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Liban

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verié2
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Message  Copas Sam 17 Déc - 9:14

Un cortège de travailleurs pour les salaires


Les indignés libanais face à la banque centrale du Liban et ses serviteurs armés
Contre le capitalisme

against capitalism in front of the central bank Hamra Beirut





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Message  Copas Sam 17 Déc - 9:15

Copas a écrit:Un cortège de travailleurs pour les salaires


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Message  verié2 Lun 30 Jan - 11:42

"Soirée bonniches" à Beyrouth
Un "fait divers" qui donne une petite idée du cynisme et du mépris de classe de la bourgeoisie libanaise.

Un bar branché de Beyrouth prétendait organiser une "soirée bonniches". Les participantes au concours devaient se déguiser en bonnes philippines, africaines, Bengalis etc. La gagnante touchait un prix de 100 euros - le salaire mensuel d'une bonne, précisaient les organisateurs. La soirée était annoncée dans divers médias, notamment sur Facebook...

Finalement, face aux protestations d'organisations anti-racistes, les patrons de ce bar ont renoncé...
(Source Le Monde)



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Message  sylvestre Sam 21 Juil - 9:37

Lundi 16 juillet 2012, la grève tournait à l'affrontement, causant plusieurs blessés, à la suite de clashes entre grévistes, citoyens en colère et forces de sécurité. Dans le reste du pays aussi, les grévistes bloquaient les bureaux de l'EDL et coupaient parfois des routes et brûlait des pneus. Certains grévistes entamaient même une grève de la faim.

( http://www.econostrum.info/Le-gouvernement-libanais-se-donne-48-heures-pour-resoudre-la-crise-de-l-EDL_a11217.html )

Voir aussi Electricity workers in Lebanon strike back against casualisation
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Message  Resistance-politique Mar 6 Aoû - 23:25

Le Hezbollah continuera d’incarner la résistance du peuple libanais à l’oppression


Liban Hezbollah


Les habitants du sud Liban ne semblent pas trop préoccupés par la décision prise par l’Union européenne d’inclure le Hezbollah dans la liste des organisations terroristes. Les Libanais n'ont pas perdu le sens des réalités. En fait, ils s’attendaient tous plus ou moins à une décision de ce genre, bien conscients des pressions que pouvaient exercer des pays comme les États-Unis ou Israël sur la frêle et passive Union européenne.

Des inquiétudes sur de possibles représailles contre les troupes de l’ONU dans le sud du pays se sont néanmoins rapidement fait jour. Inquiétudes tout à fait inutiles à vrai dire puisque la situation est restée ce qu’elle était : on ne ressent ni tension, ni menace. Ce qui n’a pas empêché le commandement de la FINUL d’intensifier les mesures de sécurité autour des bases et des implantations militaires.

Juste pour se faire une idée de l’ambiance du sud Liban, on a répandu par SMS et sur les réseaux sociaux la nouvelle de la fuite de membres de leurs villages à la suite de la décision de l’Union européenne faisant d’eux de facto des terroristes. Évidemment, c’est une bonne blague des Libanais qui n’ont pas loupé une occasion de tourner en dérision cette décision stupide à leurs yeux.

Au sud Liban, et même au-delà, chaque pierre, chaque arbre, chaque coin de rue rappellent la résistance libanaise. Cette même résistance, qui a défendu le Liban des agressions et des invasions israéliennes et a permis à son peuple de recouvrer la liberté et la dignité, est aujourd’hui condamnée par des pays qui devraient au contraire dénoncer les crimes perpétrés contre les peuples libanais et palestinien.

Mais il est illusoire de croire que marginaliser de la sorte la volonté de tout un peuple l’empêchera, à l’avenir, de faire barrage à l’oppression.  

Capitaine Martin

http://www.resistance-politique.fr/article-le-hezbollah-continuera-d-incarner-la-resistance-du-peuple-libanais-a-l-oppression-119424758.html
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Message  sylvestre Jeu 31 Oct - 13:47

Liban: un premier bébé sans appartenance religieuse

Un enfant a été enregistré sans appartenance religieuse, pour la première fois au Liban. C'est le fils du couple qui a contracté le premier mariage civil du pays, l'an dernier.
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Liban Empty Une fenêtre sur la culture libanaise

Message  Resistance-politique Ven 18 Avr - 23:11

Julia Boutros est une chanteuse libanaise. Sa notice Wikipédia la dit « de confession chrétienne maronite ». Elle est capable de remplir de grandes salles de concert comme on peut le voir dans la vidéo qui suit (sous-titrée en français).

Dans la première chanson, la salle réagit avec enthousiasme dès que les paroles montrent son soutien à la résistance du Hezbollah. Pour la seconde chanson, manifestement connue du public, la salle en reprend les paroles avec ferveur dès les premières mesures.

Ce concert montre avec beaucoup d’émotion que la question-clé du Proche-Orient est la question palestinienne. Et que la résistance vaincra !

D.R.

http://www.resistance-politique.fr/article-une-fenetre-sur-la-culture-libanaise-123370461.html

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Message  Copas Sam 14 Fév - 22:53

Le texte ci-dessous est le dernier article de Bassem Chit. Notre camarade y mettait la touche finale dans la nuit du 30 septembre, quelques heures avant sa mort. (Publié par le comité de rédaction)

Liban: La guerre contre les réfugié(e)s syrien(ne)s ou la continuation de la guerre de classe
31 janvier 2015  

Liban

A chaque fois qu’on formule des expressions telles que « le prestige de l’Etat », « l’armée est une ligne rouge », et la  « préservation de l’institution militaire », ou autres phrases ronflantes que serinent à l’envi les politiciens des pivots confessionnels de l’intérieur des retranchement du pouvoir libanais, ou de l’extérieur, je sais alors que l’Etat libanais mène par le biais de l’armée une nouvelle guerre de classe contre les réfugiés, les pauvres, les travailleurs, hommes ou femmes.

Notons ici que l’institution militaire de la classe dirigeante et de l’Etat libanais ne se limite pas à la police et l’armée, -mais s’étend aux milices et aux nervis de quartiers qui composent l’appareil « local » du pouvoir libanais et qui assument la tâche de maintenir « les populations » dans des compartiments confessionnels, et sous le prestige de directions « populaires-locales » qui ont étendu leur pouvoir aux quartiers.
Mais cette institution militaire à travers ses branches, officielles ou non, joue un autre rôle encore plus féroce. C’est l’oppression et la torture des réfugié(e)s, des travailleur(se)s étrange(ère)s. Avec l’intensification de leur main de fer, elle arrête, tue et détruit des camps de réfugiés, se montre gentille devant les armes miliciennes et confessionnelles sophistiquées, de Saïda à Beyrouth et Tripoli, la Bekaa et le Sud.

Cette institution militaire n’a joué qu’un rôle d’officier de la Sûreté politico-confessionnelle. Elle n’a jamais défendu le peuple et les gens face aux massacres confessionnels, mais elle s’y est adaptée et s’est transformée elle aussi en milices soutenant des directions confessionnelles contre d’autres, comme c’est arrivé pendant la guerre civile. Avec le retour de l’ère de « la paix », après l’accord de Taïef, les milices combattantes ont été intégrées dans l’armée « nationale » et sont devenues un appareil parmi d’autres appareils de contention de classe et confessionnelle, de par les quotas confessionnels à l’embauche, pour les promotions ou autres. Elles ont été les premières à exécuter les décisions du régime du Bath au Liban, où elles ont eu le privilège et l’orgueil de porter ses dogmes.
Cette institution militaire a toujours été le bras droit des guerres du pouvoir libanais contre les réfugiés, sous le couvert de « lutte nationale » ou de « lutte anti terroriste ». Dans les deux cas cet appareil ne s’attaque pas à l’occupation israélienne par exemple, ni aux milices confessionnelles armées, mais elle torture, contraint à la fuite et frappe les réfugié(e)s, les pauvres. Nous l’avons vu au camp de Nahr El Bared en 2007 et nous le voyons aujourd’hui à Ersal : c’est une nouvelle version de la seule guerre qui soit, à savoir celle du régime contre les réfugiés.

Cette année-là, les factions palestiniennes ont proposé leur aide à la direction militaire pour se débarrasser de Fath Al Islam dans le camp de Nhar El Bared, sans recourir à la destruction du camp. Mais l’armée à décliné l’offre de ceux qui connaissent le camp pierre par pierre, et le bombardement ne s’est calmé qu’après la destruction totale du camp et le martyre de nombreux civils palestiniens et de soldats libanais au cours de la bataille.
En 2008, l’armée libanaise en collaboration avec des milices du 8 mars à Beyrouth et d’autres régions a contribué au rééquilibrage « militaire-confessionnel » interne dans toutes les régions du Liban, notamment à Beyrouth et à la « pacification » de la situation entre forces s’entre égorgeant, et bien sûr aucun homme armé des partis au pouvoir n’a été arrêté.

Nous ne pouvons pas oublier non plus 2004, lorsque cette institution nationale s’était opposée à la grève générale d’alors, tuant cinq travailleurs dans le quartier de Salam. Elle avait réprimé elle-même les mouvements revendiquant l’électricité et avait tué des citoyens pendant des années en menant la répression de ces mouvements.

L’histoire libanaise contemporaine a vu plusieurs exemples de ce qu’ont enduré les Palestiniens au Liban par exemple, ou les Libanais eux-mêmes, avant, pendant et après la guerre civile, aux mains des institutions militaire et sécuritaire libanaises. A qui l’aurait oublié, nous rappelons la grève de l’usine de Gandour, et la manifestation au cours de laquelle a été tué Maarouf Saad à Saïda, ainsi que la guerre d’annihilation entre Aoun et Geagea, lorsque ce qui restait de l’armée s’est réparti entre les deux camps.
Cette institution dans son dogme, identifie le nationalisme par l’embrigadement confessionnel, en d’autres termes son rôle reste confiné à la sphère de l’équilibre militaire politico-confessionnel, en uniforme « national » et il n’est pas étonnant que la seule institution considérée comme « nationale » au Liban soit l’institution militaire et de sécurité, soit l’institution dont le premier pilier est la violence organisée.

Dans la logique du système confessionnel libanais, le gouvernement national est l’antithèse du confessionnalisme, mais dans la réalité il n’est qu’un pouvoir sécuritaire et dans la plupart des cas une déclaration de guerre de classe, permanente, à certains moments contre les travailleurs et les mouvements sociaux, qui menaceraient la paix sociale, et à d’autres moments, contre les réfugié(e)s au prétexte de la construction d’une identité « libanaise » qui les sauverait de la crise sociale économique et politique du régime, et le meilleur moyen pour la bourgeoisie, où qu’elle se trouve, pour fuir sa crise, c’est le racisme et le fascisme.
C’est exactement ce qui se passe aujourd’hui. Du fait de l’absence de volonté de pans du pouvoir politique de trouver une solution à la question des otages de façon politique, ou même militaire,- ce qui a été fait maintes fois avec l’ennemi sioniste ou les milices libanaises-, le pouvoir politique et l’institution militaire transforment leur combat en affrontement contre les réfugiés syriens, pour fuir leur impuissance. Bien que les familles des soldats enlevés eux-mêmes aient répété plusieurs fois qu’il n’y avait pas de rapport entre les réfugiés syriens et la question du kidnapping. Et comment pourrait-il y avoir un rapport puisqu’ils sont eux-mêmes les premières victimes de Daech et de leurs actes terroristes.

Quant à ce racisme, bien des plumes tentent de le justifier par l’existence de causes objectives contingentes, comme la question du gagne-pain et de la concurrence pour les emplois et autres, ou encore l’héritage de la relation libano-syrienne sous le protectorat.

Mais, et pendant la période du pouvoir du Baath au Liban, la direction militaire fut de façon permanente le bras droit de l’exécution de toutes les exigences de l’autorité d’Assad. Ses commandants et ses troupes ont été formées pour porter et défendre la « relation stratégique avec la Syrie d’Assad », c’est-à-dire l’alliance entre le régime confessionnel libanais et le régime tyrannique du Baath.
Dans les combats actuels d’Ersal à la suite de l’enlèvement des soldats libanais par Daech et En-Nosra, l’institution militaire libanaise a mis le feu aux camps de réfugiés, harcèle et arrête les réfugiés syriens dans tout le Liban, sous l’égide d’un discours raciste et haineux qui considère tout Syrien comme « daechiste » ;

La fabrication de cette relation entre Daech et les réfugiés syriens n’est que racisme, direct et clair, qui se refugie derrière « la lutte contre Daech » pour combattre les réfugiés syriens au Liban.
Aujourd’hui comme hier, le pouvoir libanais procède à une catégorisation raciste claire sous couvert de lutte anti-terroriste, feignant d’oublier et d’ignorer la réalité que Daech ou En-Nosra ne sont ni l’une ni l’autre des organisations syriennes, de même que Fath Al Islam n’était pas une organisation palestinienne, mais il s’agit d’organisations confessionnelles tekfiries transnationales, parrainées par les forces régionales et locales, qui vont des classes dirigeantes libanaise ou syrienne aux monarchies et émirats du Golfe.

Au lieu de riposter à Daech et En-Nosra, qui ont enlevé les soldats, nous les voyons appuyer et maintenir l’équilibre confessionnel et militaire et régional. Les exigences de « nationalisme libanais », soit ce prestige s’enorgueillissant au rythme des bottes qui écrasent sont les conditions sine qua non de la préservation de ce système à la botte de l’institution militaire.


Dans les années qui ont suivi 1948, c’est-à-dire dans la première phase d’exil palestinien au Liban, résultant de l’expansion de l’occupation sioniste en Palestine, le pouvoir libanais avait transféré les camps de réfugiés du Sud au Centre et dans la Bekaa et à Alep (le convoi d’Alep s’est arrêté au Nord et s’est stabilisé au camp de Nahr Al Bared), et avait administré les camps de façon sécuritaire directe par la police et l’armée. Avec la création du deuxième bureau à l’époque du général président Fouad Shehab, la main de fer sécuritaire et du renseignement s’est accrue contre les Palestiniens, et parmi les plus importantes « réalisations »  du deuxième bureau d’alors, la mort en martyr du militant Jalal Kaoush sous la torture dans son cachot.

Il n’aurait pas été nécessaire de parler ne serait-ce qu’une journée de « l’importance » du maintien du prestige de l’Etat si l’armée s’était engagée dans une confrontation contre l’occupation israélienne par exemple, dans le peu de fois où cela a été le cas, mais cela aurait alors salué son héroïsme, mais ce prestige ainsi que la nécessité de le préserver sont d’actualité seulement lorsque l’institution militaire mène une guerre de classe contre les réfugié(e)s, les pauvres et les travailleur(euse)s.

Les récents événements d’Ersal qui ont conduit à l’enlèvement de soldats libanais par Daesh et En-Nosra, sont le nouvel « argument » utilisé par la plupart des forces politiques libanaises pour réhabiliter leur racisme préexistant, tenter d’en étendre la portée et d’embrigader toute la société dans une nouvelle guerre contre les réfugié(e)s.

Ce racisme n’est pas étonnant de la part de l’Etat libanais, ou de ses partis, car la plupart des partis qui composent le pouvoir en place, ont construit leur légitimité « nouvelle » sur les ruines des massacres et des guerres sociales interminables contre les réfugiés palestiniens, et ce racisme a été couronné par l’accord de Taïef qui a prolongé et fixé les mesures arbitraires et les politiques de punition collective contre les Palestiniens au Liban.

Aujourd’hui, le régime libanais commence une autre guerre contre les réfugiés syriens au Liban, qui va des politiques d’expulsion, d’annulation des statuts de réfugié, d’incendie des camps et d’arrestations arbitraires, d’humiliations par les fouilles, pour en finir par les passages à tabac, la torture et autres méthodes violentes et arbitraires.


En outre, une guerre économique est menée contre eux par l’augmentation des  loyers, sans parler de la répétition hystérique de ce que « Les Syriens volent le pain libanais », l’obligation faite aux réfugiés syriens de payer le prix de leur assignation à résidence dans des tentes de réfugiés aux propriétaires des terrains, aux intermédiaires et aux courtiers de l’asile qui volent leurs ressources puis les chassent de leurs abris, et autres moyens détournés qui font que dans la plupart de cas, la condition du réfugié est plus difficile que la guerre elle-même.

Certains pourraient s’étonner de l’emploi du terme « racisme » ici, puisque les Syrien(ne)s et les Libanais(e)s ne sont pas des éléments différents, et certains renonceront à utiliser ce terme ou tentent de le justifier comme une « une réaction naturelle » dans la situation que nous vivons. Le racisme et le confessionnalisme ne sont pas nouveaux pour la classe au pouvoir et l’Etat libanais tout entier. La « première république » qui a vu le jour et s’est développée dans le giron du mandat français, s’est édifiée sur l’héritage des massacres confessionnels perpétrées par la féodalité libanaise lors de la guerre de 1860 contre les paysans, qui a été encouragée par l’Empire ottoman et dont a profité le colonialisme européen, pour construire un équilibre confessionnel et géopolitique en Syrie et au Liban, qui a garanti à tous les deux une domination concurrentielle dans l’espace libano-syrien. Le grand Liban fut l’incarnation réelle du confessionnalisme fabriqué par la féodalité libanaise lors de cette guerre.

Tandis que la plupart des dirigeants politiques libanais,-indépendamment de leur position au sein de la répartition libanaise-, en appellent à expulser de larges pans des réfugiés syriens, nombre de municipalités ont commencé en retour à expulser les réfugiés syriens de leurs localités.

En même temps, les milices libanaises et leurs nervis dans les quartiers lancent des menaces et les attaquent, frappent et kidnappent les réfugiés et les travailleurs syriens dans les régions où ils sont présents, réalisant ainsi (de façon concrète), les espoirs de leurs dirigeants en se débarrassant des réfugiés syriens au Liban.

En outre, sous le parapluie et sous couvert « national » l’institution militaire libanaise dans toutes ses  branches, harcèle, fait fuir et frappe des milliers de réfugiés syriens lors de raids dans les camps, en les incendiant, en les détruisant, tout cela pour « lutter contre le terrorisme ». L’armée est le premier et le dernier ressort de la couverture « nationale » du régime confessionnel libanais.

Avec l’institution militaire, la violence confessionnelle et raciste et de classe menée par le régime se transforme en violence « laïque » ornée dans le passé et chaque jour de slogans tels que « 100% Libanais » et « Armée, peuple et résistance » et  « Gloire à tes bottes » et autre expressions de la psychose de la soldatesque et du chauvinisme « national » et de la soumission totale face aux scènes d’écrasement menées par l’armée nationale contre les réfugié(e)s syrien(ne)s, comme elle l’a fait précédemment contre les Palestinien(ne)s et contre les Libanais(e)s pendant la guerre civile. Ces scènes d’écrasement ne diffèrent guère de celle qu’elle a pratiquée et que pratique la soldatesque du régime syrien indifféremment contre les Libanais(e)s, les Syrien(ne)s et les
Palestinien(ne)s. La soldatesque n’a qu’une seule nationalité, l’identité d’«écrasement», le dispositif à travers lequel on impose et on applique cette violence de classe, confessionnelle et raciste.

Depuis l’Egypte qui est l’un des plus importants centres de la contre-révolution jusqu’au Golfe à l’est et à l’Océan atlantique à l’ouest, en passant et en arrivant en Syrie et au Liban, le racisme a été une arme aux mains des régimes et ce qu’endurent les travailleurs étrangers dans les monarchies du pétrole ne diffère en rien des souffrances des travailleurs africains en Tunisie ou en Liban, et ce à quoi sont exposés les Amazigh au nord de l’Afrique n’est pas différent de la situation des Kurdes sous le régime du Baath, irakien et syrien. Actuellement, alors que la révolution régresse, ou s’éteint par les épées de Daech, les fusées de la coalition internationale et les bottes de l’armée, il faut, alors que se coalisent les régimes dictatoriaux arabes et leurs parrains impérialistes mondiaux ou régionaux, former une alliance révolutionnaire des peuples insurgés pour s’opposer à ces régimes, en dépassant l’illusion des divisions nationales, de frontière et identitaires, vers un mouvement solidaire pour faire face aux régimes de la répression et de l’oppression.  

(Traduction de l’arabe, Luiza Toscane, Rafik Khalfaoui)

lien vers l’article en arabe : http://www.al-manshour.org/node/6039
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Message  Carlo Rubeo Dim 23 Aoû - 11:03

L'Etat réactionnaire libanais réprime les prolétaires, tout va bien donc :

À Beyrouth, la police frappe des activistes du mouvement "Tu pues"

"Les quartiers de Beyrouth les plus riches se contentent de ramasser les poubelles et les déverser dans les quartiers pauvres"

Depuis un mois, des activistes du mouvement baptisé "Tala3t rihatkoum" ("Tu pues") descendent dans la rue pour protester contre la gestion catastrophique des déchets à Beyrouth et au Mont Liban, où de gigantesques tas de poubelles ne cessent de s’agrandir. Mercredi, alors que des activistes tentaient d'entrfer au Parlement dans l’espoir d’être entendus, la police les a violemment repoussés à l’aide de canons à eau. Quatre ont été arrêtés et plusieurs frappés.

Le 19 juillet dernier, la décharge de Naameh, au sud de la capitale, a été fermée. Ouverte en 1997, elle était censée être temporaire, mais a fini par accueillir tous les déchets de Beyrouth et du Mont Liban. Les riverains, exaspérés par l’amoncellement des ordures qui débordaient de la décharge, ont pris la décision d’agir en en bloquant l’accès. Un mois plus tard, le gouvernement n’a toujours pas trouvé de solution alternative et les déchets s’accumulent désormais partout dans les rues de la capitale. Le mouvement "Tu pues" appelle à trouver une solution définitive, mais ils ne reçoivent pour l’instant aucune réponse, mis à part des coups de matraque.





Le facebook des copains à beyrouth :

https://www.facebook.com/tol3etre7etkom

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Message  MO2014 Jeu 3 Sep - 12:56



Une « révolution des ordures » au Liban ?
Un mouvement social contre le régime confessionnel

Le Liban connaît des manifestations exceptionnelles : pour la première fois, un mouvement social hétérogène et très médiatisé dénonce d’une seule voix les faiblesses du système politique confessionnel, les conséquences écologiques de politiques publiques incohérentes et la paupérisation des Libanais. Il s’inscrit dans la lignée des révolutions arabes et continue de s’élargir. Jusqu’où ira-t-il ?
Manifestation à Beyrouth, 8 août 2015.
À gauche : « On en a marre de vous, dégagez ! » ; à droite : « De vous ne viennent que des ordures ». VOA news.

Le 17 juillet 2015, la décharge de Naamé, ouverte en 1997, ferme. Le contrat qui liait l’État libanais à la compagnie de ramassage Sukleen a pris fin sans qu’aucune solution alternative n’ait été trouvée par le gouvernement. La « crise des déchets » unifie le Liban au-delà de ses barrières confessionnelles : sa géographie touche aussi bien les populations sunnites, druzes, que chiites ou chrétiennes. C’est un désastre écologique : il reflète la faillite d’un État dont les services publics — de l’eau à l’électricité en passant par le ramassage des ordures — se font toujours plus absents.

Les mobilisations populaires contre la « crise des déchets » se sont multipliées dans le pays. Beyrouth en est l’épicentre : le collectif « Vous puez » (« Talahat Rihtkum ») appelle à des manifestations devant le siège du gouvernement libanais. Les 22 et 23 août, elles réunissent entre 10 et 20 000 personnes. Le 29, ce sont plus de 50 000 manifestants qui s’assemblent sur la place des Martyrs, dans le centre-ville1.

Le mouvement, limité à l’origine, grandit en fonction de trois aspects combinés. La politique des Forces de sécurité intérieures (FSI) et de l’armée, d’une part, qui, dès le 22 août, font usage de gaz lacrymogènes, de canons à eau, mais également de tirs en l’air à balles réelles, contre la foule. D’autre part, un réel effet d’emballement médiatique : la campagne « « Vous puez » a ses relais télévisuels, notamment la chaîne libanaise Al-Jedid (New TV)2. Les appels à manifester se sont aussi multipliés sur les réseaux sociaux Facebook et Twitter. Le caractère inédit de l’événement engage également, fin août, la presse arabe et internationale — de France 24 à Al-Mayadeen3 en passant par Al-Jazira — à s’emparer du sujet. Dernier élément ayant profité au succès des manifestations : leurs revendications sociales et politiques. Ne se cantonnant plus à demander la résolution d’un problème écologique, elles appellent tantôt à la démission du ministre de l’environnement, Mohammad Machnouk, tantôt à celle du premier ministre, Tammam Salam, ou à de nouvelles élections législatives. Les slogans des manifestants se sont aussi radicalisés, de la « chute du régime » (« Isqat an-Nidham ») confessionnel, à la « Révolution » (« Thawra »).

Les manifestations traduisent une colère sourde : celles et ceux qui descendent dans la rue mettent ainsi en cause le prix prohibitif de l’eau, les coupures récurrentes d’électricité dans le pays, l’absence de sécurité sociale pour une partie des Libanais, les salaires indécents des fonctionnaires, la corruption généralisée d’une partie des élites. Toutes les contradictions sociales et politiques se concentrent en cette période : certains manifestants réclament l’élection d’un nouveau président4, sans vouloir la chute du régime confessionnel ; d’autres demandent une loi de décentralisation administrative donnant plus de pouvoir aux municipalités. Les secteurs les plus à gauche du mouvement, réunis dans un collectif nommé « Nous voulons des comptes » (« Bidna Nouhasib ») se prononcent pour une « refondation » (« I’ada Ta’asis ») de la République libanaise. Beyrouth n’est plus seule. Des collectifs informels naissent dans le reste du pays, à l’instar de Tripoli : « Ras-le-bol » (« Tafaha al-Kil »), « L’Akkar n’est pas une poubelle » (« Akkar Manna Mazbale »).

La dimension sociale du mouvement est renforcée par la présence de certains syndicalistes dans les rassemblements : Hanna Gharib, figure du comité de coordination syndicale, vient rappeler qu’en 2013 et 2014, un puissant mouvement social5 avait réclamé une augmentation de la grille des salaires et un nouveau système de sécurité sociale. Les manifestations du comité de coordination syndicale avaient réuni plusieurs dizaines de milliers de personnes dans les rues de Beyrouth.
Un mouvement hétérogène ?

Les manifestations de l’été 2015 sont exceptionnelles : c’est la première fois qu’un mouvement social médiatisé remet en cause les impasses d’un système politique confessionnel, les conséquences écologiques de politiques publiques anarchiques, la paupérisation tous azimuts des Libanais. Son caractère spontané n’est pas sans rappeler les premiers instants des soulèvements arabes de l’année 2011. Toutefois, en termes de mobilisation populaire, le mouvement peut sembler limité en comparaison du passé. Les grandes démonstrations de 2005 à 2007, emmenées par les coalitions opposées du 8 et du 14-Mars6, l’une dominée par le Hezbollah chiite, l’autre par le Courant du futur sunnite, avaient mobilisé successivement près d’un demi-million de manifestants.

Celles de l’été 2015 ont d’abord réuni des jeunes de la classe moyenne, souvent étudiants. Le mouvement grandissant, son assise générationnelle et sociale s’est élargie : retraités, fonctionnaires du service public, chômeurs. Leur aspect multiconfessionnel est indéniable. C’est un tour de force : alors que les coalitions du 8-Mars et du 14-Mars se basent sur des réseaux de solidarité communautaires, la campagne « Vous puez » ne bénéficie pas d’une assise politique, sociale ou confessionnelle préexistante. Elle s’inscrit cependant dans l’histoire des nouveaux mouvements sociaux au Liban depuis le milieu des années 2000 : associations de défense des droits des femmes ou des travailleurs migrants, mobilisations pour le mariage civil, grèves des fonctionnaires pour la hausse des salaires.

Les différentes composantes du mouvement de protestation ne sont enfin pas homogènes. Les porte-paroles de la contestation ont une histoire. Ainsi de Imad Bazzi, l’un des leaders de « Vous puez » : cyber-activiste, journaliste, consultant de la chaîne télévisée Al-Jedid, il a par le passé été proche de la mouvance internationale Otpor, qui demandait en Serbie la chute du président Slobodan Milosevic. En 2005, c’est un fervent partisan du retrait syrien du Liban et de la démission du président Émile Lahoud. Lucien Bourjeily, autre porte-parole de « Vous puez », est un homme de théâtre libanais qui eut maille à partir, en 2013 et 2014, avec la Sûreté générale libanaise pour une pièce de théâtre dénonçant la censure.

Le mouvement « Nous voulons des comptes », qui se distingue des militants du collectif « Vous puez » , est l’héritier d’une autre histoire politique : celle de la gauche radicale libanaise. La fibre sociale y est aussi plus marquée. « Nous voulons des comptes » tire ses racines d’une « conférence nationale pour sauver le Liban et pour refonder la République », tenue à Beyrouth fin 2013 : elle associait notamment le Parti communiste libanais, le Mouvement du peuple de l’ancien député Najah Wakim et des personnalités de gauche indépendantes. « Nous voulons des comptes » est devenu, au cours de l’été 2015, l’une des principales composantes organisatrices des manifestations. Elle tire aussi sa force des militants de l’Union des jeunesses démocratiques libanaises (UJDL), affiliée au Parti communiste libanais (PCL).

Lorsque les manifestations du centre-ville de Beyrouth dégénèrent en un affrontement particulièrement violent avec la police, le 23 août, « Vous puez » et « Nous voulons des comptes » divergent sur l’attitude à tenir face aux autorités. Les premiers suspendent les manifestations et dénoncent les violences, selon eux provoquées par des infiltrés. Les seconds tiennent les forces de sécurité pour responsables de la situation ; ils organisent le 26 août un rassemblement devant une caserne de police, dans le quartier de Mar Elias, pour demander la libération de plusieurs activistes arrêtés les jours précédents.

Autre élément qui divise les manifestants : la figure du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Alors que certains collectifs comme « Vous puez » ou « Vers la rue » (ash-Sharaa) mettent désormais sur certaines affiches le portrait du dirigeant chiite aux côtés de ceux de Saad Hariri et Nabih Berri pour tous les dénoncer, d’autres activistes voient dans les attaques contre le secrétaire général du parti une volonté de s’en prendre au symbole de la « résistance » à Israël.
Manifestations pacifiques et violences sociales

La question de la violence divise également le mouvement de protestation. La nuit du 23 août, plusieurs dizaines de jeunes — parfois des adolescents — affrontent les forces de sécurité. Ces jeunes ne cachent pas leurs origines géographiques, sociales ou confessionnelles : ils viennent de la banlieue sud de Beyrouth, à majorité chiite, ou d’un quartier pauvre adjacent du centre-ville, Khandaq al-Ghamiq. La manifestation dégénère, des cocktails Molotov sont jetés sur la police, qui compte aussi des blessés.

Les jeunes sont immédiatement accusés par une partie de la presse, mais aussi par certains organisateurs des manifestations, d’être des « infiltrés ». Le terme fait florès depuis. En cause : leur proximité supposée avec le mouvement chiite Amal dont Nabih Berry, le dirigeant, est aussi le président du Parlement. En somme, Amal aurait téléguidé ces jeunes manifestants afin de faire dégénérer les manifestations pacifiques en émeutes.

Les débats entre « Vous puez » et « Nous voulons des comptes », tout comme les controverses sur les réseaux sociaux, tendent depuis à relativiser l’hypothèse des infiltrés. Se profile également une lecture plus sociale du phénomène. Ce n’est d’abord pas la première fois que les jeunes issus de ces quartiers populaires manifestent sur un mode violent : en janvier 2008, plusieurs rassemblements contre les coupures d’électricité, dans la banlieue sud de Beyrouth, avaient dégénéré en affrontements avec l’armée. Tout au long de l’été 2015, la jeunesse de Khandaq al-Ghamiq a brûlé aussi des poubelles, ou en a versé le contenu sur certaines artères routières. Si la thèse d’une manipulation ne peut jamais être exclue, il n’en reste pas moins que la mobilisation sur un mode violent, voire typiquement spontané, d’une jeunesse désœuvrée, n’est, au Liban, pas un phénomène nouveau. L’affiliation avec le mouvement Amal est aussi à relativiser. Il ne s’agit pas de militants d’une organisation politique à proprement parler, mais bien plus d’une base sociale de Amal, mobilisée sur un mode confessionnel, ayant un rapport de fusion organique avec une formation perçue, en dehors du Hezbollah, comme représentant les intérêts des chiites au Liban.

Les controverses sur les « infiltrés » ramènent enfin le facteur confessionnel dans un débat public qui semblait y avoir échappé. La « révolution des ordures » se voulait non-confessionnelle ; la voilà remise sur les rails classiques de la vie politique libanaise.
Faire chuter le régime, mais lequel ?

La « révolution des ordures » a pu faire émerger un véritable espace politique entre les coalitions du 8-Mars et du 14-Mars. Elle s’inscrit dans l’héritage des révoltes arabes du printemps 2011 dont elle reprend nombre de revendications : aspiration à plus de démocratie et de justice sociale, chute du régime, dénonciation de la corruption des élites politiques. L’analogie s’arrête peut-être là. Les appareils de sécurité libanais, un moment débordés, tentent aujourd’hui d’obtenir l’assentiment des manifestants - avec un succès tout relatif. Le 29 juillet, les Forces de sécurité intérieures déploient une grande banderole au-dessus de la place des Martyrs, au slogan significatif : « Pour vous, avec vous, pour vous protéger » (« Lakum, Ma’a-kum, li-Himayatikum »).

Dans un premier temps, le ministre de l’intérieur Nouhad Machnouk reconnaît un usage excessif de la force par la police. Le premier ministre condamne les « ordures politiques ». Les différentes factions, toutes sans exception, reconnaissent les doléances des manifestants. Le général Michel Aoun, leader du Courant patriotique libre (CPL) présent au gouvernement, inscrit les protestations actuelles dans la lignée de celles qu’il avait initiées, quelques semaines plus tôt, pour la résolution du dossier présidentiel. Il appelle maintenant son parti à descendre dans la rue, le 4 septembre, pour la tenue de nouvelles élections législatives. Les Forces libanaises de Samir Geagea disent qu’elles ne peuvent que soutenir le mouvement, puisqu’elles boycottent elles-mêmes un gouvernement qu’elles estiment non représentatif. Le leader du mouvement Amal rappelle qu’il s’est prononcé par le passé pour un « État civil » non confessionnel. Le Hezbollah se fait discret : il est conscient que certains de ses sympathisants sont également descendus dans la rue.

La tentation « pro-mouvement » des deux grandes coalitions politiques libanaises n’est pas si paradoxale. Certes, elles sont les premières cibles de la protestation populaire. Elles sont déstabilisées. Et pourtant : les divisions politiques au sein du gouvernement d’union nationale actuel sont telles qu’il n’est pas dans l’intérêt du 14-Mars ni du 8-Mars d’apparaître à contre-courant d’un petit mouvement populaire dénonçant la faillite de l’État. Il leur est toutefois impossible de séduire des manifestants radicalisés par deux semaines continues de mobilisation. Le tropisme d’apparence d’élites politiques disant comprendre le sens des manifestations pourrait ne durer qu’un temps : le 1er septembre, alors que des manifestants occupent le ministère de l’environnement, le général Michel Aoun évoque pour la première fois la thèse d’une « manipulation politique ».

Mais une contradiction insoluble demeure, pour un mouvement qui demande la chute du régime : lequel ? Que faire lorsque ce « régime » est affublé de multiples têtes, que sa structure confessionnelle tient aussi de par ses divisions, lui donnant une apparence de relatif pluralisme, et que de nombreux Libanais, en l’absence d’un véritable État redistributeur, ont accès à certains services sociaux par le seul intermédiaire de partis politiques à caractère confessionnel ?

Les revendications des manifestants trouvent un écho favorable dans la population. Il n’est pas encore certain qu’elles puissent passer outre certaines contradictions. Les effets profonds de la crise syrienne sur le Liban, la « bataille des frontières » opposant l’armée libanaise et le Hezbollah aux groupes armés « djihadistes » et l’instabilité sécuritaire chronique peuvent amener certains Libanais à craindre un mouvement social demandant la chute d’un régime confessionnel certes bancal, mais à l’heure actuelle relativement plus stable qu’un paysage régional dévasté de la Syrie à l’Irak. Les appareils politiques confessionnels libanais n’ont pas encore perdu de leur force de mobilisation : ainsi du mouvement Amal, qui, le 30 août, a réuni plusieurs milliers de manifestants à Nabatieh, au sud du pays, pour l’anniversaire de la disparition de l’imam Moussa Sadr7.

La « révolte des ordures » n’est sans doute pas près de s’arrêter et les manifestations vont continuer, non sans contradictions : d’un côté, un mouvement social à nul autre semblable dans l’histoire du Liban depuis le début des années 1990 et la politisation croissante d’une partie de la jeunesse libanaise qui ne se reconnaît plus dans ses élites politiques. De l’autre, la résilience probable d’un système communautaire à la vie longue, hérité du mandat français, que les différentes crises et guerres civiles n’ont jamais empêché de se renouveler.
Nicolas Dot-Pouillard

1Certains organisateurs sont allés jusqu’à évoquer le chiffre de plus de 100 000 manifestants. Par prudence, nous ne désirons pas donner un chiffre précis.

2Al-Jedid est une chaîne télévisée libanaise à l’origine proche du Parti communiste libanais (PCL). Elle partage encore ses locaux avec la radio La Voix du peuple (Sawt ash-Sha’ab), qui appartient au PCL. Aujourd’hui indépendante, la chaîne est la propriété de l’homme d’affaire libanais Tahsin Khayyat.

3Al-Mayadeen est une chaîne télévisée panarabe basée à Beyrouth née en 2012. Une partie de sa rédaction vient de la chaîne Al-Jazira.

4Le Liban est sans président de la République depuis 2014.

5« Lebanon workers union to strike Wednesday over wage scale », Al-Akhbar.com, 8 juillet 2014.

6La coalition du 14-Mars est emmenée par le Courant du futur, sunnite, de Saad Hariri, par les Forces libanaises de Samir Geagea et les Phalanges de Amine Gemayel, maronites. Elle a le soutien d’une petite formation de gauche, le Mouvement de la gauche démocratique. Le Parti socialiste progressiste (PSP), druze, de Walid Joumblatt s’en est quelque peu éloigné. La Coalition du 8-Mars est principalement composée du Hezbollah et du mouvement Amal, chiite, du Courant patriotique libre (CPL) du général Michel Aoun et des Maradas de Sleiman Frangie, maronites, et du Tashnag, à dominante arménienne.

7L’imam Moussa Sadr est un clerc chiite libanais, fondateur du Mouvement des déshérités (Haraka al-Mahrumin) et du mouvement Amal, qui constitue au début sa branche armée. Il disparaît en Libye en août 1978.
http://orientxxi.info/magazine/une-revolution-des-ordures-au-liban,1005

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