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commémoration du 17 octobre 1961

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Message  chejuanito Mar 11 Oct - 7:24

Vous trouverez la liste des RDV partout en France ici.
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Message  Vals Jeu 13 Oct - 14:57

Lutte Ouvrière n°2254 du 14 octobre 2011


Il y a 50 ans, 17 octobre 1961 : les travailleurs algériens massacrés par la police française

Il y a cinquante ans, le 17 octobre 1961, en plein Paris, alors que la guerre continuait en Algérie, des centaines de travailleurs algériens étaient littéralement massacrés par des policiers sur ordre du préfet de police Maurice Papon, à qui le gouvernement avait donné carte blanche pour agir contre la manifestation algérienne prévue ce jour-là.

Douze jours plus tôt, le préfet de police avait interdit aux Algériens de circuler dans les rues de Paris et de la région parisienne entre 20 h 30 et 5 h 30 du matin et exigé que les débits de boisson qu'ils tenaient et fréquentaient ferment à 19 heures. Il leur avait aussi ordonné de ne plus circuler en groupe, même petit, mais uniquement isolément. C'est en riposte à ce couvre-feu que le FLN avait décidé une grande manifestation pacifique, le 17 octobre à Paris.

La sauvagerie de la police

Le jour dit, des dizaines de milliers de travailleurs algériens convergèrent vers la capitale. Aux portes de Paris, à l'arrivée des bus de banlieue, à la sortie des bouches de métro, les policiers étaient là pour les accueillir. Les Algériens furent sauvagement frappés, à coups de crosse de fusil et de matraque sur la tête, les dents, les yeux, le bas-ventre. Là où les manifestants se rassemblaient pour défiler, sans une arme, pas même un bâton, les policiers attendaient pour frapper sauvagement, les pourchasser, voire ouvrir le feu sur les cortèges qui se formaient.

En une nuit, plus de dix mille Algériens furent arrêtés puis entassés dans des cars de police et, ceux-ci ne suffisant pas, dans des bus de la RATP réquisitionnés, comme dix-neuf ans plus tôt pour la rafle du Vel d'Hiv de sinistre mémoire. Au palais des Sports, au Parc des Expositions, au stade Coubertin, à Vincennes, les travailleurs algériens furent internés pendant plusieurs jours dans des conditions sanitaires effroyables et toujours en butte aux violences policières. Certains furent exécutés, étranglés, pendus dans les bois parisiens, d'autres ne survécurent pas à leurs blessures et, les jours suivants, on allait retrouver des dizaines de cadavres dans la Seine, dont certains pieds et poings liés. Le lendemain, le gouvernement annonçait un bilan officiel de... deux morts du côté des manifestants et deux blessés par balle parmi les policiers ! Si on ne sait pas précisément combien de travailleurs algériens furent ainsi sauvagement assassinés, ils furent vraisemblablement plus de deux cents.

En cet automne 1961, la guerre d'indépendance durait depuis sept ans, depuis que, le 1er novembre 1954, les nationalistes algériens avaient déclenché la lutte armée contre le colonialisme français.

La guerre avait déjà fait des centaines de milliers de victimes du côté algérien. Côté français, trois millions de militaires allaient passer en Algérie, dont 30 000 y laissèrent leur peau. Mais, en octobre 1961, les deux camps savaient que l'indépendance de l'Algérie n'était plus qu'une question de mois. Des négociations officielles étaient ouvertes entre le gouvernement français et le Gouvernement provisoire de la république algérienne (GPRA).

Massacre en silence


La guerre coloniale et ses atrocités n'en continuaient pas moins. Le gouvernement français voulait être en position de force, pour sauvegarder les intérêts de ses capitalistes dans la future Algérie indépendante. Le FLN, de son côté, devait démontrer sa capacité à mobiliser les Algériens, y compris en France, et c'était un des buts de la manifestation du 17 octobre. La guerre fit donc irruption à Paris, avec la répression barbare de la police de Papon.

150 000 travailleurs algériens vivaient alors à Paris et en banlieue, majoritairement des hommes dont la famille était en Algérie. Ils vivaient dans des bidonvilles, comme à Nanterre, ou dans des hôtels minables, à plusieurs par chambre, souvent très coupés de la population et des travailleurs français.

Au soir du 17 octobre et les jours suivants, car les actions de la police allaient continuer, il y eut quelques rares gestes de solidarité de passants ou de personnels soignants avec les Algériens qui se faisaient matraquer. Mais la journée souligna combien les organisations, syndicats et partis de gauche, étaient loin des travailleurs algériens et bien peu soucieux de combler le fossé que la guerre creusait entre eux et les travailleurs français.

Après le 17 octobre, le FLN fit appel à la gauche française pour organiser, le 1er novembre, une manifestation pour protester contre la répression et exiger la fin de la guerre. PCF et CGT compris, aucune ne répondit. Il fallut attendre le 8 février 1962 pour les voir appeler à une manifestation, en riposte à un attentat de l'OAS, qui elle aussi eut à faire face à un déchaînement de violence policière, qui fit huit morts au métro Charonne.

Cinquante ans après, les crimes de la police française le 17 octobre 1961 sont toujours couverts par le silence de l'État. Il ne faut pas qu'ils soient oubliés.

Sophie GARGAN

Un collectif d'associations et de partis politiques appelle à manifester pour rappeler le 17 octobre 1961 et demander « que les plus hautes autorités de la République reconnaissent les massacres commis par la police parisienne le 17 octobre 1961 et les jours suivants, comme un crime d'État. »

Lutte Ouvrière soutient cette manifestation

Lundi 17 octobre à 18 heures

du boulevard Poissonnière (métro Bonne-Nouvelle devant le cinéma Rex) jusqu'au pont Saint-Michel
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Message  topaze Lun 17 Oct - 23:15

Alors qu’aujourd’hui l’Etat syrien massacre la classe ouvrière en Syrie, le rappel du massacre par l’Etat français vis à vis des travailleurs Algériens en 61 montre que la démocratie et la dictature sont l’expression de la dictature du capital et que pour maintenir cette dictature, la bourgeoisie peut importe le visage qu’elle montre utilisera toujours la répression contre la classe ouvrière. Elle l’a fait hier, elle le fait aujourd’hui et elle le fera demain. Et à mon avis c’est ça qu'il faut dire à la classe ouvrière et ne pas l’illusionner qu’il pourrait y avoir une bonne démocratie si la vérité etait dite, comme le dit le texte qu’a mis Chejuanito en ligne

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Message  Roseau Lun 17 Oct - 23:26

communiqué NPA
http://www.npa2009.org/content/communiqu%C3%A9-du-npa-17-octobre-1961-un-crime-detat-qui-demeure-impuni

Appel
http://blogs.mediapart.fr/edition/17-octobre-1961/article/121011/appel-pour-la-reconnaissance-officielle-de-la-tragedie-d

Article de Olivier Le Cour Grandmaison
http://www.npa2009.org/content/colonialisme-les-crimes-de-la-r%C3%A9publique-blog-m%C3%A9diapart
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Message  yannalan Mar 18 Oct - 10:33

Pour compléter et préciser l'article de LO, parler de "police de Papon" est un peu raccourci, l'ordre de casser la manif venait de plus haut, du Général lui-même.L'article 16 vient à peine d'être retiré.
Pourquoi casser cette manif ? Les gaullistes y ont répondu, pour le gouvernement, c'était un acte de guerre venant d'une organisation en guerre avec la France. Les policiers n'avaient pas besoin d'être "chauffés", une trentaine d’entre eux ayant été tués par le FLN. Les quelques syndicalistes qui ont essayé de limiter les dégâts n'ont pas été écoutés par leurs collègues morts de trouille.
A posteriori, le scandale, c'est l'atonie de la gauche de l'époque qui regarde ailleurs et n'organise rien. Les participants se souviennent des chauffeurs de bus qui font des appels de phares aux flics pour leur livrer les algériens qui se sont réfugiés dans leurs voitures, par exemple, ou des locaux de l'Huma cadenassés.

yannalan

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Message  sylvestre Mar 18 Oct - 12:11

Dans 20 minutes ce matin

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Message  Vals Mar 18 Oct - 16:36

yannalan a écrit:Pour compléter et préciser l'article de LO, parler de "police de Papon" est un peu raccourci, l'ordre de casser la manif venait de plus haut, du Général lui-même.L'article 16 vient à peine d'être retiré.
Pourquoi casser cette manif ? Les gaullistes y ont répondu, pour le gouvernement, c'était un acte de guerre venant d'une organisation en guerre avec la France. Les policiers n'avaient pas besoin d'être "chauffés", une trentaine d’entre eux ayant été tués par le FLN. Les quelques syndicalistes qui ont essayé de limiter les dégâts n'ont pas été écoutés par leurs collègues morts de trouille.
A posteriori, le scandale, c'est l'atonie de la gauche de l'époque qui regarde ailleurs et n'organise rien. Les participants se souviennent des chauffeurs de bus qui font des appels de phares aux flics pour leur livrer les algériens qui se sont réfugiés dans leurs voitures, par exemple, ou des locaux de l'Huma cadenassés.

Entièrement d'accord sur le fait que la police de Papon était la police de l'état bourgeois et ce triste sire n'était qu'un exécuteur des basses oeuvres...


Dernière édition par Vals le Mar 18 Oct - 17:57, édité 1 fois
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Message  verié2 Mar 18 Oct - 17:42


Yannalan
l'ordre de casser la manif venait de plus haut, du Général lui-même
Il est assez significatif que les médias passent sous silence la responsabilité de De Gaulle, star intouchable. Car, même s'il n'avait pas donné l'ordre directement, il a couvert.

A signaler la sortie d'un docu "Ici on noie les Algériens" de Yasmina Adi, qui a rencontré des rescapé(e)s du massacre. A noter : cette réalisatrice a repris l'inscription tracée sur les quais de la Seine à l'époque par... le regretté Alexis Violet, alias Jean-Michel Mension, militant de la IVème IC.

Ce docu sort en salle, mais des extraits ont été présentés hier soir sur France 3, avec un interview de la réalisatrice et de l'historien Gilles Manceron qui a dit des choses très correctes sur la façon dont ce crime d'Etat a été dissimulé.

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Message  topaze Mar 18 Oct - 17:56

Papon était un bon serviteur de l’Etat, et il l’a prouvé que ce soit dans le gouvernement de Vichy allié des nazis et dans un gouvernement démocratique en 61. C’est certainement parce qu’il avait été un bon serviteur de l’Etat bourgeois, notamment concernant la repression que la bourgeoisie lui faisait confiance.

Je vient de lire la presse concernant cet anniversaire. Etait présent pour cette commémoration le maire PS de Paris avec l’ambassadeur d’Algérie, c'est-à-dire le représentant en France de l’Etat Algérien qu’il y a quelques mois tiré sur les ouvriers à Alger et pas un mot de dénonciation dans les différents communiqués sur cette présence. De même que dans le communiqué du NPA, (si j’ai bien lu) on ne trouve pas un mot sur la responsabilité de la gauche dans la guerre d’Algérie. Si le communiqué de LO l’évoque un peu , je me demande pourquoi LO appel a participé a cette commémoration avec les responsables de cette guerre et donc de ce massacre

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Message  verié2 Mar 18 Oct - 18:28


LO
Après le 17 octobre, le FLN fit appel à la gauche française pour organiser, le 1er novembre, une manifestation pour protester contre la répression et exiger la fin de la guerre. PCF et CGT compris, aucune ne répondit. Il fallut attendre le 8 février 1962 pour les voir appeler à une manifestation, en riposte à un attentat de l'OAS, qui elle aussi eut à faire face à un déchaînement de violence policière, qui fit huit morts au métro Charonne.
C'est vrai que le PCF et la CGT n'ont pas tenté d'organiser une riposte à la hauteur de ce massacre, le plus grand massacre d'ouvriers à Paris depuis la Commune...

Cela-dit, il ne faudrait pas en déduire que le PCF et la CGT, et surtout leurs militants, n'ont rien fait contre la guerre d'Algérie. Même si c'était avec les mots d'ordre "Paix en Algérie", "Négociez en Algérie" et "Rapatriez le contingent", la guerre d'Algérie était tout de même un des principaux axes de campagne du PCF. De très nombreuses manifs locales ont été organisées. Après le massacre, il y a eu des débrayages chez Renault à l'appel de la CGT. L'Huma paraissait régulièrement avec une partie de sa première page en blanc, suite à la censure. Le premier tract que j'ai distribué dans ma vie était un quatre page de la JC dénonçant les tortures en Algérie, avec des témoignages de soldats. Dans mon quartier (15ème arrondissement alors populaire), on avait mis sur pied des "Comités pour la paix en Algérie" et on avait des contacts réguliers avec des militants algériens du PCA. Mais bien sûr, la direction du parti nous disait :"Il ne faut pas aller trop loin, sinon on va faire interdire le parti. La population n'est pas prête à nous suivre etc".

Après le 17 octobre, ce sont souvent des policiers membres de la CGT et du PCF qui ont fait circuler des informations... discrètement, car ils risquaient leur peau. Moi-même, c'est par un flic du PCF et... membre de ma belle famille que j'ai appris quelques horreurs dont on ne parlait pas.

L'épisode des grilles cadenassées de L'Huma, je ne connaissais pas. Mais il faut bien dire que, à cette époque, tous les locaux du parti étaient cadenassés, voire barricadés, toutes les nuits car il y avait de fréquentes attaques des fachos. Ces grilles n'ont pas nécessairement été cadenassées spécialement pour empêcher les manifestants algériens de se réfugier dans L'Huma.

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Message  gérard menvussa Mar 18 Oct - 18:45

Une enquête fouillée très intéressante par Mogniss H. Abdallah, directeur de la revue "hommes et Migration " rend compte du suivi par l'ensemble de la presse de la journée en question... Ses conclusions (et ses informations) sont tout à fait intéressante : les médias de "droite" minimisent grandement les faits, et les oublient trés rapidement, les médias "de gauche" (comme l'humanité et le "libération" de l'époque, qui n'a rien a voir avec le journal actuel) en rendent trés rapidement compte, en prétextant effectivement de la peur de la censure et de l'interdiction. Seul les médias d'extréme gauche rendent compte utilement de la situation....

Par contre je trouve le résumé qui est fait de cette étude par Henri Maler de Acrimed a la limite de la malhonnêteté intellectuelle...

http://www.hommes-et-migrations.fr/docannexe/file/1228/1228_14.pdf


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Message  gérard menvussa Mar 18 Oct - 20:29

Une autre étude elle aussi passionnante sur le site de la revue "Autrement" :

« Les Algériens des années 50 ont été traités comme les ouvriers de 1891 »


A l'occasion de la commémoration du massacre du 17 octobre 1961, Contretemps publie un entretien avec l'historien Emmanuel Blanchard, auteur de La police parisienne et les Algériens (1944-1962), éditions Nouveau Monde, 2011.

Tu as choisi de travailler sur le 17 octobre 1961 dans une optique de longue durée. Pourquoi ?

Quand j'ai commencé ma thèse, les travaux sur le 17 octobre 1961 étaient déjà nombreux avec entre autres ceux de Jean-Luc Einaudi, Sylvie Thénault, Jim House et Neil MacMaster[1]... J'avais l'impression que beaucoup de choses étaient connues du point de vue factuel. En même temps, il y avait des conflits d'interprétation, pas toujours clairement exprimés, entre une vision du 17 octobre comme une dérive d'un régime démocratique, ou comme un fait de guerre de policiers victimes depuis plusieurs mois d'attentats du FLN. Pour sortir de ce cadre analytique, notamment lié à la controverse sur le nombre des victimes, j'ai voulu désenclaver l'événement 17 octobre, le sortir de la séquence de la fin de la guerre d'indépendance algérienne. En effet, la spécificité de la prise en charge des Algériens par la police ne commence pas avec la guerre. Ce qui le montre très clairement c’est qu’il y a une violence policière létale adressée aux Algériens avant le 1er novembre 1954. Le 14 juillet 1953, six manifestants algériens sont abattus au cours de la dispersion d’une manifestation, place de la Nation, alors qu’en région parisienne, les armes à feu n'avaient plus été utilisées contre des manifestants depuis 1937.

J'ai donc choisi de me placer dans la moyenne durée pour voir si le 17 octobre relevait de l’exception ou d’une radicalisation de répertoires policiers préexistants. Je me suis ainsi affronté à la question de la situation coloniale : une partie des commentateurs contemporains du 17 octobre parlent d'ailleurs de massacre colonial, notamment la Fédération de France du FLN, dans une plaquette publiée à la fin de l’année 1961. Analyser Paris comme une capitale impériale est en effet fécond, à condition de tenir compte de ce que la domination coloniale passait par des dispositifs qui n’étaient pas exactement les mêmes dans les différentes régions de l’empire français.

Pour mener à bien ce programme, il fallait donc remonter en amont de la guerre d’indépendance algérienne. Depuis la Libération, les Algériens ont un statut très particulier, les « Français musulmans d’Algérie » restent des colonisés aux droits politiques minorés dans les départements Algérie mais disposent de la pleine citoyenneté en métropole, avec en théorie une véritable égalité des droits avec les autres Français, ainsi que la liberté de circulation entre les deux rives de la Méditerranée. Dans la pratique, on peut parler de « citoyens diminués », selon un terme utilisé dès les années 1920 par les élus communistes pour désigner le sort réservé aux naturalisés de fraîche date, et repris dans l’après-guerre pour rendre compte de la situation des Algériens. Ces deniers sont pris en charge par les autorités et par la police selon des modalités proches de celles qui pèsent alors sur des populations considérées comme marginales et déviantes : prostituées, vagabonds, homosexuels, nomades... Il y a donc une gradation implicite dans la citoyenneté et les représentations dépréciatives de certains groupes sociaux donnent à la police des pouvoirs augmentés sur ces populations stigmatisées. Le modèle de gestion de ces citoyens diminués est celui de la rafle, un terme employé fréquemment par les acteurs de l'époque[2]. Le principe de la rafle, c'est de faire disparaître de l'espace public des populations dont la présence est construite en problèmes sociaux et politiques. Ces populations ne commettent pas de délit mais entraînent les réactions de commerçants, d'habitants, ou des récupérations politiciennes. En même temps, qu'il s'agisse des prostituées, des clochards, ou des Algériens, rien n'est prévu pour leur accueil et leur logement. La visibilité des Algériens est forte dans des quartiers comme la Goutte d'or, le bas Saint-Michel (autour de la rue de la Huchette) alors quasi-insalubre, le quai de la Gare, dans le 13e arrondissement, Javel dans le 15e, de nombreuses villes de banlieue proche ou lointaine (Saint-Denis, Ivry, Nanterre, Gennevilliers, Argenteuil…). La précarité (notamment résidentielle) et la pauvreté d’une grande partie d’entre eux ne suscitent pas de volonté de règlement politique ou social : les Algériens ont certes le droit d'être là, mais leur présence n’est pas désirée et les pouvoirs publics ne veulent pas dépenser d'argent pour leur permettre d’atteindre des conditions de vie plus acceptables. La liberté de circulation et la citoyenneté n’étaient en effet que des contreparties nécessaires mais redoutées au maintien d’une domination coloniale qui seule avait inspiré la politique française à la Libération.

Dans ce contexte d’injonctions paradoxales (les Algériens sont Français, ont le droit d’être en métropole mais il faut faire en sorte qu’ils ne soient pas visibles), le mandat donné à la police parisienne est alors de les faire circuler voire de les expulser. Comme pour les vagabonds, on ramasse, on contrôle et on essaye de les renvoyer en Algérie sous couvert d'indigence. Avant la guerre d'Algérie, la préfecture se retrouve face à une impasse : expulser de telles populations est à la limite de la légalité (il ne peut s’agir que de « rapatriements volontaires ») et coûte cher. La guerre d'Algérie permet de dépasser ces problèmes juridiques et matériels.



Quelles ont été les conséquences, pour la police, de l'obtention du statut de citoyen pour les Algériens vivant en métropole ?

À la Libération, la préfecture de police est peu réformée, mais le SAINA, Service d'assistance aux indigènes nord-africains, et la Brigade nord-africaine (dont le fichier est la véritable raison d’être de l’hybridation des services sociaux et policiers au sein du SAINA inauguré en 1925), sont dissous, pour des raisons constitutionnelles mais aussi politiques. C'est notamment une volonté forte des représentants des « Français musulmans d'Algérie » à l'Assemblée nationale, toutes tendances confondues. Le ministre de l'Intérieur, Adrien Tixier, est sincèrement attaché au nouveau statut de l’Algérie et à l’absence de discriminations à l’encontre des « FMA ». Il veut aussi reprendre la main sur la préfecture de police et montrer, par sa vigilance contre toute velléité de reconstituer ce service dissous, que les tendances de la préfecture de police à s’autonomiser de l’autorité du ministère de l’Intérieur doivent cesser.

Avec le nouveau statut de l’Algérie et des Algériens et l’entrée théorique des « FMA » dans le cadre d’une police de droit commun, se créée donc un décalage entre les représentations – les Algériens restent perçus comme des étrangers –et le droit. C’est cet écart qui va nourrir des pratiques pour partie illégales, à l’instar de ce qui se pratique avec d’autres populations « indésirables » pour lesquelles il est admis que la police aille au-delà de son mandat habituel. Il faut préciser que ce sont les Algériens paupérisés qui sont visés, surtout ceux qui sont présents dans la rue, alors que les élites ou tout simplement ceux qui peuvent se fondre dans la foule urbaine bénéficient en métropole d'une véritable liberté par rapport à l'Algérie, car ils sont beaucoup moins surveillés et réprimés pour leurs opinions politiques. Un Algérien lettré comme Omar Boudaoud, futur dirigeant du FLN, en fait la remarque, de façon étonnante, dans ses mémoires. Avant la guerre, la chasse aux Algériens est aussi une chasse aux pauvres, les Algériens étant d’ailleurs très souvent considérés et traités comme les vagabonds ou autres « clochards » pour reprendre la terminologie policière la plus couramment utilisée.

Au final, on peut dire que la police oscille vis-à-vis des Algériens en métropole entre pratiques coloniales, police des « indésirables » et police des étrangers : les façons de faire sur le terrain se jouent entre ces trois pôles. Les Algériens pauvres, ceux qui sont visibles dans la rue, restent soumis à des pratiques dérogatoires du droit commun mais sont quand même relativement protégés de par l’action de leurs représentants politiques, en particulier à l’Assemblée nationale, médiation politique sur laquelle ne peuvent pas compter les prostituées ou les vagabonds, ces autres « citoyens diminués ». Ainsi, comme pour ces derniers couramment enfermés à l’hôpital Saint-Lazare (malgré l’adoption de la loi dite Marthe Richard en 1946) ou à la Maison départementale de Nanterre, la préfecture de police voudrait pouvoir interner les Algériens, mais ce n'est pas possible avant la guerre d'indépendance.



Tu évoques dans ton livre deux épisodes méconnus, la sanglante répression du 14 juillet 1953 et l'émeute de la Goutte d'or en juillet 1955.

À travers ces épisodes j'ai voulu montrer qu'il ne s'agissait pas simplement d'une immigration soumise à l'emprise policière. Au contraire, les immigrés algériens rétorquaient et agissaient, que ce soit sur le mode syndical, politique, ou même individuellement. Ils ont mené à diverses échelles des stratégies pour investir et tenir la rue. Le 17 octobre 1961 a été un investissement de l'espace sous forme de marche pacifique, consigne explicite de la Fédération de France du FLN. Pour rendre hommage aux Algériens morts ce jour-là, on a eu tendance à rabattre leur action politique à un répertoire non violent. Or, dans les archives, on voit qu'au niveau interindividuel, ceux qui se font rafler n'admettent pas cette situation comme une fatalité. Dans les quartiers populaires où se déroulaient les rafles, la réponse à la police passait par un affrontement physique. C'est ainsi que le 30 juillet 1955, l'interpellation de deux vendeurs à la sauvette dans le quartier de la Goutte d'or a entraîné une réaction collective selon le mode de l'émeute. La rue a été investie, la police visée, des véhicules renversés, un commerce connu pour renseigner la police incendié. Le commissariat de la rue Doudeauville a été attaqué. Dans l'immédiat, la police a été complètement dépassée, au point de quitter le quartier sans procéder à l'arrestation d'émeutiers. Ce quartier connu à l'époque pour être celui des vendeurs de kif, de cigarettes illégales, de surplus américains, avec le « marché aux voleurs » de la rue Charbonnière, s'est insurgé contre l'opération policière. Le lendemain, le quartier a été bouclé, des contrôles systématiques des habitants et des rafles ont été effectués. Dans les semaines suivantes, à Paris et dans les principaux lieux d’implantation des émigrés d’Algérie, les cadres et les militants connus du MTLD[3] ont été arrêtés et expulsés outre-Méditerranée hors de tout cadre légal.

Dans les années 1980 et 1990, les porte-parole des enfants de l'immigration ont eu tendance à dire qu'ils ne voulaient pas être soumis et dociles comme leurs pères : or, dès avant la guerre d’indépendance, l'immigration algérienne était particulièrement politisée, développait une indiscipline populaire et un refus de l'emprise policière.

Le deuxième épisode oublié que j'évoque dans mon livre, et qui va dans le même sens, est celui de la manifestation du 14 juillet 1953. Il faut rappeler qu'une partie des militants nationalistes algériens ont été socialisés au militantisme durant la période d'activisme communiste (1947-1952). Certains d'entre eux militaient d'ailleurs à la CGT ou au PCF. La période d'activisme communiste correspondait pour le PCF à la volonté de se confronter à l'appareil d’État, notamment en tenant la rue par des démonstrations de force. Il s'agissait d'élever le niveau de réponse physique à la police. L'apogée de cette tactique a été la manifestation contre la venue du général Ridgway à Paris (commandant en chef des forces des Nations Unies en Corée), le 28 mai 1952. Après cette manifestation, très violente, le PCF abandonne cette stratégie. Mais le parti nationaliste algérien, le PPA-MTLD[4] (dont une scission sera à l’origine du FLN en 1954) continue de se reconnaître dans ce type de démonstration. Le 1er mai 1951, après de rudes affrontements, la police avait dû battre en retraite face aux militants algériens qui brandissaient le drapeau nationaliste. La vente du journal de l'organisation entraînait aussi des altercations récurrentes avec la police, dont des agents étaient régulièrement blessés.

Le 14 juillet 1953, la manifestation traditionnelle organisée par le Mouvement de la paix et qui regroupe l’ensemble des organisations de la mouvance communiste, se passe sans incident majeur même si l’imposant cortège algérien est attaqué par quelques parachutistes, de retour d’Indochine qui doivent battre en retraite sous la protection de la police. Comme souvent, c'est au moment de la dispersion que la situation devient véritablement tendue. Il semble que les Algériens aient voulu aller au-delà de la place de la Nation, terme de la manifestation fixé par la préfecture, pour avancer dans le cours de Vincennes. Il y a là un jeu avec les limites autorisées qui s'inscrit dans cette stratégie du rapport de force. Or la riposte policière est à ce moment là complètement disproportionnée, selon des modalités qui n'ont plus cours en métropole depuis les années 1930 : un feu nourri éclate, plusieurs dizaines de coups de feu sont tirées sur des manifestants non armés, au contraire de ce que les pouvoirs publics affirment pour se dédouaner. Six Algériens sont tués ainsi qu'un militant de la CGT, et il y a de nombreux blessés. Une telle répression est habituelle à l'époque en Tunisie et au Maroc pour faire face à l'agitation nationaliste : des éléments du répertoire colonial de répression sont donc utilisés en pleine capitale quand la contestation de la domination coloniale s’affiche fièrement dans les hauts lieux du Paris protestataire. Il ne s’agit pourtant pas d’un ordre venu d'en haut : les gardiens de la paix ouvrent le feu sans sommation, à la manière de ce que pratiquent leurs homologues du Maroc et de Tunisie dont l’action violente contre les nationalistes est abondamment relayée par la presse. Si ces agents peuvent agir sans avoir reçu d’ordre explicite de leur hiérarchie, c’est parce qu'ils sont face à des Algériens et qu’ils savent que la hiérarchie policière et les politiques les couvrent. Ce qui fut d’ailleurs le cas après le 14 juillet 1953, les victimes étant accusée, selon un renversement des responsabilités courant en matière de mensonge d’État, d’être à l’instigation d’une « émeute algérienne » à laquelle il fallait mettre fin dans une situation critique de légitime défense.

Cet événement pose des questions plus générales sur les politiques policières en régime dit démocratique. L'historiographie classique de la police a souvent décrit, au fur et à mesure des décennies, un maintien de l'ordre de plus en plus fondé sur la mise à distance, la mise en scène d’une force de plus en plus retenue, articulé autour de consignes de respecter a minima l'intégrité physique des manifestants et d’éviter les méthodes faisant courir des risques létaux. On parle ainsi couramment de pacification, du maintien de l'ordre, notamment par la professionnalisation des forces concernées, par la spécialisation d'effectifs, par un retrait de l'armée n’intervenant plus qu’en dernière instance en cas d’insurrection. Le tournant se situe pendant l'entre-deux-guerres – avec notamment la création de la gendarmerie mobile, les CRS suivront en 1945 – et cette évolution est clairement visible par rapport à l'attitude face au mouvement ouvrier. Or, cette interprétation ne tient pas concernant les populations colonisées. Je pense, pour reprendre un terme de commentateurs de l’œuvre de Norbert Elias, qu'il y a une compartimentation, dans ce processus de civilisation de la police des foules manifestantes. Les populations colonisées demeurent traitées selon l'ancien mode de répression autrefois appliquée à un prolétariat assimilé aux « classes dangereuses ». Le statut de colonisé, les représentations dépréciatives et les stéréotypes déshumanisants dont sont l'objet les Algériens, font écran à la possibilité de leur appliquer des modalités d'action plus proches du droit commun. On peut dire que les Algériens du 14 juillet 1953 ont été traités comme des ouvriers de Fourmies le 1er mai 1891 [grève ouvrière réprimée dans le sang par l'armée], dans une période où seule la situation coloniale autorisait encore ces pratiques répressives.



Quels changements apporte la guerre d'Algérie par rapport à l'action de la police ?

La guerre d'indépendance algérienne a permis que certaines revendications de la police, refusées jusque là, soient acceptées par le pouvoir politique, ce mouvement commençant même un peu avant la « Toussaint rouge ». Ainsi, après la manifestation du 14 juillet 1953, une brigade consacrée à la « clientèle nord-africaine » est de nouveau constituée, la Brigade des agressions et violences (BAV) constituée sous couvert de lutte contre les « agressions nocturnes » et de primat du « flagrant délit » mais qui de fait s’emploie à rafler et ficher le maximum d’Algériens.

Entre 1955 et 1958, l'ensemble des revendications policières vis-à-vis des émigrés d’Algérie sont satisfaites : ils sont peu à peu encartés et fichés, leur liberté de circulation vers la métropole est réduite, des milliers d’entre eux sont internés dans des centres d’assignation à résidence surveillée ouverts à partir de 1958. Dans la rue, après les premiers attentats qui les ont visés, les policiers se voient reconnaître des possibilités élargies d’utiliser leurs armes à feu contre les « suspects nord-africains». Maurice Papon, nommé préfet de police en mars 1958, obtient que soient créées des unités militaro-policières, directement inspirées de celles intervenant sur le théâtre d’opération algérien : il s’agit de pleinement prendre la mesure de ce que les temps de paix sont révolus et que ce sont les principes de la « guerre contre-révolutionnaire » qui doivent s’imposer. Pour répondre aux actions des groupes armés et de l’organisation spéciale du FLN, en particulier celles dirigées contre des policiers, il n’hésite pas à deux reprises (septembre 1958 et octobre 1961) à proclamer un couvre-feu discriminatoire contre les « travailleurs musulmans algériens ». Dans le même temps, il affirme et démontre à plusieurs reprises que les auteurs de violences illégales contre des Algériens seront couverts par leur hiérarchie.

Le 17 octobre 1961 apparaît comme la radicalisation de ce qui se faisait auparavant, car le mot d'ordre est de rafler tous les manifestants. Mais il s'agit d'une démonstration d’environ 30 000 personnes ! D'une certaine façon, il y a une levée de tous les interdits : en période de guerre, alors qu'un couvre-feu discriminatoire a été décrété, les manifestants sont perçus comme des ennemis, appelés à descendre dans la rue par une organisation, le FLN, qui depuis plusieurs semaines a multiplié les attentats contre des policiers. La démonstration du FLN est réprimée sous la forme d'un quasi « pogrom », selon les mots qu’utilisa Pierre Vidal-Naquet dès novembre 1961. En fait, on pourrait dire plus précisément qu'un massacre colonial est organisé, comme celui du 7 décembre 1952 à Casablanca, ou comme celui perpétré contre un rassemblement pacifique par les Britanniques à Amritsar (Pendjab indien) en 1919.

Le 17 octobre, les victimes sont des Algériens dont la « fiction juridique » qu’était leur statut de citoyens français ne les protégeait plus depuis longtemps des excès de la force policière : considérés jusqu'à la guerre comme « indésirables », ils deviennent dans le contexte d'un conflit colonial des « ennemis de l'intérieur ».

Il faut ajouter que la police a acquis une place fondamentale dans le régime gaulliste parce qu'elle a pesé fortement dans la fin de la IVe République. Le 13 mars 1958, une manifestation est organisée dans la cour de la préfecture de police pour pousser à la satisfaction de revendications matérielles dans un contexte marqué notamment par la mort du premier gardien de la paix tué par le FLN. La manifestation déborde et environ 2 000 policiers défilent jusqu’au Palais Bourbon devant lequel ils font assaut d'antiparlementarisme et d'antisémitisme, ce coup de force symbolique d’une partie de la police parisienne étant attisé par des députés d'extrême droite, notamment Jean-Marie Le Pen, venus à la rencontre des manifestants. Maurice Papon est alors rappelé de Constantine pour reprendre en main la préfecture de police, mais il ne fait rien pour contrarier les velléités antiparlementaires des policiers. En mai 1958, quand la situation devient critique pour la IVe République, le ministre de l'Intérieur Jules Moch constate qu'il ne peut pas compter sur la police parisienne, ni sur les CRS, ni sur l'armée. Le régime s'effondre aussi parce que les forces de l'ordre cessent de le soutenir.

De Gaulle au pouvoir sait qu'il va mécontenter l'armée en négociant l'indépendance de l'Algérie. Sa priorité est alors de se concilier le soutien de la police, afin d'avoir de son côté au moins un organe de répression. Il le fait notamment en couvrant les débordements et exactions qui visent les Algériens, dans le cadre d’une politique de répression tous azimuts qui doit permettre à la France de poser en vainqueur à la table des négociations. La Fédération de France du FLN a ainsi été désorganisée puis affaiblie par le couvre-feu du 5 octobre et la répression de l’automne 1961.

Ce ne fut d’ailleurs pas sans incidence sur la postérité du 17 octobre : cette démonstration avait été voulue par une Fédération de France voulant apparaître aussi combattante que les wilaya d’Algérie. Sur ce plan ce fut un échec : si cet événement a donné lieu à un véritable mensonge d'État en France, il a aussi pendant longtemps suscité le désintérêt du gouvernement algérien car les responsables de la Fédération de France font partie des vaincus des luttes de faction de l'indépendance. L'ouvrage de Marcel et Paulette Péju (Le 17 octobre des Algériens, éditions La Découverte, 2011) prévu pour sortir dès 1962 a ainsi été bloqué par l’éditeur François Maspero sur la demande expresse du gouvernement algérien. Plus généralement, jusqu'aux années 1980, les victimes du 17 octobre n'avaient pas leur place dans la mémoire officielle algérienne.



Quel parallèle peut-on faire avec l'attitude actuelle de la police dans les quartiers populaires, face aux jeunes issus de l'immigration ou avec les sans-papiers ?

La police des Algériens a toujours emprunté à plusieurs répertoires : la police des colonisés, celle des étrangers, des indésirables et marginaux. Dans certaines situations, aujourd'hui encore, les policiers continuent d'agir aussi loin que le leur permet le pouvoir politique. Ainsi, quand l'ordre doit régner dans les quartiers, on autorise des niveaux de violence plus élevés. Cette violence est à la fois symbolique, avec les contrôles d'identité répétés, mais aussi physique (que l’on pense notamment aux « bavures »), voire institutionnalisée avec les objectifs chiffrés de la police des étrangers. La distinction Français-étrangers n'est d'ailleurs pas seulement juridique : elle passe par des formes de racialisation, de stigmatisation d’une altérité présupposée mais aussi par le rejet de la pauvreté. Ces pratiques communes (les contrôles « au faciès », les rafles…) sont liées à des représentations qui perdurent tout en évoluant au fil des décennies. Elles prennent aussi place dans la béance entre le droit, la réalité des moyens engagés pour résoudre les questions sociales et les attentes démesurées placées dans des forces de police censées pacifier les lieux de relégation, réduire la visibilité de la pauvreté et répondre à un « sentiment d’insécurité » multiforme. Cependant, le contexte sociopolitique dans lequel la domination s'exerce aujourd’hui prend des formes très différentes de la période coloniale. Il faut le garder à l'esprit, comme le fait que les Algériens des années 1950 n'étaient pas seulement des colonisés : ils étaient certes des cibles pour la police, mais il ne faut oublier ni leur capacité de réaction, ni les différences sociopolitiques qui traversaient l’immigration.



Dans quelle mesure la police en métropole a t-elle été influencée, et jusqu'à quand, par le mode de gestion de l'ordre pendant la guerre d'Algérie ? Comment s'est déroulé le retour à une situation post-guerre coloniale ?

Dès 1962, Maurice Papon faisait savoir à ses troupes qu’en matière de tenue et de violences, il fallait rompre avec les pratiques des temps de guerre. La préfecture de police devait retrouver des pratiques policières conformes aux attentes du public en temps de paix. La guerre d’indépendance algérienne n’était pourtant pas une parenthèse que les accords d’Évian suffisaient à refermer, notamment parce que l’immigration algérienne – qui relevait dorénavant de la police des étrangers mais continua quelques années à bénéficier de la liberté de circulation – ne cessait de croître.

Après l’indépendance algérienne, certaines des unités qui mêlaient action sociale et contrôle policier (notamment les SAT), loin d’être dissoutes vont voir leurs prérogatives élargies à l’ensemble des immigrés originaires de pays africains récemment colonisées. Des dispositifs mis en place pour encadrer l’immigration algérienne (la SONACOTRA, le FAS…) vont de même être étendus à l’ensemble de l’immigration dont la gestion est prise en charge par des hauts fonctionnaires ayant fait leurs armes pendant la guerre d’Algérie[5]. On observe aussi que c’est à cette période que les polices françaises vont accueillir le plus de « rapatriés » ayant exercé en Afrique du Nord ou d’anciens conscrits ou engagés ayant participé aux guerres de décolonisation. Nombre de témoignages de policiers montrent aussi que jusque dans les années 1980, les souvenirs de la période de la guerre d’indépendance étaient vifs dans les rangs et que ceux des policiers qui avaient connu cette période jouaient souvent un rôle leader auprès de leurs collègues. Une partie d’entre eux contribuaient d’ailleurs à la diffusion de stéréotypes racistes largement répandus dans les services.

Ces liens directs – tant institutionnels qu’individuels – avec la fin de la période coloniale ont aujourd’hui quasi disparu. Une partie de l’immigration et des populations racialisées, dont l’importance est d’ailleurs croissante, ne relève d’ailleurs pas de la postcolonialité, en tout cas pas de l’ex-empire français. Est-ce à dire que le passé colonial ne permettrait pas de saisir certaines des particularités de l’emprise policière sur les populations des quartiers dits « sensibles » ? En la matière, la figure de « l’ennemi de l’intérieur » est ainsi loin d’avoir disparu, qu’elle emprunte au répertoire de la lutte anti-terroriste, à celui de l’islamophobie voire à celui de la reconquête des quartiers abandonnés au crime plus ou moins organisé. Pour chacun de ces cas de figure, il est possible de tracer des généalogies coloniales ou de pointer une matrice algérienne, à la seule et nécessaire condition de ne pas rabattre le moment du « problème nord-africain », ni le présent de la politique policière sur la seule problématique (post)-coloniale. La situation coloniale est une des formes de racialisation des rapports sociaux et de domination politique qui peuvent emprunter à bien d’autres registres. Autrement dit, le présent du passé colonial est aujourd’hui inscrit dans des politiques policières qui ne sont pas celles des années 1950-1960 même si l’actualisation de certains répertoires d’action passés fournit des clés d’intelligibilité pour décrypter des dispositifs plus que jamais tournés vers la gestion des « citoyens diminués » et autres « étrangers indésirables ».





Propos recueillis par Sylvain Pattieu


[1] À ce jour l’étude la plus aboutie est celle de Jim House, Neil MacMaster, Paris 1961. Les Algériens, la terreur d’État et la mémoire, Tallandier, 2008 [édition originale en anglais, 2006].

[2] Emmanuel Blanchard, « Ce que rafler veut dire », Plein Droit, n° 81, juillet 2009, http://www.gisti.org/spip.php?article1650.

[3] Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques [NdR].

[4] Parti du peuple algérien – Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques [NdR].

[5] Sylvain Laurens, Une politisation feutrée. Les hauts fonctionnaires et l’immigration en France, Belin, 2009.





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commémoration du 17 octobre 1961 Empty Re: commémoration du 17 octobre 1961

Message  panchoa Mer 19 Oct - 10:16

17 octobre 1961 : témoignage exclusif Bellaciao
de : Alan Bennett
lundi 17 octobre 2011 - 17h40
> Bellaciao France > Histoire > Ingérence-Colonialisme > Police - Répression

12 commentaires



Chers camarades,

Je ne pourrai pas être ce soir à Paris, mais j’aimerais partager avec vous mon témoignage de cette nuit d’horreur du 17 octobre 1961.

Je me nomme Alan Bennett, je suis britannique, et en 1961, je travaillais à l’Agence de presse Reuter, rue du Sentier à Paris. J’allais bientôt avoir 20 ans.

En quittant mon travail le soir du 17 octobre, vers 19h30 je remonte vers le boulevard Poissonnière prendre le métro pour rentrer chez moi. L’accès du boulevard est totalement bloqué, et j’y vois défiler des centaines de personnes, hommes et femmes, scandant "Paix en Algérie".

Je retourne en courant au bureaux de l’Agence Reuter, distants d’une cinquantaine de mètres, et je demande au journaliste de permanence d’alerter les correspondants, qui à cette heure-là étaient rentrés chez eux. Il me demande de couvrir l’évènement en attendant leur retour.

Je redescends, et arrivé rue du Sentier j’entends de nombreux coups de feux, d’un fusil-mitrailler m’a-t-il semblé.

Un jeune homme algérien court vers moi en boitant, du sang sur la jambe de son pantalon. Je le mets à l’abri dans le hall d’entrée de l’Agence Reuter, puis je remonte vers les grands boulevards. Des cars de policiers sont stationnés en file sur la ligne médiane, on voit tourner les gyrophares des voitures de police, et règne un immense silence. En arrivant sur le boulevard, je suis effaré du nombre de chaussures, notamment féminins, qui jonchent le trottoir, restes de la fuite paniquée des manifestants. A AUCUN MOMENT JE N’AI VU MANIFESTER LA MOINDRE AGRESSIVITÉ DE LEUR PART AVANT LA CHARGE MEURTRIÈRE DES POLICIERS.

Devant le cinéma Rex, une demie-douzaine de corps gisent sur le trottoir, des rigoles de sang finissent de couler dans le caniveau.

Voilà mon témoignage. A évoquer cette violence policière, je revois parfaitement la scène, et j’en éprouve une émotion difficilement maitrisable. Quarante ans plus tard, j’ai visionné le remarquable DVD d’Alain Tasma "Nuit Noire", et à revoir ces terribles évènements, j’ai sangloté près d’une heure sans pouvoir m’arrêter, devant mon écran de télévision.

J’aimerais ajouter qu’en tant que citoyen du Royaume Uni, pas encore membre de l’Union Européenne, je devais régulièrement à cette époque faire renouveler ma carte de séjour à la Préfecture de Police de Paris. Devant les files d’Algériens faisant la queue, je me mettais tout naturellement en fin de queue pour attendre mon tour. Invariablement les policiers m’invitaient à passer devant les "bicots" ou les "bougnoules" comme ils les traitaient, et je vous laisse imaginer leur perplexité et leur visible mépris lorsque je refusais cet "honneur".

panchoa

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commémoration du 17 octobre 1961 Empty 17Octobre 1961, crime de l'impérialisme français :

Message  gérard menvussa Mer 17 Oct - 21:46

Sur un blog médiapartien :
17 Octobre: la mémoire d'un massacre à Paris
13 octobre 2012 Par albert herszkowicz

La date du 17 Octobre symbolise la violence exercée par la police et l’armée françaises contre la population algérienne en lutte pour ses droits. Le commandement de la répression était exercé par Maurice Papon, condamné depuis pour son rôle dans la déportation des Juifs de Bordeaux.Nous rappelons que Papon a toujours bénéficié d'une clémence exceptionnelle puisqu'il a échappé à la justice de 1981 à 1997 malgré la révélation en 1981 de son rôle dans la déportation des Juifs de Bordeaux. De plus il n'a jamais été jugé pour les massacres d'octobre 1961 et de Charonne. Il a été libéré de prison sur la base d'une "expertise " de médecins complaisants mandatés par la justice. Ces experts l'ont déclaré "grabataire" et ont estimé que le « pronostic vital » du prisonnier était posé. Cette expertise a permis à Papon-le-grabataire de sortir seul et à pied de la prison, de rentrer sans encombre chez lui septembre 2002 puis et d’y vivre tranquillement jusqu’en Février 2007.
Son procès s'est terminé en Avril 1998, symboliquement au moment même au moment même où dans 5 régions la droite faisait alliance avec le Front National.

Pour nous, cette manifestation rappellera aussi les tortures mises en oeuvre contre les Algériens et auxquelles fut mêlé Jean-Marie Le Pen, président d’honneur du Front National.

17 octobre 1961- 17 octobre 2012

51e anniversaire

Vérité et Justice

Le 17 octobre 1961, des dizaines de milliers d’Algériens manifestaient pacifiquement à Paris contre le couvre-feu discriminatoire qui leur avait été imposé par Maurice Papon, préfet de police de Paris. Ils défendaient leur droit à l’égalité, leur droit à l’indépendance et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Ce jour-là, et les jours qui suivirent, des milliers de ces manifestants furent arrêtés, emprisonnés, torturés –notamment par la "force de police auxiliaire" - ou, pour nombre d’entre eux, refoulés en Algérie. Des centaines perdirent la vie, victimes d’une violence et d’une brutalité extrême des forces de police.



Dans ce domaine, le changement doit se faire maintenant, il est nécessaire que des mesures significatives soient prises :



- Redéfinition de la "Fondation pour la mémoire de la Guerre d’Algérie ", (dotée de plus de 7 millions d’euros), créée en application de l’article 3 de la loi du 23 février 2005 vantant les "aspects positifs de la colonisation". Cette Fondation est sous la coupe d’associations nostalgiques de l’Algérie Française qui voudraient exiger des historiens qu’ils se plient à la mémoire de "certains" témoins.



- Pour être fidèles à leur mission scientifique, les historiens ont besoin de pouvoir accéder librement aux archives, échapper aux contrôles des pouvoirs ou des groupes de pression et travailler ensemble, avec leurs homologues de l’autre rive de la Méditerranée.



La vérité doit être dite sur l’organisation criminelle de l’OAS que certains, au sein de l’ancienne majorité présidentielle ont voulu réhabiliter



Ce n’est qu’à ce prix que pourra disparaître la séquelle la plus grave de la Guerre d’Algérie, à savoir le racisme dont sont victimes aujourd’hui nombre de citoyennes et citoyens, ressortissants d’origine maghrébine ou des anciennes colonies, y compris sous la forme de violences policières récurrentes, parfois meurtrières



On ne construit pas la démocratie sur des mensonges et des occultations. Après un demi-siècle, il est temps :



- Que les plus hautes autorités de la République reconnaissent les massacres commis par la police parisienne le 17 octobre 1961 et les jours suivants, comme un crime d’Etat.



- Que la Fondation pour la Mémoire de la Guerre d’Algérie soit redéfinie sur des bases totalement différentes.



- Que l’Etat français reconnaisse sa responsabilité dans l’internement arbitraire, pendant la Guerre d’Algérie, d’Algériens dans des camps.



- Que l’Etat français reconnaisse sa responsabilité dans l’abandon des harkis, les massacres et l’enfermement dans les camps en France en 1962.



- Que la liberté d’accès aux archives soit effective pour tous, historiens et citoyens.



- Que la recherche historique sur ces questions soit encouragée, dans un cadre franco-algérien, international et indépendant.



Avec le 50e anniversaire de la fin de cette Guerre d’Algérie, nous attendons des plus hautes autorités de la République qu’elles reconnaissent les responsabilités de la France afin qu’une page nouvelle s’ouvre sur l’amitié et la fraternité entre les peuples algérien et français.

Rassemblement le 17 Octobre 2012 à 18h au Pont Saint Michel à PARIS



Signatures au 11 octobre 2012

Associations : Anciens Appelés en Algérie et leurs Amis Contre la Guerre (4ACG), 17 Octobre Contre l'Oubli, Le 93 au Cœur de la République, Agir Contre le Colonialisme Aujourd'hui (ACCA), Association Harkis et Droits de l'Homme (AHDH), Association Les Amis de Max Marchand de Mouloud Feraoun et leurs Compagnons, Association Maurice Audin, Association Nationale pour la Protection de la Mémoire des Victimes de l'OAS (ANPROMEVO), Association des Pieds Noirs Progressistes et leurs Amis (ANPNPA), Agence de la Promotion des Cultures et du Voyage (APCV), Association Républicaine d'Anciens Combattants (ARAC), Au Nom de la Mémoire, Cnafal, Collectif DAJA, Comité Vérité et Justice pour Charonne, Coup de soleil, FTCR, FNACA Paris (Fédération Nationale des Anciens Combattants en Algérie, Maroc Tunisie), Fondation Frantz Fanon, Ici on noie les Algériens, Ligue des droits de l'Homme (LDH), Le Maghreb des films, Mémorial 98, Mouvement Contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples (Mrap), Mouvement des travailleurs maghrébins en France (ATMF), Les Oranges (Nanterre), La Parole errante, Réfractaires Non-violents à la Guerre d’Algérie, Réseau Féministe Ruptures, Sortir du Colonialisme (SDC), Une Autre Voix Juive (UAVJ), Union juive française pour la paix (UJFP)

Syndicats : Fédération syndicale unitaire (FSU)

Organisations politiques : Les Alternatifs, Alternative libertaire, Europe Ecologie Les Verts (EELV), Gauche Anticapitaliste, Gauche Unitaire, Nouveau parti anticapitaliste (NPA), Parti Communiste Français (PCF),

Post-scriptum du 17 octobre après le rassemblement de commémoration et la déclaration de François Hollande:

"Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l'indépendance ont été tués lors d'une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage àla mémoire des victimes" Ce bref communiqué de F. Hollande, publié en ce jour anniversaire, représente une avancée importante dans le combat pour la reconnaissance des crimes coloniaux et notamment le massacre d'octobre 1961 à Paris et dans toute la région parisienne. C' était d'ailleurs la réaction unanime des participants au rassemblement de ce jour sur le Pont Saint Michel. On notera aussi la réaction de C. Jacob, acolyte de Copé: "S'il n'est pas question de nier les évènements du 17 octobre 1961 et d'oublier les victimes, il est intolérable de mettre en cause la police républicaine et avec elle la République toute entière", affirme Christian Jacob, qui ajoute que la "tentative" de François Hollande de "politiser les enjeux de mémoire" est "dangereuse pour la cohésion nationale".
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Message  verié2 Jeu 18 Oct - 10:22

la déclaration de François Hollande:

"Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l'indépendance ont été tués lors d'une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage àla mémoire des victimes"
Cette reconnaissance tardive de ce massacre d'Etat est évidemment positive. Reste à savoir si Hollande ira jusqu'à ouvrir les archives qui montreront la chaîne de responsabilités et l'ampleur de la tuerie. Face au tir de barrage de tous ceux qui entendent défendre la mémoire de de Gaulle et de la police, c'est peu probable.

Ce n'est néanmoins pas impossible car cela permettrait d'ouvrir un nouveau front idéologique avec un clivage droite/gauche sur un terrain qui ne dérange pas le patronat.
Kirchner l'a fait par exemple en Argentine en levant l'immunité des tortionnaires de la dictature, ce qui lui a valu une certaine popularité, alors que, parallèlement, elle faisait passer une loi qui revient à criminaliser l'action sociale... A la différence toutefois que, en Argentine, la haine des policiers et des militaires est très forte dans toutes les couches de la société, alors qu'en France il n'est hélas pas certain qu'une partie importante de la population soit révoltée par les massacres de la guerre d'Algérie...

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Message  gérard menvussa Jeu 18 Oct - 10:44

Par ailleurs, dans la liste des signataires, il y a deux absences significatives : celle de LO, et celle du parti de gauche...
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Message  verié2 Jeu 18 Oct - 10:55

gérard menvussa a écrit:Par ailleurs, dans la liste des signataires, il y a deux absences significatives : celle de LO, et celle du parti de gauche...
Avant d'affirmer que ces absences sont "significatives", il faudrait savoir si ces partis ont été sollicités et, si c'est le cas, quels motifs ils donnent de leur refus de signer.
Car "significatif" pourrait laisser entendre que LO serait plus ou moins complaisant ou gêné sur ce sujet, alors que l'hebdo de cette semaine rappelle le massacre.

En ce qui concerne le PdG, je ne vois vraiment pas ce qui pourrait le gêner...

verié2

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Message  gérard menvussa Jeu 18 Oct - 10:59

Pour LO c'est surtout qu'ils refusent réguliérement de signer des textes "faibles" sur tel ou tel point de vue politique. Pas qu'ils soient "géné", mais ils n'aiment pas se retrouver avec les alternatifs, gu ga, etc Quand a l'absence (plus "parlante") du PdG je ne sais pas a quoi c'est du !
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commémoration du 17 octobre 1961 Empty Re: commémoration du 17 octobre 1961

Message  Vals Jeu 18 Oct - 11:44

Ce serait bien que Hollande qui "reconnait courageusement" (cinquante ans après !!!!) un crime incontestable de l'état français , en profite pour rappeler quel a été le rôle des dirigeants de son propre parti, à commencer par Mitterrand et Guy Mollet dans les massacres de la population algérienne et dans l'assassinat de ceux qui refusaient la sale guerre coloniale que livrait la belle république bleu blanc rouge si chère à Melenchon et à tous les dirigeants sociaux démocrates...
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Message  sylvestre Jeu 18 Oct - 12:37

Les pauvres, le sang sur leurs mains leur fait horreur.

http://www.liberation.fr/politiques/2012/10/18/17-octobre-1961-fillon-denonce-un-climat-de-culpabilite-permanente_854096

17 octobre 1961 : Fillon dénonce un climat de «culpabilité permanente»

(Mis à jour:

L'ancien Premier ministre estime que les propos tenus hier par François Hollande sont malvenus dans un pays «fragilisé, divisé».

L’ex-Premier ministre François Fillon s’est élevé jeudi contre «la culpabilité permanente» assénée dans une France «en dépression nerveuse quasi permanente», après la reconnaissance par François Hollande de la «sanglante répression» du 17  octobre 1961 contre des manifestants algériens. «J’en ai assez que tous les quinze jours la France se découvre une nouvelle responsabilité, mette en avant sa culpabilité permanente. On est déjà dans un pays en dépression nerveuse quasi permanente, on n’a pas besoin de ça !», a déclaré François Fillon sur Europe 1.

«Bien sûr qu’on peut reconnaître !», a-t-il toutefois ajouté, «mais chacun sait qu’il y a aussi les crimes de l’Algérie au lendemain de l’indépendance, le massacre des harkis, la questions des archives algériennes jamais ouvertes»«Ou on met tout sur la table ou on ne le fait pas», a-t-il demandé, réagissant à une déclaration de François Hollande. 

Le président de la République a officiellement reconnu mercredi la «sanglante répression» des manifestations d’Algériens le 17 octobre 1961 à Paris, rompant avec un silence de 51 ans de l’Etat sur les événements. Par ailleurs, le candidat à la présidence de l’UMP a affirmé avoir «déjà été choqué il y a un mois par les déclarations du président de la République sur la France responsable des crimes commis pendant l’Occupation sur son territoire».

«Il y a une espèce d’escalade : au début c'était le gouvernement de Vichy, c’est le vrai responsable. Jacques Chirac est allé un peu plus loin en parlant d’Etat français, je veux bien à la rigueur l’admettre, mais pas la France», s’est exclamé le nouveau député de Paris. «Ce n’est pas au président de faire en permanence ce discours de culpabilité qui vient sur un pays dont vous sentez bien qu’il est fragilisé, divisé de façon profonde», a-t-il estimé, se prononçant pour l’ouverture «de toutes les archives» pour que les historiens s’en emparent «mais pas les responsables politiques, qu’ils s’occupent du présent, c’est déjà assez difficile comme ça».

Interrogé sur LCI, le député Laurent Wauquiez (UMP) a aussi estimé que la France était «allée très loin dans son travail d’introspection». «Je ne vois pas les pas qui ont été faits sur l’Algérie pour travailler sur sa propre histoire et qui est notre histoire commune», a-t-il noté.

«Qu’un président soit uniquement tourné vers la repentance, c’est une chose mais on attend aussi de lui une capacité de dire où sera la France dans vingt ans et là je trouve moins d'énergie et de vision», a regretté l’ancien ministre du gouvernement Fillon, dont il est l’un des soutiens dans la course à la présidence de l’UMP.

Le Pen évoque une «haine» de la France

Marine Le Pen, présidente du Front national, a quant à elle lié ce qu'elle perçoit comme une multiplication des actes de repentance publique avec l'«hostilité» vis-à-vis de la France de certaines «nouvelles générations de Français d’origine algérienne», au lendemain de la reconnaissance par François Hollande des crimes du 17 octobre 1961 contre des manifestants algériens.

«Je commence à en avoir soupé de ces représentants de la France qui n’ont de cesse que de la salir, de mettre en exergue les difficultés qu’elle a pu avoir par le passé», a déclaré Marine Le Pen jeudi sur Radio Classique et Public Sénat. «Vous n’avez pas le sentiment que toutes ces repentances ont une influence sur la manière dont un certain nombre de nouvelles générations de Français d’origine algérienne ont une hostilité maintenant à l'égard de la France, quasiment une haine, et même le sentiment que la France leur doit quelque chose qu’ils viennent d’ailleurs chercher, pour certains, de gré ou de force ?», a-t-elle demandé.

Pour la leader du parti d’extrême droite, «tout cela est profondément destructeur, profondément diviseur de la société française». Elle a attaqué François Hollande : «Ca doit être sa troisième repentance en cinq mois, il fait encore plus fort que Jacques Chirac. Faudrait peut-être qu’il regarde l’avenir». «A quand la repentance pour la Saint-Barthélémy ?», a-t-elle interrogé.

Mettant en doute la manière dont s’est déroulée la répression sanglante - un «événement éminemment contesté dans la réalité de ce qui est exprimé» - , Marine Le Pen a demandé une «réciprocité» de l’Algérie dans la reconnaissance de ses actes, parlant des «milliers de morts et de mutilations» à mettre au compte du FLN et le «pillage et destruction» des cimetières où étaient enterrés les pieds noirs.

(AFP)

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Message  GGrun Jeu 18 Oct - 19:53

gérard menvussa a écrit:Pour LO c'est surtout qu'ils refusent réguliérement de signer des textes "faibles" sur tel ou tel point de vue politique. Pas qu'ils soient "géné", mais ils n'aiment pas se retrouver avec les alternatifs, gu ga, etc Quand a l'absence (plus "parlante") du PdG je ne sais pas a quoi c'est du !
Chaque "orga" est dans sa bulle : LO bulle puriste. PdG : colonialisme , une dalle dure a soulever. Voir dans les "dom". Une absence là (convoc, demande et autre explication n'a pas de sens pour un gourou toujours devant le médià) est une insulte comme le répoubellanisme des puanteurs universalistes attendu dans trop de discours.

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commémoration du 17 octobre 1961 Empty Guerre d’Algérie et crimes d’Etat: le temps du ren

Message  Roseau Jeu 18 Oct - 20:43

Par Olivier Le Cour Grandmaison

http://alencontre.org/europe/france/guerre-dalgerie-et-crimes-detat-le-temps-du-reniement.html
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Message  nico37 Sam 20 Oct - 13:58


Guerre des chiffres : combien de morts le 17 octobre 1961 ?

commémoration du 17 octobre 1961 Algeriens-octobre-1961
[size=85]Des manifestants algériens appréhendés à Puteaux, le 17 octobre 1961 (AFP)[/size]

Le FN et une partie de la droite gaulliste nient la réalité du massacre du 17 octobre 1961, au cours duquel la police parisienne a tué plusieurs dizaines de manifestants algériens.

Pour protester contre la décision prise par François Hollande de reconnaître « avec lucidité », au nom de la République, l’un des massacres les plus sinistres de cette période, certains n’hésitent pas à réviser l’Histoire.

Sur plusieurs sites du Front national, on peut ainsi lire le témoignage d’un ancien journaliste de l’Aurore et pied-noir, Manuel Gomez, qui, disant avoir enquêté sur le sujet à l’époque, affirme : « Il n’y eut au cours de cette nuit du 17 octobre que sept morts. »

Cette bataille mémorielle sur le nombre de morts du 17 octobre n’est pas nouvelle. Mais les historiens s’accordent aujourd’hui pour considérer qu’il y a eu, cette nuit-là, plusieurs dizaines de morts et que, sur septembre et octobre – deux mois de violence extrême –, la police a tué entre 120 et 345 personnes. Très rares sont les historiens qui contestent la réalité d’un massacre policier de grande ampleur.
Octobre 61 : deux morts, selon la version officielle

« Deux morts, 44 blessés graves, 7 500 Nord-Africains arrêtés », titre Le Figaro au lendemain de la manifestation, citant des chiffres de la préfecture de police.

1991 : 200 morts, selon Jean-Luc Einaudi

En 1991, l’historien Jean-Luc Einaudi publie « La Bataille de Paris, 17 octobre 1961 » (éd. Seuil), première enquête d’importance sur cette nuit tragique. Il évoque 200 morts liés à la violence policière, qu’il a recensés sur la base des archives du FLN et de témoignages français et algériens. Mais il ne précise pas très clairement sur quelle période ont eu lieu ces morts.

Plus tard, Einaudi complètera sa liste, estimant le nombre d’Algériens victimes de violences policières à 325, sur la période septembre-octobre 1961.

1997 : 40 à 50 morts, selon la commission Mandelkern

Jusqu’en 1997, le secret prévaut. Les archives sont fermées. Pendant le procès Papon, le ministre de l’Intérieur Jean-Pierre Chevènement charge une commission, présidée par le conseiller d’Etat Dieudonné Mandelkern, d’examiner les documents de la police.

Après plusieurs semaines d’enquête, elle conclut qu’il y a eu « quelques dizaines » de morts cette nuit à Paris. La commission n’a été en mesure de ne dresser qu’une liste de sept noms, mais fait état de 25 morts algériens arrivés à l’institut médico-légal. En rendant son rapport, Mandelkern précise toutefois :

« Nous considérons qu’il faut plutôt majorer ce chiffre. On peut arriver jusqu’à 40, voire 50 victimes, sans doute pas plus. »

1998 : plus de 48 morts, selon la commission Geronimi

Elisabeth Guigou, ministre de la Justice, crée une seconde commission d’enquête dirigée par le juge à la Cour de cassation Jean Geronimi. Elle est en mesure d’affirmer qu’au moins 48 personnes furent tuées les 17 et 18 octobre. Mais selon Géronimi :

« [Ce chiffre est] très vraisemblablement inférieur à la réalité, dans la mesure où l’on n’a pas la certitude que tous les corps immergés, particulièrement nombreux à cette époque, ont été retrouvés et dans la mesure, aussi, où des cadavres ont pu être transportés encore plus en aval de la Seine, jusque dans les ressorts d’Evreux, voire de Rouen, dont les archives conservées sont trop lacunaires pour être exploitées. »

1999 : 30 à 50 morts, selon l’historien Brunet

Un historien, Jean-Paul Brunet, professeur à l’ENS, est autorisé à se plonger en mai 1998 dans les archives. Il part du principe que les policiers ou ministres ont rapporté les faits, dans leurs rapports, avec sincérité. Il s’appuie beaucoup sur les archives de la police, peu sur celles du FLN.

Son estimation pour la nuit du 17 octobre : 30 à 50 morts.

« Au total, l’ordre d’idée qu’on peut retenir comme hypothèse provisoire varierait entre une trentaine –- chiffre qui nous semble le plus vraisemblable –- et une cinquantaine de morts, la probabilité diminuant à nos yeux à mesure que l’on monte entre les deux limites de la “fourchette”. »

Il critique alors vertement Einaudi et son évaluation de 200 Algériens tués. Mais le travail de Brunet est très contesté.
2006 : « bien plus » de 120 morts en deux mois, selon deux historiens anglais

Deux historiens britanniques, Jim House et Neil MacMaster, ont eu droit à un accès illimité aux archives de la préfecture de police, celles qui concernent la guerre d’Algérie occupant 200 cartons de documents.

Ils examinent chaque document et, prenant le contrepied de Brunet, constatent qu’un « processus systématique et presque général de falsification a bel et bien été mis en œuvre lors de la préparation des documents et des dossiers relatifs aux Algériens assassinés ». Autrement dit, Brunet est loin du compte avec sa trentaine de morts.

Les deux historiens refusent cependant de donner une estimation du nombre d’Algériens tués cette nuit-là. Ils s’agacent d’ailleurs de la bataille de chiffres franco-française :

« La recherche et le débat historique concernant les événements de 1961 feraient de grands progrès si l’on s’attachait à attribuer une échelle de temps précise à toute quantification du nombre de victimes. »

Ils analysent pour leur part la crise de 1961 « comme un cycle de deux mois connaissant son pic le plus visible dans la nuit du 17 octobre ».

Conclusion des deux auteurs, après avoir confronté toutes les sources :

« En septembre et octobre, bien plus de 120 Algériens furent assassinés par la police en région parisienne ; ce chiffre doit être comparé aux estimations de Linda Amiri (environ 130), du FLN (200) et d’Enaudi (200), qui ont été attribuées de façon erronée à la seule nuit du 17 octobre. »

nico37

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Message  sylvestre Mer 24 Oct - 11:39

Le Sénat reconnaît à son tour la répression du 17 octobre 1961
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Message  Roseau Mar 30 Oct - 4:49

commémoration du 17 octobre 1961 18-10-dessindujour-Dilem
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