression de l’armée et de la milice de Guelma est d’une extrême violence : exécutions sommaires, massacres de civils, bombardements de mechtas. La marine y participe avec son artillerie, ainsi que l’aviation. Pendant deux mois, l’Est de l’Algérie connaît le déchaînement de la répression. (Charles Tillon, en tant que ministre - PCF - des Transports, a des informations sur la situation réelle au jour le jour).

De nombreux corps d’Algériens ne peuvent être enterrés. Ils sont jetés dans les puits, dans les gorges de Kherrata en Kabylie. Des miliciens utilisent les fours à chaux d’Héliopolis pour les faire disparaître. La répression prend fin officiellement le 22 mai. L’armée organise des cérémonies de soumission où les hommes doivent se prosterner devant le drapeau français.
Les victimes « européennes » s’élèvent à 102 morts et 110 blessés (Rapport officiel). Les morts algériens oscillent entre 1000 (rapport officiel) et 40 000 selon les Américains. Les Algériens l’estiment à 45 000. Le chiffre probable étant aujourd’hui évalué entre 10 000 et 20 000.

Les conséquences politiques du 8 mai 1945

Les événements du 8 mai 45 sont le facteur décisif qui amène le PPA (interdit) et le MTLD (Mouvement pour le Triomphe des Libertés et de la Démocratie, sa façade légale) à créer l’O.S. (Organisation Spéciale : branche armée du mouvement). Avant même la guerre, il y avait eu un débat au sein du Parti, mais en 1945, la tendance révolutionnaire a le dernier mot. Il n’est plus possible de mettre fin au système colonial par une voie pacifique.

Par ailleurs, la réaction du PCF et du PCA (PC algérien) à ces évènements les éloigne du peuple algérien. En 1944, le PCF s’oppose à une initiative américaine d’internationalisation des colonies européennes. Il défend le maintien de l’Algérie dans l’Union française. Selon lui « Notre pays est une puissance des cinq parties du monde et ne se découvre pas de raison pour laquelle il devrait cesser de l’être au profit des grands Etats, en abdiquant en leur faveur sa souveraineté sur les territoires ou sur les richesses.. ». Il dénonce donc violemment les manifestations nationalistes. Quand l’aviation, la marine et l’armée de terre font la chasse aux nationalistes, le PCF est au gouvernement. Charles Tillon et François Billoux, ministres, envisagent de démissionner mais le Parti le refuse et exige la répression la plus sévère. Il présente les manifestations comme l’œuvre de fascistes. L’Humanité du 12 mai traite de criminels les dirigeants du PPA et appelle à « châtier rapidement et impitoyablement … les instigateurs de la révolte et les hommes de main qui ont dirigé l’émeute ».

La branche algérienne du PCF, le PCA fait de même et attaque le PPA. Avec le PCF, il rencontre le gouverneur général d’Algérie et à cette occasion condamne « les provocations des agents hitlériens du PPA […] agents camouflés dans des organisations qui se prétendent démocratiques, au service de l’impérialisme fasciste ». Ces affirmations sont mensongères. Si quelques nationalistes s’étaient engagés au coté des nazis, le PPA et Messali avaient soutenu le Front populaire et la République espagnole.

Dès l’été 1945, le PCA mesure qu’il est allé trop loin. Il s’oppose alors à la poursuite de la répression. Il comprend que le mouvement national prend de l’essor et que l’aspiration des Algériens à l’indépendance est forte. Il adopte donc un programme démocratique qui intègre des revendications visant à desserrer l’étau colonial : Assemblée algérienne souveraine, statut officiel pour la langue arabe.... Mais le PCF contraint le PCA à suivre une politique acceptable pour les alliés du PCF, que sont le PS-SFIO et le MRP, très réticents à accorder les droits de citoyens aux Algériens.

En 1947, après son départ du gouvernement, le PCF encourage le PCA à adopter une attitude plus active en direction des masses algériennes. Il ne renonce pas pour autant à défendre le maintien de l’Algérie dans l’Union française. Le PCA recherche alors une politique de front avec le PPA, politique qui suscite l’opposition de sa base européenne. Mais il est bien trop tard. Quand l’insurrection nationale sera déclenchée, en novembre 1954, par un courant du MTLD qui crée le FLN (Front de libération national), il ne pourra plus jouer un rôle quelconque dans la lutte de libération nationale.

Gilles Fabre

Joe Hill

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Message  yannalan Mar 8 Mai - 14:46

L’Algérie connaît une situation alimentaire catastrophique, conséquence de la mobilisation des hommes valides.
Non, ça c'est faux (pas la famine, sa cause). La mobilisation été générale chez les européens (16%,plus qu'en14/18 en France) bien moins chez les "indigènes" (1.58%).

yannalan

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